صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

clôturer et fortifier. Jean, comte de Namur, l'un des fils du comte Gui, envoya à cette fin à Ypres l'un des seigneurs de son parti, et promit même de s'y rendre en personne, après qu'il aurait conféré à ce sujet à Gand avec quatre des principaux bourgeois des quatre paroisses des faubourgs (1).

En 1280, une émeute occasionnée par des bans, keures et estavlissemens des échevins, que les mécontents accusaient de porter grief et dommage à ceux des métiers et au commun profit de la ville, vint gravement troubler la paix publique; les gens de métiers non seulement d'Ypres, mais aussi de la terre du Temple et même de Poperinghe, y prirent une part active. Cet événement est connu sous le nom de Cokerulle.

Vingt-trois ans plus tard, le 29 novembre 1305, les magistrats municipaux se virent de nouveau en proie aux fureurs de la populace et des gens de métiers, nommément des foulons et des tisserands: plusieurs échevins, conseillers et autres bonnes gens y perdirent la vie.

Nous exposerons au paragraphe suivant les détails que fournissent, au sujet de ces deux soulèvements populaires, les documents historiques que nous avons pu consulter.

§ III. DES CAUSES DE LA PROSPÉRITÉ ET DE LA DÉCADENCE DE LA DRAPERIE A YPREs. — priviléges COMMERCIAUX DES HABITANTS (2).

C'est une tâche difficile que de remonter à l'origine

(1) La lettre de Jean de Namur, du 23 novembre 1302, cst conservée aux Arch. d'Ypres, 2e bur. voûté, tiroir B, no 22.

(2) Lambin, Mémoire sur les questions proposées par la Société

de la fabrication des étoffes de laine en Flandre, et de se ren dre compte de l'étendue de ses progrès; mais la difficulté augmente alors que le champ des recherches se limite à l'enceinte d'une ville en particulier. Aussi nuls documents historiques ne nous mettent à même de déterminer une époque précise à laquelle la draperie aurait pris naissance à Ypres; les renseignements parven us jusqu'à nous concernent uniquement la période de sa prospérité. Mais l'état florissant qu'elle avait atteint dès le XIIIe siècle nous autorise à supposer qu'elle avait dû y naître bien longtemps avant d'arriver à un développement aussi considérable.

Dès le temps des Romains, les saies des Morins formaient déjà un objet de commerce; sous Charlemagne, la tonte des moutons, le filage des laines et le tissage des étoffes sont indiqués comme des occupations féminines; ce prince ordonna que ses gynécées fussent pourvus non seulement de lin, mais aussi de laine, de guède, cochenille et garance pour la teinture, de peignes et lames à tisser, de chardons, savons et graisses pour le travail des cardeuses et la foulerie (1). Le cartulaire de Folcuin nous montre, entre les années 843 à 864, les femmes ou filles des colons de l'abbaye de Saint-Bertin, dont les possessions s'étendaient jusqu'aux environs d'Ypres, à Poperinghe et à Passchen

des Antiquaires de la Morinie; Ypres, 1836; et dans les Mémoires de cette Société, I, 76 et suiv.

On peut consulter pour les vues générales Moke, Mœurs, Usages, Fêtes et solennités des Belges (Public. de la Biblioth. Nationale), I, 100, 156; II, 86.

Quant à l'histoire du commerce, nous renvoyons à notre Hist. de la Flandre, II, 181 et suiv.; III, 53 et suiv., et 199 à 214.

(1) Capitul. I, anni 789, c. 79; Capitul. de villis, c. 42 et 43; — Capit. II, anni 813, c. 19; — dans Baluze, I, 240, 337 et 510.

dale, obligées de tisser pour l'abbaye un certain nombre de camsiles ou toiles propres à faire des chemises (1).

Ypres, quoique situé dans les limites des anciens Ménapiens, se trouvait si peu éloigné du territoire des Morins, que la civilisation et l'industrie de ces derniers ne purent lui rester étrangères : c'est de là que lui vinrent les premiers missionnaires chrétiens, et c'est sans doute aussi de là que la fabrication de la laine s'étendit jusqu'aux contrées flamandes (2).

Les anciens colons qui vinrent chercher dans la ville leur affranchissement, devaient tout naturellement puiser les moyens de pourvoir aux besoins d'une existence désormais indépendante dans l'industrie qu'ils avaient exercée jusqu'alors au profit de leurs propriétaires ou seigneurs fonciers. Cette origine pour ainsi dire commune de la ville et de la draperie explique suffisamment pourquoi les mêmes ténèbres environnent le berceau de l'une et de l'autre. Parmi les causes de leur accroissement surprenant, il faut compter en premier lieu la situation avantageuse de la ville, entre Arras et Gand, à un peu plus de 7 myriamètres de chacune de ces deux villes, 5 myriamètres environ de

(1) Cartul. Sithiense, éd. Guérard, p. 97. - Sous Eginhard, abbé de Saint-Pierre, au mont Blandin, 19 colons à Saint-Pierre-Ayghem lez-Gand, étaient tenus de livrer tous les trois ans, chacun un camsilis ou camisilus. Annal. Abb. S. Petri Blandin., Gand, 1843, p. 73.

(2) En admettant l'origine frisonne des habitants d'Ypres, on devrait y reconnaître une cause d'aptitude particulière pour la fabrication des étoffes de laine: les draps ou tissus de Frise étant déjà connus avantageusement au temps des Carlovingiens. De Reiffenberg, Chron. de Ph. Mouskes, II, 794.

D'après Gualbert, no 77, la mère de Guillaume d'Ypres, qui était de condition roturière, ne cessa point de carder de la laine, lanas carpere, tant qu'elle vécut.

Béthune, Saint-Omer, Tournai et Bruges, 5 myriamètres seulement de Cassel, Lille, Courtrai, Thourout et Furnes, dans le voisinage des vastes plaines des côtes de la mer du Nord, encore en grande partie occupées au XIIe siècle par des bergeries (1). Les communications étaient des plus faciles par terre avec le marché si rapproché de Messines et avec la Lys, et par eau d'un côté avec Furnes, et de l'autre avec Dixmude, Nieuport, Bruges et Damme. Un autre avantage naturel consistait, d'après Gramaye (Fland. occids, lib. XII), dans une qualité spéciale des eaux amenées à Ypres des étangs voisins dans des conduits de plomb, au contact duquel elles devaient des propriétés favorables au travail de la foulerie. D'après la tradition locale, celles du ruisseau l'Ypre étaient de leur côté éminem

(1) Les bêtes ovines étaient autrefois bien plus multipliées en Flandre que de nos jours. Presque toutes les prairies sur les côtes servaient à l'élève des moutons. (Hist. de la Fl., II, 50, note 2.) Baudouin de Mons (1067-1070) donna à l'abbaye d'Hasnon une bergerie, berquaria, de 230 mesures (104 hectares 5,188 centiares) à Ramscapelle, laquelle devint ensuite la propriété de l'abbaye de Saint-Nicolas, à Furnes, de même qu'une autre bergerie au même lieu, non loin de la ferme de Hem (1159). Les terres des environs devaient au comte un cens en agneaux (1182). La contribution à un fonds constituant une espèce d'assurance mutuelle pour les bestiaux, y compris même les poulains, portait encore, en 1292, au terroir de Furnes, le nom de hamelingh, dérivé du flamand hamel, mouton. (Chron. S. Nicholai Furnensis, Bruges, 1849, p. 86-88, 195, 197-199.) L'abbaye de Saint-Bertin, échange, en 1114, le tiers du village d'Oosterzeele au pays d'Alost, contre une bergerie à Wulpen, entre Furnes et Nieuport. (Cartul. Sithi., p. 254 et 258.) La seule abbaye de Bourbourg possédait, en 1119, deux bergeries à Loon et à Saint-Folquin (châtellenie de Bourbourg) et une troisième à Slype (au terroir de Bruges). En 1113, nous en trouvons une à Marcq, près Calais (Miræus, IV, 8 et 191). L'abbaye des Dunes devait au comte un cens annuel de 53 moutons, arietes castratos, dont il lui fit remise en 1187. (Chronic. Monast. de Dunis, Bruges, 1839, p. 144.) .

ment convenables pour la teinture (1). A ces divers avantages propres à la localité vinrent se joindre les priviléges dont les habitants se virent de bonne heure favorisés par les comtes, tels que la franchise ou la modération de tonlieux dans les autres villes, et l'établissement à Ypres même de deux foires franches annuelles, dont l'une au moins est certainement antérieure de trois-quarts de siècle à celle de Bruges. Toutes ces causes réunies amenèrent de bonne heure l'exploitation sur une grande échelle de la manufacture des étoffes de laine, de manière que loin de se borner à la consommation intérieure de la ville et de ses environs, elle s'occupa bientôt d'approvisionner également l'étranger.

Quoiqu'il existe de nombreux témoignages de l'état florissant des manufactures flamandes en général durant le XIIe siècle (2), nous n'en avons rencontré aucun qui mentionnât spécialement la draperie d'Ypres (3).

(1) Ipra colorandis gens prudentissima lanis, dit Guillaume le Breton, dans sa Philippide.

(2) Dav. Macpherson, Annals of Commerce, Manufactures, Fischeries and Navigation, etc. 1 vol. p. 270, à la note, en rapporte plusieurs tirés des historiens anglais de cette époque. Nous nous contenterons de citer le Chronicon Joh. Bromton, dans les Historiæ Anglicanae scriptores X, Londini, 1652, col. 897, où il transcrit le 23e chapitre des lois d'Ethelred (978 à 1016) d'après lequel, dans la cité de Londres, Bilynggesgate... Flandrenses..... monstrabant res suas et extolneabant; la Chronica Gervasii monachi Dorobernensis, ibid., col. 1349, à l'année 1139 : Flandrenses... deposito... quod illi populo familiare et quasi proprium est, texendi officio,... in Angliam confluunt; et Giraldi Cambrensis Itinerarium Cambriæ, I, 11, p. 848, éd. de Camden, qui écrivait, en 1188, des mêmes émigrés Erat autem... gens lanificiis, gens mercimoniis usitatis

sima.

(3) L'éloge des draps d'Ypres, attribué par Lambin, Mémoire, p. 28-29, à Alphonse IX, roi d'Espagne, qui aurait commencé à régner en 1188, émane, non d'Alphonse IX, qui régna en Castille

« السابقةمتابعة »