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De nombreux écrits détachés et quatre grands ouvrages sont les fruits de cette remarquable puissance d'observation.

En 1846, M. Seaman faisait paraître un premier volume intitulé: ESSAYS ON THE PROGRESS OF NATIONS IN CIVILIZATION, PRODUCTIVE INDUSTRY, WEALTH, AND POPULATION1.

En 1863, au milieu de la grande crise qui désolait son pays, il publiait des Commentaries on the constitution and laws, peoples and history of the United States and upon the great Rebellion and its causes, où il opposait aux fureurs des partis la tradition historique sur laquelle est fondée la constitution de Washington, et essayait de réconcilier dans le respect commun du droit les membres divisés de l'Union.

En 1868 paraissait une nouvelle série des Essays on the progress of nations, et, en 1870, un ouvrage sur le Système du gouvernement américain, qui a été traduit en français2.

Dans ce dernier livre M: Seaman a fait preuve plus que jamais d'un patriotisme courageux, en

1 Conformément à la méthode pratiquée par l'illustre auteur des Ouvriers européens, M. Seaman n'est pas resté étranger aux sciences naturelles et physiques. On trouve une preuve remarquable de ses études en ce genre dans un petit volume publié par lui sous ce titre : Views of Nature (1872-1874).

2 Par M. Hippert, avocat, un vol. in-8°; Paris et Bruxelles, 1872, Guillaurin.

portant le fer et le feu sur les douloureuses plaies que les partis et leurs organisations malsaines ont faites à la constitution politique et aux institutions sociales de son pays. Il a surtout montré un esprit vraiment supérieur, en se soustrayant presque complétement aux préjugés ordinaires de ses compatriotes, préjugés que le principe de la souveraineté du peuple rend, selon la remarque de Tocqueville, presque irrésistibles dans les démocraties. Il a aussi soumis à une critique sincère, fondée sur l'observation comparée des différents peuples et des différentes époques, les principes sur lesquels repose aujourd'hui la vie politique aux États-Unis.

Ce sont quelques-unes de ces critiques qui vont faire l'objet des extraits ci-dessous. Leur intérêt pour des lecteurs européens est assuré, car elles portent sur des erreurs presque aussi répandues dans le vieux monde que dans le

nouveau.

Pour certains esprits leur autorité s'accroîtra peut-être encore par ce fait que leur auteur paraît, dans ses écrits, n'envisager le christianisme qu'à ce point de vue purement individuel et subjectif, qui, selon un juge éminent, est la première source de la décadence morale actuelle du peuple américain. (La Réforme sociale, chap. XII, § 4, et chap. xv, §5.) — c. J.

I

BASE DU POUVOIR SOCIAL ET POLITIQUE, AINSI

QUE DU GOUVERNEMENT

(Extrait du Système du gouvernement américain, ch. III, sect. 1.) Traduction de M. HIPPERT.

La base du pouvoir social et politique et celle du gouvernement est la même. Il est dit, dans la déclaration américaine de l'indépendance, que les gouvernements dérivent leurs justes pouvoirs du consentement des gouvernés. Cela n'est pas strictement exact. Le pouvoir politique dérive de la même source que le pouvoir social, et le gouvernement d'une communauté ou d'un État doit avoir la même source et la même base que le gouvernement d'une famille. Personne ne prétendra que le droit du père d'exercer le pouvoir sur son enfant et de le gouverner dérive du consentement de celui-ci. D'où dérivent ce droit et ce pouvoir? La réponse doit être que ce pouvoir du père est dérivé de la nature et de la constitution de l'homme, de la condition abandonnée de l'enfant et de sa dépendance vis-à-vis de son parent. Il dérive des lois de la nature et de la nécessité du gouvernement dans le but de maintenir l'ordre et de procurer le bien-être de l'enfant. Le gouvernement des États et des nations a la même base: non pas le consentement du gouverné, mais la nature et la condition de l'homme; les lois de la nature établies par le Créateur; la nécessité de la

loi et aussi la nécessité du gouvernement de faire et d'administrer la loi, afin que les droits des individus soient protégés, les crimes punis, que remède soit apporté au mal, et que l'ordre et la paix soient maintenus.

La sanction et l'approbation du peuple ou de sa majeure partie donnent à un gouvernement un pouvoir et une stabilité additionnels, et aident puissamment à l'exécution des lois; et plus particulièrement de ces lois qui sont faites pour arrêter et réprimer le crime. Mais c'est à peine si l'on peut sérieusement prétendre qu'il est nécessaire d'avoir le consentement de gens vicieux pour donner validité à la loi destinée à arrêter le vice ou à punir le crime.

Si la validité des lois et du gouvernement dépend du consentement du gouverné, les femmes ont le même droit que les hommes de participer au gouvernement; leur refuser le droit de suffrage, la participation aux élections des officiers et à la confection des lois, c'est une grossière injustice; et tous les gouvernements et toutes les lois, pour autant qu'ils exercent un pouvoir sur les femmes, sont, sans aucun juste fondement, despotiques et tyranniques.

Si mon raisonnement est exact, la déclaration, fréquemment répétée, que les pouvoirs légitimes du gouvernement dérivent du consentement des sujets, n'est qu'une pétition de principe et ne forme pas une base sérieuse pour le suffrage universel.

II

ÉGALITÉ CIVILE, POLITIQUE ET SOCIALE

(Extrait du Système du gouvernement américain, ch. 1, sect. 3.) Traduction de M. HIPPERt.

Le mot de passe des républicains français était liberté, égalité, fraternité. En Angleterre et même en Amérique, bien des gens associent l'égalité à la liberté, et croient que cette dernière est nécessairement imparfaite sans la première. C'est là une grande erreur. La loi peut établir l'égalité civile, c'est-à-dire elle peut attribuer les mêmes droits civils à tous les citoyens; elle peut les protéger tous également, et étendre le droit du vote pour les officiers publics à tous les mâles adultes, et même aux femmes; et, pour autant que la loi soit en jeu, tous peuvent être regardés comme politiquement égaux en influence dans les matières politiques; et, pour ce motif, elle ne peut les rendre en fait politiquement égaux. L'égalité serait seulement nominale et pas réelle.

La théorie de l'égalité politique complète des hommes, qui leur attribue à tous un droit égal aux fonctions et à l'exercice du pouvoir public, s'ils peuvent s'assurer une élection ou une nomination par le moyen de la tactique de parti ou de l'esprit de clan, est véritablement insensée; le temps est venu où le peuple américain ne doit plus en souffrir,

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