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fut racheté par un certain Canulf, fidèle du roi, et se rendit à Rome. En Toscane, Populonia, ville maritime, fut ravagée par certains Grecs qu'on nomme Orobiotes. Les Maures sortis de l'Espagne entrèrent en Corse, ravagèrent une ville le jour même du samedi de la sainte Pâques, et n'y laissèrent que l'évêque et quelques vieillards infirmes.

Cependant Godefroi, roi des Danois, envoya de certains négocians pour dire qu'il avait appris que l'empereur était irrité contre lui, parce que, l'année précédente, il avait conduit son armée dans la région des Obotrites, et vengé ses injures; il ajoutait qu'il voulait se justifier de l'imputation portée contre lui, et qui le taxait d'avoir le premier rompu l'alliance; il demandait qu'on tînt en deçà de l'Elbe, et sur les confins de son royaume, une assemblée des comtes de l'empereur et des siens, afin que les choses qui s'étaient faites pussent être mutuellement expliquées et réparées de concert. L'empereur ne rejeta point cette demande, et le congrès se tint avec les grands Danois en deçà de l'Elbe, dans le lieu nommé Badenstein; on énuméra et l'on mit en avant de côté et d'autre beaucoup d'affaires, et l'on se sépara en laissant la chose très-imparfaite. En effet, Thrasicon, duc des Obotrites, qui, d'après la demande de Godefroi, avait donné son fils en otage, assembla une armée de ses peuples, reçut des secours des Saxons, entra chez les Wiltzes ses voisins, et dévasta leurs champs par le fer et le feu. Il revint chez lui, fut encore fortement secouru par les Saxons, et assiégea la plus grande ville des Smeldingiens il força ainsi par ses succès tous ceux qui s'étaient séparés de lui à rentrer sous sa foi.

Après ces choses, l'empereur revint des Ardennes à Aix, et y tint cette année, au mois de novembre, un concile touchant la procession du Saint-Esprit. Un moine de Jérusalem, nommé Jean, avait le premier élevé cette question. Bernard, évêque de Worms, et Adalhard, abbé de Corbie, furent envoyés près du pape Léon à Rome pour la faire décider. On s'occupa dans ce même concile de l'état des Églises, et de la vie de ceux qui se consacrent à y servir Dieu; mais rien ne fut réglé à cause (comme on le peut voir) de l'importance de la matière.

L'empereur, apprenant plusieurs traits de l'orgueil et de la jactance du roi des Danois, ordonna de bâtir une ville en deçà de l'Elbe, et d'y placer une garnison franque. Il assembla pour cet effet des hommes en Gaule et en Germanie, les munit d'armes et de toutes les choses à leur usage, et commanda de les mener par la Frise au lieu désigné. Thrasicon, duc des Obotrites, fut tué en trahison dans le port de Rerich par des hommes de Godefroi. Quand le lieu où l'on devait bâtir la ville eut été déterminé, l'empereur mit à la tête de cette affaire le comte Egbert, et lui ordonna de passer l'Elbe, et d'occuper ce terrain: il est situé sur la rive de la Sture, et porte le nom d'Esselfeld. Egbert et les comtes saxons en prirent possession vers le milieu de mars, et commencèrent à le fortifier.

Le comte Auréole qui, pour la communication de l'Espagne et de la Gaule, résidait en deçà des Pyrénées, vis-à-vis de Huesca et de Saragosse, mourut. Alors Amoroz, gouverneur de Saragosse et de Huesca, s'empara de son territoire, et mit des garnisons dans

ses châteaux. Il envoya à l'empereur une légation, et lui promit de se mettre avec tous les siens à son service. Il y eut une éclipse de lune le 26 décembre.

[810.] Quand les envoyés de l'empereur furent arrivés auprès d'Amoroz, gouverneur de Saragosse, il demanda qu'il y eût une conférence entre lui et les comtes des frontières d'Espagne, promettant que, dans cette entrevue, il se soumettrait avec tous les siens à l'empereur. Quoique l'empereur lui eût accordé sa demande, il arriva, par beaucoup de causes, que cela ne s'effectua point. Les Maures armèrent dans toute l'Espagne une grande flotte, et attaquèrent d'abord la Sardaigne, et ensuite la Corse. Ils ne trouvèrent aucune garnison dans cette dernière île, et la soumirent presque entière. Cependant le roi Pepin, irrité de la perfidie des ducs de la Vénétie, ordonna de porter la guerre dans ce pays par terre et par mer; il le soumit et reçut à discrétion ses ducs. Il envoya cette même flotte pour dévaster les rivages de Dalmatie; mais comme Paul, préfet de Céphalonie, s'approchait avec la flotte orientale pour porter du secours aux Dalmates, celle du roi rentra dans ses ports.

Rotrude, fille aînée de l'empereur, mourut le 8 janvier. L'empereur, alors à Aix-la-Chapelle, méditait une expédition contre le roi Godefroi. Il reçut tout-àcoup la nouvelle qu'une flotte de deux cents navires, venue du pays des Normands, avait abordé en Frise, et dévasté toutes les îles adjacentes à ce rivage; que cette armée était entrée sur le continent, et que trois combats entre elle et les Frisons avaient eu lieu; que les Danois vainqueurs avaient imposé un tribut aux vaincus; que sous le nom d'impôt cent livres

d'argent avaient été payées par les Frisons, et que le roi Godefroi était de retour chez lui. Tous ces faits étaient véritables. Cette nouvelle irrita tellement l'empereur qu'il expédia de tous côtés des envoyés pour toutes les régions afin qu'on assemblât une armée, partit de suite de son palais et se rendit sur-le-champ à la flotte. Après il passa le Rhin au lieu nommé Lippenheim, et résolut d'y attendre les troupes qui n'étaient pas encore arrivées. Comme il s'arrêta quelques jours en ce lieu, l'éléphant que lui avait envoyé Haroun, roi des Sarrasins, mourut de mort subite. L'armée assemblée, le roi se rendit sur la rivière de l'Aller avec autant de vitesse qu'il fut possible d'y aller, et dressa ses tentes auprès du confluent de ce fleuve avec le Weser; il attendit là l'issue des menaces de Godefroi; car ce roi, enflé de la vaine espérance d'une victoire, se vantait d'en venir aux mains avec l'armée de l'empereur.

Mais quand ce dernier eut demeuré quelque temps en ce lieu, il fut instruit d'événemens divers; la flotte qui avait dévasté la Frise était rentrée en Danemarck, le roi Godefroi avait été tué par un de ses serviteurs; un fort construit près de l'Elbe nommé Hobbuch 1, dans lequel étaient Odon, envoyé de l'empereur, et une garnison de Saxons orientaux, avait été pris par les Wiltzes. Pepin son fils, roi d'Italie, avait quitté son corps mortel, le 7 juin; et deux légations, parties l'une de Constantinople, l'autre de Cordoue, étaient arrivées pour traiter de la paix. Après avoir reçu ces nouvelles et réglé pour un temps la condition de la Saxe, l'empereur retourna chez lui. Dans cette expéOn croit que c'est Hambourg.

dition, il y eut sur les bœufs une maladie pestilentielle si forte qu'à peine l'armée en conserva un seul, car tous périrent. Cette mortalité n'eut pas seulement lieu dans cet endroit, elle s'étendit cruellement sur toutes les provinces soumises à l'empereur. Il revint à Aix au mois d'octobre, et reçut les deux ambassades qu'on vient de nommer. Il fit la paix avec l'empereur Nicéphore, et Abulaz1 roi d'Espagne. Nicéphore restitua Venise, et l'empereur reçut le comte Henri qu'avaient autrefois pris les Sarrasins, et que rendit Abulaz.

Cette année le soleil et la lune s'éclipsèrent; le soleil le 3 juillet et le 30 novembre, la lune le 21 juin et le 14 décembre. L'île de Corse fut une seconde fois ravagée par les Maures. Amoroz fut chassé de Saragosse par Abdérame fils d'Abulaz, et forcé de se réfugier à Huesca. Godefroi, roi des Danois, étant mort, Hemming, fils de son frère, lui succéda et fit la paix avec l'empereur.

[811.] Quand l'empereur eut reçu et congédié Arsace Spathaire (c'était le nom de l'ambassadeur de l'empereur Nicéphore ), il envoya, pour confirmer la paix, des ambassadeurs à Constantinople, savoir : Haidon évêque de Bâle, Hugues comte de Tours, Aion, Lombard, duc du Frioul; avec eux étaient Léon Spathaire sicilien et Willaire duc des Vénitiens. Le premier, dix ans auparavant, s'était réfugié de Sicile à Rome où était l'empereur, qui le renvoya cette année parce qu'il voulait retourner dans sa patrie; quant au second, il avait été dépouillé de sa charge à cause de sa perfidie et l'empereur ordonna qu'on le reconduisît à

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