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sentent personnellement menacés, restent découragés et impuissants; ils semblent attendre, avec une espèce de résignation stupide, l'heure prochaine d'un nouveau 93.

Résumons-nous. La population ouvrière de nos villes et de nos campagnes est en général sobre, laborieuse et économe; ses instincts sont honnêtes; sa situation matérielle est meilleure que dans la plupart des autres départements. Elle devrait donc être moralement bonne, et se montrer disposée à soutenir et à défendre l'ordre social.

Pourtant il n'en est rien, et le Var figure parmi les départements les plus exaltés. A quoi cela tient-il? A la destruction de la commune et de la famille, anéanties par les lois révolutionnaires; aux préjugés généralement répandus contre la religion, tant chez les classes dirigeantes que dans le peuple; enfin, à la démoralisation qui résulte de l'absence de toute croyance et de toute morale positive.

Aussi notre population est-elle séparée en deux camps ennemis le camp des riches et celui des pauvres. La notion du devoir est absente de tous les esprits et de tous les cœurs; l'amour du luxe et des jouissances matérielles enflamme tous les sens et toutes les imaginations. Tous voyant dans le Décalogue un ob

stacle à la réalisation de leurs passions coupables, se liguent contre Dieu, auteur de la loi dont le joug leur paraît insupportable.

Notre département donne ainsi au pays tout entier un grand et salutaire exemple. Il n'en est pas où l'esprit général ne doive être meilleur, parce que la situation matérielle est bonne, et que les instincts naturels et traditionnels de la race sont excellents. Pourtant nulle part les sectes révolutionnaires n'ont fait de si nombreux et de si ardents prosélytes, et cela parce que ces deux fondements de toute paix véritable, les Autorités sociales et le respect de la religion, font presque absolument défaut.

Quel avenir nous présage la situation actuelle? Ou bien nos populations seront ramenées au respect de la loi de Dieu, et sous cette influence on verra se former de nouvelles Autorités sociales, dont l'action, unie à celle du clergé, restaurera parmi nous le règne du bien; ou bien la révolution continuera son œuvre de dissolution et de haines réciproques. Alors l'heure viendra où le désordre moral amènera le désordre matériel. Sans doute une réaction énergique se produira; mais, obstinée dans son erreur, la masse ne sera guère portée à attaquer le mal à sa racine : elle demandera l'ordre matériel, et ne s'inquiètera pas de l'ordre moral. Elle acclamera un

soldat ou un tribun quelconque, à la condition qu'il maintienne la paix dans la rue, et qu'à l'abri de cette fausse sécurité le vice puisse librement s'étaler au grand jour. Ainsi nous descendrons un degré de plus dans la voie qui nous entraîne à notre perte.

Puisse Dieu nous épargner ces douleurs, et puissent les hommes de devoir qui sont encore dévoués à leur patrie ne rien négliger pour conjurer de pareilles catastrophes. Ce sont les fondements mêmes de l'édifice social qui sont minés la stabilité du foyer sous l'autorité paternelle, gardienne de la loi de Dieu de génération en génération; la hiérarchie du travail et de la vertu, exerçant le patronage du dévouement, et dépositaire des traditions locales. C'est là ce qu'il faut avant tout reprendre en sous-œuvre. Et qu'on ne perde pas courage. Les classes inférieures, en Provence, conservent d'éminentes. qualités elles sont sobres et économes. Aussi la plupart des ouvriers réalisent-ils des épargnes sur le salaire qui leur est attribué. Ils y sont, du reste, excités par le but qu'ils poursuivent sans relâche avec une infatigable obstination, l'achat du bastidon. Devenir propriétaires d'une maisonnette entourée d'un petit champ, où s'écouleront en paix leurs dernières années, tel est le rêve qui bien souvent devient une

réalité, grâce à leur esprit d'épargne et de sobriété. Qu'ils aient le pouvoir de soustraire le modeste fruit de tant de labeurs à l'implacable destruction des partages périodiques, et dans le foyer restauré refleuriront, sous l'autorité du père de famille, les vertus de la vie privée et le dévouement aux intérêts publics.

Quelques signes précurseurs d'un avenir consolant apparaissent déjà. Ainsi, çà et là, dans les plus petites localités, des Unions se fondent spontanément pour combattre l'antagonisme social, en propageant les vérités d'observation. Les exemples que donnent à cet égard les villes de Carnoules et de Pignans, doivent rendre confiance et espoir à tous ceux qui confondent dans un même amour la vieille Provence et la grande patrie française.

CHAPITRE XVI

LA LOI DES SUCCESSIONS ET LE DÉVELOPPEMENT DES COLONIES

Par M. Ch. ROBERT, chanoine de Rouen.

La France vient d'être témoin d'un fait entièrement nouveau pour elle. Elle a vu l'exil

volontaire de la population d'un de ses départements 1allant chercher, sous d'autres cieux, des lois protégeant mieux que les nôtres l'avenir et la prospérité des familles. Ce fait a produit parmi nous une impression pénible. Il contrastait singulièrement avec l'idée avantageuse que nous aimons à nous faire de nos lois civiles. Et cependant, si désagréable que cela puisse être pour notre amour-propre, il n'en demeure pas moins avéré qu'après avoir épuisé tous les moyens d'échapper aux conséquences désastreuses du partage forcé des successions, les Basques ont trouvé sur les rives de la Plata la sécurité du foyer domestique devenue impossible sur les bords de l'Adour.

Mais si l'exode d'une population éminemment française a frappé tous les esprits, ce résultat du partage forcé n'est pas le seul qui doive appeler notre attention. M. Le Play, auquel revient l'honneur d'avoir porté sur ces questions le flambeau de l'expérience, en a signalé d'autres encore, et ils se vérifient tous les jours. Entre ces conséquences prévues ou expliquées, notons la diminution continuelle de notre fortune publique et de notre expan

1 Celui des Basses-Pyrénées.

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