صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

mettaient en œuvre les menaces et les faveurs de

l'Église pour augmenter le concours du peuple à la foire de Saint-Gilles, et aplanir la voie aux pélerins et marchands.

Après un préambule remarquable sur l'aumône qui éteint les péchés comme l'eau éteint le « feu, et que les saintes Écritures, en cent en⚫ droits, élèvent au-dessus des autres vertus » ; après un brillant éloge du très excellent prince duc de Normandie qui a daigné ratifier tous les <dons faits aux pauvres lépreux du Mont de Saint

[ocr errors]
[ocr errors]

Jacques par la grande dévotion et piété des fi

dèles,» l'archevêque Rotrou renouvelle les réglements suivants, établis par Hugues d'Amiens, son prédécesseur :

1o Ceux qui seront agrégés à la confrérie des Lépreux, ceux qui les aideront à vivre dans la discipline régulière et à servir Dieu, ceux qui viendront à la foire des calendes de septembre, établie dans une pieuse intention auprès de leur monastère, obtiendront, par le fait, remise du tiers de leur pénitence;

2° S'ils meurent dans l'année, après avoir remédié aux maux de leurs âmes par ces œuvres salutaires, ils obtiendront sans difficulté les prières de l'Église et une place dans le cimetière ;

3° Ils sont déchargés des pénitences et péchés oubliés;

4° L'Église de Rouen étend sur eux sa protection pendant qu'ils vont à la foire, et qu'ils en reviennent. Quiconque les inquiétera dans leur marche, demeurera excommunié jusqu'à satisfaction convenable;

5° Il est enjoint aux doyens et curés d'accueillir avec bienveillance les clercs qui conduisent les pélerins à la foire.

Placée aux portes d'une ville considérable, sur la grande voie qui, par le port de Dieppe, unissait la haute Normandie à l'Angleterre, favorisée par les indulgences de deux archevêques, sanctifiée par un but religieux et charitable, la foire ou pélerinage de Saint-Gilles du Mont-aux-Malades dut obtenir autrefois un grand développement. Les paroisses, déployant leurs bannières au vent, s'y rendaient de loin sous la conduite de leurs pasteurs; car en ces temps de foi naîve, une relique, le nom d'un saint révéré mettaient en mouvement des provinces entières. Ces foires si fameuses de Saint-Denis, de Beaucaire, de Lorette, de Pavie, de Lyon, dite la foire des Merveilles, où l'on venait de tous les royaumes de l'Europe, n'étaient dans l'origine que des pélerinages. La foire du Mont

aux-Malades n'a pas survécu à la Révolution. En 1729, elle avait encore rapporté 18 livres aux religieux, et 40 livres en 1751.

Grâce à l'exemple des princes et aux faveurs de l'Église, le nombre des bienfaiteurs du prieuré croissait de jour en jour. Hugues de Mireville donna la terre nécessaire à l'agrandissement d'un vivier dépendant de la baronnie de La Houssaie. Sont témoins de la dotnaion du côté des religieux : Nicolas, prieur, Radulphe, frère du prieur, frère Hervé et plusieurs autres, etc. Plures alii ex fratribus. .., ce qui indique un Chapitre déjà nombreux. Raoul, fils d'Étienne, renonça en leur faveur au patronage de Saint-Pierre de Carville, et de la chapelle de Saint-Ouen de Longpaon. Il en fit un don solennel à Dieu, et aux bienheureux Saint-Jacques du Mont-aux-Malades dans l'église même de Saint-Pierre, en présence de frère Wuimond, et d'un grand nombre de paroissiens. Plus tard, les prieurs du Mont-aux-Malades prétendirent avoir le droit d'officier à Carville aux grandes fêtes, et notamment à celle du patron. La paroisse s'y opposa, de graves procès s'en suivirent (1).

Les chanoines de Saint-Jacques étaient devenus

(1) Pièces justificatives, no 6.

assez riches pour acquérir des maisons et des terres; ils achetèrent de Guillaume Baril, au prix de 32 marcs d'argent, le Mont-Robert, situé à l'orient de leur Prieuré, et en firent une sorte de villa où ils allaient prendre l'air et quelques divertissements, d'où cette terre fut appelée, pendant 400 ans, Bruyères des Lepreux. Un conseiller au Parlement de Normandie, nommé Fortin, l'acheta au XVI° siècle, et lui donna son nom. Possesseurs à leur tour en 1621, les jésuites du collège de Rouen tentèrent long-temps d'en faire un MontSaint-Ignace; le public s'est obstiné à l'appeler Mont-Fortin (1).

Une acquisition non moins remarquable fut celle d'un moulin et de viviers adjacents, situés à Maromme, qui coûtèrent 15 marcs d'argent. Les chanoines de la métropole de Rouen avaient sur ce moulin des droits seigneuriaux, en vertu desquels ils se réservèrent une rente annuelle de trois sous, payables à la Saint-Remi. Le contrat fut passé par-devant le Chapitre, et ratifié par une charte du doyen Geoffroi II.

Cependant, cette rapide fortune des religieux

(1) Inventaire des Titres du Collège de Rouen, ms. in-folio, p. 303; archives du dép.

du Mont-aux-Malades cachait un malaise assez profond. Soit que leur maison fut surchargée de lépreux, soit que la passion d'acquérir les entraînât trop loin, leurs dépenses dépassaient tout-àfait la limite de leurs ressources. « Nous sommes « accablés de dettes énormes, écrivait leur prieur « à l'archevêque de Cantorbéry, surtout à cause « d'une maison que nous avons achetée l'an der«nier (1164); presque tous les jours, nous << sommes contraints de descendre à la ville, en suppliants, pour solliciter des délais de paie« ment. »(1)

a

Je passe sous silence quelques faits du même genre, pour arriver à des événements d'un ordre plus élevé qui vont jeter un éclat inattendu sur le prieuré du Mont-aux-Malades, et fournir quelques pages glorieuses à ses modestes annales.

(1) ... Debito namque tanto sumus obligati, præcipuè pro domo quam emimus anno præterito, quòd, quasi singulis diebus, ut terminum differamus, supplicando, nos oporteat ingredi civitatem. [Script. rer. Franc., t. XVI, p. 237.]

« السابقةمتابعة »