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choses merveilleuses par le moyen de l'industrie, de la science, de l'adresse: tels sont certains effets de la médecine, de la mécanique, de la perspective et de l'alchimie; tels sont encore les tours d'adresse de ceux qu'on appelle joueurs de gobelets. Cette seconde espèce de magie peut se réduire à la magie naturelle.

La magie diabolique, qui est la magie proprement dite, est l'art d'opérer des choses merveilleuses par le secours du démon, ce qui suppose un pacte, ou exprès, ou tacite, avec lui: par conséquent cette sorte de magie est péché mortel de sa nature; au lieu que les deux premiers ne renferment rien de mauvais. Le maléfice est une espèce de magie par laquelle, avec le secours du démon, on nuit, ou l'on tâche de nuire à quelqu'un en son corps, en son âme, ou en ses biens extérieurs. Ce péché, outre la malice qui lui est propre, c'est-à-dire, outre le péché de superstition, est encore péché contre la justice, et oblige celui qui en est coupable à la restitution.

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On distingue deux sortes de maléfices : l'amoureux, et l'ennemi; quelques-uns en mettent un troisième, qu'ils appellent somnifère mais il paroît qu'il a rapport à l'un des deux autres. Le maléfice amoureux, que les poètes latins ont appelé philtra, est un art d'inspirer, par le secours du démon, un amour charnel et impudique, ou quelquefois la haine; de manière que le démon met toutes les humeurs en mouvement, excite une tentation violente qui toutefois n'ôte pas la liberté, ou imprime dans l'imagination des idées et des représentations qui mettent dans un danger évident de succomber.

Le maléfice ennemi, que les théologiens appellent veneficum, est celui qui donne la maladie ou la mort, ou qui nuit aux fruits, ou aux animaux, aut etiam maritali copula.

Il est permis de se servir de remèdes naturels pour ôter un maléfice; il est même convenable de les employer avant tous autres. Il est permis aussi d'employer les remèdes surnaturels, ils sont souvent plus efficaces que les autres : ces remèdes sont la prière, la mortification, l'aumône, les bonnes œuvres, la fréquentation des sacrements, surtout de l'Eucharistie, et le saint sacrifice de la messe; mais les confesseurs doivent prendre garde qu'en tout cela leurs pénitents ne mêlent rien qui ressente la superstition. Ceux qui sont attaqués de maléfice peuvent encore porter des reliques et des choses bénites, invoquer les

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saints noms de Jésus et de Marie, faire souvent le signe de la croix avec foi et confiance; enfin, on peut encore faire sur eux les exorcismes institués par l'Église : mais ce dernier remède demande des précautions de prudence, et on ne doit le mettre en usage que de l'avis et du consentement de l'évêque. Quelque puissants que soient tous ces moyens, Dieu permet quelquefois, par un secret mais toujours adorable jugement, qu'ils n'aient aucun effet. Les confesseurs, en les conseillant à leurs pénitents affligés de malefice, doivent leur recommander sur toutes choses de tenir leur conscience pure, d'employer ces remèdes avec foi, avec confiance et avec une parfaite résignation à la volonté du Seigneur, remettant le succès à sa divine providence, disposés à faire bon usage de leur guérison; ou, s'ils ne guérissent pas, de regarder leur mal comme une pénitence, ou comme une épreuve.

A l'égard des remèdes qu'on appelle moraux, il faut distinguer. 1.0.Ou l'on veut se servir d'un second maléfice pour détruire le premier; en ce cas, il n'est jamais permis d'employer ce moyen, parce que ce seroit faire société avec le démon: il n'est pas même permis de prier le malfaiteur, quelque disposé qu'il y soit déjà, d'ôter le maléfice par un autre, ni de consentir qu'il le fasse, quoiqu'on ne l'en ait pas prié. 2.o Ou l'on veut détruire ce maléfice sans en employer un autre, et alors il est permis et même louable de le faire, savoir en détruisant, brûlant les caractères, signes, figures, auxquels le pacte fait avec le démon est annexé, et à la vue desquels le démon cause ce dommage. Bien loin de contracter en ce cas aucune société avec le démon, c'est détruire son ouvrage, c'est lui marquer un souverain mépris.

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Lorsqu'un auteur de maléfice se présente au tribunal de la Pénitence, le confesseur doit lui faire les interrogations suivantes: si pour ses maléfices il a employé des choses saintes, et quelles? à cause du sacrilége. S'il a fait tort à quelqu'un, et quel? à cause de la restitution. Si la personne à qui il a fait tort est consacrée à Dieu ? à cause de l'excommunication portée par le canon Si quis suadente. S'il a enseigné son art à un autre? à cause du scandale. S'il a rendu des honneurs au démon, ou s'il a cru qu'il lui en étoit dû? à cause de l'hérésie et de l'idolâtrie: comme aussi s'il a renoncé à la foi? s'il a des livres de magie? afin de

les lui faire bruler, ainsi que le pacte qu'il a fait avec le démon.

5.o Du culte illégitime.

La seconde espèce de superstition a Dieu pour objet : on y tombe lorsqu'on rend au vrai Dieu un culte illégitime.

Ce culte est celui où le vrai Dieu est adoré, mais d'une manière qui lui déplaît et qu'il défend; parce qu'on emploie, pour l'honorer, des choses fausses, ou des choses inutiles, qui ne sauroient en rien contribuer à sa gloire. Ainsi, il y a deux cultes illégitimes: le faux, le pernicieux, et le superflu.

Dieu est esprit et vérité, disoit Jésus-Christ à la Samaritaine; il veut être adoré en esprit et en vérité; c'est donc déshonorer cette vérité suprême, et lui faire une injure atroce, que d'employer des choses fausses pour lui rendre l'hommage qui lui est dû.

La fausseté du culte peut venir ou du côté des cérémonies qui expriment une chose fausse, ou du côté de la personne qui emploie des cérémonies légitimes. Le culte des Juifs, depuis l'avénement du Messie, est un culte faux de la première sorte, parce que l'adoration qu'ils rendent à Dieu est composée de cérémonies qui expriment la foi au Messie qui doit venir, tandis qu'il est déjà venu. Le culte seroit faux de la seconde sorte, si, par une dévotion mal entendue, on célébroit la sainte messe sans être prêtre, sous prétexte que le sacrifice de la messe est le culte le plus grand qu'on puisse rendre à Dieu; ou si l'on se servoit de prières bonnes et saintes en elles-mêmes, mais dans un temps ou d'une manière défendue par l'Église.

On tombe dans le péché du culte faux et pernicieux, 1.o lorsqu'on honore ou qu'on expose à la vénération de fausses reliques; c'est faire tort à la religion que de confondre les fausses reliques avec les vraies; aussi, le concile de Trente a proscrit cct abus, et a défendu d'exposer aucune relique avant qu'elle ait été reconnue et approuvée de l'évêque du lieu.

Lorsque les curés trouvent des reliques fausses dans leur église, telles que du prétendu lait de la bienheureuse Vierge Marie, etc., ou des reliques suspectes qui auroient échappé à la vigilance de leur évêque, ils doivent, sans attendre une visite pastorale, les supprimer eux-mêmes secrètement.

3.o On tombe dans ce péché, lorsqu'on publie de faux miracles, de fausses visions, de fausses révélations; 3 lorsqu'on expose

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DU PREMIER COMMANDEMENT.

des images de faux saints; ou si, étant l'image d'un vrai saint, elle représente des choses fausses et capables d'induire les peuples à erreur; 4.o lorsqu'on invoque et qu'on honore publiquement, comme saint, un homme mort en odeur de sainteté, avant qu'il ait été déclaré tel par l'Église; il n'est cependant pas défendu de l'invoquer en particulier; 5.o et, à plus forte raison, lorsqu'on honore comme saint quelqu'un qu'on a tout lieu de croire ne l'être pas.

Le culte faux et pernicieux est péché mortel de sa nature, parce que c'est un mensonge en matière de religion, qui lui est par-là même très-injurieux et très-pernicieux saint Thomas (quæst. 93) dit cependant qu'il peut devenir véniel, à raison de l'ignorance.

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Le culte qui n'est que superflu et inutile est celui qui, n'ayant rien de faux, est néanmoins superstitieux, en ce qu'on se sert, pour honorer Dieu, de choses qui sont contre l'ordre et l'institution de Dieu ou de l'Église, et contraires aux coutumes universellement reçues; ce qui fait que Dieu est plutôt déshonoré qu'honoré. Les ignorants, et surtout les femmes, tombent souvent dans ce péché: comme il a beaucoup de rapport avec la vaine observance, nous ne répéterons pas ce qui en a été dit.

On tombe dans ce péché, lorsqu'on ajoute, ou qu'on retranche, ou qu'on change quelque chose aux cérémonies prescrites par les Rubriques de la messe, de l'office, de l'administration. des sacrements, quand même ce seroit par dévotion. Voyez ce que nous avons dit à ce sujet dans le traité du Sacrifice, Tome I.

Les théologiens conviennent communément que le culte superflu n'est péché mortel, 1.o que quand il renferme un pacie exprès ou tacite avec le demon; 2.0 lorsqu'il renferme un mépris formel des règles de l'Église; 3.o lorsqu'il en résulte un scandale; 4.o lorsqu'on fait un mélange odieux des choses saintes avec des choses mauvaises par elles-mêmes, comme des cantiques spirituels avec des chansons honteuses; ce qui arrive quelquefois à noël: c'est ce que les théologiens appellent le culte honteux; 5.o lorsque le changement des Rubriques est considérable, on doit expliquer ces circonstances en confession.

Lorsque le culte superflu vient de grossièreté, d'ignorance, de simplicité ou mème de dévotion, il n'est que péché véniel.

Vous ne prendrez point en vain le nom du Seigneur votre Dieu : Non assumes nomen Domini Dei tui in vanum (Exod. 20.7). Ce précepte peut être regardé comme affirmatif ou comme négatif. Comme affirmatif, il ordonne d'honorer le saint nom de Dieu: comme négatif, il défend de profaner cet adorable nom. On honore le saint nom de Dieu par des sacrifices, par la prière, par les discours saints et édifiants, soit publics, soit particuliers, qui tendent à faire connoître Dieu, à le respecter et le glorifier par une vie chrétienne; enfin, par les vœux et les jurements justes et légitimes. On déshonore le saint nom de Dieu par le violement des voeux, par les jurements indiscrets et téméraires, par le parjure et par le blasphème.

Ce que nous avons dit ci-devant du sacrifice et de la prière, relativement aux prêtres, peut fournir aux confesseurs un grand fonds d'instructions propres à être appliquées à tous les fidèles. Nous allons expliquer ici ce qui regarde les vœux, les jurements et les blasphèmes.

DES VOEUX, ET DES CONDITIONS NÉCESSAIRES POUR LES

RENDRE VALIDES.

Le vœu est une promesse pour un plus grand bien, faite à Dieu librement et avec délibération.

Quatre choses sont nécessaires pour la validité du vœu : 1.o il doit être libre; 2.° avoir pour objet une chose possible; 3.0 il faut que cet objet soit bon; 4." quoique bon en lui-même, il faut encore qu'il soit plus agréable à Dieu que son contraire.

Le vou, comme une action méritoire et agréable à Dieu, doit être libre; et comme tel, il demande de la délibération, et un choix qui ne soit pas forcé. Ainsi, les vœux faits en état de démence, d'ivresse, ou d'une imbécillité qui ôte l'usage de la raison, ne peuvent subsister.

Pour faire un vœu valable, il ne faut ni plus ni moins de liberté que pour faire un péché mortel: ce qui doit s'entendre

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