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Je fuyais, mais en vain : il poursuivit sa mère,
Plus brûlant de débauche encor que de colère,
M'atteignit, m'accabla d'embrassemens affreux;
Moi sa mère ! De là tous ces monstres hideux,
Qui, sans cesse conçus et reproduits sans cesse,
Exercent contre moi leur fureur vengeresse.
Du sein qui les fit naître à peine ils sont lancés,
Dans ce sein malheureux tout-à-coup enfoncés,
Ils rongent, en hurlant, leur déplorable mère :
Ce flanc est leur berceau, ce flanc est leur repaire ;
Et, de leur faim cruelle éternel aliment,

Comme pour
leur fureur, renaît pour son tourment.
Ce monstre, dont je suis la mère et la victime,
A grands cris contre moi sans cesse les anime;
Et lui-même bientôt, faute d'autre festin,
Sur l'auteur de ses jours assouvirait sa faim;
Mais il sait qu'à mon sort s'unit sa destinée,
Avec moi triomphante, avec moi terminée :
Ainsi l'a prononcé le pouvoir souverain.

Mais toi, crains de braver sa redoutable main.
En vain le ciel forma ton'armure céleste,
Mon père, tout succombe à son pouvoir funeste,
Et nul, hors l'Éternel, ne résiste à ses coups. >>

Alors l'adroit Satan répond d'un ton plus doux :

« Dear Daughter, since thou claim'st me for thy sire,
And my fair son here show'st me, the dear pledge
Of dalliance had with thee in Heaven, and joys
Then sweet, now sad to mention, through dire change
Befall'n us, unforeseen, unthought of; know,
I come no enemy, but to set free

From out this dark and dismal house of pain
Both him and thee, and all the heavenly host
Of Spirits, that, in our just pretences arm'd,
Fell with us from on high:

« From them I go

This uncouth errand sole; and one for all
Myself expose, with lonely steps to tread

The unsounded deep, and through the void immense
To search with wandering quest a place foretold
Should be, and by concurring signs, ere now
Created, vast and round, a place of bliss
In the purlieus of Heaven, and therein plac'd
A race of upstart creatures, to supply
Perhaps our vacant room; though more remov'd,
Lest Heaven, surcharg'd with potent multitude,
Might hap to move new broils. Be this or ought
Than this more secret now design'd, I haste
To know; and, this once known, skall soon return,
And bring ye to the place where thou and Death

« Ma fille, puisque en moi tu réclames un père,
Puisque, me rappelant une flamme si chère,
Tu rends à ma tendresse un enfant précieux,
Gage de nos amours dans les palais des cieux,
De ces amours si doux dans les temps de ma gloire,
Et dont je n'ai gardé que la triste mémoire,
Depuis que, foudroyés de coups inattendus,

Dans ce gouffre infernal nous sommes descendus,
Ne crains point qu'en ces lieux l'inimitié m'amène ;
L'amour, en te voyant conjurerait la haine :

Toi, ton fils, ces guerriers, qui, sous les mêmes coups,
Dans les mêmes malheurs sont tombés avec nous,
Défenseurs généreux de nos droits légitimes,
Je viens vous arracher à ces profonds abîmes.
Seul chargé par l'enfer d'un périlleux emploi,
Victime volontaire, et n'exposant que moi,
Seul je m'enfoncerai dans ce désert immense
Où finit la nature, où le vide commence.
J'irai, je chercherai dans ces vastes déserts
Ce monde tant de fois prédit à l'univers.
Si j'en crois mes calculs, il est créé, ce monde
Où des êtres nouveaux, dans une paix profonde,
Trouvant un autre ciel dans les confins des cieux,
Foulent dans un air pur un sol délicieux :
Êtres favorisés, que leur souverain maître
A repeupler le ciel a destinés peut-être.
Mais ce Dieu loin de lui les retient pour un temps,
Il a peur que les cieux, surchargés d'habitans,
A des troubles nouveaux ne soient livrés encore.
Qu'il ait formé ce plan, ou d'autres que j'ignore,
Adieu, je pars; je vais reconnaître ces lieux,
Et reviens vous conduire en cet asile heureux,

Shall dwell at ease, and up and down unseen
Wing silently the buxom air, imbalm’d

With odours; there ye shall be fed and fill'd
Immeasurably, all things shall be your prey. »

He ceas'd, for both seem'd highly pleas'd, and Death Grinn'd horrible a ghastly smile, to hear

His famine should be fill'd; and blest his maw,
Destin'd to that good hour: no less rejoic'd
His mother bad, and thus bespake her sire:
« The key of this infernal pit by due,
And by command of Heaven's all-powerful King,
I keep, by him forbidden to unlock

These adamantine gates; against all force
Death ready stands to interpose his dart,
Fearless to be o'ermatch'd by living might.
But what owe I to his commands above

Who hates me,
and hath hither thrust me down
Into this gloom of Tartarus profound,
To sit in hateful office here confin'd,
Inhabitant of Heaven, and heavenly-born,
Here in perpetual agony and pain,

With terrors and with clamours compass'd round
Of mine own brood, that on my bowels feed?
Thou art my father, thou my author, thou

My being gav'st me; whom should I obey
But thee? whom follow? thou wilt bring me soon

To that new world of light and bliss, among

Où, par les voluptés remplaçant les supplices,
Libres, rassasiés d'innombrables délices,
Toi, ton fils, vous pourrez, invisibles aux yeux,
Vous glisser en secret dans l'air silencieux,
Vous embaumer de fleurs, vous inonder de joie,
Et jouir triomphans de votre immense proie.
D'allégresse à ces mots tout leur cœur tressaillit;
Par un sourire affreux le Trépas l'accueillit;
Chacun, croyant déjà dévorer ses victimes,
Jouit, l'un de sa proie, et l'autre de ses crimes.
La Révolte à Satan adresse alors ces mots :

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<< Seule je tiens ici la clef de ces cachots:
Par l'ordre du Très-Haut j'en suis dépositaire,
J'en réponds à lui seul ; et ce maître sévère,
Si ce dépôt sacré passait en d'autres mains,
Menace de venger ses ordres souverains.
Rien ne peut violer la porte inviolable;
Si quelqu'un le tentait, terrible, inébranlable,
Le Trépas, plus puissant que ce triple rempart,
A l'audace imprudente opposerait son dard :
Tous les pouvoirs vivans cèdent à sa puissance.
Mais quels droits a sur moi ce Dieu dont la vengeance
Me plongea dans ce gouffre, où moi, fille des cieux,
Condamnée à remplir mon office odieux,

Au milieu des tourmens et de l'ignominie,
Éprouvant les horreurs d'un longue agonie,
J'entends incessamment gronder autour de moi
Ces monstrueux enfans, mon fléau, mon effroi,
Qui déchire mon sein et vivent de leur mère?
Que mes fils soient ingrats, je dois tout à mon père.
Quels droits sont plus sacrés ? C'est toi, toi qui bientôt

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