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comparée fournirait de curieux renseignements pour l'histoire de notre ancien droit et des aperçus féconds pour notre législature moderne.

Les keuren de 1422 offrent, du reste, comme presque toutes celles appartenant au moyen âge proprement dit, un mélange assez confus de législation sur les matières les plus diverses; elles renferment tout à la fois un code rural et de voirie; quelques dispositions sur le droit de chasse et de pêche, de colombier et de volière; sur la police des cimetières et églises, des marchés de viande et de poisson, des cabarets et auberges; des règlements sur le louage d'ouvrage, sur le travail des bûcherons et des foulons, sur le salaire des géomètres, sur la fabrication clandestine d'étoffes et sur la police des noces; un code pénal en matières criminelles et de simple police; un règlement financier sur les tailles et le droit d'issue; un code de procédure criminelle réglant tout ce qui a rapport aux trèves privées, et stipulant quelques garanties en faveur des particuliers accusés calomnieusement et des magistrats inculpés; un règlement administratif sur la nomination aux fonctions d'échevin, de marguillier ou de maître des pauvres; un code civil traitant des partages, de l'émancipation, de l'inventaire des biens des mineurs, de la nomination des tuteurs, de la vente et de l'adhéritance d'immeubles, du retrait de parenté et de celui accordé contre les acquéreurs étrangers à la châtellenie, de la preuve des obligations ainsi que des droits réels immobiliers, de la préférence due au fermier contre l'acquéreur, de l'expropriation, de la commise seigneuriale, de l'usufruit des fonds de terre, et de la succession mobilière des collatéraux en concours avec des ascendants survivants; et enfin un code de compétence et de pro

cédure concernant le recours au chef-de-sens, la compétence du juge du domicile du défendeur, l'exécution mobilière, la contrainte par corps pour dettes civiles, et la tenue des enquêtes.

A Ypres, comme à Bruges (1), surgirent entre les échevins de la ville, d'une part, et les magistrats de la châtellenie, d'autre part, divers conflits principalement au sujet de la compétence en matière de délits commis par les bourgeois sur le territoire de la châtellenie; du privilége prétendu par les bourgeois, se constituant prisonniers dans la prison du comte, d'être jugés, à raison de ces délits, par les échevins de la ville; de l'autorité due dans l'une des deux juridictions aux réconciliations, trèves et compositions intervenues devant l'autre; de l'assujettissement des bourgeois établis dans la châtellenie aux tailles du lieu de leur résidence; du droit d'issue exigé par la châtellenie à charge des manants ou laeten devenus bourgeois d'Ypres par achat, domicile prolongé ou mariage, et enfin au sujet de l'indemnité due par la ville pour les voitures que les bonnes gens de la châtellenie étaient tenues de lui fournir en temps de guerre.

Toutes ces questions, et d'autres de moindre importance, ne se réglaient ordinairement que par des arrangements temporaires (2).

(1) Hist. de la Flandre, IV, p. 192 à 196.

(2) En 1371, on transigea pour trois ans, en 1415 pour vingt ans. Acte du 6 septembre 1371, au Livre de toutes les keures, fol. 128 à 129 verso. Les pièces DCXLV à DCXLVII de l'Inv. des Arch. d'Ypres, par M. Diegerick, se rapportant audit acte, et l'appointement plusieurs fois cité du 31 mai 1415.

SX. LES VILLES DE MESSINES ET DE ROULERS (1).

MESSINES, enclavée au métier occidental d'Ypres, sur la limite méridionale de la châtellenie et de la Flandre flamingante, anciennement Mecines, en latin du moyen åge Mecina, en flamand Meessen, devrait ce nom, suivant une tradition populaire, à trois jeunes filles (meisjes ou meiskens en flamand) qui y seraient mortes en état de sainteté, et d'après Gramaye, à sa foire annuelle (en vieux flamand misse ou messe, fête). La dernière étymologie est inadmissible en présence de ce fait, que la foire ne remonte pas au delà du règne de Robert le Frison et que le nom de Mecina se rencontre déjà antérieurement. Quant à la légende des trois vierges, elle n'aura sans doute été imaginée, comme tant d'autres récits du même genre, que pour donner à l'origine du nom l'attrait du merveilleux à défaut de l'autorité historique.

Quelque peu de prix que méritent les conjectures en cette matière, nous dirons cependant que nous préférons à ces deux étymologies celle proposée par M. Lansens (2), qui voit dans Meessen une forme flamande de l'allemand Meissen, Misnie, soit que cet endroit ait dû son nom à des émigrants de cette contrée, soit, ce qui a bien plus de probabilité, que Messines ayant, avec la plus grande partie de la Flandre occidentale, servi, dès les premiers temps, de douaire aux femmes des comtes, elle ait été possédée a ce titre par l'épouse de Baudouin le Jeune, Mathilde, fille d'Herman Billung, seigneur des territoires qui formèrent plus tard le marquisat de Mis

(1) Sanderus, II, 379–384.

(2) Alouden staet van Vlaenderen, p. 338.

nie et le duché de Saxe. Rien n'était, du reste, plus usité que d'attribuer aux terres et seigneuries le nom patronymique de leurs possesseurs : témoin les seigneuries de Guisnes et Coucy, de Clèves en Langemarcq, et

autres.

Tous les renseignements historiques que nous pos- . sédons sur Messines se rapportent à l'abbaye de femmes de l'ordre de Saint-Benoît, fondée en ce lieu, sous l'invocation de la bienheureuse Vierge Marie, par Baudouin de Lille, comte de Flandre, et Adèle son épouse, vers l'an 1065 (1). A leur prière, Drogon, évêque de Térouane, exempta la nouvelle abbaye de l'autorité diocésaine, et lui accorda, moyennant une redevance annuelle, l'autel de Warneton, par un diplôme du 28 mai 1065 (2).

De son côté, le roi de France, Henri Ier, frère d'Adèle, voulait investir cet établissement de l'immunité séculière pour ses possessions; la mort prévint l'accomplissement de ce dessein, et cette immunité ne fut assurée à l'abbaye qu'en 1066 par Philippe Ier, son fils et successeur placé sous la tutelle de son oncle, le comte Baudouin, qui en fit délivrer la charte à Furnes (3). L'abbaye comptait originairement trente sœurs choisissant elles-mêmes leur abbesse; un chapitre de douze chanoines chargé du service religieux. Le 2 février 1080 (vieux style), le comte Robert le Frison, se trouvant à Messines, détermina, par un acte solennel, d'après la répartition primitivement faite par la comtesse Adèle, sa mère, la part des revenus consacrée aux chanoines,

(1) L'impératrice Marie-Thérèse supprima l'abbaye et la remplaça par un hospice destiné aux filles en bas âge des militaires par lettres patentes du 30 août 1776.

(2) Miræus, I, 64-65.

(3) Ibid., I, 67.

celle revenant à l'abbesse et destinée aux besoins des sœurs et des domestiques de l'abbaye et à l'entretien d'un hospice desservi par treize frères et sœurs, dans lequel les voyageurs et les étrangers devaient être reçus, et enfin la portion attribuée à l'achèvement des constructions; en vue du grand nombre de miracles arrivés en ce lieu, il ajouta aux possessions de l'abbaye la terre de Scotis (1), d'un revenu annuel de 100 livres, la moitié du tonlieu perçu sur la petite rivière de la Douvie, formant la limite de Messines vers le midi, une rente de 7,000 harengs, et deux dîmes; il accorda, à son tour, l'immunité séculière à l'abbaye, tout en s'en réservant l'avouerie à lui et à ses héritiers. L'abbesse lui concéda une prébende et la participation aux prières et bonnes œuvres de la communauté (2).

Le tonlieu dont il est question dans cet acte était en rapport avec la foire annuelle que ce même comte avait accordée à l'abbaye (5), et dont la durée fut d'abord limitée à quinze jours avant la Toussaint. Le comte Thierri d'Alsace permit de la commencer quatre jours plus tôt, par lettres données à Bapaume en 1158 (4). Nous publions parmi les pièces justificatives du présent volume (n° XXI) le règlement encore inédit de cette foire comprenant le tarif du tonlieu, du mois de mars 1227 vieux style.

La ville de Messines occupait une superficie de

(1) Elle comprenait les paroisses de Noordschote et Zuidschote au métier de Furnes, et paraît avoir eu des dépendances dans celle de Boesinghe, châtellenie d'Ypres. Chartes de Rupelmonde, no 1034. (2) Miræus, I, 69–71.

(3) D'après l'énoncé d'une bulle du pape Eugène III, donnée à Auxerre le 28 juillet 1147 et de la charte du comte Philippe d'Alsace de l'an 1176, dans Miræus, III, 46 et 54.

(4) De Saint-Genois. Mon. anc., p. 474.

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