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dans la faute et la responsabilité de l'homme placé ici-bas dans un lieu et un temps de passage et d'épreuve, voici dans quelle alternative on se trouve placé ou bien il faut accepter le mal comme naturel, éternel, nécessaire, dans l'avenir aussi bien que dans le passé, comme l'état normal de l'homme et du monde ; c'est-à-dire qu'il faut nier Dieu, la création, la Providence divine, la moralité, la liberté, la responsabilité et l'espérance humaines; ou bien c'est à Dieu lui-même qu'il faut imputer le mal et en demander raison.

Le dogme du péché originel affranchit seul la pensée humaine de cette odieuse et inacceptable alternative: loin d'être en contradiction, soit avec l'histoire de l'humanité, soit avec les faits et les instincts qui constituent la nature morale de l'homme, ce dogme les admet, les éclaire et les explique. Le fait du péché originel n'a rien d'étrange ni d'obscur; il réside essentiellement dans la désobéissance à la volonté de Dieu qui est

la loi morale de l'homme. Cette désobéissance, le péché d'Adam, est un acte qui se commet partout et tous les jours, par les mêmes causes, avec les mêmes caractères et les mêmes conséquences que lui assigne le dogme chrétien. Aujourd'hui, comme dans le jardin d'Éden, cet acte a pour cause la soif de l'absolue indépendance, l'ambition de la curiosité et de l'orgueil, la faiblesse devant la tentation. Aujourd'hui comme dans le jardin d'Éden, il apporte, dans l'état intime de l'homme, un changement immense, un changement dont la seule idée saisit et trouble jusqu'au fond l'âme humaine; il fait passer l'homme de l'état d'innocence à l'état de péché. Aujourd'hui comme dans le jardin d'Éden, l'acte qui produit ce changement engage et entraîne la responsabilité, nonseulement de son auteur, mais aussi de ses descendants; le péché est contagieux dans le temps comme dans l'espace, il se transmet comme il se répand. Le dogme chrétien montre le premier

homme créé faillible, mais né innocent; innocent à l'âge d'homme, dans la plénitude de ses facultés, étranger à tout mauvais et fatal héritage. Tout à coup, pour la première fois, par sa propre volonté, l'homme désobéit à Dieu. Là est le péché originel, le même, en nature, que le péché actuel, car ils consistent l'un et l'autre dans la désobéissance à la loi de Dieu, mais le premier, en date, dans l'histoire de la liberté humaine, et la source humaine du mal dont la religion chrétienne, en même temps qu'elle le signale, offre à l'homme le remède et la guérison.

4° L'INCARNATION.

Toutes les religions ont donné au problème de l'existence et de l'origine du mal une grande place; toutes ont tenté de le résoudre. Le bon et le mauvais génie, Ormuzd et Ahriman chez les Perses; le Dieu créateur, le Dieu conservateur et le Dieu destructeur, Brahma, Vischnou et Siva dans l'Inde; les Titans foudroyés en escaladant l'Olympe; Prométhée lié sur son rocher pour avoir ravi le feu du ciel autant d'hypothèses pour expliquer la lutte entre le bien et le mal, entre

l'ordre et le désordre dans le monde et dans l'homme. Mais toutes ces hypothèses sont compliquées, confuses et chargées de fables chimériques; toutes font dériver le mal de causes incohérentes, et aucune n'assigne un terme à la Jutte, n'apporte au mal un remède. La religion chrétienne seule pose nettement et résout efficacement la question; scule, elle impute à l'homme lui-même, et à lui seul, l'origine du mal; seule, elle montre Dieu intervenant pour relever l'homme de sa chute et le sauver de son péril.

Dans le cours des vie et ve siècles avant la venue de Jésus-Christ, un grand fait apparaît dans l'histoire: un souffle de réforme religieuse, morale et sociale, s'élève et se répand d'Orient en Occident, chez tous les peuples alors en voie de civilisation. Malgré les incertitudes de la chronologie, on peut dire, d'après les plus récentes et les plus solides recherches, que Confucius en Chine, le Bouddha Cakya-Mouni dans l'Inde,

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