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son panégyrique, soit en nous passant celui de l'histoire sacrée, soit en y ajoutant le leur, comme ont fait les Ambroise et les Jérôme (761), les Augustin et les Fulgence (Epist. 2 Ad Gal.) dont les pensées et les expressions ont enrichi le mien jusqu'à ce moment où il s'agit plus spécialement de vous le rendre utile et pratique autant qu'il est possible.

Dans un premier discours vous avez vu comment les ennemis de notre salut nous attaquent, et comment nous pouvons leur résister. Dans un second, vous avez vu le prix de la viduité, et les moyens de persévérer dans cet état, ce n'est plus le lieu de vous le répéter. Dans le troisième, je vous ai présenté un modèle d'éloges chrétiens. Dans une première partie vous avez pu remarquer que les éloges adressés à Judith n'avaient rien de faux, rien de frivole, rien de flatteur, que la vertu seule y était louée, et que la louange du Créateur était toujours jointe à celle de la créature. Loin donc de vos éloges, lorsque vous serez dans la nécessité d'en faire, tout mensonge, toute frivolité, toute adulation; que tout y soit dit à la louange de la grâce et de la vertu dont elle est le principe. Première pratique, premier fruit de ce discours.

Dans une seconde partie vous avez vu que Judith dans son cantique, dans son offrande, dans toute sa conduite, s'est dépouillée de toute la gloire que lui avait acquise son action héroïque. Loin donc de votre cœur, tout mouvement d'amour-propre lorsqu'on vous loue même de l'action la plus

(761) Ce saint dans sa Préface de Judith, exhorte les deux évêques, à qui il l'adresse, de considérer celte veuve comme un modèle de chasteté, et de

louable; reconnaissez alors devant Dieu votre impuissance à tout bien; rapportez-lui toute la gloire de celui qu'on exalte en vous; fuyez toute louange que vous pouvez vous dispenser de recevoir. Seconde pratique, second fruit de ce discours.

Quand vous voyez qu'une femme a pu avec le secours de Dieu, ce que ne pouvait tout un peuple par ses propres forces, quand vous voyez Judith abattre la tête d'Holopherne et dissiper son armée, pensez que rien n'est impossible à celui qui met son espérance en Dieu, et qui se rend digne. de sa protection, c'est le moyen de ne jamais désespérer, pas même dans les dangers les plus grands et les plus évidents, celui dont je vous conseille la pratique à vous âmes timides et pusillanimes!

Quand vous voyez qu'un conquérant suivi d'une armée formidable, et plein du projet de tuer tous les Israélites comme un seul homme, et comme s'il était le maître de la vie et de la mort, tombe sous la main d'une femme qui n'a d'autres armes que sa sagesse et son courage, pensez qu'il n'y a ni puissance, ni armée, ni empire qui tiennent con-, tre Dieu, contre le plus vil instrument dont il lui plaît de se servir, c'est le moyen de ne jamais présumer de vos forces et de votre sagesse, pas même pour les cas les plus ordinaires, celui dont je vous conseille la pratique à vous âmes vaines et orgueilleuses! afin que vous deveniez humbles et modestes comme Judith, afin qu'ayant imité ses vertus sur la terre vous participiez à son bonheur dans le ciel. Amen.

publier sans cesse ses louanges, ajoutant que Dieu l'a proposée pour exemple aux hommes aussi bien qu'aux femmes.

LIVRE D'ESTHER (762),

INSTRUCTION PREMIÈRE.

ZE PÉCHEUR ÉLEVÉ, ET LE Juste opprimé. (Esther I-XIV.)

Anno secundo, regnante Artaxerxe maximo... vidit somnium Mardochæus.

La seconde année du règne du très-grand Artaxerxès, Mardochée eut une vision en songe. (Esther. x1, 2.)

Ce roi, mes frères ! car il faut vous donDer la notice de ces trois personnes que je

(762) Ce livre contient seize chapitres. Les neuf premiers, avec les trois premiers versets du dixième, étaient dans l'hébreu, dont saint Jérôme a fait notre version Vulgate. Les dix derniers versets du chapitre x, et les six derniers chapitres n'y étaient pas, mais le saint docteur les lisait dans l'ancienne Vulgate qu'il avait sous les yeux, et dans le grec d'où cette ancienne Vulgate avait été tirée.

Il lisait les dix derniers versets du chapitre x, à la fin du livre dont ils faisaient la clôture. Le premier verset du chapitre x1, est le premier des

viens de nommer avant de vous en expliquer l'histoire, ce roi qui est ici nommé Artaxerxès, et ailleurs Assuérus, est un roi de Perse, qui a régné depuis les Indes jusqu'à l'Ethiopie, sur cent vingt-sept provinces, dans le temps par conséquent que l'empire de Perse était le premier, le plus grand empire du monde. Etait-ce ou Cyrus, le premier; ou Cambyse, le second; ou Smerdis, le troi

fragments que nous distinguons dans cette seconde partie du livre.

Il lisait le chap. 1, 2-12; le chap. xi, 1-6, à la tête du livre grec, ainsi que de l'ancienne Vulgate alors en usage dans l'Eglise latine, second fragment. Ce fragment, dit-il, était comme la Préface du livre: huc usque proœmium.

Il lisait à la fin du 5 verset du chapitre X11: Epistolæ antem hoc exemplar fuit, et le chapitre X, 1-7, après ces mots du verset 15, chapitre m: Bona eorum diriperent (ou diripuerunt vel sub

sième; ou Darius, le quatrième; ou Xerxès, le cinquième; ou son fils, le sixième, etc. qui ait possédé ce vaste empire? C'est la fa

stantias eorum, comme il l'écrit dans son Avertissement), troisième fragment.

Il lisait le chapitre xu, 8-18, et le chapitre xiv, 1-19, à la fin du chapitre iv, fragment quatrième Il lisait le chapitre xv, 1-3, après le verset 8, du chapitre iv, fragment cinquième.

Il lisait le mème chapitre xv, 4-19, à la place qu'occupent les deux premiers versets du chapitre v dans notre Vulgate, qui est la version faite sur T'hébreu, sixième fragment.

Il lisait les chap. XVI-XXIV, après le y 12 du chap. Vii, et ce chapitre, renfermant la lettre d'Assuérus en faveur des Juifs, est le septième et dernier fragment du Livre d'Esther. Ces premières observations sont d'autant plus utiles ici, que je dois expliquer ces fragments dans les lieux ci-indiqués.

Ce livre est-il canonique? Cette question ne peut en être une que par rapport à ces sept fragments, puisque le concile de Trente le met au rang des livres sacrés, et qu'en cela il ne fait que ce qu'ont fait avant lui tous ceux qui ont dressé le catalogue des saintes Ecritures (a).Je trouve bien qu'avant le concile de Trente, plusieurs interprètes ont soutenu la négative, s'appuyant de cette remarque de saint Jérôme dans sa Préface sur Esther; savoir: Que les copistes de cet ouvrage en ont fait parler les personnages comme ils ont jugé à propos, suivant la méthode des écoles de rhétorique où l'on s'exerce à défendre, ou accuser des personnes feintes; sicut solitum est scholaribus disciplinis, › elc. Mais depuis la décision du saint concile, je ne vois que Sixte de Sienne et Dupin qui se soient joints à ces anciens. Ont-ils pu le faire sans manquer de soumission au concile? Il paraît que non ; car il frappe d'anathème ceux qui ne recevront pas les livres qu'il nomme avec leurs parties,comme on a coutume de les lire dans l'Eglise. Or, on a coutume de lire le Livre d'Esther, dans l'Eglise, nonseulement quant aux neuf chapitres de l'hébreu, mais quant aux fragments placés après ces neuf chapitres (b) que diront ces auteurs pour se préserver de l'anathème? Que le concile parle de vraies parties, et non d'additions? Avec un semblable subterfuge, on pourra rejeter telle partie des livres saints qu'on voudra rejeter; on échappera à la censure du concile, en disant qu'il n'a point parlé d'additions. D'ailleurs si ces sept fragments n'étaient que des additions postérieures au livre, on pourrait en alléguer le temps, le lieu, l'auteur, et bien loin qu'on le puisse, nous voyons que les Pères les ont toujours cités, loués et approuvés dans les conciles et leurs écrits. Nous savons de plus, qu'avant la version de saint Jérôme, on ne les distinguait pas plus du livre, que l'Eglise grecque ne les distingue aujourd'hui. Placés à ce moment, nos critiques les auraient-ils distingués et rejetés?

Mais, demandera-t-on, comment donc expliquer ce mystère, qu'il se trouve près de sept chapitres de plus dans le grec et l'ancienne Vulgate que dans l'hébreu? Bellarmin vous l'explique en deux manières. Il vous dit 1° que ces sept chapitres ont pu être placés d'abord dans l'hébreu, et périr ensuite par quelqu'accident. Il fonde sa conjecture sur T'histoire de Josèphe, qui assure que dans la version grecque, il s'attache à l'hébreu, et qui rapporte et les lettres d'Assuérus et l'oraison de Mardochée, pièces qui manquent dans nos neuf chap'tres de l'hébreu. Il nous dit 2 que l'histoire

(4) Exceptis Melithone, Athanasio, et Greg. Nazianz. (b) Lisez dans le romain, l'ordinaire de la Messe, 1° pour la férie quatrième de la seconde semaine du Carêfue; 2 (pour les Papes, cette Messe n'est pas dans le

meuse question dont la difficulté et la longueur ne me permettent pas la discussion dans cette chaire (763).

d'Esther a pu être divinement écrite par des écrivains différents, dont l'un a voulu être plus précis, et l'autre plus diffus; que l'ouvrage du premier est parvenu jusqu'à nous, mais non le second, dont la seule traduction nous est restée. Choisissez de ces deux réponses laquelle il vous plaira, et s'il vous reste quelqu'autre difficulté, cherchez-en la soluti ›n dans le cours de nos instructions, où nous les lèverons selon que l'occasion s'en présentera.

Le Livre d'Esther contient l'histoire d'Esther, fille juive, élevée par la Providence, sur le premier des trônes de son siècle, pour sauver sa nation. Dire qu'elle a écrit ce livre avec son oncle Mardochée, c'est avancer une proposition qui ne peut se soutenir que par le vers. 26 du chapitre x, qui cependant ne parle que de la lettre de Mardochée, et qui marque un écrivain différent de Mardochée, au moins dans cet endroit. On est encore moins fondé à en faire auteur Esdras, ou la grande synagogue. Il vaut mieux avouer son ignorance sur ce point. Nous ne savons pas même bien quel est l'auteur de la version grecque. Nous lisons à la vérité à la fin du premier fragment, que ce fut un nommé Lysimaque; mais en quel temps vivait ce Lysimaque? quel était-il? C'est ce qu'il n'est pas facile de conjecturer. Il ne peut être un des Septante, puisque la version fut apportée de Jérusalem, où les Septante ne travaillèrent pas.

(765) Nous prétendons que l'Assuérus d'Esther est Artaxerxès, fils de Xerxès; c'est que tous les caractères de celui-là conviennent à celui-ci, et conviennent à lui seul. Deux propositions que je vais prouver analytiquement.

1° Les caractères de l'Assuérus d'Esther conviennent tous à Artaxerxès. En effet, l'Assuérus d'Esther était 1° roi de Perse; 2° il régna depuis les Indes jusqu'à l'Ethiopie, sur cent vingt-sept provinces; 5° Suses était sa capitale; 4° ses ancê tres avaient possédé l'empire des Perses, et il l'avait hérité d'eux; 5 son règne dura plus de douze ans ; Cil fut favorable aux Juifs après avoir pris une femme de cette nation; 7° il se rendit la terre et les îles tributaires; 8° son règne ne commença que longtemps après la transmigration de Jéchonias; 9° le temple subsista de son temps. Vous qui avez lu le Livre d'Esther, vous avez pu remarquer ces neuf caractères.

Or, ils conviennent tous à Artaxerxès. 1. il était roi de Perse; le fait est constant et assuré par les historiens, tant sacrés que profanes; 2° il régna depuis les Indes jusqu'en Ethiopie, sur cent vingtsept provinces ou satrapies. Le peu de succès des arines de Xerxès son père, dans les batailles de Platée et de Mycale, n'en diminua point le nombre; 3. Suses était sa capitale. On le voit par le II Livre d'Esdras et par Hérodote. Ce qui n'empêche pas de aire que les rois de Perse passaient les saisons les plus chaudes de l'année, tantôt à Persépolis, tantôt à Ecbatane, et tantôt à Babylone. Artaxerxès avait hérité son empire de Xerxès son père, de Darius son aïeul, lequel avait épousé la fille de Cyrus, épouse de Cambyse en premières noces, du faux Smerdis en secondes noces, et de Darius en troisième, en sorte qu'il pouvait compter quatre générations impériales, maternelles, et deux paternelles. 5° Artaxerxès a régné non-seulement douze ans, mais même quarante. 6° Nous avons vu en expliquant Esdras, combien il fut favorable aux Juifs,

Missel messin); 5° pour le vingt-peuxième dimancho après la Pentecôte. Cet Offertoire n'est pas dans le Misse. messin, qui nous ôle par conséquent deux preuves de ia canonicité des fragments.

Mardochée était un juif qui demeurait dans la ville de Suze, capitale de l'empire des Perses, et qui dans la suite devint un homme puissant et des premiers de la cour du roi: il était du nombre des captifs (764) que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avail transférés de Jérusalem avec Jéchonias, ou Joachim, roi de Jérusalem.

Esther, dont le nom signifie caché, parce qu'elle cacha long-temps son origine, s'appelait Edisse; elle était fille du frère (765) de Mardochée; elle en devint la fille adoptive lorsqu'elle eût perdu son père et sa mère. Du triste état de servitude où elle était née, elle passa ensuite à celui de reine, et même de première impératrice du monde; comment cela? c'est ce miracle de providence que nous apprendrons à admirer dans l'histoire qui porte son nom. Justes, qui êtes dans l'humiliation et l'opprobre! étudiez-en les commencements, elle vous apprendra à vous consoler en vous montrant d'autres justes qui vous ont précédés dans la même humiliation et le même opprobre. Pécheurs, qui vivez dans les honneurs! étudiez-en la première partie, elle vous apprendra à mépriser votre gloire présente, en vous montrant d'indignes pécheurs qui ont été élevés au faîte des honneurs et de la

à la septième et surtout à la vingtième année de son règne, où il permit à Esdras de retourner à Jérusalem, etc. 7° Il se rendit la terre et les iles tributaires en deux sens, ou parce qu'il augmenta les impôts ordonnés par Darius, ou parce qu'il en établit dans le pays où son agent n'en avait pas établi. 8° 1 vécut longtemps après la transmigration de Jé honias, puisque ce fut lui qui traita du retour des Juifs avec Esdras d'abord et Néhémie ensuite, comme Cyrus en avait traité avec Zorobabel. 9 Le temple était rétabli depuis trente ans environ, lorsqu'il monta sur le trône. Done tous les caractères de l'Assuérus d'Esther conviennent à Artaxerxès

2° Ils conviennent tellement à Artaxerxès, qu'ils ne convienent ni à Darius le Mède; il n'était pas roi de Perse: ni à Cambyse fils de Cyrus; son règne ne fut que de sept à huit ans : ni à Darius fils d'Hystapes, il n'avait pas reçu l'empire de ses pères; on sait qu'il le dut à l'industrie de son écuyer, au hennissement de son cheval, en conséquence d'un traité conclu entre les sept conjurés, contre le faux Smerdis: ni à Xerxès père d'Artaxerxès, qui ne fit rien pour les Juifs: ni à Xerxès second fils d'Artaxerxès, ni à Sogdien, ni à Darius Nothus, ainsi des autres successeurs d'Artaxerxès. Outre les raisons particulières d'exclusion pour chacun d'eux, il en est une générale tirée de l'âge de Mardochée. Il est dit de lui, chapitre 1, verset 5: Il y avait alors dans la ville de Suse, un nommé Mardochée

(a) Je mets ces mots en parenthèse, 1° parce qu'i's peuvent y être mis; 2o parce que dans mon opinion is ils doivent y être mis; autrement il faudrait dire que Mardochée aurait été lui-même transféré avec Jéchonias vers l'âge de quinze ans, et qu'au temps d'Artaxerxès, il aurait été âgé de cent soixante-cinq ans environ. J'évite aussi par cette parenthèse, de donner lieu à la réphique de Saurin, qui disait que c'est le même qui a été transféré, et qui avait élevé Esther (1, 7). Supposons que Cis ait été emmené en captivité, et qu'il ait engendré Séméi à l'âge de quarante ans; Séméí, Jaïr à quarante ans; Jair, Mardochée à quarante ans; en ce cas Mardochée aurait été engendré la huitième année de la captivité; en cette supposition il faut qu'il ait eu environ quatrevingts ans, lorsqu'il parut devant Artaxerxès (et sa nièce

gloire de ce siècle. Justes! étudiez-la jusqu'à la fin, elle ranimera votre espérance, en vous montrant la vraie gloire où conduisent les abaissements. Pécheurs! étudiez-la jusqu'à la fin, elle vous inspirera le sentiment de crainte qui vous manque, en vous montrant la profondeur de la chûte qui succède à l'élévation dans le siècle futur, et souvent dans celui-ci même. C'est ce qui fera le sujet principal de nos entretiens sur le livre d'Esther. Le pécheur dans l'élévation et le juste dans l'oppression; ce sera le sujet de mon premier point.

PREMIER POINT

Ce n'est, mes frères! ni le pécheur dans l'élévation, ni le juste dans l'abaissement que j'ai à vous représenter dans ce discours, mais le pécheur dans les fautes qu'il commet en son état même d'élévation; c'est le juste dans les vertus qu'il pratique en son état, et par son état d'abaissement, et parce que je trouve le canevas de cette double représentation dans l'histoire de Mardochee, c'est à elle que je m'arrête, en en prenant le premier fil, en la commençant par la prophétie qui fut faite à Mardochée du terrible combat qu'il aurait à soutenir de la part d'Aman, au bout de cinq ans de là (766). La fils de Jair, fils de Sémei, fils de Cis (lequel Cis avait été transféré de Jérusalem avec Jéchonias) (a). Ponc l'opinion selon laquelle l'Assuérus d'Esther est Artaxerxès à la longue main (b) est la plus probable à la considérer du côté qu'on appelle l'autorité intrinsèque, et prise de la chose ème.

Elle est aussi probable du côté de l'autorité extrinsèque. Elle a pour elle le texte grec, qui appelle toujours le mari d'Esther, Artaxerxès, jamais Darius, etc. Elle a pour elle le texte lasin, qui, après l'avoir appelé Assuérus au commencement, l'appelle Artaxerxès à la fin. Elle a pour elle Joséphe l'historien, Sulpice-Sévère et d'autres cités par Eusèbe. Parmi les nouveaux, elle a Bellarmin, Vence, le P. Houbiguant, et enfin l'éditeur de la version d'Avignon (c). Grotius avone qu'après avoir lu de près les opinions de tous les interprètes sur l'Assuérus d'Esther, il en sait moins qu'aupara

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au moins vingt-cinq ou trente ans selon toute apparence; rien n'empêche qu'on la suppose plus jeune, parce que rien n'empêche de dire qu'elle était petite, arrière pelite-nièce de Mardochée). Si cet âge nous parait déjà bien grand, que nous paraîtrait-il, si nous le faisions paraitre devant Darius-Nothus, devant Artaxerxès-Mnémon? etc.

(b) Il était ainsi appelé, parce qu'il était un des plus beaux hommes de son temps. D'ailleurs ses mains lui allaient jusqu'aux genoux.

(c).Il faut cependant avouer que le nombre des interprètes modernes, favorable à Darius fils d'Hystapes, est bien aussi grand que celui des interprètes nouveaux, fa

vorables à Artaxerxès.

voici cette prophétie, ou si vous le voulez autrement, voici la vision que ce pieux Israélite eut en songe (767).

Il lui semblait qu'il entendait des voix, des grands bruits et des tonnerres, que la terre tremblait et était dans de grands troubles; en même temps il vit paraître deux grands dragons prêts à combattre l'un contre l'autre. Toutes les nations s'émurent aux cris qu'ils jetèrent, et elles se disposèrent à combattre contre la nation des justes; ce jour fut un jour de ténèbres, de périls, d'afflictions, d'angoisses, et d'une grande épouvante sur la terre. Les justes, dans la crainte des maux qui leur étaient préparés... poussèrent leurs cris vers Dieu, et au bruit de ces cris, une petite fontaine devint un grand fleuve.... la lumière parut, le soleil se leva, et ceux qui étaient dans l'humiliation furent élevés: voilà la prophétie; attendons pour en montrer l'accomplissement, le moment où Mardochée se la rappellera; quant à présent examinons seulement les événements qui disposent de loin à celui-là, et pour connaître et craindre les fautes qu'on commet plus ordinairement dans un état d'élévation, remarquons celles que commirent dans les temps dont nous parlons, le prince et son favori. De la part du prince, ce furent des fautes de luxe surtout, et de la part du favori, ce furent des fautes d'un orgueil cruel et barbare.

De la part d'Assuérus, ce furent des fautes de luxe, et de luxe de toute espèce; de luxe pour la table; de luxe pour les meubles; de Inxe pour d'autres plaisirs encore plus honteux que les précédents. Je dis de luxe pour la table. Assuérus, la troisième année de son règne, fit un festin magnifique à tous les princes de sa cour, à tous ses officiers, aux plus braves d'entre les Perses, aux premiers d'entre les Mèdes, aux gouverneurs des provinces, lequel dura pendant six mois; et vers le temps où ce festin finissait, le roi invita tout le peuple qui se trouva dans Suze, depuis les plus grands jusqu'aux plus petits; il commanda qu'on préparât un festin pendant sept jours, dans le vestibule de son jardin et du bois qui avait été planté de la main des rois (768), et on présentait chaque jour, à chaque table, du vin ex

année d'Assuérus. Le mariage de celui-ci avec Esther, se fit la septième année de son règne. Mardochée ne résida au palais que quand Esther fut sur le trône. Il n'irrita Aman, que quand il résidait là, et qu'il refusait de fléchir le genou devant lui, par conséquent que la septième année d'Assuérus.

(767). La règle qui met l'observance des songes an rang des vaines observances a ses exceptions, et l'histoire'de Mardochée, jointe à celle de Joseph,. etc., etc., prouve qu'elle doit les avoir. Comment connaître quand elle doit les avoir! C'est un secret que Dieu sait enseigner, et il paraît par le verset 11 du chap. xi, qu'il l'enseigne par la forte impression du songe qu'il envoie.

(768) Il serait assez difficile de placer tout un peuple dans un vestibule, qu'on supposerait être entre fe palais et le jardin, mais si on le suppose entre le jardin et le bois, à plus forte raison si on le suppose à l'extrémité du bois opposée à celle du palais, tout inconvénient disparaît. Y en avait-il à

cellent et en grande abondance: Vinum quoque... abundans, et præcipuum ponebatur.

Ce sont jusques-là, mes frères ! les paroles de l'historien sacré. N'y voyez-vous pas un luxe de table porté au plus haut dégré? Celui que j'ai à reprocher aux mauvais riches de nos jours ne va pas jusques-là, j'en conviens; mais n'irait-il pas, si ces riches avaient toutes les richesses des empereurs Perses? mais ne va-t-il pas jusqu'où il peut aller et même au-delà? mais ne suis-je pas autorisé à le dire par ces banqueroutes fréquentes, fruits malheureux de la bonne chère et de l'intempérance? L'histoire dit du festin d'Assuérus, que personne ne contraignait à boire ceux qui ne le voulaient pas. Quoique les Perses en général fussent fort adonnés au vin (769), ce frait pourrait-il entrer dans l'histoire des festins de ces gens du monde, de ces gens qui se font un honneur de donner bien à manger? de le faire avec goût? avec aisance et avec des attentions marquées pour chaque convive? Passons du luxe pour la table au luxe pour les meubles.

Le premier ne fut employé par Assuérus que comme un moyen d'étaler toutes ses richesses; il ne fit, dit notre histoire, cette grande dépense que pour faire éclater la gloire de son empire, et pour montrer la grandeur de sa puissance. A ce dessein on avait tendu de tous côtés des tapisseries de fin lin, de couleur bleu céleste et d'hyacinthe, et qui étaient soutennes par des cordons de fin lin teint en écarlate. Des lits d'or et d'argent sur lesquels on se mettait pour manger étaient rangés en ordre sur un pavé de porphyre et de marbre blanc, qui était embelli de plusieurs figures avec une variété adinirable. Ceux qui avaient été invités à ce festin, buvaient dans des vases d'or Bibebant..... aureis poculis. Combien donc n'en fallait-il pas ? combien donc était riche celui qui les faisait servir? combien done était magnifique et puissant celui qui étalait tant de richesses aux yeux de cette multitude innombrable de conviés? C'est le sentiment d'admiration qu'Assuérus voulait exciter, en accompagnant son festin de cette fastueuse décoration.

Que lui en revenait-il done, de ce senti

placer cent quarante mille personnes dans un vestibule formé d'une vaste plaine? à y en placer vingt mille, un premier jour et vingt mille un autre; cinq mille à midi, cinq mille à deux heures après midi, cinq mille à quatre, et cinq mille à six; nos philosophes qui trouvent de la difficulté à nourrir tant de personnes, parce que l'Ecriture le dit, n'en trouvent point à dire, qu'un gaulois (Amarianne), se soit engagé à donner à manger à tous les Gaulois, un an entier, et qu'il ait exécuté sa promesse, ayant fait dresser des tentes d'espace en espace sur tous les chemins, etc. D'où leur vient cette différence de balance?

(769) Darius, fils d'Hystapes, borna son ambition. à faire graver sur son tombeau, ces paroles qui auraient paru une satire à un ami de la sobriété.. J'ai pu boire et beaucoup porté de vin, ce qui ajoute une probabilité à l'opinion que ce dernier n'est pas l'Assuérus d'Esther.

parade de tout ce qu'il avait de plus précieux dans ses meubles, il lui vint dans la pensée de faire venir la reine Vasthi, et il ordonna qu'elle parût avec le diadême en tête pour faire voir sa beauté à tous les peuples, parce qu'elle était extrêmement belle. Cet ordre si contraire aux lois des Perses, ne l'était

ment; ce pompeux appareil lui donnait-il plus de mérite? pouvons-nous en emprunter le moindre degré de la pierre, du métal ou du fil? sommes-nous plus spirituels, plus sages, plus vertueux, parce que nous possédons ces biens? Le philosophe chrétien ne plaint-il pas ce riche qui met sa grandeur dans celle de ses richesses? ne le regarde-t-il pas encore plus à la bienséance? conveil pas avec pitié, lorsqu'il le voit confondre son être avec la crasse de la terre ? avec une pierre brute ou polie, comme il vous plaira? n'est-il pas tenté de l'y confondre de même? Disparaissez, grandeur sensible aux yeux de la foi disparaissez; elle ne connaît de vraie grandeur que dans le bon esprit et le cœur droit, bienfaisant, embrasé de l'amour de Dieu et du prochain.

Mais, non, ne disparaissez pas; paraissez au contraire sous les yeux de cet auditoire avec tout l'éclat possible; portez, si vous le pouvez, ces auditeurs à ce sentiment d'admiration, auquel la capitale et les princes se sont livrés au festin d'Assuérus, à ce festin qui, par sa magnificence figurait celui de Jésus-Christ dans le sacrement de nos autels. Eh! si vous admirez le premier, combien davantage n'admirez-vous pas le second? Ce n'est pas un roi de la terre qui invite à celui-ci ; c'est le roi des rois, le roi du ciel.

Ce qu'il sert n'est ni du pain ni du vin; c'est la chair et le sang de ce roi céleste; c'est une nourriture d'un goût infiniment plus délicieux que celle de tous les mets of ferts aux conviés de Suze. Ce ne sont plus les seuls grands des provinces, ce sont aussi les petits qui y participent. Ce ne sont plus ies grands et les petits d'une seule ville; ce sont ceux de tous les royaumes et de tous ies peuples chrétiens. Ce n'est plus dans en espace aussi court que celui de six mois; c'est dans l'espace de toute la vie; c'est de Sénération en génération et d'âge en âge, jusqu'à la fin du dernier âge du monde, que ces peuples ont la liberté d'y participer. Ce n'est point dans des coupes d'or; c'est dans un cœur enrichi des dons du Saint-Esprit, que le sacré breuvage de ce festin est reçu. Sa gloire n'efface-t-elle donc pas toute celle du premier?

Cependant les Perses et les Mèdes, les Assyriens et les Babyloniens, les Bactriens, et les Syriens, tous les grands officiers d'Assuérus, de l'Inde à l'Hellespont, reçurent son invitation avec reconnaissance; ils s'y rendirent avec empressement; la moindre négligence à cet égard leur eût paru une faute contre le respect dû à un si grand prince. N'en serait-ce donc pas une grande à vos yeux, si à l'avenir comme au passé, vous vous éloigniez de la table du roi du ciel et de la terre, sous le prétexte le plus léger? Si vous ne marquiez autant de désir de l'y recevoir qu'il en a de se donner à vous ? ne craindriez-vous pas d'offenser son amour, encore plus que les amis d'Assuérus ne craignaient d'irriter sa vanité?

Ce fut surtout à la fin de sa longue fête que le monarque laissa voir cette passion des âmes basses et frivoles. Après avoir fait

nait-il qu'une grande reine se produisit en spectacle aux yeux d'une multitude d'hommes qui se possédaient à peine? C'est sur ces justes motifs que Sulpice-Sévère justifie、 et que le roi même aurait dû justifier le refus que fit Vasthi d'exécuter son ordre: mais la passion irritée ne raisonne point.

Informé par ses eunuques de la résistance constante de la reine, le roi se livre à tout ce que la colère, animée par l'orgueil, peut lui suggérer de violent; il assemble sou conseil à table même; il demande quelle peine mérite une femme qui a désobéi à son mari en une circonstance où sa désobéissance devient publique et semble rendre le mari méprisable. Ses flatteurs qui croient lire sa pensée sur son visage et dans ses paroles, sont d'avis que Vasthi soit répudiée, et qu'il en soit à l'heure même porté un décret irrévocable, selon la loi des Perses. Vous permettiez cette injustice, ô mon Dieu! c'était pour en tirer un bien, en faveur de votre peuple; c'était pour élever une pauvre orpheline de la poussière où elle rampait, jusques sur ce même trône d'où Vasthi était exclue si injustement. Voici en peu de mots comment ce dessein de la Providence s'accomplit.

Pour consoler le prince revenu à lui-même de la tristesse où le plonge son divorce avec Vasthi, on lui donne un conseil qu'il approuve, et dont l'approbation va vous faire voir une troisième espèce de luxe que j'ai dit être encore plus honteux que les précédents, fet qui, comme les précédents, se trouve ordinairement dans un état d'opulence et d'autorité,) on lui conseille d'envoyer dans toutes les provinces de son vaste empire, d'y faire une recherche exacte des jeunes personnes du sexe, et de choisir pour le roi celles qui auront paru les plus belles. Quelle multitude par conséquent lui sont amenées! L'histoire juive en compte jusqu'à quatre cents. Ce luxe asiastique n'est-il pas honteux ? n'est-il pas infâme et abominable?

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Vous serez peut-être étonnés, mes frères, d'apprendre ici que Mardochée ait produit sa nièce dans le temps de cette recherche; peutêtre me demandérez-vous s'il serait même possible en ce cas de l'excuser de transgression de sa loi, ainsi que d'imprudence et de témérité mais, quoi, vous répondrai-je, n'y a-t-il pas de la témérité à accuser un si grand homme en cette démarche particulière? n'est-il pas visible que la main de Dieu l'a conduit dans toute son histoire, depuis le commencement jusqu'à la fin ? n'étaitil pas dans la loi des cas d'exception? présumerait-il trop de la bonté de Dieu, en espérant qu'il serait avec sa nièce sur le trône,

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