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tures, ou opposées au sentiment unanime des Pères : et ce concile le défend dans le cas même où ces interprétations devroient être toujours secrètes.

Après cela, le saint concile désirant encore réprimer l'audace de ceux qui emploient et tournent à toutes sortes d'usages profanes, les paroles et les sentences de l'Écriture sainte, les faisant servir aux railleries, aux applications vaines et fabuleuses, aux flatteries, aux médisances, et même aux superstitions impies et diaboliques, aux divinations, sortiléges, libelles diffamatoires; ordonne et commande, pour abolir ces irrévérences et ce mépris des paroles saintes, que les évêques punissent ces sortes de personnes par les peines de droit, et autres arbitraires, comme profanateurs et contempteurs de la parole de Dieu; afin qu'à l'avenir personne ne soit assez hardi pour en abuser de cette manière, ou de quelqu'autre que ce puisse être.

DES INTERPRÈTES DE L'ÉCRITURE SAINTE.

CEUX qui croient que toute l'étude de l'Écriture sainte ne consiste qu'à feuilleter les ouvrages des interprètes, comme si on ne pouvoit rien entendre sans leur secours, ne goûteront pas souvent dans cette étude ce qu'il y a de plus agréable et de plus utile; ils s'exposent à s'arrêter fréquemment sur des difficultés inutiles, et à s'égarer dans des questions tout-à-fait éloignées du texte et de l'esprit des livres saints.

On doit donc être attentif à ne pas recommander, au commencement de cette étude, les commentaires, et principalement ceux qui, par leur longueur, jetteroient un jeune étudiant dans une espèce de désespoir de jamais entendre les divines Écritures. Il faut, au contraire, avertir les commençants qu'il y a beaucoup d'endroits dans les livres saints, dont le sens se découvre de lui-même, quand on se familiarise avec eux par une lecture assidue; et qu'il n'est pas à propos de se fatiguer d'abord par un travail au-dessus de ses forces, à cause de quelques endroits difficiles qui sont en plus petit nombre, et qui d'ailleurs sont aussi moins nécessaires. Il est à propos de leur dire qu'ils doivent faire une grande attention à ces paroles de saint Augustin, que nous avons déjà rapportées : Il est du devoir de celui qui veut pénétrer bien avant dans l'intelligence des Écritures, de commencer

par les lirc en entier, pour les connoître du moins par cette lecture, s'il ne peut encore les comprendre. Une lecture assidue servira de com mentaire, parce que, comme nous venons de l'observer, le sens littéral se montre de lui-même dans la plupart des endroits, à celui qui lit et relit souvent les saintes Ecritures. On pourra cependant passer pour quelque temps les endroits difficiles qui se présentent, jusqu'à ce qu'on puisse les éclaircir, ou par une lecture réitérée, ou en consultant les interprètes.

Cette première lecture même suffira pour persuader l'esprit, et pour remplir le cœur des préceptes qui règlent les mœurs, et qui, à cause de leur grande nécessité, ont été exprimés en termes si clairs, qu'on n'a pas besoin d'interprète pour les entendre.

Ajoutez à cela, ainsi que nous l'avons déjà dit, que si l'on s'accoutume à ne lire presque jamais l'Ecriture qu'avec le secours d'un interprète, on écoute bien moins l'Ecriture que l'interprète qu'on consulte: ce qui fait le plus souvent qu'on ne goûte point assez la douceur ineffable de la parole de Dieu, et qu'on se remplit beaucoup plus du sens de son interprète que de celui de l'Ecriture. Mais comme il y a des endroits du texte sacré, dont la difficulté demande d'avoir recours aux commentaires, il est important, pour un commençant surtout, de savoir quels sont ceux qu'il doit préférer.

Il ne faut pas croire que tous soient nécessaires pour acquérir l'intelligence de l'Ecriture: on la sait suffisamment d'abord et pour son instruction, et pour celle des autres, avec les notes abrégées de quelques commentateurs. Celles de Ménochius nous paroissent généralement estimées.

Si les commençants veulent en lire d'autres, ils doivent observer que pour n'étre pas trompés dans le choix des interprètes auxquels ils voudront avoir recours, il est important de ne point s'y déterminer sans avoir auparavant consulté des personnes versées dans la connoissance et l'intelligence des livres saints. Mais qu'ils se souviennent surtout de n'écouter, sur ce choix, que des docteurs catholiques; afin de ne jamais prendre pour maîtres, en matière aussi importante, que ceux qui admettent la sainte Ecriture selon le sens que tient et a toujours tenu la sainte mère Eglise, et qui ne l'entendent ni ne l'interprètent jamais autrement que suivant le consentement unanime des saints Peres.

DU CATÉCHISME ET DES INSTRUCTIONS QU'UN PASTEUR DOIT

A SON PEUPLE SUR LA LOI DE DIEU.

Nous aurions lieu d'être étonné de l'ignorance où nous voyons la plupart des fidèles de nos jours sur la religion, nonobstant les instructions fréquentes et presque continuelles qu'ils viennent assidûment entendre dans leurs paroisses et dans nos églises, s'il n'étoit pas évident que cette ignorance provient le plus souvent des défauts mêmes de ces instructions.

Et en effet, si nous voulons examiner en premier lieu, de quelle manière on instruit ordinairement les enfants, nous ne serons plus surpris qu'ils n'en profitent pas. Comment se fait ordinairement le catéchisme? On n'y apprend aux enfants que quelques vérités spéculatives, en se contentant de leur donner des termes dont ils se chargent la mémoire, sans s'attacher à leur en faire comprendre le sens autant qu'ils en sont alors capables: si on leur explique quelquefois ce qu'on leur fait apprendre, ces explications ne sont pas toujours assez digérées et assez exactes; elles ne sont pas toujours faites d'une manière claire, intelligible, et propre à leur inspirer le goût des vérités qu'on leur enseigne. Qu'arrive-t-il de là? Les enfants, ou craignent d'entendre des instructions qui ne servent qu'à les fatiguer, n'ayant rien que de rebutant pour eux, par leur sécheresse et leur dureté ; ou, s'ils s'appliquent à apprendre par cœur ce qu'on leur enseigne, ils cherchent bientôt après à l'oublier, parce qu'ils ne l'ont jamais entendu ni goûté; et voilà la cause trop ordinaire de leur répugnance, souvent sans remède, pour tout ce qu'ils doivent croire et pratiquer des vérités de la religion; s'aveuglant même presque toujours, quand ils sont parvenus à un âge plus avancé, jusqu'au point de justifier leur ignorance, et d'en donner pour excuse la faute de ceux qui les ont instruits ou dû instruire, dans les premières années de leur vie.

Catéchismes qui seroient faits avec plus d'attention et de soin, si ceux qui sont chargés de cette fonction en sentoient bien toute l'importance. Mais on la néglige le plus souvent, on en a même de l'éloignement, à cause du peu d'éclat qui l'accompagne, et du mépris qu'en font la plupart des gens du monde: on s'en dispense le plus qu'on peut, parce que l'on croit que, s'ac

quitter d'un pareil emploi, c'est perdre son temps, c'est s'abaisser, c'est s'avilir.

Cependant l'instruction des enfants a toujours été regardée comme un des principaux devoirs du pasteur, et sous quelque face qu'on la considère, on la trouvera de la dernière importance. Il y va du salut, non-seulement de la jeunesse, mais de toute une paroisse: car comment y connoîtra-t-on les vérités de la foi, comment y observera-t-on les commandements de Dieu, si le pasteur n'est pas attentif à enseigner ce qu'il faut faire pour être sauvé, aux enfants en qui l'age encore tendre fait trouver ordinairement plus de docilité? Instruction des enfants d'autant plus nécessaire, que, lorsqu'elle est faite avec toute l'exactitude qu'elle exige, elle ne peut que contribuer insensiblement et d'une manière solide au bon ordre et à l'édification d'une paroisse. La jeunesse élevée dans la religion, dès les premiers temps de sa vie, y est moins libertine, moins débordée : si quelques-uns, emportés par le crime et les passions, perdent bientot de vue les sages leçons qu'ils ont reçues, ils ne font pas le plus grand nombre; l'on voit même souvent que les principes de religion qu'ils ont sucés presque avec le lait, les rappellent de leurs égarements et les gagnent enfin à Dieu, en réveillant en eux les premiers sentiments qu'on avoit tâché de leur inspirer pour la vertu.

Catéchisme qui ayant formé à la piété les pères et les mères lorsqu'ils étoient jeunes, leur fait sentir la nécessité d'être euxmêmes les premiers catéchistes de leurs enfants, et l'obligation de leur inspirer avec le lait, et avant que ces jeunes élèves viennent dans nos temples, la saine doctrine que l'Église leur a donnée pour eux. Car il est à craindre que les enfants ne perdent bientôt et trop aisément tout ce qu'ils ont appris dans les catéchismes qui se font à l'église, si les pères et mères n'ont soin de leur côté de le leur faire répéter tous les jours dans la maison, et de le leur faire comprendre. Or, comment pourront-ils s'acquitter de ce devoir, s'ils ne sont pas instruits euxmêmes; si leurs curés ont négligé de veiller à leur faire connoître les principes de la religion, tandis qu'ils étoient jeunes.

Cette obligation des pères et mères de répéter tous les jours dans la maison le catéchisme à leurs enfants, et de le leur faire comprendre, prouve qu'il n'y a point de père ni de mère de

famille, qui ne doive souvent repasser le catéchisme, et le relire
avec attention. Les principes de la religion chrétienne, qui y
sont contenus, ont cela de grand, que plus on les relit, plus on
y
découvre de vérités. Il y a méme beaucoup de choses qu'on
dit aux enfants, qu'ils n'entendent que dans un âge plus avancé ;
de sorte qu'il y a dans le catéchisme à apprendre pour tout le
monde. Et quand les pères et mères de famille ne répéteroient
cette lecture que pour se rendre capables d'en instruire leurs
enfants et leurs domestiques, c'est une assez forte raison pour
les y obliger.

Il est important que les curés rappellent souvent cette observation à leurs paroissiens, et les confesseurs aux pénitents. Il n'est que trop vrai que la plupart des hommes ne savent pas assez le catéchisme; et ce qu'il y a de pis, c'est qu'étant arrivés à un certain âge, sans l'avoir bien su, ils négligent et même ils ont honte de le rapprendre.

Ne cherchons point la source ordinaire d'un si grand mal ailleurs que dans le défaut des instructions qu'ils ont reçues étant enfants. On pourroit y remédier cependant si l'on vouloit instruire avec plus d'attention ceux qu'il faut préparer à la première communion. Il est encore temps alors, en leur rappelant les premiers éléments de la doctrine chrétienne, de les mettre en état de profiter des instructions plus solides que demande cette communion, et de celles qu'ils entendront durant le cours de leur vie.

Mais la même négligence, disons plus, la même irréligion qui les a laissés dans l'ignorance lorsqu'ils étoient dans un âge encore tendre, les abandonne sans remords, lorsqu'il s'agit de les instruire dans un âge plus avancé. Nous disons, la même irréligion, et nous ne disons rien de trop car si saint Paul dit que ceux qui ne procurent pas l'instruction à leurs serviteurs, sont pires que des infideles; que doit-on penser des pères et mères qui ne la procurent pas même à leurs enfants, et qui sont certainement compris dans cette expression de l'Apôtre : si quis suorum curam non habet? que doit-on dire, à plus forte raison, des ministres de Jésus-Christ qui la refusent à ces enfants?

On nous répondra peut-être que ces termes, qui la refusent, sont outrés; mais, si l'on veut bien faire attention à la manière dont se font les catéchismes destinés à préparer les enfants à la

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