صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Bientôt, en vertu des décrets de l'Assemblée nationale, les officiers municipaux du Mont-auxMalades se présentèrent au prieuré pour dresser un état de tout ce qu'il renfermait. Dom le Lorrain livra ses registres de comptes, et ouvrit toutes les portes sans résistance. La sacristie, la bibliothèque, la cave, la cuisine, les cellules des chanoines furent visitées, et tout jusqu'aux plus petits objets fut scrupuleusement inventorié. Cependant les religieux conservèrent encore l'usage de leur mobilier, moins la bibliothèque et les archives, qui furent fermées et scellées du sceau de la commune (24 avril 1790) (1).

Le lendemain 25 avril, nouvelle visite des municipaux qui viennent savoir des religieux s'ils désirent continuer ou non à vivre dans les observances de leur Ordre. C'était donner le signal du départ aux apostats. Mais aucun des trois religieux ne songeait à trahir ses devoirs envers Dieu. Dom François Grisel, né à Paris, âgé de 54 ans, ancien prieur-curé de Dians au diocèse de Sens, réclama d'abord les meubles de sa cellule, fruits de ses épargnes et des dons de sa famille, injustement portés sur l'inventaire de la veille. Ensuite, il fit

(1) Original du procès-verbal.

cette déclaration qui fut insérée au procès-verbal :

[ocr errors]

J'ignore quels couvents seront conservés et quel « en sera le régime, je ne puis donc déclarer si je « dois y rester ou non, et sur ce point, je me ren« ferme dans le silence. Du reste, je proteste de mon respect pour l'Assemblée nationale, et je forme des vœux pour une sage liberté. »

[ocr errors]
[ocr errors]

Dom Louis Pâris, vieillard septuagénaire, ancien prieur-curé des Chaises au diocèse de Chartres, dit : « Je ne puis moi-même fixer mon sort, à « moins qu'on ne m'obtienne de mes supérieurs légitimes une dispense générale ou partielle, et • qu'on ne m'ait désigné une maison convenable à • mon état d'infirmité. Que si, au défaut de ces ⚫ conditions essentielles, je suis contraint par la « force de quitter cette retraite, ma conscience et ⚫ l'acte de cette déclaration me justifieront auprès des hommes justes et de Dieu. Je déclare de plus que je ne sortirai d'ici que sur la réserve d'y rentrer, si le cas le permet. » Dom le Lorrain, qui cumulait les fonctions de curé et de prieur, fut dispensé de faire une déclaration, et le reste de l'année s'écoula assez paisiblement (1).

Mais le 4 décembre, à 9 heures du matin, arri

(1) Original du procès-verbal.

vèrent deux agents du district, MM. Goube et de Bonne, pour vérifier l'inventaire des municipaux. A dater de ce jour, les religieux du Mont-auxMalades ne furent plus que des étrangers dans leur propre maison; une pension de mille livres fut assignée à chacun, et ils furent déclarés comptables à la nation du reste de leur revenu. Le sceau du district fut ajouté à celui de la commune sur les portes de la bibliothèque et du Chartrier. Le mobilier de la maison et de la sacristie fut jeté dans une salle dont les agents du district scellèrent la porte. Là, croix, flambeaux, encensoirs, antiphonaires, tapis, chapes, chasubles, demeurèrent entassés pêle-mêle avec le linge de table, de lit et de cuisine, en attendant qu'on mit le tout à l'encan. Ce qui restait du linge, étant de la plus « médiocre valeur, dit le procès-verbal, a été distribué à ces messieurs pour leur usage. On laissa à l'église un calice, un ciboire, cinquante chaises; à chaque religieux, deux aubes, deux surplis et un couvert. Le reste de l'argenterie, le bâton de chantre avec son couronnement, lcs vases sacrés furent emportés chez M. Aviat, trésorier du dis

trict.

[ocr errors]

Voyant que c'en était fait de son monastère, Dom le Lorrain essaya du moins de sauver l'église,

en la convertissant en église de paroisse. Messieurs du département permirent ce changement par un arrêté provisoire, et Monseigneur l'Archevêque députa au Mont-aux-Malades M. Blanquet, curé de Saint-Maclou, doyen de la chrétienté, pour constater le mauvais état de l'église Saint-Jacques, et procéder à une information en règle. M. Blanquet ayant convoqué tous les notables dans l'église Saint-Jacques, il y fut décidé, à la majorité de trente-cinq voix contre sept, que l'opinion de M. le curé serait suivie, et qu'on solliciterait de l'autorité ecclésiastique la translation provisoire du service paroissial dans l'église Saint-Thomas. (5 octobre 1790). Le 22 décembre suivant, Monseigneur de la Rochefoucauld rendit l'ordonnance suivante : « Vu la requête à nous présentée par les sieurs Druy et Delahaye, représentants de la paroisse « du Mont-aux-Malades, la déclaration et consen«tement de M. le Lorrain, prieur-curé, et la non

[ocr errors]

α

opposition de Messieurs Pâris et Grisel.., le pro« cès-verbal d'information du sieur curé commis«saire, en date du 5 octobre..., tout considéré, le

[ocr errors][ocr errors]

saint nom de Dieu invoqué, nous avons, pour ce qui nous touche et concerne notre juridiction spirituelle, transféré l'office de l'église paroissiale de Saint-Jacques du Mont-aux-Malades

[ocr errors]
[ocr errors]

⚫ en l'église conventuelle des chanoines réguliers ⚫ de la congrégation de France, sise au même lieu, ⚫ autorisant en conséquence le sieur curé à célébrer l'office divin dans ladite église, à y faire la publication des bans de mariage, convoquer les assemblées ordinaires et d'usage, et généra«lement faire tout ce qui appartient aux devoirs et « fonctions de curé; ordonné néanmoins que ledit sieur curé conviendra avec les religieux de la « communauté de l'heure où se fera l'office paroissial, les jours de dimanche et de fête, de manière que l'office canonial de ladite commu« nauté ne soit ni empêché, ni interrompu; sera notre présente ordonnance lue au prône le « dimanche qui suivra sa réception, (22 décembre « 1790.)

[ocr errors]

Cependant, on demandait à grands cris aux curés le sermentà la constitution civile du clergé. La loi du 26 décembre qui le prescrivait, fut placardée au Mont-aux-Malades le 20 janvier 1791. Mais trois jours après, force fut à la municipalité d'adresser le rapport suivant aux administrateurs du district:

« Cejourd'hui, dimanche 23 janvier 1791, à l'issue de la messe paroissiale, ayant été de• mandé par la municipalité, en présence de l'as

« السابقةمتابعة »