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ment les Israélites ont pu permettre que la prostitution la plus infàme, se fit à la face des autels, et jusque dans la maison du Seigneur; mais quand on connaît le penchant de ces hommes à l'idolatrie la plus grossière; mais quand un fait est rapporté par un écrivain sacré, peut-il rester aucun doute sur la vérité?

Le temple n'était pas le seul lieu souillé par les idoles; dès qu'on en était sorti, on trouvait des chevaux et des chariots consacrés au soleil, hors des portes (670), et à la vallée du fils d'Ennom, était la statue du dieu Moloch. Cette statue d'airain était creuse et assez vaste, pour contenir dans son sein un enfant et même un homme fait. C'étaient là les victimes que le dieu agréait. Quand on lui en offrait, on les enfermait en ce simulacre; on les y brûlait à petit feu, au moyen d'une fournaise allumée par-dessous, et de peur que les pères n'entendissent les cris lugubres et perçants de leurs enfants, on battait du tambour pendant tout le temps du sacrifice. Voilà l'excès de cruauté auquel les Israélites s'étaient livrés. De là, de cette cruauté, de ce feu, du lieu où il s'allumait, le nom de Géhenne donné à l'enfer par Jésus-Christ même, parlant dans l'Evangile.

Assez près de là est la montagne des Oliviers; cette montagne non-seulement avait nom Scandale, à cause des temples que Salomon y avait bâtis à Astaroth, idole des Sydoniens, à Chamos le scandale de Moab, et à Melchom, l'abomination des enfants d'Amnon; mais elle était vraiment un scandale présent; on y adorait les statues de ces divinités, on les encensait, on leur entretenait un de ces bois qu'on appelait sacrés, et à l'ombre desquels se commettaient les infamies les plus abominables. Telle était l'idolâtrie, telle était la corruption des hommes dans le royaume de Juda, au temps de Josias, qui partout renversa, brûla, réduisit en cendres tout ce qui tenait au culte idolâtre. Et quand je dis partout, j'entends nonseulement le royaume de Juda, mais celui d'Israël, qu'il parcourut lui-même depuis Dan jusqu'à Bersabée, s'arrêtant à Béthel spécialement, comme au centre de l'idolatrie, depuis le schisme des dix tribus.

Qu'il y ait détruit, et l'autel et le haut lieu qu'avait batis Jéroboam, qu'il les ait brûlés et réduits en cendres, comme il avait fait ailleurs à l'égard de ces objets d'idolâtrie, ce n'est pas ce que j'observerai ici; un événement d'un autre genre fixe pour ce moment mon attention, c'est celui que l'historien raconte en ces termes : Josias s'étant retourné, vit les sépulcres qui étaient sur la montagne, et il envoya prendre les os qui étaient dans

(670) A une des portes de Jérusalem, il y avait un autel que Josias fit démolir; il y en avait aussi plusieurs sur la plate-forme de la chambre haute d'Achaz, que le pieux roi fit aussi enlever.

(671) Les veaux n'étaient plus ni à Béthel ni à Dan; ils en avaient été enlevés par les vainqueurs des Israélites venus d'Israël.

(672) Excepté ceux qui y sacrifiaient au vrai Dieu, OKOYRES COMPL. DX THIÉBAUT. IV.

ces sépulcres et les brûla sur l'autel.... il dit ensuite: Quel est ce tombeau que je vois? Les citoyens de cette ville lui dirent: C'est le sépulcre de l'homme de Dieu qui était venu de Juda, et qui avait prédit ce que vous venez de faire sur l'autel de Béthel; en ces termes: Autel! autel! voici ce que dit le Seigneur : Il naîtra dans la maison de David, un fils qui s'appellera Josias, il immolera sur toi les prêtres qui t'encensent, et brûlera sur toi les os des hommes. (III Reg. xi, 1, 2.) Josias dit: Laissez là le sépulcre de cet homme, et que personne ne touche à ses os: et ses os demeurèrent au même lieu...... avec les os du prophète qui était venu demeurer à Béthel, dans le royaume de Samarie.

Que de réflexions édifiantes ce fait me présente! Dieu prend soin de faire vivre, pendant plus de trois siècles, parmi les ha bitants de Béthel, la mémoire et de l'homme de Dieu venu de Juda, et de la prophétie de cet homme: les pères en racontent l'histoire à leurs enfants; on montre son tombeau avec les marques de distinction que la Providence lui conserve au milieu des désordres et des révolutions de ce royaume; lorsque Josias, animé d'un saint zèle, y détruit jusqu'aux moindres vestiges du culte idolâtre, tout le monde se souvient de la prédiction, et la voit avec étonnement accomplie dans toutes les circonstances; ce prince l'apprend, et la défense qu'il fait de remuer les cendres du prophète de Juda, prouve que si le vieux prophète de Béthel avait voulu être inhumo près de lui, c'était pour assurer le repos des siennes. Que pouvait-il y avoir de plus efficace pour ouvrir les yeux à ce peuple, le convaincre de la vanité des idoles, et le ramener au culte du vrai Dieu?

Mais c'est pour nous beaucoup plus que pour les Israelites, que tout ceci a été écrit. Ce qui n'a produit sur eux qu'un effet passager doit nous affermir inébranlablement dans la foi de la parole de Dieu. Il en sera de ses promesses et de ses menaces pour une autre vie, comme de ce qu'il avait annoncé à Jéroboam par son prophète; elles auront leur accomplissement en leur temps, et ce temps à l'égard de chacun de nous, n'est pas, il s'en faut beaucoup, si éloigné, que l'effet de la prédiction de l'homme de Dieu. C'est la pensée que j'ai cru devoir vous suggérer à l'occasion de ce que Joasis fit à Béthel.

Il fit quelque chose de plus, que de détruire l'autel du veau d'or (671); il détruisit les prêtres qui immolaient sur cet autel; il les immola eux-mêmes; il en usa à leur égard comme à l'égard de tous les autres prêtres des hauts lieux, qu'il tua tous (672), afin de couper le mal par la racine (673).

et qui étaient enfants d'Aaron; la peine de ceux-ci fut l'interdiction de leurs fonctions sacerdotales, avec liberté cependant de vivre des pains de propo sitions, ne serait-ce pas là une figure de la peine que doivent s'imposer les prêtres de la nouvelle loi, lorsqu'ils ont commis des péchés publics et énor

mes?

(673) A celui qui demande de quel droit Josias 25

:

Pour mettre la dernière main à la destruction de tout ce que l'idolâtrie avait introduit de criminel dans les deux royaumes, il exécuta dans toute sa rigueur la loi qui condamnait à mort les sorciers, les enchanteurs, les esprits de python, les discurs de bonne aventure, les nécromanciens ou ceux qui interrogent les morts, tous gens très-communs alors, et trop communs encore aujourd'hui; n'y en eût-il qu'un seul et d'une seule espèce, puisqu'il tient rang parmi ces imposteurs qui abusent de la simplicité du peuple, en lui prédisant à son gré, le bon ou le mauvais temps, l'abondance ou la famine, la paix ou la guerre, la naissance ou la mort des rois. De tels hommes font-ils honneur à la religion et au bon sens; n'entretiennent-ils pas Ja superstition; ne remplissent-ils pas les esprits de terreurs paniques ou d'espérances chimériques?

Chose étrange, que ceux qui n'ajoutent pas foi aux prophéties des deux Testaments, qui ont été justifiées d'une manière si exacte, reçoivent avec tant de soumission la prédiction d'un aventurier, qui se mêle de leur dire à tout hasard, ce qui doit leur arriver, ou d'un astrologue qui, s'appuyant sur les principes les plus faux, démentis mille fois par l'expérience, prétend lire dans les astres un avenir qui lui est totalement inconnu! curiosité flétrissante pour la raison humaine, que l'homme voulant pénétrer dans un avenir que Dieu a sagement dérobé à sa connaissance, saisit tous les moyens de percer les ténèbres sombres des événements les plus incertains, et qu'il refuse de profiter du passé qui lui est connu, et du présent qui est entre ses mains! Le séducteur qui entretient ces dispositions, n'est-il pas dans le cas d'être repris et puni comme coupable envers l'Etat ainsi qu'envers la religion? Ne serait-il donc pas à désirer que les princes imitassent le zèle du pieux Josias, en réprimant la hardiesse impie de ceux qui se mêlent encore de faire les devins, de tirer des horoscopes, de prédire ce qui doit arriver aux royaumes, aux souverains et aux particuliers? Ne doivent-ils pas s'opposer à ceux qui se livrent à des actions que Dieu déteste? C'est l'exemple que leur a laissé, j'allais dire, le sénat romain qui chassa les astrologues, flétrit leur art pernicieux, punit de mort ceux qui feraient le métier d'aruspices, et condamna à la confisca tion de leurs biens ceux qui les commettraient; mais j'ai un exemple plus noble à leur proposer, c'est celui de Josias qui purgea les deux royaumes de la race des devins, des enchanteurs, des nécromanciens, de tous ceux dont l'art suppose un commerce secret avec les esprits infernaux.

Tel était donc chez les Juifs mêmes, l'état de la vraie religion et des mœurs, six

réformait ainsi le royaume d'Israël, dépendant des Assyriens depuis la captivité d'Osée, on répond que les Assyriens n'établirent personne à Samarie pour gouverner de leur part, que probablement ils

cents et quelques années avant Jésus-Christ; elle y était presque universellement abandonnée; le culte des idoles y avait pris la place de celui du Dieu d'Abraham; l'idolatrie la plus grossière marchait tête levée, accompagnée de ses prêtres, de ses devins, de ses magiciens. Les mœurs, comme il était naturel, y ressemblaient à la religion; l'impureté surtout, et la barbarie y étaient portées à un excès qui ne se présumerait même pas si une autorité infaillible ne l'assurait.

Cependant combien ce peuple n'avait-il pas de moyens qui lui facilitaient l'exercice de la vraie religion, et la pratique de toutes les vertus ? Où remonterons-nous donc pour trouver la source d'où venait la double corruption de tels hommes? Au péché de notre origine, à la pente que ce péché nous a donnée vers le mal, à une inclination qui nous est commune avec ce peuple, et qui nous aurait rendus aussi méchants et peutêtre plus méchants que ce peuple, si nous avions vécu avec lui, dans les temps dont nous parlons et avant le siècle de Jésus-Christ, avant que ce Jésus ne fit abonder la grâce où abondait le péché. Voilà donc l'obligation que nous lui avons, c'est de nous avoir préservés de cet état de corruption où nous avons vu son peuple avant son incarnation. Par l'excès du mal jugeons de la grandeur du bienfait qui nous en garantit; jugeons encore de l'étendue et de la vivacité que doit avoir notre reconnaissance.

Sa pratique semble nous être indiquée par celle dont Josias fit suivre la réforme en Israël. Il ordonna que la pâque fût célébrée à l'honneur du Seigneur, de la manière qui est prescrite dans l'alliance, et son ordre fut si bien exécuté, que depuis le temps des juges, de Samuel, des rois d'Israël et de Juda, il n'y eut point de pâque semblable à celleci, non qu'il y eût un plus grand concours de peuple, ni un plus grand nombre de victimes que du temps de Salomon, par exemple, qui régnait sur tout Israël; mais parce qu'aucune pâque avant celle-là, n'avait été célébrée avec autant de piété, de zèle et d'unanimité par tous les ordres du royaume. Pourquoi cette observation ? sinon pour nous avertir de célébrer religieusement la pâque chrétienne, pour reconnaître par cette pratique de piété, le bienfait de JésusChrist, qui nous a délivrés de la servitude de l'ancienne corruption?

Célébrous-la donc, mes frères, mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité. Nous sommes encore avertis de la nécessité de cette disposition par l'Esprit-Saint, disant dans l'histoire de Josias : Cependant la colère et la fureur du Seigneur, qui s'était allumée contre Juda à cause des crimes de Manasses, ne fut point apaisée; c'est pourquoi le Seigneur dit: Je rejeterai aussi Juda

laissèrent la Samarie sous la domination des rois de Juda; qu'on ne voit pas qu'Is se soient plaints de l'usurpation de Josias, ni d'Ezéchias son bisaïeul.

de devant ma face comme j'ai rejeté Israël. Car que conclurons-nous de ces paroles, sinon que Juda fut rejeté, parce que son retour à Dieu n'avait rien de solide, rien d'intérieur, rien de constant? Que nous arriveraitil donc si nous ne célébrions avec les azymes d'une piété sincère, d'une piété qui eut toute la consistance, toute la solidité de celle de Josias?

point témoin de la ruine de cette ville et de ce peuple! Enfin nous pouvons dire souvent au Seigneur, ce que nous lui disons en ce moment.

O Dieu! si vous nous conservez plus longtemps la vie, que ce soit pour voir la prospérité de cet Etat et de votre Eglise sainte, sinon, il est mieux pour nous, de mourir pour n'être pas plus longtemps témoins des calamités qui afligent l'un et l'autre, puisque nous espérons que la mort nous délivrera des maux du temps, et nous mettra en possession des biens de l'éternité. Amen.

INSTRUCTION X.

VITÉ DU PÉCHÉ.

(IV Reg. XXIII, 31-37; xxiv, 1-20; xxv, 1-3; II Paral. XXVI, 1-23.)

Elle fut tout ce qu'elle devait être; nous ne pouvons en douter d'après cet éloge que l'Esprit-Saint fait de lui: De tous les rois prédécesseurs de Josias, aucun n'était retourné comme lui au Seigneur de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force..... il fit ce qui était juste et agréable... il rendit justice aux pauvres et aux affligés. Cependant, & ju- CAPTIVITé de babylone, figure de la captigement profond du Seigneur! ce prince si religieux, meurt frappé d'un même coup que le plus impie et le plus méchant des rois d'Israël. Le roi d'Egypte, qui se propose de passer sur ses terres avec une nombreuse armée, l'en prévient et l'assure qu'il ne l'a point en vue, mais le roi de Babylone. Soit défiance aux paroles de Néchao, soit fidélité au roi de Babylone, Josias va à sa rencontre, les armées en viennent aux mains: la bataille se donne près de Mageddo; il y reçoit une plaie qui l'oblige de céder la victoire à son ennemi, et le conduit, quelques heures après, au tombeau.

Est-ce donc là la récompense de sa piété, ditions-nous si nous pensions comme les impies? mais nous savons qu'il est une autre vie après celle-ci, où Dieu récompense les bons. C'est ce qui nous console en voyant ce juste mourir du même genre de mort qu'Achab, au combat de Ramoth. (III Reg. xxIII, 34.) La mort de l'un et de l'autre est semblable, si on la considère dans ses principes; mais qu'elle est différente, si on la considère dans ses effets! Celle de ce juste eut pour lui ces deux grands avantages; elle lui épargna la douleur de voir la captivité de son peuple; elle couronna ses mérites en couronnant en lui les dons de Dieu. J'avoue que le premier de ces avantages est bien petit, si nous le comparons au second, mais il n'en est pas moins un; les saints mêmes ne l'ont pas moins jugé digne d'eux; Ezéchias et Josias ne l'ont pas moins reçu de Dieu comme tel; saint Augustin, assiégé par les Vandales, n'a pas moins adressé à Dieu cette prière qui fut exaucée dans sa dernière partie : Mon Dieu, qu'il vous plaise de délivrer cette ville; el si vous en avez ordonné autrement, ou donnez la patience à vos serviteurs, ou retirez-moi de ce monde, afin que je ne sois

In diebus ejus (Joakim) ascendit Nabuchodonosor, rex Babylonis, et factus est ei Joakim servus.

Nabuchodonosor, roi de Babylone, marcha contre Juda, au temps de Joakim, qui lui fül assujeti. (IV Reg. xxiv, 1.)

Comme le même sujet se représentera dans Jérémie, où les matériaux sont beaucoup plus abondants, je différerai à le traiter jusqu'à ce que je sois arrivé à l'explication de ce prophète; je dirai seulement ici qu'on peut considérer la captivité de Babylone dans ses causes et dans ses effets.

Dans ses causes 1° morales, c'est le péche; 2° instrumentales, c'est Nabuchodonosor avec ses armées; 3° efficientes, c'est Dieu qui met les armées en mouvement.

Dans ses effets temporels; c'est la guerre qui précède, la famine qui accompagne, les chaînes qui lient, etc.; spirituels, autel profané, temple brûlé, etc., etc.

Pour ne point passer sous un silence absolu les derniers rois de Juda, j'observerai que Josias eut pour successeurs. 1 Joachaz, qui lui succéda immédiatement, et qui mourut captif en Egypte; 2° Joakim l'aîné de Joachaz, que Néchao, roi d'Egypte, mit à sa place, et sous lequel Nabuchodonosor vint une première fois en Palestine; 3° Joakim son fils, ou autrement Jéchonias, qui se constitua prisonnier de Nabuchodonosor, après trois mois de règne, et fut mené à Babylone; 4° Sédécias, sous lequel le temple fut brûlé, après un siége désastreux de deux ans.

On trouvera dans l'explication de Jérémie, les événements qui arrivèrent sous chacun des trois derniers de ces princes, avec leurs circonstances plus remarquables.

1

LIVRE D'ESDRAS.

INSTRUCTION UNIQUE.

RETOUR DES CAPTIVITÉS DE BABYLONE ET DU
PÉCHÉ (674).

(I Esdras. 1-x.)

Ut compleretur verbum Domini ex ore Jeremiæ, suscitavit Dominus spiritum Cyri, regis Persarum.

Le Seigneur, pour accomplir la parole qu'il avait prononcée par la bouche de Jérémie, toucha le cœur de Cyrus, roi des Perses. (Esdr. 1, 1.)

Plus nous avançons dans l'étude de l'histoire sainte, plus aussi, mes frères, nous avançons dans la connaissance de cette haute sagesse qui prévoit tout, et de cette providence ineffable qui dispose de tout pour l'heure et le moment qu'elle a marqués; aux preuves que nous avons déjà données de cette vérité si importante aux bonnes mœurs, nous en ajouterons aujourd'hui une nouvelle en continuant à comparer les prophéties avec leur parfait accomplissement, tâchez de la suivre, et pour cela donnez une pleine attention aux trois réflexions suivantes.

Les enfants de Juda et les enfants d'Israël se rassemblerent; ils se réunirent ensemble; ils s'établirent un même chef pour sortir de la terre de la captivité. C'est ce qu'Osée avait prédit (1, 7); c'est ce qui arriva sous ce Zorobabel dont il est parlé dans le livre que nous nous proposons de vous expliquer en ce moment; première réflexion.

Voici ce que le Seigneur dit à Cyrus qui est mon Christ, que j'ai pris par la main pour lui assujettir les nations, pour mettre les rois en fuite, pour ouvrir les portes sans qu'aucune lui soit fermée. C'est ce qu'avait prédit Isaïe (xLv, 1 seqq.)en marquant le nom du libérateur futur des Juifs près de deux cents ans avant que ce libérateur ne parût; c'est encore l'événement qui nous est rappelé dès le commencement de ce livre d'Esdras; seconde réflexion.

Lorsque les soixante-dix ans de la captivité seront accomplis, je visiterai dans ma colère le roi de Babylone et les sujets dont il s'est servi pour châtier Israël; ces années écoulées, je délivrerai mon peuple de sa servitude

(674) Nous n'expliquerons ici du Livre d'Esdras que ce qui ne se trouve pas dans Isaïe, dans Aggée et les autres prophètes. Conformément à cette note, nous différerons jusqu'à l'explication d'Isaïe, de communiquer nos réflexions sur l'opposition qu'il y a entre l'état abject des Juifs, retournant à Jérusalem sous Cyrus, et l'état pompeux qu'Isaïe avait annoncé, preuve d'un retour différent.

(675) Presque tous les interprètes conviennent qu'Esdras est l'auteur du premier des livres qui portent son nom. Les deux objections que Huet fait contre cette opinion commune sont faciles à lever. La première de ces objections est, que l'auteur de ce livre était à Jérusalem sous Darius (I Esdr. v), et que cependant Esdras n'y vint que sous ArtaXerxès, la Longue main. (I Esdr.vII.) La seconde est,

(Isa. XIV, 3) et je ferat rapporter à Jérusalem les vases sacrés que Nabuchodonosor avait transportés à Babylone (Jerem. xxvII, 16); c'est ce que le prophète Jérémie avait annoncé touchant la délivrance des Israélites et ce dont nous apercevons l'entier accom→ plissement dans la relation d'Esdras; troisième réflexion (675).

า En effet, mes frères, dans le premier chapitre de ce livre nous voyons que le Seigneur, pour accomplir la parole de Jérémie, toucha le cœur de Cyrus, que ce roi des Perses publia dans tout son empire un édit qui rendit la liberté aux Juifs, qui leur permit de rebâtir le temple de Jérusalem, et qui les remit en possession des vases sacrés que Nabuchodonosor avait mis dans le temple de son Dieu. Quelle lumière des prophètes qui voyaient les événements futurs et contingents plusieurs siècles avant qu'ils n'arrivassent! quelle perspicacité de celui qui les éclairait et parlait par leur bouche !

Allons plus loin, mes frères, après avoir admiré la haute sagesse et la providence ineffable du Seigneur, admirons aussi sa bonté envers nous; il ne faut pour la reconnaître que nous demander pourquoi il nous a transmis l'histoire du retour des Israélites, n'est-ce pas pour notre avantage, n'est-ce pas pour y montrer comme en figure la délivrance d'une autre captivité plus dangereuse que celle de Babylone, le retour du pécheur à Dieu, les causes qui concourent à ce retour, les obstacles qui s'y opposent? Faisons de ces causes et de ces obstacles le partage de ce discours dont le sujet principal sera le retour des captivités de Babylone et du péché.

Avant de vous parler du retour de la captivité de Babylone, il semble, mes frères, qu'il serait de l'ordre de vous parler de cette captivité même, de ses causes, de ses effets, et de ses autres circonstances principales; cependant parce que j'aurai lieu de vous entretenir de ces tristes objets dans un autre temps, je me bornerai en ce moment aux

qu'Esdras n'a pu rapporter une liste dressée du temps de Néhémie. Or, il aurait rapporté une liste dressée sous cet échanson d'Artaxerxès, puisque celle du chap. 11 d'Esdras, est la même que celle du chap. vi, du Livre de Néhémie.

On répond à la première de ces objections, qu'Esdras a pu dire(I Esdr. v, 4), Nous répondimes, elc., sans être à Jérusalem, comme nous pourrions dire, Nous fimes le siége de Gibraltar, sans être à ce sié; 2° qu'Esdras avait peut-être déjà fait un voyage ǎ Jérusalem, avant d'en faire un second sous Artaxerxès.

gc;

On répond à la seconde, qu'Esdras a vécu du temps de Néhémie, ct par conséquent qu'il a pu faire un dénombrement où se trouvent nommées les personnes citées dans celui de Néhémie.

observations suivantes: 1° que l'an du monde 3398, le fameux Nabuchodonosor, roi de Babylone, destiné à punir les Israélites de leurs prévarications, assiégea Jérusalem, s'en rendit mature, enleva les vases du temple les plus précieux, avec les trésors du palais, envoya à Babylone plusieurs Israélites captifs, du nombre desquels était Daniel; 2° que sept ans après sa première expédition, et ensuite de la révolte de Joachim, roi de Juda, le même Nabuchodonosor revint en Palestine, prit de nouveau Jérusalem, chargea de chaînes Jéchonias, et l'envoya à Babylone avec un grand nombre de captifs, du nombre desquels était Ezéchiel; 3° que neuf ans après cette seconde expédition, et ensuite d'une nouvelle révolte arrivée de la part de Sédécias, le roi de Babylone prit ce prince, lui fit crever les yeux, après avoir fait égorger devant lui ses deux fils, et l'envoya aussi chargé de chaînes à Babylone; 4° qu'un mois après Nabuzardan, son général, fit mettre le feu à la ville et au temple, démolit les fortifications, et envoya les tribus de Juda, de Benjamin et de Lévi, captifs à Babylone et aux environs, comme Salmanasar avait fait à l'égard des dix tribus, quelque temps auparavant; 5° enfin, que depuis cette année 3398, jusqu'à l'année 3468, c'est-à-dire, pendant soixante-dix ans, les Israélites furent dans cet état de tristesse et d'affliction, où David, éclairé d'en haut sur l'avenir, nous les représenté dans son psaume CXXXVI, dans ce psaume où ces captifs disent euxmêmes (vers. 2, 4) Comment pourrionsnous chanter les cantiques du Seigneur dans une terre étrangère? « Quomodo cantabimus canticum Domini in terra aliena? » Hélas! les gémissements et les larmes sont notre unique partage en ce lieu, et nous tiendrons nos instruments de musique suspendus aux saules, dont les fleuves de Babylone sont bordés, jusqu'au jour de notre retour en notre chère patrie: In salicibus..... suspendimus organa nostra.

Il arriva, ce retour si désiré, au terme fixé par le prophète Jérémie, et voici comment; Voici les causes qui produisirent un effet si consolant; Dieu fut le premier moteur de cet événement mémorable; Cyrus en fut l'instrument; Daniel en fut le médiateur; quarante-deux mille Israélites y coopérèrent comme parties intéressées; Zorobabel y contribua comme chef civil, et Esdras comme chef ecclésiastique. C'est ce que nous allons voir et ce qui nous fera connaître les diverses causes qui contribuent à la conversion

(676) Vers l'an 3283.

(677) On comprend, à la lecture de cet édit, qu'il fut donné en faveur des trois tribus de Juda, de Benjamin et de Lévi; on le comprend également à la lecture du chapitre n et de ces paroles du chapitre Iv: Audierunt hostes Juda et Benjamin, quia filii captivitatis ædificarent, etc. Enfin on comprend à la lecture du chap. 1x, verset 3, du I Livre des Paralipomènes, qu'il revint aussi des enfants des dix autres tribus. Cela posé, la fameuse question sur le retour des dix tribus, me paraît facile à résoudre. Avec saint Jérôme, suivi de la plu

du pécheur, et à la délivrance de sa honteuse captivité.

Dieu fut le premier moteur du retour des Juifs à Jérusalem; il prit Cyrus par la main, pour lui assujettir les nations; il lui soumit les trois empires, des Perses, des Mèdes et des Babyloniens; il étendit sa domination sur tous les lieux où les dix tribus avaient été dispersées sous Salmanazar (676) et les autres tribus sous Nabuchodonosor. L'ayant rendu maître absolu de l'Orient, avant qu'un an ne se fût passé, il remua son esprit ; il lui mit fortement dans le cœur d'affranchir son peuple, et de lui laisser rebâtir son temple. Il l'occupa si vivement de ce dessein, qu'il sembla n'avoir point d'autres affaires. Il lui inspira de publier un édit conçu en ces termes Voici ce que dit Cyrus, roi de Perse: le Seigueur, le Dieu du ciel m'a donné tous les royaumes de la terre, et m'a commandé de lui bâtir un temple dans la ville de Jérusalem (677); ce Dieu est le vrai Dieu..... qui d'entre vous est de son peuple? qu'il aille à Jérusalem, et qu'il rebâtisse la maison du Dieu d'Israël. Qu'on rende les vases d'or et d'argent que Nabuchodonosor a transportés à Babylone: que tous ceux qui resteront dans les pays où ils ont été transportés, assistent leurs frères et leur donne de l'or, de l'argent, des bestiaux, outre les offrandes volontaires par le peuple. Ce sont les termes pompeux et magnifiques de l'édit de Cyrus en faveur des Israélites.

Après les avoir entendus,ne seriez-vous pas tentés de me faire les questions suivantes : Cyrus avait-il donc reçu une révélation? dans quel sens pouvait-il se dire souverain de tous les royaumes? Abrégeons les réponses autant que les questions.

Daniel qui était à la cour des princes de Babylone, où il jouissait de la plus haute considération, put montrer à Cyrus les prophéties où il était annoncé comme le libérateur futur des Israélites; il put aussi être chargé de dresser l'édit; il put y faire parler le prince, non selon sa fausse religion, mais selon la véritable: le rang où il était élevé, la part qu'il avait au gouvernement, le grand nom de Dieu Jéhovah qui est dans cet édit et qui n'était guère connu que des Juifs, tout conspire à nous persuader, nonseulement de la possibilité du fait, mais du fait même, quoiqu'il n'y en ait rien dans l'Ecriture. Ce que ce grand prophète fait dire à Cyrus que Dieu lui a donné tous les royaumes de la terre, est aussi exactement vrai que le reste de l'édit, pourvu qu'on

part des commentateurs, je dis que ces tribus ne revinrent jamais de la captivité : Nunquam est eorum soluta captivitas. D'après l'histoire sainte, je dis cependant qu'il en revint plusieurs particuliers, par pelotons, que ceux qui n'eurent pas le courage d'en. faire autant, envoyèrent leurs offrandes pour la reconstruction du temple, et que dès lors cessa tout schisme entre Juda et Israël, celui-ci s'étant réuni pour toujours à celui-là pour adorer le vrai Dieu à Jérusalem, et non le veau d'or à Dan ou à Behsabées.

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