صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

songé à monter une pièce digne de l'auteur du Philosophe sans le savoir, de Richard-Coeur-de-Lion et du Déserteur.]

IV.

LETTRE DE LA VAllée (1).

A MM. les Comédiens du théâtre de la Nation.

Ce 24 juin 1791.

Messieurs,

La fuite de Louis XVI m'empêche de profiter de la lecture que vous avez bien voulu m'accorder, pour demain 25 courant, et je suis obligé d'attendre quelle sera la nouvelle forme de Pouvoir exécutif, pour faire à mon ouvrage quelques changemens que les circonstances nécessitent. Il n'en deviendra que plus piquant, et plus digne de vos talens et du public.

Souffrez, cependant, Messieurs, que, comptant sur l'amitié et les bontés fraternelles que vous avez pour moi, je vous demande la priorité pour la Fuite d'Hipparque, dernier tiran d'Athène (SIC), drame héroïque auquel je travaille nuit et jour. Je compte être prêt à vous lire dans huit jours.

(1) Archives de la Comédie Française. — Joseph La Vallée, né en 1747, mort en février 1816, a composé un grand nombre d'ouvrages médiocres ou mauvais, dont la Biographie universelle donne la liste. (Note de l'Éditeur.)

Je suis avec l'attachement le plus respectueux et le plus fraternel, Messieurs, votre frère et concitoyen.

JOSEPH LA VALLÉE.

V.

PRÉTENDUE DÉCOUVERTE DE MANUSCRITS DE MOLIÈRE.

Le Moniteur du 12 octobre renfermait la lettre suivante, reproduite le lendemain par plusieurs autres journaux.

AU RÉDACTEUR.

• Château de la Chaînelle, 10 octobre 1836.

« M. le rédacteur,

<< Le hasard vient de faire découvrir, dans une maison du village de Seine-Port, près Corbeil, une liasse de papiers contenant une correspondance inédite de Molière, adressée à Jasmin, trésorier du Roi. Dans quelquesunes de ces lettres, se trouvent plusieurs pièces de vers qu'on ne rencontre dans aucune des éditions des œuvres de notre grand comique. Celle que je joins à ma lettre, datée de l'année même de la mort de Molière, montre combien il avait encore, au milieu des cha

grins et des souffrances qui assaillirent ses derniers jours, conservé de verve et de génie poétique.

« Cette découverte intéressant notre littérature, je ne doute pas, M. le rédacteur, que vous ne vous empressiez d'en insérer l'avis dans vos colonnes.

« ARTHUR De Vérigny. »

Sur l'abbé T..., qui avait adressé de mauvais vers à madame C. P. — Novembre 1672.

Cher abbé, dont la muse, à tes souhaits rétive,
Veut voguer au Permesse et s'éteint sur la rive,
A ton culte sacré, ton esprit asservi
Méconnaît l'art des vers qu'Apollon t'a ravi.
Du Dieu de nos autels sectateur trop novice,
Tu fléchis sous l'effort d'un double sacrifice;
Et de ta faible main l'encens, si cher aux dieux,
S'échappe sans parfum et n'atteint pas les cieux.
Le front ceint du laurier que fleurit leur génie,
La tonsure irait mal aux enfans d'Aonie;
Et tout rit dans l'Olympe, où brille tant d'éclat,
Aux accens amoureux d'un Tibulle en rabat.

Va, crois-moi, cher abbé, fuis l'abord du Parnasse:
Pour atteindre au sommet, la soutane embarrasse.

Il n'était personne, ayant un peu étudié Molière, qui pût regarder comme dictés par lui ces vers si étrangers à sa façon. Le signataire de cette lettre semblait donc bien, dès l'abord, coupable au moins de confusion , quant aux vers; restait à juger la correspondance. Des démarches ont été faites immédiatement pour arriver à se mettre en rapport avec M. Arthur de Vérigny et avoir connaissance de sa découverte. La lettre suivante est le seul renseignement qu'on ait obtenu

sur l'existence du signataire, du château et de la correspondance: il peut tenir lieu de tous autres.

A M. BEFFARA.

Seine-Port, le 22 octobre 1836.

Monsieur,

Je suis arrivé à Paris le 9 octobre 1836, et je n'ai pas été peu surpris quand je lus dans le Journal des Débats, du jeudi 13 octobre 1836, une lettre de M. Arthur de Vérigny, datée du château de la Chaînelle, du 10 octobre 1836, annonçant avoir découvert dans une maison du village de Seine-Port, près Corbeil, une liasse de papiers contenant une correspondance inédite de Molière, adressée à M. Jasmin, trésorier du Roi.

Depuis mon arrivée à Seine-Port, j'ai fait une enquête pour constater si réellement la découverte de cette correspondance avait eu lieu, et j'ai malheureusement acquis la certitude qu'il n'en était rien.

Agréez, Monsieur, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

Le maire de Seine-Port,

PERCHERON.

P. S. Je vous autorise, Monsieur, à donner à cette lettre telle publicité que vous croirez convenable.

Nous avons lieu d'espérer que cette déclaration coupera court à ce projet de mystification publique, et mettra le grand nom de Molière à l'abri d'une industrie qui

deviendrait sacrilége, si elle s'exerçait à fabriquer des Mémoires, des Correspondances et des Souvenirs de célébrités d'un autre ordre que celui de madame Du Barry, mademoiselle Quinault, ou la marquise de Créquy.

« السابقةمتابعة »