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téronome comment Dieu a ordonné, par la voix de Moïse, qu'un tel fils fût lapidé par tout le peuple. J'ai donc cru de mon devoir de vous avertir, mon cher fils, d'employer la prudence que la Providence vous a départie à vous garantir du péril qui vous menace; et ne pensez pas que, dans quelque rang qu'on soit, on puisse se jouer de la sentence que Dieu a portée. Quoiqu'elle ne soit écrite que dans l'ancienne loi, cette sentence est une de celles que les anciens et les docteurs, c'est-à-dire les Pères de l'Église, ont déclarées obligatoires pour les temps présens comme pour les temps passés, pour les Chrétiens aussi bien que pour les Juifs. Combien je vous aime, Dieu le sait, et c'est pour cela même que je suis si osé que de vous reprendre. Au surplus, ne regardez pas à la bassesse de ma condition mais à l'utilité de mes conseils.

I

Je souhaite, etc. »

Les conseils d'Éginhard furent sans fruit, comme

C'est ainsi, je crois, qu'il faut traduire cette phrase dont j'ai déjà parlé dans cette notice: Quapropter admonendum censui neptitatem vestram; ces mots, neptitas vestra, me semblent une expression vague d'affection, un souvenir de l'ancienne tutèle d'Eginhard sur Lothaire, plutôt qu'une qualification précise, soit de parenté, soit de rang.

il s'y était probablement attendu, et il n'en donna plus. Les soins de la piété et de sa santé l'occupèrent exclusivement. En se vouant à la vie religieuse, il s'était séparé, non seulement du monde, mais de sa famille. Sa chère Imma et Vussin, le seul fils qu'elle lui eût donné, étaient également entrés dans des monastères. Il avait continué à entretenir avec eux des relations pleines de tendresse. Dans une lettre adressée à son fils, il lui donne des conseils sur ses études et le consulte à son tour sur le sens d'un passage de Vitruve'. Imma mourut en 836 et sa perte causa au solitaire Éginhard la plus vive douleur. Il écrit à Loup, depuis abbé de Ferrières, son disciple et son jeune ami: «< Tous mes travaux, tous mes soins, << pour les affaires de mes amis ou pour les mien<<nes, ne me sont plus de rien; tout s'efface, tout « s'abîme devant la cruelle douleur dont m'a

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frappé la mort de celle qui fut jadis ma fidèle <«< femme, qui était encore ma soeur et ma com«pagne chérie. C'est un mal qui ne peut finir, «< car ses mérites sont si profondément enraci«nés dans ma mémoire que rien ne saurait l'en << arracher. Ce qui redouble mon chagrin et ai

'Lettre 30 dans le Recueil des historiens Français, t, 6, p. 375.

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grit chaque jour ma blessure, c'est de voir ainsi « que tous mes vœux n'ont eu aucune puissance «<et que les espérances que j'avais mises dans

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l'intervention des saints mártyrs sont déçues. « Aussi les paroles de ceux qui essaient de me «< consoler, et qui souvent ont réussi auprès d'au<< tres hommes, ne font-elles que rouvrir et en<<venimer cruellement la plaie de mon coeur, car «< ils veulent que je supporte avec courage des << douleurs qu'ils ne sentent point, et me deman«<dent de me féliciter d'une épreuve où ils sont incapables de me faire découvrir le moindre << sujet de contentement'. » Sa douleur fut aussi constante qu'amère; car, aux approches de la mort, annonçant lui-même à un de ses amis qu'il touche à sa fin, il s'écrie en terminant sa lettre : « Imma, ma sœur bien aimée, viens en ce jour « à mon aide; c'est à toi que je recommande mon << ame'. » Il mourut, en effet, en 839, près de trois ans après sa chère Imma, et fut enseveli dans l'église de son monastère de Seligenstadt, où son ami Raban, alors abbé de Fulde, fit graver sur son tombeau l'épitaphe suivante :

Lettre d'Eginhard à Loup, ibid. p. 402. 2 Lettre 32o, ibid. p. 376.

« O toi qui entrés dans ce temple, ne dédaigne << pas, je t'en conjure, d'apprendre ce qui s'y << trouve sous tes pas. Dans ce tombeau repose « un noble homme à qui son père avait donné «<le nom d'Éginhard. Il fut d'un esprit sage et (( prudent, honnête dans ses actions, d'une bou<«< che éloquente, et excellent en beaucoup de <«< choses. Le prince Charles l'éleva dans sa propre <«< cour, et accomplit, par son aide, de nombreux «<< travaux. Il a rendu aux saints de convenables

honneurs ; car c'est lui qui, de Rome, a fait << amener ici leurs corps, afin que, touchés de «< ses prières et de ses soins, ils procurassent à son ame le royaume du ciel. Seigneur Christ, <<< auteur, maître et sauveur des hommes, que ta << bonté lui accorde, dans les cieux, le repos éter« nel!»

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Parmi les écrits douteux ou authentiques d'Éginhard, les deux ouvrages historiques que nous publions ici, les Annales et la Vie de Charlemagne, conservent seuls aujourd'hui une véritable impor

tance.

On a plus d'une fois contesté qu'Éginhard soit l'auteur des Annales; leur premier éditeur, le comte Hermann de Nuenar, les trouva à la suite

d'un manuscrit de la Vie de Charlemagne, et les publia en même temps à Cologne, en 1521, en les attribuant à quelque moine inconnu. Plusieurs éditeurs successifs essayèrent de deviner quel pouvait être fe moine, mais sans succès; ils avaient seulement rencontré le nom d'Adhémar sous lequel, en s'étayant de quelques exemples de corruptions semblables, on croyait entrevoir celui d’Éginhard. Enfin Duchesne et Mabillon soutinrent formellement qu'elles étaient l'ouvrage de ce dernier, en appelant surtout au témoignage d'Odilon, moine de Saint-Médard de Soissons, qui écrivit au commencement du dixième siècle, un récit de la translation et des miracles de Saint-Sébastien, et cite, dans sa préface, les Annales d'Agenhard, comme racontant la translation des reliques de ce saint de Rome à Soissons. Éginhard ne peut être méconnu dans Agenhard, et nos Annales parlent, en effet, sous l'année 826, de cette translation et des miracles qui l'accompagnèrent. Malgré cette preuve, quelques érudits, entre autres le père Lecointe, se sont obstinés à refuser de reconnaître Éginhard comme l'auteur des Annales; mais leurs argumens sont de peu de poids; ils allèguent surtout deux passages de cette chronique dans l'un Éginhard est appelé le plus sage des hommes de son

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