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une mort précieuse aux yeux du Seigneur sont le fruit d'une sainte Pâque, pourvu que nous en conservions le germe, pourvu que nous observions les quatre pratiques dont Job nous a laissé l'exemple, et dont il me reste à vous dire un mot avant de finir.

Une première est l'examen de nos consciences, la considération de nos fautes, l'attention à leur énormité; nous en trouvons l'ordre dans ces paroles de Job à Dieu : Parce qu'auparavant mon oreille avait seulement entendu parler de vous, ne vous voyant pas, je me déplaisais moins à moi-même; mais maintenant, vous voyant de mes yeux, et me voyant moi-même, je me trouve plus répréhensible et je m'accuse moi-même : Ipse me reprehendo. Que nous apprennent ces paroles, demande saint Grégoire? elles nous apprennent, répond ce Père, que plus les justes avancent vers Dieu en vertu, plus ils se trouvent coupables, et que plus ils approchent de la lumière incréée, plus ils découvrent les ténèbres cachées dans le fond de leur âme, etc. (S. HIERON., In Job.) Et de là il arrive qu'ils détestent les péchés les plus légers comme les grands pécheurs devenus pénitents détestent les grands crimes. Première pratique dont je vous demande l'observation pour le reste de vos jours.

présen

La seconde est l'humble aveu de vos anciennes fautes, et c'est encore une pratique dont Job vous a laissé l'exemple. Dieu, le rétablissant dans son premier état, lui adressa un discours qu'il divisa en deux parties; en finissant la première il lui dit comme au représentant non plus du chef, mais des membres: Celui qui dispute contre Dieu se réduit-il si facilement au silence? certainement quiconque reprend Dieu doit être en état de lui répondre. Que réplique Job à ces mots où le Seigneur semblait lui reprocher ce qu'il lui avait dit autrefois? Appelez-moi et je vous répondrai, ou que je vous parle moi-même et répondez-moi. Sa réponse fut aussi humble que succincte. Puisque j'ai parlé avec trop de légèreté selon vous, non Dieu, comment pourrais-je répondre maintenant? je n'ai plus qu'à mettre ma main sur ma bouche; car j'ai dit une chose que je souhaiterais n'avoir pas dite, et une autre encore dont je me repens, et je n'y ajouterai rien davantage. J'avoue, ajouta-t-il encore, lorsque le Seigneur eut terminé la seconde partie de son discours, j'avoue que j'ai parlé indiscrètement, et de choses qui passaient sans comparaison toute la lumière de ma science (961).

Mais c'est trop peu dire: Job nous donne ici l'exemple de l'humble confession de nos fautes: il faut ajouter que c'est pour nousmêmes qu'il le fait; c'est à notre nom et

(961) Quod impietatis est repellit, quod infirmitatis est fatetur. (S. AMBR, lib. 1, cap. 6, Interp. Job.

(962) On ne nie pas que Job n'ait commis des futes dans sa vie, mais on croit être bien autorisé à dire, qu'il n'en a fait ni dans le temps de sa mi

non au sien: Job avait-il personnellement commis aucune indiscrétion? le Seigneur ne lui rend-il pas le témoignage d'avoir parlé dans la droiture de la vérité (962). Tirons les conséquences qui suivent de là.

C'est donc à nous que le Seigneur adresse en la personne de Job ces paroles: Celui qui dispute contre Dieu, se réduit-il si facilement? c'est donc nous que le Seigneur reprend ici, non de péchés d'actions, mais de paroles peu discrètes, peu réfléchies, peu comprises. C'est donc nous aussi que Job représente dans l'aveu qu'il fait d'avoir parlé indiscrètement (963); c'est donc à notre nom que ce saint homme fait l'aveu de son indiscrétion; c'est donc à nous qu'il apprend à confesser souvent à Dieu nos anciens péchés, à l'imitation des Paul, des Pierre, des Madeleine, qui n'oublièrent jamais les égarements de leur jeunesse.

Une troisième pratique qu'il ne fauara jamais séparer de cette seconde, c'est la macération de la chair, l'usage du jeûne, du cilice et de la cendre, en un mot la mortification des sens. Job nous fait bien comprendre la nécessité de ce troisième acte de pénitence quand il dit: Non-seulement je me soumets avec patience aux maux dont il plaît à Dieu de m'affliger; mais en signe d'approbation de sa conduite, et en ma qualité de pécheur, je fais pénitence dans la poussière et dans la cendre; oh! qu'un tel exemple est propre à nous confondre tous! si un si grand saint ajoute à toutes les douleurs qui nous ont étonnés tout ce que la pénitence extérieure a de plus lugubre et de plus humiliant, hélas ! que ferons-nous, pauvres pécheurs, nous qui avons tant offensé Dieu, nous que Dieu a tant ménagés, nous qui nous sommes tant épargnés jusqu'ici? Gardons-nous cependant bien de désespérer de notre pardon et de notre résurrection spirituelle, mais passant successivement des trois actes précédents à un quatrième, et de la crainte à la confiance, imitons donc le saint homme Job, et avec lui disons à Dieu: Je sais que vous pouvez tout et que votre puissance surpasse celle de Béhémoth; je sais qu'il n'y a point de pensée qui vous soit cachée, et que les desseins de Léviathan contre moi vous sont connus. Ce pouvoir indéfini, cette science universelledu Seigneur, sont déjà deux motifs puissants pour ranimer notre confiance; un troisième sont les mérites de Jésus-Christ, notre seule et unique victime de purification.

C'est, mes frères, à cette vérité que nous rappellent ces paroles du Seigneur & Eliphaz de Theman: Ma fureur s'est allumée contre vous et contre vos deux amis, parce que vous

sère, ni avant, qui lui aient attiré sa misère.

(963) C'est le sentiment de saint Augustin (Ann. in Job): Propter personam quam Job gestabat, dictum est, hoc est corporis Domini quod est ecclesia in qua multa, etc. C'est aussi le sentiment de saint Gregoire.

n'avez point parlé devant moi dans la droiture de la vérité, comme Job mon serviteur; prenez donc sept taureaux et sept beliers (964) et allez à mon serviteur Job, et offrez-les par ses mains pour vous en holocauste. Job priera pour vous; je le regarderai et je l'écouterai favorablement, afin que je ne vous impute pas l'imprudence d'avoir accusé un homme d'être coupable parce qu'il était misérable (965).

Quel coup de foudre pour ces trois hommes! Ils avaient cru soutenir la cause de Dieu contre Job; ils avaient entendu Dieu qui du fond de la nuée abaissait Job comme les hommes l'abaissaient sur la terre; ils s'attendaient à entendre du souverain juge un jugement favorable: et ils en sont condamnés; et ils sont obligés de recourir à celui même qu'ils ont blamé; et ils ne peuvent espérer de pardon que par la méditation de Job (966). Le mystère, mes frères, en est-il encore un pour vous? dans ces trois hommes ne voyez-vous pas les Juifs condamnés pour avoir accusé Jésus-Christ obligés de le reconnaître pour leur Sauveur, invités à recourir à lui? y recourant en effet, et, touchés de componction, disant aux apôtres Que faut-il que nous fassions? «Quid faciemus, viri fratres?» (Act. 11, 37.)

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En supposant ici, mes frères, que vous me faites la même question, je réponds qu'aux quatre pratiques que je viens de vous indiquer, vous ajouterez celle de la reconnaissance, et si ce sentiment des belles âmes ne vous instruisait pas des actes qu'il exige de vous en ce jour solennel, je vous dirais avec saint Chrysostome: vous avez vu la victoire de Jésus-Christ et la manière dont il a vaincu; vous avez vu le tyran vaincu étendu aux pieds de Jésus-Christ; vous avez vu la victoire admirable de notre Rédempteur sur notre ennemi commun; Vous avez vu combien cette victoire lui est

(964) Voy. saint Grégoire sur le mystère de ce nombre de sept, et de ces animaux.

(965) Ces mots nous apprennent que les discours de Job ont tous été exacts, et que les reproches apparents que Dieu lui a faits auparavant, prouvent seulement qu'il avait bien dit des choses mystérieuses dont il n'avait point l'intelligence, et qui étaient au-dessus de ses forces, et non qu'il était coupable, puisque l'ignorance et la faiblesse sont bien des sujets d'humiliation, mais non des cri

mes.

(966) Agonotheta secus de.. turbine manum laboranti dedit et oblectantes gravi lapsu cecidisse pronuntiavit, victorem asseruit, coronam detulit. › (S. AMBR., lib. 11 De interp., cap. 3.)

(967) L'incrédule m'oblige à ajouter ici ces deux observations. 1° Ce que dit Job au chap. xxxix que l'autruche ne couve point ses œufs, est dit selon le langage populaire. 2° Ce qu'il dit au chap. XL, de la baleine, ne signifie pas qu'on ne peut la prendre, mais qu'on ne peut la prendre vivante et à

glorieuse et combien elle nous est avantageuse que nous ont coûté ces avantages? quels travaux, quelle sueur ont-ils exigée de nous? nous a-t-il faliu ensanglanter nos armes, paraître à la tête des légions, offrir notre corps aux coups et aux blessures? Rien de tout cela n'a été nécessaire; le combat de Jésus-Christ a été notre couronne. Imitons donc les soldats d'un chef victorieux ; chantons des louanges et des hymnes à son honneur, et disons: O mort! où est ta victoire? Ô enfer! où est ton aiguillon? ô croix élevée contre l'auteur du péché! o péché vraiment nécessaire, puisque tu as été effacé par la mort de Jésus-Christ! Ô coulpe vraiment heureuse qui a mérité d'avoir un si grand Rédempteur! nuit heureuse qui a dépouillé les Egyptiens et enrichi les Hébreux! ô pensée consolante! Jésus-Christ est ressuscité, et je ressusciterai un jour à sa ressemblance.

C'est, mes frères, le terme où Job portait ses vues quand il disait : Je sais que mon Rédempteur vit,et qu'au dernier jour je me lèverai de la terre pour contempler mon Sauveur dans ma propre chair et de mes propres yeux. C'est là aussi, mes frères, ce que nous sommes invités à dire en ce moment solennel. Pleins de la foi de Job nous devons en répéter souvent cet acte: Je sais, etc. Scio, etc.; je le sais, et parce que je ne puis autrement parvenir à cette résurrection corporelle que par le moyen de la résurrection spirituelle, je travaillerai jusqu'à ma mort à en confesser la grâce, afin qu'heureux dans mon âme à cette heure, je passe au dernier jour à la gloire éternelle dans la société du bienheureux Job, et de celui qu'il figurait, de Jésus-Christ vainqueur de la mort, à qui honneur et empire dans les siècles des siècles (967). Amen.

l'hameçon. 3° Comme d'un côté nos esprits faux et légers accusent nos Ecritures de contenir des erreurs touchant la physique, l'astronomie, etc., comme d'un autre côté, aucun auteur sacré n'a autant parlé de physique et d'astronomie que Job, surtout depuis le ix chapitre de son livre, jusqu'an xx; j'observerai d'abord qu'il représente les phénomènes du ciel, d'une manière aussi exactement vraie qu'intéressante, témoin ce qu'il écrit des hyades, etc., des éclipses de soleil, des astres qui brillent et disparaissent par des révolutions marquées au sceau du Créateur.(Vid. cap. 1x.) J'appuierai ensuite mes observations de ce témoignage du chancelier Bacon, dont la critique vaut bien celle de nos demi-savants.

Si quis eximium illum Jobi librum diligenter revolverit, plenum eum et tanquam gravidum naturalis philosophia mysteriis deprehendet exempli gr. circa cosmographiam et rotunditatem terræ, circa astronomiam et asterismos, circa generationem animalium, rem metallicam, etc.

LE PSAUTIER

INSTRUCTION PREMIÈRE.

SON UTILITÉ. (Psal. 1-111.)

Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum. Heureux l'homme qui ne s'est point laissé aller au conseil des impies. (Psal. 1, 1.)

Que signifie ce nom de Psautier donné au livre que je commence aujourd'hui à vous expliquer? quel en est l'auteur? quelles en sont les beautés ? quels en sont les objets et les fins principales? quel en est l'ordre? quelle en est l'utilité? Ce sont là, mes frères, autant de questions (968) que vous avez droit de me faire à ce moment et sur lesquelles voici mes réponses.

Sur la première je vous réponds que le mot psautier en grec fairpio a une double signification, qu'il signitie, instrument de musique, et encore recueil de cantiques dont le nombre est de cent cinquante, soit qu'on les divise en cinq parties comme font plusieurs Pères après l'original hébreu (969), soit qu'on les partage en trois dont la première est pour les pleurants, la seconde Poderes ten pensover en sainteté. pour les justes persévérants, la troisième pour

Sur la seconde je vous réponds d'abord que le premier et principal auteur du psautier est l'Esprit-Saint même qui en a dicté les paroles, et en les dictant en a fait un livre divin. J'ajoute en outre qu'il est assez inutile de rechercher curieusement quels en sont les auteurs ministériels et secondaires, si c'est David seul (970) ou non (971). «S'informe-t-on quelle plume a servi pour écrire une lettre, lorsqu'on y remarque la main d'une personne pour qui l'on a infiniment de respect. » (S. GREG. Magn., in Job 1.)

Sur la troisième je vous réponds que les beautés de ce livre sont telles qu'on compte jusqu'à six cent trente commentateurs des psaumes, sans comprendre en ce nombre ni ceux qui ont écrit généralement sur toute l'Ecriture, ni ceux qui n'ont commenté qu'une partie du psautíer. Un si grand nom

(968) On pourrait aussi demander ici, si ce livre est canonique; qui en a fait le recueil; d'où en vient l'obscurité; mais pour ne point multiplier excessivement les questions, j'observerai seulemen ici, 4o qu'aucun fidèle n'a jamais douté de la canonicité du psautier; 2° que selon l'opinion la plus commune, c'est Esdras qui en a fait le recueil; 3° que son obscurité vient partie de la poésie de ce livre, partie de l'hébreu, dont il n'est pas aisé de rendre la force.

(969) Les quatre premières de ces cinq parties se terminent aux psaumes qui finissent par ces mots: Fiat, fiat. La dernière finit par Alleluia.

(970) C'est l'opinion de saint Chrysostome, de saint Ambroise, de saint Augustin, etc., etc., etc., que nous adoptons.

bre d'ouvriers peut-il en admettre de nouveaux dans le champ qu'il a entrepris de cultiver? Ce champ, mes frères, est si vaste, le fonds si fertile, la moisson si abondante, que plusieurs ouvriers peuvent y travailler sans se faire ombrage l'un à l'autre, sans que l'ouvrage de l'un ou de l'autre soit inutile.

Sur la quatrième je vous réponds que selon le sens littéral et immédiat, c'est ordinairement David qui est l'objet des psaumes, et que selon le sens prophétique, c'est JésusChrist tout entier, Jésus-Christ et son Eglise, son corps et ses membres mystiques qui en sont l'objet et la fin principale, depuis le premier jusqu'au second avénement de ce libérateur commun.

Sur la cinquième je vous réponds qu'à ne considérer que le premier sens des psaumes, on ne voit aucun ordre dans l'arrangement de ces divins cantiques, mais à en considérer le second sens, il y en a un lequel, dit saint Augustin, paraît renfermer un grand mystère (972).

Il est vrai que ce saint docteur se plaignait que cet ordre ne lui avait pas encore été révélé, mais d'autres après lui ne l'ontils pas aperçu ? Quoi qu'il en soit de la vérité de leurs découvertes, d'après eux il nous paraît très-possible de partager le psautier en vingt-deux sections (973), dont chacune ferait la matière de deux instructions. Mais ne jugeant ni nécessaire ni même utile de suivre un plan qui rendrait nos instructions beaucoup plus longues les unes que les autres, nous ne nous en ferons aucune règle que pour la première section, qui renferme les six premiers psaumes, et qui nous fournira la matière de deux instructions.

Bienheureux David! obtenez-nous les dons d'intelligence pour expliquer vos paroles, et de sagesse pour les goûter.

Les preuves que je vais vous donner de l'utilité du psautier seront, l'une générale et l'autre particulière, que je tirerai des idées que nous offrent les trois premiers

(971) C'est l'opinion de saint Hilaire, de saint Jérôme, etc., que nous abandonnons comme moins fondée en raisons que la précédente.

(972) Ordo psalmorum mihi magni sacramenti videtur continere secretum. (S. AUG., Enarr. in proem.)

(973) Autant de sections que de lettres alphabétiques. Chacune d'elles commence par les mystères douloureux, et finit par les mystères glorieux. C'est probablement l'ordre que l'Eglise a vu dans l'arrangement des psaumes. Par conséquent, si nous ne le voyons pas comme elle, nous ne dirons pas contradictoirement à elle, qu'il ne faut chercher dans leur collection aucun ordre, soit des matières, soit des temps, soit des solennités et des jours où ils doivent être chantés,

psaumes. Ne perdez rien ni de l'une ni de l'autre.

« Dieu, dit saint Chrysostome in psal. XLI), par lequel je commence ma première preuve, «Dieu, connaissant combien le démon travaille à renverser toute la piété dans les âmes par les plaisirs criminels qu'il leur fait trouver dans des chansons impures, a voulu lui opposer le chant sacré des divins psaumes, afin qu'on y trouvât en même temps un plaisir très-chaste et une instruction très-salutaire (974). Ainsi,» continue-t-il, « au lieu que ce qu'il y a d'impur et de dissolu dans les airs profanes, entrant dans le fond de l'âme, l'affaiblit et l'effémine; les psaumes et les cantiques spirituels ont, au contraire, cet avantage qu'ils rendent l'âme plus pure et plus sainte. De même,» ajoute encore ce Père, « que là où il y a de la boue, les pourceaux y courent, et qu'au contraire les abeilles volent partout où il y a des fleurs et des aromates; aussi les démons s'assemblent au son des chansons impures; et là au contraire où retentissent les saints cantiques, la grâce de l'Esprit divin y vient faire sa résidence, et l'âme est sanctifiée par la bouche de ceux qui les chantent: Ubi cantica spiritualia, illuc advolat spiritus gratia, quæ os sanctificet et animam. » Ce sont jusqu'ici les paroles de saint Chrysostome, qui en tire cette conséquence et adresse cette exhortation à ses auditeurs (375). « Je vous propose ces réflexions, à vous, chefs de famille! pourquoi? ce n'est pas seulement afin que vous écoutiez, mais aussi afin que vous appreniez à vos femmes, à vos enfants à chanter ces sacrés cantiques, non-seulement lorsque vous travaillez des mains, lorsque vous cultivez la terre, lorsque vous vendangez, lorsque vous exercez votre métier, votre art, votre commerce, mais aussi et surtout lorsque vous êtes assis à table; sed maxime in mensa.» Après avoir entendu l'éloge du saint prêtre d'Antioche, écoutez celui de saint Basile sur le même sujet.

<< Toute l'Ecriture,» dit ce saint, « a été écrite afin que tous les hommes pussent y trouver, comme en un trésor commun, les remèdes les plus propres pour la guérison de leurs maladies spirituelles; mais au lieu que les livres des prophètes instruisent d'une manière, et les livres historiques d'une autre manière, au lieu que la loi a ses instructions particulières, et que les proverbes enseignent aussi d'une autre façon, le Livre des Psaumes renferme lui seul tout ce qu'il y a d'utile dans tous les autres; comme les livres prophétiques, il prédit l'avenir; comme les livres historiques, il représente les cho

(974) Auparavant il avait dit : «Quanam de causa dicatur psalmus cum cantico, audi: cum Deus vidisset homines, multos esse socordiores nec ad legenda spiritualia lubenter accedere, nec qui in eo capitur, laborem tolerare, volens gratiorem laborem efficere, admiscuit prophetiæ melodiam ut omnes cantici modulatione delectati cum magna animi alacritate sacros ei hymnos emittant. Nostra certe natura usque adeo delectatur canticis, ut vel infantes ab uberibus pendentes, si fleant ea ratione sopiantur.

ses passées; comme les livres légaux, il prescrit des fois pour le règlement de la vie; comme les Proverbes, il propose à tous les hommes ce qu'ils doivent faire pour se sauver; on y trouve de quoi guérir les plaies anciennes et nouvelles des âmes; il rétablit ce qui est malade; il conserve ce qui est sain; l'Esprit divin y a joint la douceur de l'harmonie à la vérité de ses divines instructions, afin qu'écoutant avec plaisir ce qui charme les oreilles, les âmes reçussent en même temps ce qui peut les guérir. Le psaume chasse le démon; il nous attire le secours des anges; il nous rassure contre les frayeurs de la nuit; il nous délasse de la fatigue des travaux du jour. Le psaume est la voix de toute l'Eglise; il rend les fêtes plus solennelles; il produit également et la joie du Saint-Esprit, et la tristesse qui est selon Dieu. »

C'est encore ce que dit saint Ambroise dans sa belle Préface sur les psaumes, dont voici quelques fragments. « Au lieu, » dit ce Père, « qu'un ou deux cantiques font le grand ornement de tous les autres Livres, celui-ci est tout composé de chants sacrés qui ont quelque chose de plus élevé que le reste de l'Ecriture. Ainsi,» ajoute le saint archevêque, « lorsque Moïse eut vu Pharaon enseveli avec son armée dans la mer Rouge, il quitta son style ordinaire et chanta un cantique de triomphe à la gloire du Seigneur. De même après avoir lu aux Israélites la loi de Dieu, voulant l'imprimer plus fortement au fond de leurs âmes, il composa cet autre cantique où il invite le ciel et la terre à entendre ses paroles. Et ces deux cantiques, qui sont dans les Livres de Moïse comme les deux yeux du monde et les deux grands luminaires des cieux, éclairent et font briller tout le corps de son ouvrage. On ne lit aussi qu'un cantique dans tout le Livre des Juges, que deux dans Isaïe, qu'un seul dans Daniel, mais David a été choisi de Dieu principalement pour exceller dans ce genre élevé d'écrire, en sorte que ce qui brille rarement dans les autres ouvrages est le propre carac tère du psautier. Qu'est-il done, » conclut notre saint, après en avoir dit beaucoup d'autres choses; « qu'est-il donc sinon l'instrument des vertus? Quid igitur psalmus nisi virtutum est organum? »

« Ce Livre,» dit saint Augustin, « est un Livre qui nous est propre; c'est un trésor qui nous appartient; c'est nous-mêmes qui en sommes le sujet et la matière. C'est de nos périls et de nos tentations qu'il traite; c'est pour exprimer notre reconnaissance qu'il est composé: c'est pour marquer nos

Nutrices certe, etc., viatores, etc., agricolæ, etc., vindemiantes, etc., mulieres quoque texentes, ▸

etc.

(975) C'est ce me semble sur de trop faibles raisons que Tillemont a douté que saint Chrysostome ait prêché ses Discours sur les Psaumes. Le Père Montfaucon conjecture qu'un si bel ouvrage n'a pas été composé à Constantinople, où d'autres soins le distrayaient.

craintes ou nos espérances. Celui qui par sa grâce nous porte à la pénitence et aux larmes, nous y propose des expressions conformes à notre douleur; en nous inspirant l'amour pénitent, il nous a donné le langage dont l'amour pénitent a besoin. Cet homme à qui sont les psaumes, est répandu dans tout le monde, sa tête est dans le ciel, et il a encore des membres sur la terre. Comme il y parle, ou pour y chanter, ou pour y gémir, ou pour se réjouir de ce qu'il espère, ou pour soupirer parce qu'il souffre, nous devons connaître sa voix comme étant la nôtre même: Ejus vocem familiarissimam debemus habere tanquam nostram. » (In Psal. XLII.)

A ces quatre Pères tant de l'Eglise grecque que de l'Eglise latine, je pourrais en joindre plusieurs autres sans doute, mais pourquoi prouver plus au long par des réflexions étrangères l'utilité des psaumes, tandis que chacun d'eux offre la preuve de cette utilité. Le premier d'abord (976). Psal. 1. Car quoi de plus utile pour nous, que ce qui nous instruit de notre bonheur, des principes de notre bonheur, des fruits qui naissent de ces principes et de la fin où ils conduisent? n'est-ce pas ce que nous apprend le premier psaume (977)?

Un principe primordial de notre bonheur est la fuite du mal et des méchants dont les exemples et les discours nous entraînent vers le mal. Le prophète nous l'indique en commençant son Livre, comme Jésus-Christ a commencé son Evangile, par l'idée du bonheur, et par ces mots: Heureux l'homme qui n'est point allé au conseil des impies, qui ne s'est point arrêté dans la voie des pécheurs et qui ne s'est point assis dans la chaire contagieuse des libertins qui se moquent des choses de Dieu. Le second principe de notre bonheur est la pratique du bien, l'étude de nos devoirs, la méditation continuelle de la loi de Dieu et son observation. Le Prophète nons l'indique en ajoutaut: Heureux l'homme qui met toute son affection dans la loi du Seigneur, et qui médite jour et nuit cette loi sainte! Sed in lege Domini voluntas ejus meditabitur die ac nocte. »

En saviez-vous autant, mes frères ! saviezvous que pour arriver au bonheur pour lequel nous sommes faits et que nous désirons tous, il fallait le chercher dans ces principes? Eh! pourquoi donc l'avez-vous cherché dans les honneurs, les biens et les plaisirs de ce monde ? Pourquoi donc êtes. vous allés au conseil des impies pour les consulter, et non à celui des justes pour les écouter? pourquoi donc vous êtes-vous arrêtés dans la voie des pécheurs et avez-vous mis votre plaisir à les imiter? Pourquoi donc Vous êtes-vous assis dans ces cabinets que vous nommez littéraires, et que peut-être

(976) Nous récitons ces trois psaumes le dimanchè à Matines, comme convenant à la résurrection de Jésus-Christ.

(977) Il n'a point de titre, on lit à la vérité dans

vous nommeriez encore mieux chaires de pestilence? Pourquoi vous êtes-vous rendus maîtres des maximes contagieuses qui s'y débitent en communiquant à d'autres la même peste dont vous vous êtes infectés dans ces lieux où vous lisez indistinctement tout ce qui vous tombe sous la main? Pourquoi donc vous exercez-vous si peu à la méditation des choses saintes? Pourquoi témoignez-vous tant de répugnance pour ce saint exercice? Pourquoi tournez-vous en ridicule ceux qui s'en occupent, ceux qui écoutent efficacement cet avis de l'EspritSaint Heureux celui qui met toute son affection, etc. « in lege Domini, » etc., Mettezy toute la vôtre désormais; voici les avantages que vous en tirerez et que j'ai à vous proposer avec le Prophète, comme autant de motifs pour vous y engager.

Vous serez, mes frères, Comme des arbres plantés proche le courant des eaux, donnant leurs fruits dans leur temps, et ne perdant pas une de leurs feuilles; les eaux de la grâce vous arroseront continuellement; ces grâces vous produiront des fruits excellents pour le ciel, en vous aidant à remplir vos devoirs de religion et de société; elles vous rendront méritoires vos actions même les plus indifférentes, comme sont la promenade, le sommeil, le boire et le manger. Ce sont là des feuilles dont aucune ne tombera, dont aucune ne sera sans récompense; tout ce que vous ferez aura un heureux succès dans l'ordre du salut: Omnia quæcunque faciet prosperabuntur. Ne le souhaitez-vous pas ? Ne serez-vous pas méditatifs à proportion que vous avez été distraits, fervents dans le bien à proportion que vous y avez été lents et indolents? Ah! si la considération des avantages que je viens de vous proposer ne Vous y engage pas encore, qu'au moins la pensée du sort des impies vous y détermine.

Ceux-ci, tandis qu'ils suivent les voies de l'iniquité, n'ont ni consistance ni solidité; ils ne font par conséquent aucune œuvre utile au salut, ils sont donc comme la poussière que le vent disperse de dessus la face de la terre; le vent impétueux de leurs passions les emporte de tous côtés et les tient dans une agitation perpétuelle. Voilà leur état présent, combien n'est-il pas misérable? Ah! que dirons-nous donc de leur état futur au jour du jugement? Ils ressusciteront, il est vrai, mais, non, ce ne sera pas pour la gloire; ils reprendront alors leurs corps, il est vrai, mais, hélas ! non, ils n'auront point de place dans l'assemblée des Justes; ils en seront exclus pour jamais; ils seront convaincus, mais trop tard pour eux, de ce que le Seigneur leur dit à présent par ma bouche; qu'il connaît et approuve la voie des justes, et qu'il hait et condamne la voie des impies, et qu'ainsi elle périra et qu'ils pé

les Septante: Cantique de David, prophète et roi, mais c'est moins le titre du premier psaume que celui de tout le psautier. Il paraît avoir été composé par David, fuyant Absalon ou Saül.

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