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qu'elle le révoquera sans difficulté, au moyen de quoi j'ai avisé lui écrire de ne passer outre qu'il n'ait reçu autre commandement de Sadite Sainteté, à laquelle vous direz que l'archevêque de Bergame, ici résidant, est ministre très capable pour traiter et résoudre toutes choses. qu'on lui voudra commettre, ayant éprouvé son bon zèle et sa suffisance depuis qu'il est près de moi; au moyen de quoi je supplie Sa Sainteté de continuer à se servir de lui et croire qu'il est très propre pour faire valoir ses saintes intentions, sans apporter jalousie à personne, et que le contraire adviendra dudit archevêque de Nazareth, parce que je sais qu'il a plusienrs intelligences en mon royaume qui me rendront son procédé très suspect et seront cause qu'il ne produirait le fruit que Sa Sainteté désire et est nécessaire pour le service de Dieu et le bien de mon royaume (1).

Vous la supplierez aussi de n'envoyer cette bulle, lui remontrant qu'elle ne servirait qu'à altérer davantage les cœurs et volontés de mes sujets et mettre mes affaires en confusion. Vous ferez le semblable sur la venue d'un légat et continuerez à prendre garde qu'il ne se fasse et se résolve chose dont ne soyez averti, afin de vous y opposer et m'en avertir, comme je veux que vous fassiez soigneusement au reste.

Je veux que vous sachiez que je suis résolu de retirer à moi ces princes qui ont pris les armes, pour les raisons susdites, et parce que je prévois qu'en ce faisant il conviendra faire la guerre à bon escient auxdits hugue

(1) Le Pape tint bon et envoya en France l'archevêque de Nazareth. Henri III donna ordre au gouverneur de Lyon de ne pas le laisser aller plus avant. Sixte V irrité enjoignit à M. de Saint-Goard, plus connu sous le nom de Pisani, de quitter Rome dans 24 heures et les Etats dans quatre jours. Pisani répondit que les États n'étaient pas si grands qu'il ne pût les quitter dans les 24 heures, et partit immédiatement. (Note de l'Éditeur.)

nots, lesquels, assistés de la reine d'Angleterre et des princes protestans, préparent déjà de grandes forces en Allemagne.

Il sera bon que vous disposiez le Pape de bonne heure, et même preniez parole et assurance de lui, s'il est possible, de me secourir d'argent pour subvenir aux frais de cette guerre, laquelle je ne puis soutenir sans son assistance, dont vous conférerez avec mondit oncle le cardinal d'Est, et non autre, pour aviser ce que besoin sera de faire, afin que je puisse à temps recevoir secours; prenant garde que Sa Sainteté ne mette en avant de m'envoyer des forces soudoyées, car je suis bien résolu de n'en recevoir point, tant pour ce que je ne pourrai y avoir fiance que parce que j'ai assez gens de guerre et que je n'ai besoin que d'argent pour les payer et entretenir. Bien consentirai-je que les deniers que Sa Sainteté m'enverra soient maniés à tel effet et par telle personne qu'elle avisera, comme il a été fait autrefois.

Les principaux articles de l'accord avec lesdits princes sont arrêtés. Toutefois il en reste encore quelques-uns qui concernent l'exécution de ce qui a été accordé, pour lesquels résoudre la Reine ma mère est retournée conférer avec eux, d'où j'espère qu'elle retournera bientôt avec une fin finale et entière résolution sur tout ce qui reste à conclure, dont vous serez averti incontinent.

Quant à la délivrance de celui qui se dit chevalier de mon ordre, nommé Claude Bargier, détenu aux galères de Gènes, c'est chose dont j'ai autrefois fait faire instance, mais avec si peu d'effet que, n'en pouvant espérer davantage à l'avenir, il me semble n'être du tout à propos ni honorable de mêler mon nom en

ce fait; mais vous aviserez si, sous main, l'on pourrait faire quelque chose pour lui.

Je reçois tous les jours plaintes de l'évêque de Cavaillon, lequel favorise ceux qui ont pris les armes contre mon service et se montre Espagnol plus que Français, de sorte que je ne puis promettre rien de bon du Comtat tant qu'il y aura le pouvoir qu'il a, et crains qu'il en arrive quelque désordre dont je serais très déplaisant. Dites-le à Sa Sainteté et à ceux que besoin sera, et tenez main qu'il y soit pourvu par effet, comme il convient pour me contenter et servir aux affaires du pays.

AU MÊME.

Monsieur de Saint-Goard, je n'eusse jamais pensé que le Pape se fût tant oublié que de me faire recevoir l'injure qui vous a été faite, non-seulement pour une occasion si légère et mal fondée que est celle qui l'a mu, mais aussi pour aucune autre raison, quelle qu'elle soit, et vous assure que j'en ressens le déplaisir que mérite un tel attentat, lequel je ne vois pas que Sa Sainteté puisse jamais dignement et suffisamment réparer, quand même elle serait autant disposée à le faire qu'elle a été mal conseillée et précipitée à faire le mal dont j'espère que le temps me fera la raison moyennant la grâce de Dieu qui n'a jamais abandonné ce royaume et ne l'abandonnera encore, s'il lui plaît. Et comme votre plus long séjour par-delà ne pourrait dorénavant servir d'autre chose que de trophée aux auteurs et promoteurs de cette action et d'augmentation de

honte pour moi, je veux que vous en reveniez incontinent que vous aurez reçu la présente, et que vous évitiez tant que vous pourrez de passer par aucune cour de prince, afin de n'être contraint, comme vous serez, de leur faire entendre les motifs de votre si soudain retour dont j'aime mieux que mes ministres se taisent qu'autrement, tant parce que la chose parle assez d'ellemême au désavantage de celui qui le mérite que pour avoir résolu justifier, voire me ressentir, plutôt par effet de l'offense qui m'a été faite que par plainte et paroles.

Vous assurant au reste que je suis très content de la façon de laquelle vous vous êtes conduit durant votre légation et principalement en ce dernier acte, reconnaissant que le soin que vous avez eu de mon honneur et de mon service ne vous ont acquis moins d'ennemis et malveillans que de gloire et de grâce à l'endroit de votre maître; mais j'ai, Dieu merci, assez de pouvoir pour vous protéger et garantir de tout encombre et n'ai moins de volonté de vous gratifier et rémunérer vos services, et sur cette assurance je vous répéterai que vous serez le très bien venu, que je vous reverrai de meilleur cœur que jamais.

Cette lettre servira de réponse à celle que vous m'avez écrite de Tivoli le pénultième du mois passé. Priant Dieu, Monsieur de Saint-Goard, qu'il vous ait en sa sainte garde.

Écrit le dix-septième jour d'août 1585.

HENRY.

DE NEUFVILLE.

(La fin à un prochain numéro.)

PLAN

D'UNE

SECONDE CAMPAGNE D'AMÉRIQUE

PROPOSÉ A M. DE VERGENNES

PAR

LE GÉNÉRAL LAFAYETTE.

Parti de France en 1777, à travers tous les obstacles que lui suscitèrent la cour, des membres de sa famille et les puissans ennemis de la cause qu'il allait défendre les armes à la main, le général Lafayette revit en février 1779 son pays qu'il venait d'illustrer par sa généreuse tentative, et qu'il avait quitté pour les plus rudes fatigues et les plus dures privations, indépendamment des périls d'une guerre où les forces étaient inégales et d'une double traversée pendant laquelle il eut à lutter contre la vigilance des Anglais: Consulté à son retour par le ministre des affaires étrangères sur les chances d'une seconde campagne avouée et secondée par la France, le général lui adressa le projet suivant.]

A M. DE VERGENNES.

Au Havre, le 18 juillet 1779.

Vous me demandez, Monsieur le comte, quelques idées sur une expédition en Amérique. L'incertitude de notre embarquement actuel en doit mettre beaucoup, sinon dans un projet que je crois dans tous les

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