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par malignité, rendre le Régent odieux, et que le public dise que le précepteur n'a pas voulu rester auprès du Roi après qu'on lui a ôté son gouverneur, parce qu'il ne veut point prendre part à tout ce que l'on pourra entreprendre. Le public, en effet, parle ainsi; le Régent est très fâché et ne s'attendait pas à cette malice; s'il punit l'évêque, on dira qu'il ôte au Roi tous ceux qui le peuvent instruire et avoir sa confiance; s'il né le punit pas, on dira ou qu'il le craint ou qu'il est d'accord avec lui: embarras de toutes parts; mais le Régent espère que la vérité se découvrira bientôt et que la honte en demeurera au précepteur qui a fait là un tour d'écolier. M. de Belle-Isle, petit-fils de M. Fouquet, qui est en grande faveur, a aussi été envoyé à Courson, et on croit que l'évêque reviendra au premier jour. Le cardinal Dubois a dit à un grand seigneur qui me l'a dit : « Voilà ces gens que l'on dit qui ont de « l'esprit ; ils ne font que des sottises. » Il s'est expliqué aussi sur la malice noire qui était dans cette retraite. Et ce n'est pas sans dessein que l'on avait répandu le bruit qu'il avait été arrêté. M. le prince de Conti luimême l'a été dire par les maisons.

19.

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18. Ce soir, sur les neuf à dix heures, l'évêque de Fréjus est revenu à Versailles; il a été deux jours dehors, et a bien fait parler de lui pendant ce temps-là. Le matin, M. de Fréjus s'est présenté an lever du Roi, à son prie-dieu, et a fait ses fonctions ordinaires; je sais qu'il a dit à M. le cardinal de Rohan qu'il s'était trouvé dans une agitation si grande qu'il n'était plus à lui, et qu'il avait besoin de ce repos pour faire des réflexions sur l'état où il se trouvait; le public ne s'est pas payé de cette raison, qui est celle d'un homme qui n'aurait plus de raison.

-22. Le cardinal Dubois a été déclaré premier ministre d'Etat, et en a fait le serment entre les mains du Roi. (1) Le cardinal de Richelieu fut ainsi déclaré premier ministre par lettres du 21 novembre 1629, qui portent: «Nous vous avons choisi pour être l'un << de nos conseillers en nos conseils et principal minis«tre de notre État pour, en cette qualité, assister en « tous nos conseils et y garder la séance que vous avez «< toujours eue.» Ces lettres lui furent données pour lui conserver la préséance dans le Conseil, et on en fait autant pour le cardinal Dubois qui en fera aussi d'autres usages.

— 23.—Un officier qui avait entendu dire que le cardinal Dubois, premier ministre, aurait des gardes, s'est offert pour en être le capitaine. Le cardinal lui a répondu : « J'ai mon bon ange, je n'ai besoin que de lui << pour me garder. » Cela a paru d'un homme d'esprit et de courage.

(1) Il y a dans la Gazette de France, principal ministre, et qu'il prêta le serment le 23 entre les mains du Roi, en présence du Régent. (Note de Marais.)

(La suite au prochain numéro.)

DE HENRI III

AVEC LA COUR DE ROME (1).

[La position de Henri III entre le parti protestant et la sainte Ligue rendait fort délicats et fort difficiles ses rapports avec Rome. Aussi son attention était presque constammeut tournée de ce côté ; et les documens suivans, qui embrassent depuis mars 1585 jusqu'à l'assassinat du Roi, montrent l'émoi que causaient à la cour de France la mort d'un pape, l'élection de son successeur et la politique de Sixte V. ]

A M. DE SAINT-GOARD,

Chevalier de mes deux ordres, conseiller en mon conseil privé, capitaine de cinquante hommes d'armes de mes ordonnances, et mon ambassadeur à Rome.

Monsieur de Saint Goard, depuis votre partement, les députés des États des Provinces-Unies ès Pays-Bas,

(1) Collection de M. Lucas-Montigny.

qui sont celles de Brabant, Gueldres, Flandre, Hollande, Zélande, Utrecht, Frise et Malines, eurent audience de moi et me firent entendre comme lesdites provinces se remettaient sous ma domination et obéissance; selon l'espérance qu'ils avaient d'en recevoir toute bonne assistance et protection, de quoi ils se déclaraient plus amplement par les articles qu'ils me firent présenter deux jours après. Sur cela je leur fis à l'heure même ma répouse telle que je la jugeai digne d'un roi très chrétien qui veut faire connaître ses actions justes et dignes de louanges envers toute la chrétienté; et après cela pour ne montrer mettre en mépris la venue de tels députés portant une singulière déclaration de bonne volonté en mon endroit, j'ordonnai aucuns des principaux de mon conseil d'État pour en trer en conférence avec eux, ce qui ayant été fait par quelques jours, enfin j'ai pris résolution sur cette affaire, de leur dire et répondre que je les merciais bien affectueusement des offres qu'ils me faisaient de si beaux pays et provinces, et, bien qu'elles fussent grandes et honorables, je ne les voulais ni pouvais accepter, pour n'apporter quelque occasion de trouble en la chrétienté de laquelle je désire plutôt le bien et le repos que d'y voir aucune altération; mais que si je les pouvais aider de quelque bon moyen et office pour les réconcilier avec le Roi catholique, leur souverain, je m'y emploierais fort volontiers, et procurerais autant qu'il me serait possible ce qui serait de leur bien, repos et tranquillité. Et m'ayant là-dessus fait nouvelle prière et instance de les recevoir en ma sujétion et domination avec remontrance d'une infinité de grands biens et commodités que j'en pourrais recevoir, je suis toujours demeuré ferme en la résolution que dessus, bien que plu

sieurs, mus de l'ambition qui est assez commune à tous princes, se fussent pu laisser aller aisément à si grandes et honorables offres; mais je me suis voulu représenter en ce fait ce qui est de la justice et de la raison, que je tiendrai toujours pour le plus certain guide de mes actions, et ai voulu avoir mon principal égard à ne rien entreprendre qui fût pour altérer le repos de la chrétienté, que j'aurai en plus grande recommandation que toute autre; vous ayant voulu donner avis de ce que dessus, à ce que vous en puissiez répondre par de là.

Au surplus, Monsieur de Saint-Goard, j'ai ordinairement des avis de plusieurs endroits de mon royaume, de quelques remuemens d'armes qui se préparent, desquels, encore que je ne voie point que l'on puisse prendre aucun prétexte ni sujet, et que cela me fasse quasi perdre l'opinion que les choses en soient si avant que l'on publie, néanmoins je ne laisse d'y pourvoir par tous les meilleurs moyens que je puis, faisant admonester mes sujets de demeurer fermes en l'obéissance qu'ils me doivent et regardant au surplus à ce qui sera requis pour la force, afin de maintenir mon État en sûreté, ayant à cet effet demandé une levée de six mille Suisses.

Sur ce je ferai fin, en suppliant le Créateur, Monsieur de Saint-Goard, qu'il vous ait en sa sainte garde. Écrit à Paris le vingt-unième jour de mars 1585.

J'ai reçu la lettre que m'avez écrite de Lyon et regarderai à faire pourvoir à cet état qui vous a été laissé en arriéré pour l'assignation de Lyon de l'année passée, ainsi qu'il est bien raisonnable.

HENRY.

BRULART.

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