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toyen Auber, notable de la municipalité, on acheva de spolier les deux églises du Mont-aux-Malades. Tout ce qu'elles renfermaient, jusqu'à la boîte aux huiles saintes, jusqu'aux draps de corps rehaussés d'étoiles et de lames d'argent, fut porté à l'administration du district révolutionnaire, avec le plomb des fonts baptismaux, et dix-huit cents livres de fer provenant des frises des stalles, des barrières du choeur, et des rampes de la chaire (29 pluviose, an 11).

L'église Saint-Thomas-le-Martyr ne s'appelle plus dans les actes publics que la ci-devant église du Mont-Libre, ci-devant le Mont-aux-Malades. La Société populaire et républicaine du Mont-Libre s'y installe, et les Brutus du village y viennent pérorer contre les ennemis de la patrie. Un malheureux vint un jour leur faire hommage de la croix et des chandeliers de la ci-devant confrérie; peu s'en fallut qu'il ne fût incarcéré, car un orateur l'apostrophant avec véhémence du haut de la tribune, l'accusa, avec raison, d'obéir à la peur, et non à un sentiment de patriotisme, (1" décade de Floréal, an II.) (1)

Cependant, il restait encore dans le chœur desstatues, des stalles, et les décombres d'un autel; dans la nef, une chaire, un buffet d'orgue, des

(1) Pièces justificatives no xvi.

bancs et des confessionnaux. Le 1" germinal, an III, la cloche qu'on avait réservée pour appeler les citoyens aux assemblées primaires, les convoqua pour la vente des restes du mobilier de l'église, qui eut lieu dans l'église même. Un confessionnal fut adjugé pour vingt-six livres 6 sous, à un passant; trois fauteuils en velours d'Utrecht, que les concurrents n'élevaient point à leur valeur, furent portés à Rouen au magasin de la république.

A la société populaire et républicaine du MontLibre, succédèrent les Théophilantropes de Rouen, qui exerçaient leur culte dans l'église Saint-Patrice; ils fondèrent une succursale dans l'église Saint-Thomas du Mont-aux-Malades pour célébrer leurs fêtes du courage, des aïeux, de la tempérance, et autres solennités morales et religieuses. On en peut voir le détail dans le curieux Manuel de la secte, compilation bizarre d'hymnes au Dieu de la nature, de maximes sur Dieu, la patrie, le bonheur, et de sentences extraites de la Bible, de Phocylide, de Pythagore, et de divers auteurs Indiens et Chinois.

Dom le Lorrain errait alors dans les pays étrangers; une dame Scott, riche douairière, lui offrit une hospitalité généreuse en Angleterre. Il visita ensuite les Pays-Bas, puis l'Allemagne, et s'arrêta

enfin dans une abbaye de son ordre, au diocèse de Ratisbonne. Pendant ce temps, les révolutionnaires mettaient à l'encan chez la citoyenne Le Blanc, au Mont-aux-Malades, quelques meubles qui avaient appartenu à Lorrain, ci-devant prieur de la commune, et dont la vente produisit cinquante livres ( II pluviose, an II. )

Dom d'Imbleval de la Fresnaye, ancien prieurcuré du Mont-aux- Malades, déployait à la FertéLoupière le zèle et l'intrépidité d'un apôtre. Il refusa constamment de prêter serment à la constitution civile du clergé, et de livrer aux révolutionnaires ses lettres de prêtrise. Caché dans les bois en 1793, il y traîna la plus misérable existence; mais rien ne put le résoudre à s'éloigner de son troupeau qu'il visitait secrètement et au péril de sa vie. Après la terreur, il rentra dans sa paroisse et y ouvrit une école pour les petits enfants. Sa vie était si pauvre, qu'il allait dans les forêts voisines ramasser un peu de bois mort pour apprêter ses chétifs aliments. Le Concordat le remit en possession de sa cure, où il mourut en 1804; sa mémoire y est encore en vénération (1).

(1) Ce digne religieux était né à Bacqueville-en-Caux, en 1750, de Jean-Louis d'imbleval et de Françoise Louvel d'Epineville. Tout ce qui regarde sa vie pendant la révolution, nous a été obligcam

Nous n'avons pu retrouver la trace des autres Génovéfains du Mont-aux-Malades. Ils avaient disparu dans la tourmente révolutionnaire, comme ceux de Saint-Lô, de la Madeleine, d'Eu, de Graville, léguant à leur pays de beaux édifices claustraux, des églises monumentales, de riches bibliothèques. On trouva vingt mille volumes dans le seul prieuré de la Madeleine. Quatre mille volumes, sans compter le trésor des Chartes, furent enlevés de la maison du Mont-aux-Malades.

Si l'antique prieuré de Saint-Thomas-le-Martyr fut vendu révolutionnairement, du moins la providence lui épargna ces tristes métamorphoses dont gémissent encore les plus nobles abbayes de France, changées en casernes, en manufactures, en prisons, en haras. Les libéralités testamentaires du cardinal Cambacérès permirent de le racheter en 1819, et M. l'abbé Holley, de vénérable mémoire, le convertit aussitôt en petit séminaire ; changement que ses anciens fondateurs ne désavoueraient point, sans doute, s'ils en étaient les témoins (1). Depuis lors, il a perdu en partie ce qu'il

ment communiqué par M. l'abbé Corali, curé actuel de la FertéLoupière.

(1) M. l'abbé Holley, supérieur du séminaire, et ses deux collègues, MM. Tuvache de Vertreville et Malleux, vicaires capitulaires,

y avait de monumental et d'antiquedans sa physionomie. Les édifices des anciens chanoines réguliers et de Monseigneur d'Estrades se sont perdus dans des constructions modernes. Les vieux murs que le temps avait rembrunis, sont maintenant récrépis et fardés. Un cénobite octogénaire qui les avait longtemps habités, les revit il y a quelques années et les reconnut à peine (1834.) Nous n'oublierons jamais l'apparition inattendue de cet homme d'un autre âge, et nous croyons voir encore ses traits doux et majestueux. C'était dom le Lorrain, qui, après quarante ans d'absence, venait voir, une dernière fois, le monastère d'où la tempête révolutionnaire l'avait arraché. Il parcourut lentement sa chère solitude. Il put célébrer le saint-sacrifice dans son église, sauvée enfin des profanations et de la destruction. Il revit avec attendrissement cette cellule où il avait longtemps goûté les délices de la prière et de l'étude, et où, par hazard, nul changement n'avait encore été fait. Après quelques jours passés dans ces lieux, pour lui si fé

administrateurs du diocèse pendant la vacance du siège, achetèrent de Mm. veuve Sacquépée, l'ancien prieuré des Génovéfains, le 13 août 1819, au nom du séminaire diocésain. L'acquisition était autorisée par ordonnance royale en date du 21 juillet de la même année.

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