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que ci-dessus quant à l'impossibilité de répression par le pouvoir politique. Mais la doctrine de tous les moralistes chinois recommande de réprimer tous les désirs coupables, ou même simplement imprudents.

« Les désirs vident le cœur, le détachement « le remplit. » (Proverbe chinois.)

<< Ne désirez pas ce que vous ne devez pas « désirer.» (Meng-Tseu, Les quatre Livres de philosophie de la Chine, trad. de Pauthier, p. 480.)

« Ce qu'on ne désire pas qui nous soit fait, << il ne faut pas le faire aux autres. >> (Confucius, le Lun-Yu, trad. Pauthier, ibid., p. 210.)

« L'homme sage qui s'est identifié avec la <«<loi morale agit selon les devoirs de son état, << sans rien désirer qui lui soit étranger.» (Confucius, le Tchoung-Young, trad. Pauthier, ibid., p. 79.)

« Que vos pensées ne soient point perverses.>> (Confucius, le Lun-Yu, ibid., p. 116.) Il ajoute que cette sentence peut être considérée comme le résumé des trois cents odes du Livre des vers.

« La doctrine de notre maître consiste à avoir << la droiture du cœur et à aimer son prochain << comme soi-même. » (Le Lun-Yu, ibid., p. 130.)

Il est donc incontestable que les mœurs et la

législation des Chinois n'ont pas d'autre base que le Décalogue; non pas, sans doute, tel que nous pouvons le comprendre aujourd'hui, éclairés que nous sommes par l'Évangile, mais tel que le comprenaient et le pratiquaient les patriarches avant la dispersion des peuples; car il ne faut pas oublier que les Chinois datent de là, et qu'ils n'ont pas reçu d'autre loi morale que celle-là. Or, même avec des lumières moins complètes que celles qui nous ont été départies (Non fecit taliter omni nationi), les Chinois ont su mettre leurs mœurs et leurs lois beaucoup mieux en harmonie avec la loi divine que ne le font les peuples contemporains dits civilisés.

Cependant la Chine est aujourd'hui sur la pente rapide de la décadence : l'empereur TaoKouang avait prévu ce résultat, sans pouvoir le conjurer. En 1846, quelque temps avant sa mort, il disait douloureusement : « La prospé«rité est toujours suivie de décadence: après <«<les jours glorieux de Kang⚫hi et de Kienlong, la décadence approche pour notre empire.

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Mais il convient de faire remarquer, à la décharge des Chinois, que les deux causes déterminantes de leur décadence leur ont été impo· sées du dehors. L'une fut la libre introduction de l'opium exigée de vive force par l'Angleterre:

on sait que l'action démoralisante et abrutissante de ce narcotique ne peut être combattue par rien. L'autre fut l'introduction, violente aussi, des étrangers à la Chine.

«La salutaire prévoyance, la sage politique << du gouvernement chinois avaient fermé l'en«<trée du pays à tous les étrangers. » Cette appréciation ne saurait être suspecte; elle émane d'un Anglais, sir George Staunton elle est d'ailleurs justifiée par l'expérience. Depuis que les Européens se sont fait ouvrir par la force brutale les ports de la Chine, tous les vices destructeurs des empires y sont entrés avec eux.

Voici ce que dit à ce sujet M. Lindau dans la relation de son voyage dans l'extrême Orient, qui fut publiée par la Revue des Deux Mondes:

<< Vous pouvez admettre comme une règle gé« nérale que les indigènes dégénèrent morale<<ment aussitôt qu'ils entrent en rapport avec «< nous. A quelle cause attribuer ce phénomène «< peu flatteur pour notre amour-propre ? Ce << n'est pas le lieu de le rechercher; mais j'af<<firme qu'au Japon comme en Chine, la bonne, << l'aimable société indigène a disparu partout << où règne l'influence de Européens. >>

Ce témoignage n'est pas isolé; tous les hommes honnêtes qui sont allés dans l'extrême Orient sont unanimes sur ce point. L'historien

de la mission de lord Elgin en Chine, sir Laurence Oliphant, ne craint pas d'affirmer que ce sont les vices de la population européenne, dans les ports, qui tendent à neutraliser tous les efforts des missionnaires.

Cessons donc de reprocher aux Chinois des vices que nous leur avons imposés, et gémissons de voir la civilisation européenne inoculer la démoralisation et la décadence à un empire qui, réduit aux seules et incomplètes lumières de la loi naturelle, n'en a pas moins su prolonger son existence au delà de quarante

siècles.

CHAPITRE II

LES TROIS ERREURS DE L'ÉGALITÉ NATIVE DE LA SOUVERAINETÉ POPULAIRE ET DU PROGRÈS FATAL réfutées d'après L'EXPÉRIENCE DES ÉTATS-UNIS

Par un publiciste américain, M. Ezra Seaman
Extraits annotés par M. CLAUDIO JANNET.

Les États-Unis possèdent dans M. EZRA C. SEAMAN (du Michigan) un écrivain politique du premier ordre, aussi remarquable par l'in

dépendance de sa pensée que par la fermeté et la vigueur de ses conceptions.

M. Seaman a su, dans une carrière déjà longue, unir les études historiques et les observations sociales à la pratique judiciaire et à l'enseignement du droit dans la grande université d'Ann-Arbor, dont il a été l'un des fondateurs.

La grande valeur de ces observations est d'être tirées principalement de la vie pratique. Dans une lettre qu'il faisait récemment à l'auteur de cette note l'honneur de lui adresser, M. Seaman s'exprime ainsi sur la méthode qui l'a guidé dans ses travaux :

<< Depuis plus de cinquante ans, j'ai vu et << entendu, j'ai lu et senti le courant de l'his<< toire américaine de jour en jour, selon que le

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temps roulait. Je l'ai lue dans les journaux et « revues, dans les documents publics et les << décisions judiciaires; je l'ai entendue et dis«< cutée dans les meetings et les charges pu«bliques, à table et en d'autres lieux. Je l'ai «sentie dans les affaires et les finances; je l'ai << vue dans les caucuses et les conventions poli

tiques comme dans les cours de justice et la « vie publique. Je me la suis assimilée par absorption, comme disent les médecins; mais j'ai eu peu d'occasions de la prendre à dose scolastique par les livres. »

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