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• d'une foule innombrable de peuple. Toutes les fenêtres étaient remplies de dames et de person◄ nes de qualité qui avaient voulu prendre part au plaisir que donne la vue d'an si superbe équipage. Et quand il passa dans la grande place • du Vieux-Palais, il aperçut leurs Altesses roya« les avec toute la cour, qui, des fenêtres et des balcons, regardaient passer ce magnifique cortége qui le remena chez lui. Le lendemain, sur les huit heures du soir, M. le comte de Piosas que, et M. le comte de Scaravelle qu'il • reçut dans un fort riche appartement, le menè• rent à sa première audience dans les carosses de leurs Altesses royales. Il les harangua en présence ⚫ de toute la cour, et fit un discours qui répondit parfaitement à la haute estime qu'elles avaient déjà conçue de son mérite et de la délicatesse de son esprit. Aussi, reçut-il d'elles beaucoup de • marques de respect pour sa Majesté, et tous les témoignages d'agrément qu'il pouvait souhaiter pour sa personne. M. l'abbé d'Estrades est sorti depuis peu de l'ambassade de Venise, où il a paru avec avantage pour le service du roi, et avec beaucoup de gloire pour sa famille (1).

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(1) Mercure Galant. Décembre 1679, 128, 135.

Rendu par goût et non par disgrâce à une vie plus modeste, l'abbé d'Estrades se dérobait quelquefois au voisinage de Versailles pour goûter la paix profonde de sa solitude du Mont-aux-Malades, où les religieux l'entouraient de soins et d'égards, qu'il rendait avec une parfaite bonne grâce (1). Il mourut, le 10 mai 1715, à l'âge de 74 ans, dans sa maison de Passy, et fut inhumé dans l'église de ce lieu (2). Wicquefort a vanté sa grande élévation d'esprit, sa profondeur de jugement: « Il n'y a rien « de si jeune, dit-il, mais aussi, il n'y a rien de si prudent et de si habile. » Il ne craint pas de l'associer au cardinal d'Ossat, au président Jeannin, et aux plus grands noms de la diplomatie (3). Le duc de Saint-Simon, qui, comme on le sait, ne fait grâce à personne, n'a que des éloges pour l'abbé d'Estrades, qu'il fait mourir non à Passy, mais à Chaillot, « où sa pauvreté, dit-il, lui avait

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fait louer une maison depuis bien des années, pour y vivre à meilleur marché et en retraite. «Il était fils du maréchal d'Estrades, et avait très « bien réussi à Venise et à Turin, où il avait été

(1) Actes de Visites, au 7 juillet 1705, 23 mars 1706, 22 août 1707, 4 juillet 1708, 4 juillet 1709, aux Archives.

(2) Journal de Verdun, 1715, juillet, p. 69.

(3) Mémoires d'Amelot de la Houssaie. t. II, p. 426.

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ambassadeur, mais il s'y était fort endetté. Il • vécut fort exemplairement et fort solitairement à ⚫ Chaillot. Ses dettes étaient presque toutes payées. « Il avait l'abbaie de Moissac, et dix mille livres de pension sur les abbaies de l'abbé de Lyonne. On << aurait pu se servir fort utilement de lui, mais on ⚫ ne voulait que des gens qui pussent et voulussent ◄ bien se ruiner, et non pas de ceux qui s'étaient « déjà ruinés en ambassades (1). »

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Par la mort de cet illustre abbé, dit le journal de Verdun, il vaqua de très bons bénéfices qui réveillèrent l'ambition des aspirants. L'abbé de La Roche eut Saint-Mélaine, et l'abbé de Saint-Simon, Saint-Pierre de Moissac. Le Mont-aux-Malades échut à Messire Robert Perrot, prêtre, docteur en théologie, et déjà abbé de Saint-Sauveur de l'Etoile. L'abbé Perrot avait l'honneur d'être attaché à l'éducation de Louis XV; il était le maître de lecture du jeune monarque, pour lors, âgé de six ans (2). Dans la suite, son royal élève le créa gardien de la bibliothèque de son palais de Versailles, et le retint toujours auprès de lui, en récompense de ses services. Il ne se montrait guères dans son

(1) Mémoires du duc de Saint-Simon. t. XII, p. 133-4.

(2) Journal de Verdun, mars 1716 ct Mercure Galant, février 1716.

prieuré, mais il était bien connu des pauvres auxquels il faisait distribuer d'abondantes aumônes par les mains des curés de Saint-Aignan et du Mont-aux-Malades. Deux enfants nouveaux-nés, qu'on avait exposés en ce lieu, furent élevés à ses dépens (1731). Il contribua généreusement à la construction du presbytère de Saint-Aignan (1735). Il était digne à tous les titres du banc seigneurial, dit de la Vastine, qu'on lui réservait par honneur dans l'église paroissiale de Saint-Jacques. Il mourut à Versailles, le 24 avril 1742, à l'âge de 82 ans (1).

Il fut remplacé par Monseigneur Jean-LouisDulau de la Côte, conseiller du roi, baron de Lauzières, évêque et seigneur de Digne, dont la famille devait bientôt donner un martyr à l'Église (2) de Paris, où il habitait, rue de Tournon, à l'hôtel de la Frésilière, il s'occupait activement des affaires de son prieuré. Il fit dresser un inventaire exact et détaillé du chartrier. Dom Gédéon de Coligny, prieur claustral, et l'abbé Terrisse, grand archidiacre et chanoine de Rouen, furent commis par lui pour exécuter cet important travail qui dura huit

(1) Journal de Verdun, juillet 1742 et Gazette de France, 5 mai 1742.

(2) Mgr. Dulau, archev. d'Arles, massacré aux Carmes le 2 scptembre 1792.

jours (1743). Il n'avait encore que trente huit ans, lorsqu'il mourut à Paris, le 15 novembre 1746.

A Monseigneur Dulau, succéda à Digne l'abbé de Jarente, et, au Mont-aux-Malades, messire ArmandFélix-Gaston d'Andlau, prêtre, docteur en théologie de la faculté de Paris, premier chevalier héréditaire du saint empire Romain, conseiller et aumônier ordinaire du Roi, et abbé commendataire de Notre-Dame de Tenailles. Ce fut le 11 janvier 1747, qu'il prit possession de notre prieuré, qui se trouva bien de sa longue administration. Il cxiste encore une lettre de lui, qui témoigne de sa vive sollicitude pour le trésor des chartes (1** mai 1748). Il fit dresser un Etat du temporel, et rédiger des terriers des propriétés de la maison. On peut voir encore aux archives le magnifique terrier de la Houssaie, dont la confection coûta plus de trois cents livres; un plan de la Vastine et une carte générale de la paroisse de Saint-Aignan. Après trois ans de jouissance, Armand d'Andlau avait dépensé six mille livres en réparations et réédifications. Ce fut sous sa gestion que le prieuré recouvra l'ancienne baronnie de Nointot, dont un autre commendataire l'avait dépouillé.

On se rappelle qu'en 1664, Bertaut de Fréauville l'avait cédée à M. de Mouchy. Celui-ci avait

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