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au-dessus de nos têtes, il serait bon par rapport à nous, s'il nous faisait sérieusement penser à ce jour épouvantable où le ciel et les éléments passeront au bruit impétueux que causera leur dissolution. Ainsi la grêle, la glace, les frimats, les ardeurs des autans sont des êtres bons en eux-mêmes, et ils sera ent bons par rapport à nous si nous souffrions avec patience ce qu'ils ont d'incommode. Ainsi les insectes sont bons en euxnêmes; ils sont bons à nos corps dont ils amassent la corruption, et ils seraient bons à nos âmes si à leur vue nous pensions que nous deviendrons leur aliment dans le tombeau. Il n'y a dans le monde qu'une chose mauvaise, c'est le péché: c'est le vice et la concupiscence, source empoisonnée du péché. Aussi quand David invite toutes les créatures à bénir le Seigneur, il ne dit pas; orgueil! ambition! envie! avarice! louez le Seigneur, parce que ce sont là proprement les œuvres du démon; mais il dit: serpents! dragons louez le Seigneur, parce que ces animaux sont l'ouvrage du Seigneur. Bénissez donc le Seigneur, vous qui êtes ses cuvres! vous, ciel! terre! mer! avec ce que vous renfermez, louez-le; ou plutôt, mes frères, louons-le pour ces êtres? C'est un des premiers devoirs de l'homme, celui qu'Adam remplit dès les premiers moments de son existence; nous allons le voir en considérant son bonheur, non plus comme nous venons de faire par rapport aux biens extérieurs qui Jui furent préparés avant la création, mais par rapport aux biens intérieurs dont il fut enrichi au moment de sa création. Le ciel et la terre étaient achevés; l'un et l'autre avaient les ornements qui leur convenaient dans le dessein du Créateur: les astres roulaient dans les espaces immenses du firmament; la terre était chargée de fruits exquis, le doux agneau bondissait sur l'herbe, le timide poisson se jouait dans les eaux et le volatile mélodieux dans les airs: tout était dans l'attente d'un maître créé qui le présidât, lorsque le Père éternel adressant la parole aux deux autres personnes divines, et nous préparant dès lors au grand mystère de la Trinité, dit: Faisons l'homme: « Faciamus hominem. » Jusqu'à ce moment Dieu avait parlé tout autrement: Que la lumière soit faite... que le firmament soit étendu... que la terre produise des herbes : c'est la voix que j'avais entendue jusqu'à présent, et à ces mots prononcés d'un ton impérieux, j'avais vu des esclaves courir à celui qui les appelait ici ce n'est plus cette voix tonnante, c'est une voix douce, une voix qui par avance honore, et m'apprend à honorer l'ouvrage qui va paraître; une voix à laquelle je comprends déjà que l'homme sera le chef-d'œuvre de la toute-puissance et de la sagesse infinie du Seigneur. Mais peut-être ne le comprenezvous pas également; peut-être est-il nécessaire de vous expliquer plus amplement cette pensée, et c'est ce que je vais faire en vous

de la souche commune de tous les hommes, de son corps, de son âme, de l'u

nion de ces deux substances. Point de moyen

plus propre à vous faire connaître les biens essentiels dont Dieu enrichit l'homme au moment de la création.

Le Seigneur Dieu, dit Moïse, le forma de la terre: «Formavit... hominem de limo terræ. » Voilà l'origine de son corps, il a été pétri d'une poussière humide, d'un peu de boue. Qu'il est donc vil et méprisable, ce corps, Vous écriez-vous d'un ton gémissant! El moi je dis, sans cependant désavouer votre réflexion: Qu'il sera donc admirable ce corps! Dieu le forme de boue afin que la gloire de la formation soit attribuée, non à la matière de laquelle il a été tiré, mais à la main qui l'a formé quel ouvrage excellent que celui dont Dieu se réserve tout l'honneur! En effet je suis l'ouvrier dans ses opérations; j'examine séparément et de près, cette bouche d'où couleront des fleuves d'éloquence, ce front sur lequel paraîtra la majesté, ces organes d'une délicatesse extrême et multipliés à l'infini, l'harmonie qui règne entre le tout et ces parties, et bien avant que cet examen ne soit fini, je me suis déjà écrié cent et cent fois : Qui êtes-vous, sagesse incompréhensible qui fites ce merveilleux ouvrage dont la structure passe notre intelligence! Non, mes frères, il ne faut que considérer une seule partie de l'homme, son œil, par exemple, pour convenir qu'il existe une sagesse infinie dont il est l'ouvrage, mais un discours entier ne suffirait pas pour épuiser ce seul sujet, et accablé par le poids d'une matière si féconde, contraint d'éviter un détail qui fait les délices du philosophe chrétien, de ce léger examen du corps de l'hommeje passe à celui de son âme.

:

Moïse en marque la création disant que Dien répandit sur le visage de l'homme un souffle de vie : Inspiravit in faciem ejus spiraculum vitæ c'est-à-dire, rend Tertullien expliquant ces paroles, c'est-à-dire, que notre âme est comme le souffle de Dieu, l'ouvrage de sa bouche, une portion de sa divinité. Mais ce qu'il est encore plus important de vous expliquer, ce sont ces autres mots : Faisons l'homme à notre image: « Faciamus hominem ad imaginem nostram.» Ce que le Seigneur a dit, il l'a fait, et lorsque je rapproche la copie de l'original, quelle conformité je remarque entre l'un et l'autre ! En Dieu je vois un être dont la substance est tout entière dans tous les lieux, lotus ubique dans notre âme je vois un être dont la substance est aussi dans toutes les parties du corps auquel je la suppose unie. En Dieu je vois un être parfaitement libre excepté sur un seul point, l'amour de lui-même : en notre âme je vois un être qui a le choix entre l'eau et le feu, entre la vie et la mort, entre le bien et le mal; s'aimer lui-même, c'est le seul point qu'il soit nécessité de vouloir. En Dieu je vois un être la vérité souveraine, et le bien infini: dans notre âme je vois un esprit que la souveraine vérité peut seule satisfaire, un) cœur que le seul bien infini peut contenter. En Dieu j'adore trois personnes qui ne font qu'un seul Dieu, et dans mon âme quoique unique je vois un être qui

est entendement, volonté et mémoire. O ame, & miracle de sagesse et de toute puissance! oui, je connais maintenant le prix de tout ton être; je t'aime; le plaisir de te posséder m'enlève; tes traits me charment: O Dieu magnifique en vos dons! que vous rendrai-je pour cette âme que vous avez formée à votre image?

Dien, dit Moïse, ayant répandu sur le visage d'Adam un souffle de vie, il devint homme: Factus est homo. Il devint homme de statue qu'il était auparavant, et cet homme fut un ange d'un ordre nouveau tenant du ciel et de la terre; et cet homme fut un prêtre placé entre les choses visibles et invisibles, pour être médiateur entre les unes et les autres; et cet homme devient un pontife établi pour payer à Dieu, au nom de toutes les créatures sans raison, le tribut de gloire qu'elles lui doivent et qu'elles étaient incapables de lui payer pa: elles-mêmes. Ce fut le dessein de Dieu en créant un homme participant à la terre et jouissant de tous les biens de la terre par son corps, et voilà ce que j'appelle un miracle de sagesse. (S. GREG. Nyss.) Comment sans lui la nature eût-elle reconnu son créateur et remercié son bienfaiteur?

Le premier homme devint animé : Factus est homo in animam (30); le corps fut comme changé en l'âme et l'âme au corps; les biens, les maux, tout dès lors fut tellement comnun entre ces deux substances que depuis on a pu entendre de l'une ce qu'on a dit de l'autre; on a pu entendre de l'âme ce qu'on a dit du corps, que ses yeux voient, que sa langue parle, etc., etc. Se conçoit-il une union plus étroite? celle-ci n'est-elle pas un miracle de la toute-puissance? en fallait-il un moindre pour mettre entre deux substances étrangères l'une à l'autre,ce commerce, cette rélation constante, cette correspondance exacte que nous y remarquons? vous seul, ô mon Dieu! pouvez opérer de si grandes merveilles eh! si vous avez pu joindre si intimement un corps corruptible avec une âme incorruptible, pourquoi done n'auriez-vous pas pu unir la nature divine avec la nature humaine?

De l'union de la substance corporelle avec la substance spirituelle, résulte un homme animé et vivant : « Factus est homo in animam viventem. » Que signifie ce mot vivant? Il signifie que comme ce monde avait été préparé pour l'usage de l'homme, l'homme en usa en effet dès le premier moment de son entrée dans le monde. Apprenez ici comment. Dieu, dit l'historien sacré, amena devant Adam tous les animaux. Quelle com · plaisance de ce Dieu pour sa créature favorite ne veut pas que rien manque aux délices de ses sens. D'abord il place ce nouveau roi dans un jardin planté de ses mains et émaillé des fleurs les plus belles; dans un

(30) Voy. sur la spiritualité de l'âme le livre vi de saint Augustin De Gen. ad litt., surtout les chap. 19, 20 et 21.

(31) Y compris ceux que nous appelons l'arbre de

jardin d'où s'élèvent des arbres de toutes espèces (31); dans un jardin d'où sortent quatre grands fleuves, et où il entend, avec le doux murmure des eaux, le chant agréable de mille volatilles qui viennent le saluer comme leur maître.

Au gré du Créateur, ce premier hommage ne suffit pas encore. Il commande, et à l'instant, tout ce qui respire sur la terre et dans les eaux accourt; le tigre ainsi que l'agneau, et l'éléphant ainsi que la fourmi... Tous ces animaux se présentent, chacun dans son ordre, chacun baissant la tête devant le roi qui lui est donné. O le spectacle charmant pour le premier hommel admiration, reconnaissance, dites-le-nous, Adam! quelle fut en vous la vivacité de ces sentiments? Plus humilié devant Dieu que ces êtres sans raison devant lui, je l'entends s'écrier: Soyez béni, Dieu tout - puissant! recevez par mon ministère l'hommage de ces êtres ; à vous l'honneur qu'ils me rendent qu'est-ce que l'homme que vous avez établi sur l'ouvrage de vos mains? si les animaux vous obéissent de la sorte, quelle doit être mon obéissance envers vous ?

Adam, dit l'Ecriture, appela tous les animaux d'un nom qui leur était propre, du nom qui leur convenait. Il les voit pour la première fois, il n'a pas encore été témoin ni de leur ruse, ni de leur industrie, ni de leur prévoyance, ni des travaux qui distinguent les qualités propres à chacun d'eux, et cependant il les connaît déjà; au lion il donne un nom qui désigne sa cruauté; à la fourmi un nom qui marque son application; au serpent un nom qui signifie sa prudence. Quelles lumières d'un homme qui, sans étude, distingue ainsi les propriétés des êtres irraisonnables! Il distingua avec la même facilité ses devoirs envers Dieu et envers luimême; ce qui fait dire aux théologiens qu'il fut créé avec la science infuse.

Avec cette science vaste et profonde, il reçut de plus cette innocence qui servait de voile à sa nudité; ce parfait équilibre où il était à l'égard du bien et du mal; cette grâce sanctifiante qui l'élevait au-dessus de la nature, et le rendait enfant de Dieu; cette justice que nous appelons originelle, parce qu'il la possédait dès son origine, et qu'il était libre de la transférer à sa postérité; cette impassibilité qui le rendait inaccessible à la douleur; cette immortalité qu'il eût trouvée dans le fruit de l'arbre de la vie. Que de biens spirituels, corporels et temporels lui furent donc accordés au moment de sa création!

Je vous les montre, nies frères, c'est afin que vous les désiriez, afin que vous les cherchiez, afin que vous preniez le moyen sûr de les retrouver. Vous savez quel il est; vous savez qu'il consiste à vous revêtir du second Adam qui est Jésus-Christ, lequel vous a rachetés plus admirablement qu'il ne vous

vie, parce que son fruit devait la conserver à ceux qui en mangeraient, l'arbre de la science dr bien et du mal, parce que l'usage de son fruit fit connaître l'un et l'autre à nos premiers parents.

avait créés. Revêtez-vous donc au plus tôt de sa justice, de sa sainteté, de toutes ses vertus, revêtez-vous-en, toute votre vie afin qu'après votre mort vous méritiez d'être revêtus de sa gloire. Amen.

INSTRUCTION II.

MALHEUR DEs premiers HABITANTS DE la cité de Dieu.

(Gén. 111, 1-24.)

De ligno scientiæ boni et mali ne comedas. Ne mangez point du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. (Gen., u, 17.)

Il suffit, mes frères! de vous citer ces paroles du Seigneur à notre premier père, pour vous rappeler l'origine de vos malheurs, et porter les regrets cuisants dans le fond de vos âmes. Adam fut mis dans le jardin des délices (32) afin qu'il le cultivât, qu'il le gardât, qu'il en tirât des sujets de cette contemplation sublime qui était proportionnée à son état; après avoir, pendant un certain temps, béni le Créateur dans la considération et l'usage de ses créatures, il devait, et sa postérité ainsi que lui, sans mourir, passer de ce paradis terrestre à un autre paradis, dont ce premier n'était que la figure. O l'état heureux de l'homme innocent, et sortant des mains de son Créateur!

Ce bonheur, mes frères! était attaché à une condition: Je suis votre créateur et votre maître, avait dit le Seigneur à Adam, lorsqu'il l'introduisait dans ce jardin son palais; je vous établis sur la terre comme son roi; je vous rends le maître de tous les arbres de ce jardin délicieux; je n'en excepte qu'un seul, celui de la science du bien et du mal; j'exige comme une marque de l'hommage dont vous m'êtes redevable, que vous vous en absteniez. Cet arbre est bon, il est vrai; mais pensez que l'obéissance est infiniment meilleure; considérez que quelque excellent que soit son fruit, il deviendra un poison mortel si vous en mangez contre

(32) De ce lieu de délices, dit l'Ecriture, sortait un fleuve pour arroser le paradis, et ce fleuve est celui qui de là se divise en quatre canaux ou quatre Leuves.

L'un s'appelle Phison (a) et c'est celui qui tournoie dans tout le pays de Hevilath, où il vient de l'or (b), et l'or de cette terre est très-bon; c'est là aussi que se

(a) Ce peut-être le Phase, fleuve célèbre de la Colchide, qui a sa source dans les montagnes d'Arménie.

(b) Il parait que ce pays, cel Hévilath, était aux environs de l'Arménie, et ce pourrait être la Colchide.

(c) On trouve encore aujourd'hui des perles dans les mers voisines du Phase.

(d) D'autres entendent le mot hébreu Shochem, de "'émeraude.

(e) Ce peut être, ou l'Araxe, fleuve célèbre qui prend sa source dans le mont Ararat, à six mille pas de la source de l'Euphrate, ou le Cyrus, autre fleuve qui a sa source près de celle du Phase. Saint Augustin pense que le Gehon est le Nil, et que le Phison est le Gange; il convenait de montrer comment le Gange et le Nil sortent, avec l'Euphrate et le Tigre, du grand fleuve d'Eden. Dans notre système, nous pouvons dire que les quatre fleuves mentionnés au 2 chap. de la Genèse ont la même source, quoiqu'ils paraissent en avoir de différentes, parce qu'ils coulent sous terre pendant quelque temps. St. Augustin lui-même nous administre cette solution. Nam hoc, dit-il (lib. 8, cap. 7), solere, non mullas aquas

mon ordre: De ligno scientiæ boni et mali ne comedas; in quocunque enim die comederis ex eo, morte morieris.

Ces paroles du Seigneur avec le commentaire de saint Augustin (In psal. LXX), que j'y ai joint, nous montrent que rien n'était ni plus juste, ni plus facile, ni plus important que la fidélité à ce commandement. Le Créateur demande à sa créature une marque de sa dépendance; quoi de plus juste que de la lui accorder? cette marque de dépendance se réduit à l'abstinence d'un seul fruit dans un jardin où se trouvent les fruits les plus excellents de toute espèce; quoi de plus facile qu'une telle abstinence? de là dépend la vie d'Adam et de toute sa postérité; quoi de plus intéressant? qu'il serait inexcusable s'il désobéissait en ce point! une telle désobéissance n'est pas vraisemblable, je l'avoue, mais du moins elle est possible; et dès lors même qu'elle est possible, pouvons-nous être dans une sécurité parfaite, nous dont les destinées dépendent du bon ou du mauvais usage que ce chef commun fera de sa liberté dans le doute d'un événement prochain, généralement intéressant, chacun est attentif, inquiet, battu de crainte et d'espérance. Ah! il me semble donc l'apercevoir ici, comme ces vagues, qui dans un moment élèvent le pilote jusqu'au ciel, et le moment suivant le précipitent jusque dans l'abîme, tour à tour, c'est l'espoir qui vous élève.et vous rassure; c'est la crainte qui vous précipite et vous abat. A la nouvelle d'un événement généralement funeste, on déchire ses vêtements, on se frappe la poitrine.... Ah! quels seront donc vos cris, quand on vous annoncera.... Mais dissimulons le plus longtemps qu'il nous sera possible; contentonsnous de dire actuellement qu'heureux par la bonté de Dieu, l'homme, par sa faute, est devenu très-malheureux. C'est, mes frères, par la cause que je vais vous faire connaître l'effet; c'est par le péché des premiers habi

trouve le Bdelium ou la perle (c) et la pierre d'0nix (d). Le second fleuve s'appelle Gehon (e) et c'est celui qui tournoie dans tout le pays de Chus, d'où sont venus les peuples d'Ethiopie (f). Le troisième fleuve s'appelle le Tigre, qui se répand vers les Assyriens (g); et l'Euphrate est le quatrième de ces fleuves.

sub terras ire quis ignorat?

(f) Ce mot Ethiopie dans la Vulgate est le mot Chus dans l'hébreu. Il y a plusieurs pays de Chus dans l'Ecriture un en Ethiopie, un autre sur le bord oriental de la mer Rouge. Au vers. 13° du chap. 11 de la Genèse, il s'agit d'un pays de Chus arrosé par le fleuve Gehon, et ce pourrait être le pays des Scythes.

(g) Ces deux fleuves si fameux, et qui sont comme les deux points fixes que Moïse nous a laissés pour établir la situation du paradis terrestre, ont leurs sources dans la grande Arménie, tous deux dans le mont Taurus; le Tigre, dans le mont Niphate; l'Euphrate, dans le mont Abos, autre branche du mont Taurus du côté du septentrion. Après avoir coulé quelque temps assez près l'un de l'autre, ils se séparent et forment ce qu'on appelle la Mésopotamie, ainsi nommée parce qu'elle est située entre ces deux fleuves. De là on conclut que le paradis terrestre était situé au-dessus de la Mésopotamie et dans cette partie de l'Arménie où l'on voit les sources des quatre fleuves marquées par Moïse. De vingt-cinq systèmes sur la situation de ce lieu, celui-ci paraît le plus probable.

CITE DE DIEU. - I. tants de la cité de Dieu que je vais vous faire connaître leur malheur; c'est en examinant leur péché, 1° dans la tentation qui l'a précédé, 2° dans les effets qui l'ont suivi..

Jusque dans le paradis terrestre, notre premier père, sans ignorance, sans concupiscence, sans péché précédent, a été tenté : eh! quel est donc le lieu si saint où la tentation ne sera pas à craindre pour nous? quelle est la vertu inaccessible à ses traits? Non, il n'est ni lieu ni vertu que le tentateur respecte sur la terre; hardi jusqu'à l'impudence, il a osé pénétrer jusque dans le séjour de l'innocence, pour ébranler son trône, détruire son empire, empoisonner ses sujets innocents, et pour réussir dans son projet, voici les moyens qu'il a employés. C'est en reprenant de plus haut l'histoire sainte que je vous les ferai connaître ; étudiez-en bien les premières paroles, vous y verrez, vous époux, ce qui vous intéresse en cette qualité, vous y verrez l'origine et l'institution du mariage, de l'état qui donne des habitants à la terre; vous y verrez tous en figure, la formation d'une Eglise qui donne des citoyens au ciel. Les voici ces paroles.

gustin, vous y verrez 4° la formation de l'Eglise figurée par la formation d'Eve tirée d'une côte d'Adam pendant son sommeil.

Car voici ce que saint Paul disait après avo'r rapporté les paroles d'Adam Ce sacrement, disait-il, est grand, et je l'entends de Jésus-Christ et de l'Eglise. Voici aussi ce que prêchait à son peuple saint Augustin (Tract. 9 in Joan.): Adam, lui disait-il, est saisi d'un profond sommeil, afin qu'Eve tire son origine de lui. Jésus-Christ s'endort sur la croix du sommeil de la mort, afin que l'Eglise, qui est la seconde Eve, soit formée de lui. Lorsqu'Adam est endormi, Dieu tire un os de son côté pour en faire la première femme. Lorsque Jésus-Christ est dans la mort, figurée par le sommeil du premier homme, on lui ouvre le côté avec une lance, afin que l'eau et le sang qui en découlent forment les sacrements qui doivent sanctifier son Eglise, et la rendre digne d'être son éponse. Adam, à son réveil, s'écrie : Voilà maintenant l'os de mes os, et la chair de ma chair et Jésus-Christ, après sa mort, nous appelle ses frères, il nous aime comme on aime sa propre chair. Adam dit que l'homme abandonnera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme; et Jésus-Christ a quitté en quelque sorte son Père céleste, et la Synagogue sa mère, pour former une Eglise avec laquelle il sera jusqu'à la consommation des siècles. Que de traits admirables de ressemblance entre la vérité et la figure qui la précédait de quatre mille ans, entre Jésus-Christ et l'Eglise d'un côté et de l'autre, Adam et Eve.

Lorsqu'Adam passa en revue tous les animaux de la terre, il ne trouva parmi eux aucun aide qui lui fût semblable, et par le secours duquel il put se multiplier sur la terre. Le Seigneur Dieu lui envoya donc un profond sommeil, et lorsqu'il était endormi, il tira une de ses côtes et mit de la chair à sa place, et le Seigneur Dieu, de la côte qu'il avait tirée d'Adam, forma le corps de la femme, el y ayant uni une âme, il l'amena à Adam, qui, saisi de l'esprit de prophétie, s'écria: Voilà maintenant l'os de mes os et la chair de ma chair. Celle-ci s'appellera d'un nom qui marque qu'elle vient de l'homme, parce qu'en effet elle a été prise de l'homme. C'est pourquoi l'homme quittera son père et su mère, s'attachera à sa femme, et l'homme et la femme demeureront si étroitement unis qu'ils seront deux dans une seule chair. Epoux! je vous ai prévenus, étudiez ces paroles, vous y verrez l'origine, l'institution et les principaux caractères du sacrement qui vous lie à vos épouses. Vous y verrez: 1° ce que saint Paul enseigne, que la femme a été formée pour l'homme, pour l'aider, pour contribuer à son bonheur temporel, et surtout à son bonheur éternel, par ses discours et ses exemples édifiants; 2° que la femme a été tirée d'une côte de l'homme, comme pour être son appui, et non de la tête, comme pour commander, ou du pied, comme pour obéir en esclave, d'où il suit que son assujettissement actuel à l'homme est moins l'ouvrage de la nature que du péché. Vous y verrez: 3° que d'un saint mariage naît une affection si forte, que deux personnes unies par ce lien sacré, abandonneut pour vivre ensemble leurs pères et mères; que comme Dieu seul forme ce lien, Jui seul peut le rompre, et que, dès l'origine, ce lien est entre un homine seul et une femme seule. Avec saint Paul et saint An(33) Ces paroles: Croissez et multipliez, étaient un précepte pour nos premiers parents, et en sont en

Ce couple heureux jouit peu de son bonheur; un voleur envieux, méchant, artiticieux, se glisse promptement dans le lieu de leur demeure, et réussit à leur enlever le trésor de leur innocence. Je m'explique; il existait dès lors deux cités parmi les anges, comme depuis il en exista parmi les hommes; l'une appelée de Babylone, avait pour habitants ces esprits superbes qui avaient acquiescé à cette pensée de Lucifer: Je serai semblable au Très-Haut (Isa. XIV, 14); l'autre appelée la cité de Dieu, avait pour habitants ces esprits humbles qui avaient crié avec saint Michel: Quis ut Deus? « Qui est comme Dieu ? » Qui est semblable à Dieu? Qui peut subsister sans lui? Qui a quelque chose qu'il n'ait reçu de lui? Le prince de la première de ces cités, jaloux du bonheur de nos premiers parents, résolut de les entraîner dans sa révolte et son malheur; dans ce dessein, il prit la figure du serpent qui était le plus fin de tous les animaux, que le Seigneur Dieu avait formés sur la terre, et il dit à la femme, qui lui parut la plus aisée à séduire : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger du fruit de tous les arbres du paradis? Satan cite à Eve l'ordre du Seigneur, mais d'une manière infidèle: Dieu avait dit à nos promiers pères, après les avoir créés Croissez (33) et multipliez-vous: remplissez la terre et vous l'assujettissez, dominez sur les poissons de la mer, sur les animaux du ciel,

et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre. Dieu leur avait encore dit: Je vous ai donné toutes les herbes qui portent leur graine sur la terre et tous les arbres qui portent du fruit et qui renferment en eux-mêmes leur semence, chacun selon son espèce, afin qu'ils vous servent de nourriture, à vous et à ious les animaux de la terre, et à tous les oiseaux du ciel et à tout ce qui se meut sur la terre: mais ne mangez pas du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, car au même temps que vous en mangerez, vous mourrez très-certainement. Ce sont les termes mêmes dans lesquels est conçue la défense faite à nos premiers parents de manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. Sontce bien là ceux dont se sert Satan en la rapportant? sa manière de parler ne présentet-elle pas une équivoque palpable?

Aussi la première faute de la femme fut d'écouter le tentateur au lieu de le renvoyer avec exécration, et comme un abîme en attire un autre, cette première fut suivie d'une seconde et d'une troisième plus effroyable. Dieu avait dit que certainement, elle et son mari mourraient, s'ils mangeaient du fruit défendu; cette certitude s'est changée en doute pour elle, depuis qu'elle a prêté l'oreille à la voix du serpent; elle ne lui répond pas que, sûrement mais que peut-être ils mourront s'ils violent ce commandement qui leur est fait. Dieu affirme, dit saint Bernard, la femme doute, et le serpent qui n'attend que le moment de la pousser dans le précipice, nie avec fermeté: Assurément vous ne mourrez pas, dit-il, mais aussitôt que vous aurez mangé de ce fruit, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal: Dieu le sait, c'est pourquoi, jaloux de votre grandeur future, il vous a défendu d'en manger. Quel blasphème horrible de ce calomniateur! Tout horrible qu'il est, Eve le croit cependant; elle va; elle regarde le fruit défendu; elle le trouve beau; elle en cueille; elle en mange, et par des caresses séduisantes, elle en fait manger à son mari: Deditque viro suo, qui comedit.

Grand Dieu! que m'apprenez-vous ici? Adam a mangé du fruit défendu! O attentat! 6 sacrilége! prostitution! Attentat effroyable contre la majesté divine! premier caractère du péché d'Adam; en le commettant, il a voulu devenir semblable à Dieu, et s'il n'a pas dit, il a laissé dire à sa femme: Je serai semblable au Très-Haut. Sacrilége détestable second caractère du péché d'Adam. Son corps était le temple, son âme était le tabernacle vivant de la Divinité, et il a violé l'un et l'autre. Adultère spirituel ! troisième caractère du péché d'Adam. Son âme était nonseulement l'image, mais l'épouse chérie de Dieu, et elle s'est corrompue en se prostituant au démon, qui en est devenu le corrup

core un pour le genre humain en général, et non pour chaque individu en particulier.

(34) Autrement : il ajuste, il agence : c'est le sens du texte original et la réponse aux impies qui ayant

teur. Injustice! ingratitude monstrueuse! quatrième caractère du péché d'Adam; it s'est dérobé à vous, ô le meilleur des pères, pour se donner le maître le plus dur. Homicide le plus affreux !cinquième caractère du péché d'Adam: ah! c'est que d'un seul et même coup, il s'est fait mourir lui et toute sa postérité. O chute ineffable! Ruina ineffabilis! O péché ineffablement grand! Ineffabiliter grande peccatum! Il est si grand, dit saint Augustin, de qui j'ai emprunté ces pensées, pour la plupart, que le nommer, c'est nommer tous les péchés qu'on peut imaginer.

Le coupable, l'insigne coupable a à peine avalé le morceau fatal, qu'aussitôt il voit, non l'effet des promesses du séducteur, non l'indépendance qu'il avait désirée, mais les effets de la colère divine, mais les vengeances célestes qui fondent sur lui à grands flots, et de toute part. Il voit, premier malheur que nous éprouvons comme lui, il voit que son âme infidèle n'est plus l'image auguste de la Divinité, qu'il en a obscurci les traits les plus ressemblants, que ceux de la justice, de la sainteté, de la reconnaissance.... sont absolument etfacés. Il voit, second malheur que nous éprouvons également, il voit que des ténèbres épaisses s'élèvent dans la région de sa raison, et obscurcissent cet entendement dont les lumières étaient si perçantes et si étendues. Il voit, troisième malheur qui nous est commun avec lui, il voit qu'il est devenu chair jusque dans son esprit, lui qui était auparavant esprit jusque dans sa chair; il aperçoit le désordre dans ses membres, il est étonné de distinguer en lui deux hommes qui commencent à se combattre, pour ne finir leurs combats qu'à la mort. Il voit, quatrième malheur qui nous est venu de lui, il voit qu'il est nu, parce qu'il a perdu la robe précieuse de l'innocence qui le couvrait; il le voit, et rougissant, il entrelace (34) des feuilles de figuier dont il se fait une ceinture, et à son infortunée compagne. Il voit cinquième malheur qui nous suit de près lorsque nous avons péché, il voit, et il sent en lui-même un témoin qui l'accuse, un juge qui le condamne, un bourreau qui le déchire; il voit tous ces malheurs et tous ces malheurs ne sont que les commencements de plus grands encore: Initia sunt dolorum: les voici, écoutez pécheurs ! et tremblez pour vous-mêmes.

Un coupable est toujours dans la crainte. Adam entend la voix du Seigneur qui se promène dans le paradis après midi, et cette voix qui peu auparavant portait la joie dans son âme, et la sérénité sur son front, le déconcerte jusqu'à renverser sa raison; il pense que les ombres des arbres pourront le dérober aux regards de son Dieu, et il s'enfonce dans l'endroit le plus épais du jardin pour s'y cacher. Quelle folie d'une telle pensée!

lu dans la Vulgate, consuere, coudre, demandent où nos premiers parents avaient pris des aiguilles et du fil.

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