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y a long-tems qu'on fe plaint, avec raison, de n'avoir point de Livres à donner aux enfans. Les grandes Hiftoires font trop confidérables pour cet age peu capable d'une lecture de longue haleine; & d'ailleurs, dans les hiftoriens les plus aufteres, il fe rencontre quelquefois des traits dangereux pour des cœurs encore foibles: le vice y parle fouvent auffi haut que la vertu. Les recueils de traits intéressans, d'anecdotes curieufes, &c... qui, par leur forme & par leur objet, fembleroient devoir entrer dans un cours d'éducation, en font écartés, avec un foin juftement fcrupuleux, par tous les fages inflituteurs. Sans parler des négligences & des abfurdités dont font ordinairement remplies la plupart de ces productions éphémères, combien n'y trouve-t-on pas de traits licentieux, d'anecdotes libertines de faillies lubriques, de réflexions téméraires, capables de pervertir le plus heureux naturel, fur-tout dans cet inftant de la vie où les paffions effayent leur empire? On diroit que les auteurs de ces pernicieux Ouvrages n'ont cru mériter les fuffrages du Public, qu'en offenfant fes regards, en leur offrant les triftes preuves de la foibleffe du cœur humain. Jugeons mieux de notre fiècle. Quelque perverti que nous le fuppofions, il aime, il prêche, il encourage la vertu ; & c'eft lui payer le tribut de respect que lui doit tout homme qui

écrit pour fes femblables, que de lui préfenter des -' productions capables d'en perpétuer la pratique. Nous ofons efpérer que le Dictionnaire historique d'Education fera de ce nombre. L'attention fcrupuleufe que nous avons apportée dans le choix des faits, la fimplicité avec laquelle nous les expofons, le foin que nous avons eu d'envelop→ per du voile de l'Hiftoire les leçons de la morale, même la plus auftere, tout, en un mot, doit le faire regarder comme la bibliotheque des enfans.

Les modèles que nous leur offrons peuvent, en. excitant en eux le noble defir de les imiter, les prémunir contre les exemples dangereux, qui viennent de toutes parts attaquer leur foibleffe. Par l'heureufe habitude qu'ils contracteront à l'é cole des héros & des fages de tous les fiécles, ils apprendront fans peine à difcerner le faux éclat dont fe pare le vice, d'avec la gloire réelle de la vertu. En voyant marcher, pour ainfi dire, à leur tête, dans les fentiers de l'honneur, des Rois, des Princes, des Généraux, des Saints, un fublime enthoufiafme faifira leur ame. Accoutumés à ne voir que des traits frappans de magnanimité, de fageffe, de bienfaifance, &c.... ils de viendront magnanimes, fages, bienfaifans, &c... par émulation; & c'eft le principal avantage que nous nous promettons de l'Ouvrage que nous leur mettons entre les mains.

Il eft d'autres avantages acceffoires, qui ne font pas à négliger. La variété des faits piquera leur curiofité, fans fatiguer leur attention. Ils trouveront dans prefque tous les articles, & furtout dans les titres BON-MOT, Naïveté, PLAISANTERIE, REPARTIE, une foule d'anecdotes récréatives & décentes, qui enrichiront leur mémoire, fans offenfer leurs mœurs, & qui donneront à leur efprit cette tournure agréable, qui plait tant dans le monde.

Notre but a été, non pas de faire un Ouvrage volumineux : nous n'eussions écrit que pour un petit nombre d'opulens; mais de composer un bon recueil qui fût d'une acquifition facile. Ainfi nous n'avons point épuifé le vaste champ de l'Hiftoire; mais, de toutes les fleurs qui le décorent, nous avons choifi les plus apparentes, & celles qui pouvoient répandre plus efficacement la bonne odeur de la vertu.

Au refte, tout ce que renferme notre Dictionnaire fuffit pour donner aux jeunes-gens une connoiffance plus que générale de l'Hiftoire ancienne & moderne, facrée & profane.

Nous le terminons par une table alphabétique & raifonnée, dans laquelle nous indiquons le fiécle, le pays, la qualité, & le tems de la mort des grands hommes dont nous rapportons les actions ou les paroles. C'est une autre forte de

Dictionnaire, dont l'utilité fè fera fur-tout fentir aux jeunes-gens, occupés de l'étude des langues, & qui trouvent fans ceffe dans les Auteurs anciens des perfonnages qu'il leur eft avantageux de connoître, pour fe faire une idée plus jufte de leur Hiftoire.

Peres & meres, fagès inflituteurs, nous nous croirons amplement dédommagés de nos travaux, fi vous les jugez dignes de feconder votre zèle, & de contribuer à former des citoyens vertueux!

DICTION

DICTIONNAIRE

HISTORIQUE

D'ÉDUCATION.

AB NÉGATION.

S

Aint Spiridion, évêque de Trémitonte, dans l'ifle de Chypre, partageoit fon revenu en deux portions égales. L'une étoit diftribuée aux pauvres; l'autre fervoit à sa subsistance, & plus encore à prêter à tous ceux qui étoient dans le befoin. Si quelqu'infortuné, preffé par des créanciers impitoyables, manquoit de reffources pour les fatisfaire, il en trouvoit une affurée auprès du faint prélat, qui lui difoit avec bonté : « Allez » à mon coffre, mon ami; prenez ce qui vous fera néceffaire rapportez-le quand vous pourrez; car cet argent n'eft point à moi : il appartient à l'indigence; » & l'on prenoit ce qu'on vouloit, fans que ce généreux pasteur parût y faire la moindre attention. Un jour, un homme abufa de ce détachement héroïque. Il crut pouvoir tromper le charitable évêque. Il lui avoit emprunté une fomme très-confidérable: il la rapporte, IL D.d'Educ. T. I,

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