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décisif recueil d'observations qu'ils présentèrent au roi, ils écrivirent ces lignes éloquentes qui gagnè rent leur cause: depuis que M. d'Estrades, abandonnant son titre à la discrétion des traitans de « Saint-Lazare, a consenti à son extinction par un « traité abusif, nous n'avons pas cessé de le dé« fendre courageusement, malgré lui. Nous n'a<vons pas cru pouvoir en conscience trahir la < cause d'une église de tout temps desservie par « une communauté régulière, et dont le titre est « constant. Nous avons fait connaître de tout notre pouvoir la vérité, savoir: qu'un commendataire « n'est qu'un usufruitier peu soucieux de l'avenir, et que des complaisances, ou un dédommage⚫ment peuvent séduire, mais qu'une communauté, pour ainsi dire immortelle, doit tenir une • autre conduite. » (1)

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Une querelle bien autrement célèbre, allumée depuis cinq siècles, allait fournir à un religieux du Mont-aux-Malades une occasion plus favorable de signaler sa critique et son érudition; je veux parler du fameux différend des moines et des chanoines sur la prééminence de leurs Ordres.

(1) Observation des religieux du Mont-aux-Malades au roi, ms., aux archives.

Le combat s'était engagé au x11° siècle entre le bénédictin Rupert, et Philippe, abbé de Bonne-Espérance, champion des chanoines. Geoffroi de Vigeois, Abeilard et Hugues d'Amiens, depuis archevêque de Rouen, défendirent le sentiment de Rupert par divers écrits, et la question paraissait tranchée en faveur des moines. Mais vers 1450, la guerre se ralluma en Italie entre les bénédictins du MontCassin et les chanoines de Jean-de-Latran. C'est en vain que les universités de Padoue, de Bologne, de Ferrare, les cardinaux et les papes intervinrent pendant plus d'un demi-siècle; ils ne purent suspendre cette lutte du surplis contre le froc, de la chape contre le cucullus Une commission de cardinaux nommée par le concile de Trente, parvint néanmoins à l'assoupir pour un temps. Mais sous Louis XIV, la contestation qui s'éleva sur l'auteur de l'Imitation, réveilla d'antiques rivalités. Tandis que les chanoines Testelette et Fronteau plaidaient pour leur confrère Thomas à Kempis, et les bénédictins Quatremaire, Delfau, Valgrave pour l'abbé Jean Gersen, une querelle de préséance éclate entre les moines et les chanoines de Bourgogne aux états de la province. Le génovéfain d'Antecourt, curé de Saint-Étienne-du-Mont prend en main la cause des chanoines, et Mabillon, l'oracle des éru

dits, suspend ses graves et immenses travaux pour défendre la dignité de l'Ordre de Saint Benoit. Les chanoines réguliers n'avaient point encore eu de si redoutable adversaire. L'opinion se répandit qu'ils n'étaient qu'une espèce de moines, qu'on devait comme tels priver de bénéfices ecclésiastiques. Un ministre chargé de la feuille des bénéfices entra dans ces idées Des cures firent refusées à des chanoines parce qu'ils étaient réguliers. Un chapitre de chanoines se sécularisa pour conserver un bénéfice uni à leur monastère. (''en était fait de la congrégation de Sainte-Geneviève, si ces exemples venaient à se généraliser. Ce fut pour conjurer ces graves dangers que le P. Alain Lelarge, qui entra au Mont-aux-Malades en 1672, entreprit la difficile tâche de répondre à Mabillon et aux autres adversaires de son Ordre.

Ses Recherches sur l'Ordre des Chanoines (1), parurent en 1697. Le 26 août de la même année, le journal des savants rendit compte en ces termes de ce remarquable ouvrage :

Ce livre, que des raisons pressantes obli

(1) De canonicorum ordine disquisitiones, quibus hujusce ordinis origo, propagatio varia ac multiplex, et natura dilucidè, articulatèque tractantur. Paris. Couterot 1697, in-4° d'environ 600 pages en I atin,

geaient d'entreprendre, tend particulièrement à faire voir la différence qu'on a tonjours mise dans l'église entre les moines et les clercs ou "chanoines réguliers. Avant que d'expliquer ce « que l'antiquité ecclésiastique a pensé de l'Ordre des chanoines réguliers, il était nécessaire d'établir l'antiquité propre de cet Ordre. C'est ce que l'auteur fait d'abord d'une manière beaucoup plus "exacte qu'on ne l'avait fait jusqu'ici. Dès le " commencement de sa première dissertation, il propose les divers sentiments que les gens de lettres se sont formés sur l'antiquité des chanoines réguliers, et les réduit à quatre princi

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« Le premier qui est nouveau, et comme propre « à notre siècle, veut que l'Ordre des chanoines réguliers n'ait commencé que dans le x1° siècle. Le second fait remonter cet Ordre jusqu'au temps de Louis-le-Débonnaire, et du Concile " que cet empereur fit assembler à Aix-la-Chapelle. « Le troisième attribue l'institution du même Or«<dre à Saint-Augustin, évêque d'Hippone. Le qua« trième est encore plus favorable aux chanoines réguliers, puisqu'il suppose que leur vie n'est autre que celle des apôtres et des premiers « clercs de l'église, qui leur a été transmise comme

• de main en main, et par une succession perpétuelle. L'auteur entreprend de faire voir ce qu'il " y a de vrai ou de faux dans ces quatre senti

" ments.

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. Il commence par montrer la fausseté du pre• mier sentiment, qui confond l'origine des cha• noines réguliers avec la réforme procurée à leur • Ordre dans le x1° siècle, et dès lors embrassée par les chanoines d'une infinité d'églises cathédrales et collégiales. Il se sert, 1° du témoignage même des moines du x1° et du XIIe siècle qui avaient grand intérêt de ne pas attribuer aux • chanoines réguliers une antiquité qu'ils n'avaient • pas, et qui, néanmoins, bien loin de les traiter « de gens nouveaux, les ont regardés comme les ■ successeurs des disciples de Jésus-Christ et des premiers clercs de l'église. Il n'y avait que « Pierre Abailard qui semblait avoir reproché aux • chanoines réguliers la nouveauté de leur nom « et de leur institution. Mais l'auteur fait voir clairement que ce célèbre moine du XII° siècle n'en « veut qu'aux chanoines de Prémontré, et qu'il a reconnu comme les autres l'antiquité des cha« noines réguliers. A cette preuve en succède une autre plus propre au sujet dont il s'agit. L'auteur fait voir, par des raisons accumulées, que la ré

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