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Les abbés Sonnes, successivement vicaire de Préaux, de Saint-Lô et de Saint-Vincent, auteur des Anecdotes Ecclésiastiques, Bénard, curé de Saint-Jacques de Dieppe, Heusey, curé du Pollet, Bigot, curé de Limay, Raguenet, curé de SaintAignan-les-Rouen, Deleau, curé de Saint-Martinaux-Arbres, etc., etc., servaient activement le parti en chaire ou par leurs écrits. Le Feuillant DomLouis de Saint-Robert, prétendait opérer des miracles à Ouville-l'Abbaye avec les reliques du diacre Pâris. Un sous-diacre de Rouen, nommé Leclerc, soutenait l'infaillibilité du saint Diacre, comparait ses jugements à ceux des apôtres, et rééditait en Hollande les fameuses Nouvelles ecclésiastiques. Dans les abbayes de Saint-Amand, de Montivilliers, de Fécamp, de Jumiéges, etc., il y avait des jansénistes qui bravaient les lettres de cachet et la persécution (1).

Monseigneur d'Aubigné, archevêque de Rouen, agit vigoureusement pour dissiper ce qu'il appelait « un parti monstrueux, qui semblait se grossir à

mesure qu'on s'efforçait de le détruire. Les jansé• nistes sont partout, dit-il, et dans tous les états, et

(1) N.N. E.E. passim.

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toujours d'une hardiesse et d'une malignité sur« prenantes (1).

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De toutes les congrégations religieuses, la plus gangrenée peut-être était celle de nos Génovéfains. On vit plusieurs de leurs Maisons, comme le collége de Senlis, les prieurés de Sainte-Catherine de Paris et de Saint-Volusien de Foix, adhérer capitulairement et unanimement à M. de Senez et à l'appel de la Bulle. Plus de cent trente des leurs protestèrent par écrit contre leur chapitre général de 1745, duquel les députés appelants furent exclus. Le prieuré du Mont-aux-Malades devint, au milieu du dix-huitième siècle, une sorte de pénitencier pour les sujets que leur résistance à l'église désignait à la sévérité des supérieurs. Nous y voyons, entre autres, le P. Dalleaume, prieur de SaintQuentin, destitué; le P. Huet de Dampierre, PrieurCuré de la cathédrale de Blois, exilé; le P. Pierre Pinchon qui avait trouvé à propos de soutenir des thèses à Sainte-Geneviève sur la chute du pape Libere, et les erreurs des conciles de Séleucie et de Rimiui; le P. Souchay, prieur de Saint-Maurice de Senlis; le P. François Dupré, expulsé du

(1) Lettres à madame de Maintenon, 5 décembre 1714 et 18 août 1715.

collége de Senlis avec cinq autres professeurs appelants; le P. Pierre Cassan, procureur de l'abbaye de Saint-Jean-de-Chartres, destitué par le P. Chambroi, abbé de Sainte-Geneviève; le P. Jacques Houlette, exilé de son prieuré de Saint-Acheul; le P. Jean Scoffier, ex-supérieur du collège de Senlis, en révolte ouverte contre les chapitres généraux de 1745 et 1748; enfin le célèbre P. Alexandre-Gui Pingré. Ce dernier né à Paris, en 1711, avait fait ses études chez les Génovéfains de Senlis et pris l'habit de leur ordre à 16 ans. A 24 ans, on le jugea digne d'occuper une chaire de théologie, mais ses opinions sur la Grâce et sur la Bulle alarmèrent bientôt ses supérieurs et le gouvernement même. C'est en vain que Mouseigneur de Salignac de la Motte Fénélon, évêque de Pamiers, essaya de le convaincre dans plusieurs conférences qu'il eut avec lui au prieuré de SaintVolusien de Foix; rien ne pouvait ramener cet esprit ardent et égaré. En conséquence, il eut ordre de quitter Foix avant l'ouverture des États du Comté, et d'aller enseigner les premiers éléments de la grammaire dans un collége obscur. En quatre ans, il reçut cinq lettres de cachet, dont l'une le relégua au Mont-aux-Malades, en 1750. Nous dirons plus tard ses succès extraordinaires dans

l'étude des mathématiques et surtout de l'astronomie; heureux succès, s'ils ne l'eussent complétement distrait de sa vocation première.

Ces hommes superbes, aigris par leur disgrâce, signaient ainsi l'acte de la rénovation annuelle de leurs vœux, en présence du visiteur de l'ordre, et en quittant l'autel :

FRÈRE GARNIER, sans préjudice de mes protestations contre le chapitre général, et de mes autres protestations dans lesquelles je persiste (1746).

FRÈRE SCOFFIER, persistant dans mes oppositions (1753).

FRÈRE HUET DE DAMPIERRE : sans préjudice de mes protestations (1753)..

FRÈRE CASSAN, conformément à mes oppositions (1755) (1).

De là, les mesures sévères des Pères Généraux, les brusques déplacements, les translations continuelles de religieux partant du Mont-aux-Malades pour Châteaudun, Sainte-Catherine de Laval, le Val des Écoliers, Essone, Sainte-Barbe en Auge, Saint-Jean de Chartres, Notre-Dame d'Eu, ou arrivant de Saint-Martin de Nevers, de SainteHonorine de Grâville, de Notre-Dame de Ham, de

(1) Registres du Mont-aux-Malades, aux Archives.

Saint-Éloi de Lonjumeau, de Toussaint d'Angers, de Saint-Denys de Reims, de Saint-Vincent de Senlis, de Notre-Dame de Beaugency, etc., etc.

Le relâchement de la discipline et des mœurs suivait naturellement l'altération de la foi et de la concorde. Dans les beaux jours de la ferveur primitive, à peine entendait-on parler ça et là de quelques légères infractions aux statuts de la congrégation réformée. Au milieu du xvII° siècle, les plus grands griefs des chapitres généraux de SainteGeneviève, sont contre les cheveux poudrés, l'usage des perruques, des fourchettes d'argent, et des calottes de feutre ou de marocain qui, peu й peu, supplantaient la pauvre calotte de laine. Si quelques soutanelles, juste-au-corps ou casaques, osaient se montrer, les Pères visiteurs en faisaient bonne justice, en fouillant les vestiaires des maisons, et faisant déchirer devant eux ces habits réputés trop mondains (1). Le mal devient plus sérieux à mesure que le xvir° siècle avance. Des chanoines réguliers, émules des prélats et des riches abbés, se font porter en chaises roulantes. On signale, devant la diète générale de l'ordre, des religieux dissipés et sensuels, des supérieurs peu atta

(1) Registres des visites et des actes capitulaires.

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