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La constitution de la Grande Communauté subit dans la suite des temps diverses modifications.

D'après un Mémoire sur les aides et subsides de la Flandre écrit vers 1775 (1) le grand-bailli avait à cette époque voix délibérative avec l'avoué, les échevins et les conseillers ordinaires de la chambre; le second ccrps était choisi par le magistrat, et portait le nom de conseillers des 27, d'après le nombre des quartiers ou sections de la ville (?); le troisième, également au choix du magistrat, ne comprenait plus que 14 membres, désignés sous la qualification de bourgeois notables (2); le corps de la draperie n'était plus représenté que par un chef et deux jurés, tous trois établis par les échevins; le cinquième était celui des sayettiers (fileurs de laine) et comptait neuf membres, tous à la nomination du magistrat; enfin un chef élu par les échevins, et dix gouverneurs, savoir deux gouverneurs nommés annuellement par les mêmes échevins pour chacun des cinq métiers désignés par le chef précité parmi les 36 petits métiers, représentaient ce dernier corps. La Grande Communauté, ainsi constituée, non d'après des règles tracées dans aucun acte ayant force de loi, mais d'après les anciens usages, était appelée à voter les aides et subsides demandés par le prince, les votes se comptant comme suit: 15 voix pour le grand bailli, l'avoué et les échevins; 15 pour les conseillers ordinaires de la chambre, et une voix pour chacun des 5 autres corps,

(1) Manuscrit no 116 des Arch. de la Fl. Orient., imprimé parmi les Documents extraits du dépôt des Archives de la Flandre occidentale, par F. Priem, tome VI (Bruges, 1848-1849), p. 1-134.

(2) D'après Lambin, Gesch. Onderz., p. 22, leur nombre varia fréquemment avant le milieu du xvie siècle : on en trouve tantôt 17, tantôt 21, 23, 25 et même 40.

ce qui formait un total de 33 suffrages, avec cette singularité qu'en cas de partage (1) le vote était interprété comme refus de la demande. Les pensionnaires et greffiers avaient seulement voix consultative.

A la même époque, la Grande Communauté était en possession de choisir les administrateurs des hôpitaux de la ville, savoir, pour chacun d'eux un receveur nommé à vie et deux directeurs élus pour un terme de six ans (2).

La constitution de ce grand corps représentatif de la communauté des habitants semble avoir été uniquement l'œuvre du temps et des circonstances; aussi est-il impossible d'assigner aucune date précise à son origine. Nous ne saurons probablement jamais si la Grande Communauté fut appelée à voter le prêt fait au comte Gui par les échevins, en 1281, et le don de courtoisie de 20,000 livres d'artésiens dont fait mention la pièce justificative no LVI, ou si les échevins et conseillers seuls disposaient encore à cette époque des deniers de la

ville.

Les documents les plus anciens que nous ayons rencontrés jusqu'à ce jour, dans lesquels se trouve constatée l'existence du grand conseil, ne remontent qu'à l'année 1348 (3). En cette année, la Grande Communauté fut réunie plus d'une fois elle s'assemblait au son de la cloche, dans le cloître de l'église Saint-Martin, en lieu dû et accoutumé; ce fut elle qui nomma les pro

:

(1) La totalité des suffrages formant un nombre impair, le partage ou la parité ne pouvait se produire qu'en cas d'abstention ou d'absence d'un ou plusieurs ayants droit de voter.

(2) Archives générales du royaume, arch. du conseil privé, carton 1768, pièce du 18 novembre 1774.

(3) Chartes de Rupelm., Inv. anal., nos 1701, 1705, 1706 et 1707.

cureurs chargés de représenter la ville au règlement de ses différends avec le comte de Flandre Louis de Male; les actes émanés d'elle sont expédiés soit au nom des échevins, conseil, doyens, capitaines et communauté, soit en celui des avoués, échevins, conseil et communauté de la ville (1); on y voit intervenir avec les capitaines de la ville, les vingt-sept personnes qui au nom de tout le corps de la ville assistent de leur avis le magistrat d'Ypres.

Quelques années plus tard, le 31 mars 1371 nouv. st., les échevins, les vingt-sept et tous les chefs jurés de tous les métiers de la ville d'Ypres portent ensemble une ordonnance somptuaire, obligatoire aussi bien pour les étrangers que pour les bourgeois (2). La non-intervention des conseillers s'explique par la complète insignifiance de cette keure au point de vue des finances municipales.

Les doyens et capitaines de 1348, les chefs jurés de tous les métiers (upperghezwoorne van al den neringhen) de 1371, sont évidemment les quatre derniers membres de la Grande Communauté.

Lambin n'avait trouvé dans les archives d'Ypres pas le moindre renseignement sur le premier établissement des capitaines ou doyens à Ypres (5) : nous n'avons pas été plus heureux que lui. L'on sait seulement, par la sentence du 4 mai 1304 (4), que dès lors les cinq métiers des tisserands, des foulons, des tondeurs, des bouchers (macheliers) et des poissonniers avaient cha

(1) Il est remarquable que le pouvoir conféré par la ville d'Ypres aux sires de Cuik, de Sotteghem et d'Escornaix et à Gérard le More, le 24 novembre 1304, pour traiter d'une trève avec les plénipotentiaires du roi de France (pièce just. LXIV) est donné au nom des consaus, des échevins et de toute la communauté de la ville d'Ypres. (2) Diegerick, Invent., no DCXXIV, et tome II, p. 299.

(3) Gesch. Onderz., p. 20.

(4) Dans Lambin, Moord, etc., p. 31 et suiv.

cun leur scel propre, et que tous les autres métiers de la ville étaient représentés par deux capitaines.

Il fut décidé et jugé par cette même sentenceque dorénavant, dans l'intérêt de la paix et de l'union des bonnes gens, chaque métier constituerait un capitaine parmi ses membres. Ce privilége, auquel on attachait, au XIVe siècle, le plus grand prix (1), ne subsistait plus en 1774.

Ce n'est pas sans raison que Gramaye admirait dans l'institution du grand conseil l'idée de balance des pouvoirs et l'admission des classes inférieures au gouvernement municipal; et cependant le développement imparfait des libertés politiques, et leur caractère propre de priviléges, était une source si féconde d'abus et de jalousies, que la ville d'Ypres, nonobstant l'ingénieuse combinaison de sa Grande Communauté, ne fut pas moins que celles de Gand et de Bruges en proie à des divisions intestines, suivies de fréquentes émeutes. Nous avons exposé au § III les renseignements qu'il nous a été donné de recueillir sur les troubles de 1280 et 1303; pour les temps postérieurs, les chroniques locales en mentionnent d'autres aux années 1561, 1377 et 1424 (2).

§ VII.

COMPTABILITÉ ET EMPLOYÉS DE LA VILLE D'YPRES DURANT
L'ANNÉE 1304-1305.

Les comptes de la ville d'Ypres, conservés aux archives municipales et remontant jusqu'à l'année 1280, outre qu'ils révèlent plusieurs particularités historiques

(1) Kervyn, Hist. de Flandre, III, 133.

(2) Olivier van Dixmude, Merkw. gebeurt., p. 1, 119–121 et 179; Analectes yprois, p. 40, note 2.

intéressantes dont feu M. Lambin a présenté une Revue succinte (1), fournissent aussi des détails précieux et complets sur l'administration proprement dite et les finances de la ville.

Nous croyons ne pouvoir mieux faire, pour en donner une idée exacte, que de présenter ici l'analyse du compte rendu pour l'exercice de 1504 à 1305 par les deux trésoriers, Jacques de Bailleul et Jacques de Houtkerke (2).

Les comptes se tenaient en livres parisis; au compte particulier des frais de messages, depuis novembre 1297, jusqu'à la même époque de l'année suivante, on rencontre, dans une pièce annexée, l'évaluation de 200 florins ou livres florentines à 115 livres parisis, et comme la livre florentine de ce temps équivalait à peu près à 11 francs 50 centimes de notre monnaie actuelle, il s'ensuit que dans ces comptes, de même que dans ceux de Gand de la même époque, la valeur monétaire de la livre parisis peut être appréciée à 20 francs (3).

La recette, à partir du 8 novembre 1304 (le dimanche avant la Saint-Martin d'hiver) est distinguée en recette qui monte à le trésorie, faite directement par les trésoriers eux-mêmes, et recette de chou qui ne monte mie à le tresorie ou de ce qui n'appartient pas à la trésorerie; cette dernière rubrique se trouvent comprises diverses recettes extraordinaires, et les assises

sous

pour

les

(1) Dans le Messager des sciences, tome IV, 1836, p. 181-192. (2) Tous deux étaient du nombre des trente personnes dont il est question dans l'acte de Philippe de Thiette du 16 décembre 1303, et auxquelles les émeutiers des 29 et 30 novembre de cette année impulaient des perceptions injustes.

(3) Hist. de la Flandre, III, 164ter.

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