Caliban parle

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B. Grasset, 1928 - 223 ãä ÇáÕÝÍÇÊ

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ÇáÕÝÍÉ 133 - Le besoin d'ordre qu'éprouvent nos vieilles sociétés européennes, coïncidant avec le perfectionnement des armes, donnera en somme aux gouvernements autant de force que leur en enlève chaque jour le progrès des idées révolutionnaires. Comme la religion, l'ordre aura ses fanatiques. Les sociétés modernes offrent cette particularité, qu'elles sont d'une grande douceur quand leur principe n'est pas en danger, mais qu'elles deviennent impitoyables si on; leur inspire des doutes sur les conditions...þ
ÇáÕÝÍÉ 109 - Flecte ramos arbor alta, tensa laxa viscera, Et rigor lentescat ille quem dedit nativitas Ut superni membra regis miti tendas stipite. Sola digna tu fuisti ferre pretium saeculi Atque portum praeparare, nauta mundo naufrago, Quem sacer cruor perunxit fusus agni corpore.þ
ÇáÕÝÍÉ 110 - Une sorte de vent tiède détendit ma rigueur ; presque toutes mes illusions de 1848 tombèrent, comme impossibles. Je vis les fatales nécessités de la société humaine ; je me résignai à un état de la création où beaucoup de mal sert de condition à un peu de bien, ou une imperceptible quantité d'arôme s'extrait d'une énorme capul mortuum de matière gâchée.þ
ÇáÕÝÍÉ 178 - Dabit lui a choisi pour épigraphe ces lignes de Jean Guéhenno : « Désormais, notre laideur même ne se voit pas. Rien qui distingue l'un de nous, le fasse reconnaître. Rien en lui qui arrête le regard, éveille l'attention et l'amour. Nous ne sommes même pas pittoresques. Nous ne sommes ni gentils, ni touchants. Chacun de nous, pris à part, ferait un mauvais héros de roman.þ
ÇáÕÝÍÉ 85 - Il ya pour nous, les Caliban, si nous n'y prenons garde, dans la culture de nos maîtres, un poison. C'est ce principe de dédain, d'exclusion et d'orgueil qu'ils prétendent nécessaires à toute culture et que dans la réalité ils sont les seuls à y mettre, pour leur sauvegarde.þ
ÇáÕÝÍÉ 111 - ... des anciens jours. Mieux vaut un peuple immoral qu'un peuple fanatique; car les masses immorales ne sont pas gênantes, tandis que les masses fanatiques abêtissent le monde, et un monde condamné à la bêtise n'a plus de raison pour que je m'y intéresse; j'aime autant le voir mourir. Supposons les orangers atteints d'une maladie dont on ne puisse les guérir qu'en les empêchant de produire des oranges. Cela ne vaudrait pas la peine, puisque l'oranger qui ne produit pas d'oranges n'est plus...þ
ÇáÕÝÍÉ 214 - La masse ne saurait avoir de témoins. Acquérir les moyens d'exprimer son tourment, c'est d'une certaine manière cesser d'en être, devenir inapte à témoigner pour elle...þ
ÇáÕÝÍÉ 178 - ... reste attaché à son nom; avant même d'être adapté pour l'écran, ce livre apparaissait comme un film réaliste et poétique où passent, près du canal Saint-Martin, tant de pauvres vies fragmentaires, inachevées. Eugène Dabit lui a choisi pour épigraphe ces lignes de Jean Guéhenno : « Désormais, notre laideur même ne se voit pas. Rien qui distingue l'un de nous, le fasse reconnaître.þ
ÇáÕÝÍÉ 87 - Faire ses humanités, selon leur compte, c'est apprendre à commander et acquérir les moyens de traiter comme il convient une tourbe ignorante. La culture n'a pas d'autre objet que de faire des chefs et de les justifier tout à la fois. A la science qui déterminait ce qui doit être et qui découvrait des mondes plus généreux, ils ne demandent plus que de légitimer ce qui est. Une étrange et monstrueuse connivence associe la culture ainsi sophistiquée et l'autorité sociale, le savoir et la...þ
ÇáÕÝÍÉ 9 - ... forces naturelles dont ils ne savent même pas la loi, et des forces humaines dont ils ne savent même pas le nom. Oui, partout le creux, l'hypocrisie des paroles ; il ya plus d'un siècle, Diderot pressentait ces faussetés prochaines, lorsqu'il disait dans une de ses pensées révolutionnaires : « Avoir des esclaves n'est rien, mais ce qui est intolérable, c'est d'avoir des esclaves en les appelant des citoyens.þ

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