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qui me soit autant affectionné, comme est grand le respect et bonne volonté que j'ai toujours porté au Saint-Siége, je ne vous en dirai davantage, priant Dieu, mon oncle, vous tenir en sa sainte et digne garde.

Du vingt-deuxième jour d'avril 1585.

[ HENRY.

A M. DE SAINT-GOARD.

Monsieur de Saint-Goard, puisqu'il a plu à Dieu d'appeler à soi notre Saint Père le Pape, selon les avis que j'en eus jeudi dernier, et qui m'ont été confirmés par mon oncle, le cardinal d'Est, j'aime mieux que cela soit arrivé au temps que vous vous serez rendu à Rome, que si ce changement se fût présenté auparavant votre partement de ce royaume, m'assurant que vous commencerez l'exercice de votre charge par un bon et signalé service que j'attends de vous en cette occasion, sur laquelle je vous dirai que je fais présentement une dépêche à mondit oncle, par laquelle je le prie de disposer tous ses amis à favoriser l'élection au pontificat de celui des cardinaux du Saint-Siége qu'il avisera; dont je me suis voulu remettre totalement en lui, pour la longue et parfaite connaissance qu'il a des affaires dudit Saint-Siége, la part qu'il peut avoir acquise au sacré collége, et la singulière affection qu'il porte au bien et grandeur de cette couronne, comme vous verrez par la copie de ladite dépêche que je vous envoie; vous voulant bien dire que, avec icelle, j'ai aussi fait tenir à mondit oncle plusieurs lettres pour les cardiVIII.B.

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naux de Pellevé et de Rambouillet, les unes douces, les autres plus aigres, tendant néanmoins à les prier que l'élection du nouveau pontife tombe en personne qui soit favorable à mes affaires, avec menaces de grands ressentimens à l'endroit d'eux et de leurs parens s'ils y faillent. J'écris semblablement en créance sur mondit oncle autres lettres pleines de courtoisies et honnêtetés aux cardinaux Sainte-Croix de La Tour, Cointerel, Salviati, Albano, Savelle, de Montealto, Rusticcucio, Madruce, Vercel, Alexandrin, Montréal et Sforze, pleines de l'expression de ma bonne volonté en leur endroit.

pré

Vous disant tout ceci, afin que vous déployiez à ce coup votre dextérité et vous conjoignieź aveć mondit oncle pour pratiquer par tous les moyens qu'il vous fera entendre pouvoir avancer l'exécution de mon désir en cet endroit. Et parce que le cardinal de Joyeuse est déjà parti pour s'acheminer par-delà, et que celui de Vendômé le doit suivre bientôt pour fortifier mon parti de leurs voix et suffrages, et que peut-être les cardinaux de Guise et de Vaudemont s'y pourront acheminer, je vous prie d'observer les actions de ceux-ci, pour empêcher qu'ils ne trament rien par-delà au judice de mon dit service, ayant occasion de me défier de leurs actions pendant que ceux dé leurs maisons auront les armes en la main, et avoir bonne intelligence avec les deux autres, lesquels vous verrez souvent et leur pourrez librement communiquer de tout ce qui appartiendra au bien de mon sérvice; vous priant d'y veiller et vous y comporter selon le conseil dudit cardinal d'Est, disposant tous ceux qui seront à ma dévotion à donner leur voix à celui qu'il vous dira devoir être assisté de ma faveur et recommandation; vous assurant que vous me féréz service très agréable.

Priant Dieu, monsieur de Saint-Goard, qu'il vous

ait en sa sainte et digne garde.

De Paris, le vingt-deuxième jour d'avril 1585.

[HENRY.]

AU MÊME.

Monsieur de Saint-Goard, je vous ai écrit par ma dernière dépêche, laquelle je vous ai envoyée par courrier exprès, partant je ne vous en ferai redite par la présente. Seulement vous saurez par icelle que je persé vère toujours en mon premier propos, pour la parfaite confiance que j'ai de mon oncle le cardinal d'Est, lequel je pensais devoir être secouru en cette occasion, pour le bien de mon service, de mes cousins les cardinaux de Vendôme, de Guise et de Vaudemont, ainsi qu'il sera de celui de Joyeuse; mais, après avoir bien considéré toutes choses, j'ai estimé n'être à propos, attendu la disposition présente des affaires de mon royaume, que le premier s'en absente, de sorte que je l'ai retent auprès de moi pour cette fois; mais, quant aux deux autres, j'ai été averti que celui de Guise ne fait aucune contenance de s'acheminer, et que l'autre a changé d'avis depuis m'avoir mandé y vouloir aller, ce que vous ferez entendre à mondit oncle, et que le sieur Rondinelli est néanmoins allé trouver les deux derniers pour voir s'il les pourra ébranler, du quoi je m'assure que la Reine, ma dame et mère, auprès de laquelle ils doivent être présentement, s'emploiera très volontiers, lui en ayant à cette fin écrit par ledit Rondinelli.

Vous ferez aussi entendre à mondit oncle que je ne désire aucunement que le cardinal de Mondenis entre en

cette charge, d'autant que je sais qu'il a l'ame très espagnole et dangereuse pour mon service, dépendant du tout du duc de Savoie, duquel je ne puis attendre en cette saison aucune correspondance, puisqu'il favorise ouvertement ceux qui ont pris les armes en mon royaume contre mon autorité. Pourtant vous prierez de ma part mondit oncle très instamment de s'opposer formellement audit Mondenis, et ferez entendre le semblable aux autres cardinaux qui me sont affectionnés, comme chose que j'ai très à cœur, ayant ledit cardinal de Mondenis telle intelligence de mes affaires de mon royaume, que je tiens pour tout certain que si l'autorité et puissance apostolique étaient entre ses mains, il me ferait beaucoup de mal en cette saison; embrassez donc quelle est mon intention sur l'élection au pontificat, et néanmoins avisez à vous y conduire le plus dextrement que faire se pourra.

Je vous avise au reste que les auteurs desdits troubles continuent à s'emparer des villes et places de mon royaume, où ils peuvent entrer. Celle de Marseille leur est tombée des mains par la fidélité des habitans, ainsi que vous verrez par le Mémoire que je vous envoie, leur étant advenu le semblable de celle de Bordeaux, par le bon ordre que y a donné le maréchal de Matignon, lequel s'est rendu maître du Château-Trompette, que Vaillac avait promis leur livrer. Mais ils se sont emparés de celle de Verdun par le moyen des habitans, lesquels, ayant chassé la garnison que j'y entretenais, les ont introduits en icelle à la vue de la Reine, ma dame et mère, s'il faut dire ainsi, d'autant qu'ils ont fait cette exécution depuis qu'elle est à Epernay, les poursuivant et sollicitant journellement d'entrer en conférence pour pacifier ces misérables

troubles, à quoi elle a jusques à présent si peu avancé que je puis dire les choses être pour ce regard aussi incertaines qu'elles étaient quand elle s'y est acheminée, dont je suis très déplaisant. Vous ferez part de ce que dessus à mondit oncle le cardinal d'Est auquel je n'écrirai pour cette fois.

Priant Dieu qu'il vous ait, Monsieur de Saint-Goard, en sa sainte garde.

Ecrit à Paris le trentième jour d'avril 1585.

HENRY.

DE NEUFVILLE.

AU MÊME.

Monsieur de Saint-Goard, vos lettres des vingtdeuxième et vingt-quatrième du mois passé sont arrivées ici ensemble le quatrième du présent. J'ai été averti par celle-ci de la création de notre Saint Père le Pape, faite de la personne du cardinal de Montealto (1), des vertus et mérites duquel mon oncle, le cardinal d'Est, m'avait quelquefois informé par ses dépêches, et dont j'ai été confirmé maintenant, tant par sa promotion que par ce que mondit oncle et vous aussi m'en avez écrit, de sorte que j'ai reçu très grand plaisir et contentement de son élection, de laquelle je fis soudainement avertir l'évêque de Bergame, nonce d'icelle, et me conjouis avec lui, ce que j'ai voulu encore faire moi-même en l'audience que je lui ai donnée depuis, expressément pour cet effet. L'ayant prié avertir Sadite

(1) Felix Peretti, cardinal de Montalte, qui prit le titre de Sixte V, élu le 24 avril 1585. (Note de l'Éditeur.)

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