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même une sorte d'axiome accepté, qu'un fonctionnaire est mal placé et ne peut agir utilement dans son pays d'origine. Quant au second, on sait que le Journal officiel est perpétuellement encombré de nomenclatures interminables relatives aux mutations de fonctionnaires, à ce qu'on appelle, dans le vocabulaire technique, des mouvements. Chaque jour, des Pyrénées aux Alpes, de Bretagne en Provence, du Rhône à la Mayenne, sont placés, déplacés, replacés comme des pions sur un échiquier, au mieux des combinaisons politiques, administratives ou privées, les innombrables agents du personnel gouvernemental français, du préfet au substitut, du percepteur au commissaire de police. Le personnel des relations extérieures n'est guère traité autrement : l'ambassadeur est transféré de Constantinople à Lisbonne, et le consul d'Espagne en Danemark.

III

Pour juger si la pratique que nous venons d'exposer sans l'apprécier est saine ou vicieuse, utile ou contraire au bien public, la méthode véritable ne consiste pas à la défendre ou à la combattre par le raisonnement. Avant tout, il

faut nous demander si elle est conforme dans le passé aux traditions du pays qui la suit, et dans le présent à la coutume des sociétés stables et prospères. Aux déductions de la raison individuelle, il est aisé d'opposer des déductions inverses, et le plus sincère a le droit d'être embarrassé entre des argumentations contradictoires également spécieuses; au lieu que des conclusions fondées sur l'expérience s'imposent avec les signes de la légitimité et de la certitude aux esprits sans prévention.

IV

Quelle est donc, en matière d'organisation administrative, la tradition du passé en France?

Personne n'ignore plus aujourd'hui quelle part la vie provinciale et communale prit dans le développement de l'ancienne France; quels vigoureux organismes locaux, fortement unis entre eux par le commun dévouement au souverain, personnification de la patrie, constituèrent l'unité nationale. Dans le fonctionnement des autonomies, soit isolées, soit groupées, dans le jeu des franchises et des libertés locales, le pouvoir central ne revendiquait que le minimum indispensable d'intervention : les

autorités sociales indigènes jouaient un rôle prépondérant. Il ne saurait entrer dans le cadre restreint de cette étude de retracer ces faits, mis en pleine lumière par de grands travaux et de nombreuses monographies. Les mille différences des temps rendraient d'ailleurs difficile de proposer pour modèles aux Français de ce siècle des organisations avec lesquelles la France présente, profondément modifiée dans ses éléments constitutifs, n'a plus que peu de traits communs. Mieux vaut, tout en signalant l'étude féconde de ce lointain passé, s'arrêter en arrière à cette période de notre histoire, où le progrès des légistes, la marche ascendante de la monarchie, l'absentéisme des aristocraties maîtresses du sol, l'excessive concentration de la souveraineté, la corruption des classes riches et lettrées avaient restreint déjà le champ du gouvernement local, et, dans la décadence générale, substitué peu à peu aux saines influences des autorités sociales indigènes l'action d'une bureaucratie dépendante d'administrations centralisées. Il est important d'établir que, même à ce moment, la prudence de la souveraineté responsable corrigeait dans l'application les inconvénients toujours croissants de ce régime. On voit le prince, entouré et éclairé par son conseil, s'attacher à choisir les mandataires qu'il

investit des fonctions locales dans le personnel dirigeant des localités, et leur laisser assez longtemps l'exercice de ces fonctions pour qu'ils puissent s'y rendre compétents, c'est-àdire utiles.

Qu'on jette les yeux, par exemple, sur le précis des principaux offices publics de tout ordre exercés en Provence vers la fin du XVIII° siècle, alors que les traditions du gouvernement local avaient fait place à un régime où l'on retrouve aisément (A. Tocqueville, l'Ancien Régime et la Révolution) le type et les origines de l'organisation actuelle.

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PRINCIPAUX FONCTIONNAIRES DE PROVENCE EN 1770, 1771, 1772. Lieutenant général pour le Roi, résidant à Paris le marquis de Brancas - Céreste (des Forcalquier - Brancas). Intendant de justice, police et finances: le Premier Président du Parlement d'Aix, de la Tour. Secrétaire de l'Intendance : Serré. Subdélégués de l'Intendance pour Marseille: Antoine Aillaud et Brés. Commissaires des guerres de la Rouvière et Girard-Dudemaine. Gouverneur et Viguier de Marseille : le marquis Fortia de Pilles. Lieutenant de Roi pour la ville de Marseille le marquis de Pilles. Colonel inspecteur de l'état-major de la milice, des gardes-côtes, etc. : de Montgrand de la Napoule. Chef d'escadre commandant la marine Glandevés. Commissaire général ordonnateur de la marine : de Sinety. - Directeur de l'observatoire de la marine : de SaintJacques Silvabelle. Sénéchal de la sénéchaussée de Provence : marquis de Forbin - Gardanne. Lieutenant général civil à Marseille Paul. Lieutenant général criminel à Marseille : Chomel. Lieutenant criminel: Pelissier de Pierrefeu. Gouverneur de la ville et du château de Sorgues de Félix du Muy, comte de la Reynarde. — Commandant du fort Saint-Jean

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de

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à Marseille de Villeneuve. Lieutenant particulier civil: de Catelin. Lieutenant particulier criminel: Duroure. Conseillers criminels: Duroure, Taurel, Gervais, etc. Gens du Roi Corréard, Guien. Conseillers honoraires : de Cabre, Seren. Procureur général au Parlement de Ripert. - Premier Avocat général au Parlement: Leblanc de Castillon. Président à la Cour des Comptes d'Aix : marquis d'Albertas. Présidents à Mortier au Parlement d'Aix de Gueidan, baron de la Tour d'Aigues. Lieutenant général civil et criminel de l'amirauté de Marseille de Gerin. Lieutenant particulier : de Ricard-Gerin. Aides-majors des galères du Roi de Castellane, d'Albertas. — Intendants du bureau du vin (privilége prohibitif de l'introduction du vin étranger): de Candole, de Mazargues, de Montolieu, de Ruffi, Escalon, Guien, d'Aygalades, de Rians, de Foresta de Colongues, de Village, etc. Commissaire des fermes de la communauté de Marseille : de CasReceveur des abonnements et de la gaCommandant la place de Marseille : cheReceveur des droits sur les marchandises Receveur général des finances: Noguier de Malijay. Receveur général des tailles : Gordes. Receveur et contrôleur des domaines du Roi : Deleuze.

tellane d'Adhémar.

belle Mayousse.

valier de Bausset.

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du Levant Sermet.

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Receveur

des gabelles Meynier. Receveur général des cinq grosses fermes et gabelles: Roussier. Inspecteur général des fermes du Roi Contencin.

Nous ne laissons en dehors de cette énumération que le gouvernement général de Provence, délégation directe du roi, donnée en souvenir de son illustre père au duc de Villars, d'ailleurs prince des Martigues. Telle qu'elle est, et assez complète, elle ne comprend que des noms de familles issues de Provence ou fixées en Provence, appartenant soit à l'aristocratie de la province, soit aux notables des bourgeoisies urbaines. Tout Provençal aujourd'hui encore les

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