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encore devant les yeux, laquelle, comme elle m'empêche de poursuivre mon dessein contre les hérétiques, commence à m'être insupportable, reconnaissant les belles occasions que je perds d'avancer la gloire de Dieu par le moyen d'icelle.

Mon oucle le cardinal de Bourbon, étant allé à Soissons, où s'était rendu le duc de Guise, s'était promis, et m'avait donné espérance, en partant d'ici, qu'il me rendrait content de ce point, et avait à cette fin envoyé le sieur de Bellièvre audit Soissons pour les en poursuivre; mais je n'y ai pu encore rien avancer, m'ayant fait des propositions par lesquelles j'ai reconnu qu'ils tendent plutôt à obtenir chose de moi, par le moyen de laquelle ils puissent acquérir et gaguer la bonne grâce de mes sujets dudit pays de Picardic (et principalement des habitans des villes pour s'en emparer) qu'à me contenter et obéir, comme ils sont tenus et obligés de faire; couvrant leurs desseins du nom des Picards comme si toute la noblesse du pays et les habitans des villes adhé raient à leurs passions pour vingt-cinq ou trente qui se sont rangés auprès du duc d'Aumale, entre lesquels il n'y a qu'un gentilhomme de qualité, nommé le sieur de Rambures, qui commence déjà à se lasser de faire cette vie; et les sieurs de Crèvecœur, d'Estrées, de Chaunes, d'Humières et d'Estournel, accompagnés. de toute la noblesse et des principales villes dudit pays, se plaignent tous les jours à moi de ce que je souffre que les autres usurpent le nom dudit pays et commettent les excès et désobéissances qu'ils font; chose que je n'aurais soufferte si je n'eusse été retenu du désir que j'ai de poursuivre la guerre auxdits hérétiques, voulant que Sa Sainteté croie que cette seule. considération m'a gardé jusques à présent d'y mettre.

les mains plus avant, comme il faudra que je fasse s'ils ne changent de façon de faire. Et faut que vous sachiez que cependant qu'ils étaient à Soissons et me donnaient espérance de me contenter en Picardie, j'ai découvert qu'ils projetaient d'attenter quelque chose en cette ville sous couleur de l'inimitié qu'ils portent au duc d'Epernon; de sorte que j'ai été contraint d'y appeler et faire loger les compagnies de Suisses du régiment de Gallaty, qui étaient à Lagny, et renforcer ma garde. Voilà les termes auxquels j'en suis avec eux et le secours et l'assistance que je reçois d'eux contre lesdits hérétiques, et l'obligation que l'Église de Dieu a aux auteurs de tels remuemens, qui font assez paraître n'être poussés que de leurs intérêts privés et d'un désir extraordinaire de s'avantager au dommage d'autrui. Sur cela ils publient que ledit duc d'Epernon favorise le roi de Navarre, et plusieurs autres semblables menteries et impostures, pour décevoir mes sujets et colorer leurs desseins, qui seront dorénavant si insupportables qu'ils me forceront de passer par-dessus tous respects pour me faire obéir, ne pouvant ni ne voulant plus vivre en l'état auquel je suis; de sorte que le bref qu'il a plu à Sa Sainteté leur écrire sur le sujet duquel votre dernière lettre fait mention est arrivé très à

propos pour les admonester de leur devoir. Je ne leur demande sinon qu'ils m'obéissent et qu'ils me viennent accompagner et servir en cette guerre contre lesdits hérétiques en laquelle ils m'ont embarqué, ne voulant qu'ils capitulent ni souffrir qu'ils marchent de pair avec moi, ou bien me donnent la loi comme il semble qu'ils veulent faire; car ce n'est pas la raison que cela se fasse ni le chemin qu'ils doivent tenir pour me donner occasion de me fier d'eux et les employer et honorer; ains

faut qu'ils quittent leurs correspondances avec les étrangers et leurs pratiques dedans mon royaume, s'ils désirent y vivre; car je les veux avoir pour sujets et non pour compagnous ou contrôleurs de mes actions et de mon autorité. Nous verrons ce à quoi ils se résoudront, dont vous serez continuellement averti afin d'en informer Sadite Sainteté, laquelle je suis bien de volre avis qu'il faut entretenir le mieux que faire se pourra, pour, si nous n'en pouvons recevoir du bien, du moins qu'elle ne nous soit contraire, à quoi vous continuerez à faire votre devoir comme vous avez fait jusques à présent, à mon contentement et heureusement.

Vous avez aussi parlé à Sa Sainteté, et très pertinemment et selon mon intention, du fait de Sédan et Jametz, car mon but est de mettre, s'il est possible, lesdites places en état qu'elles ne puissent nuire aux catholiques, par le moyen de mon cousin, le duc de Montpensier, qui m'a promis d'y aller pour cet effet, afin que mon frère, le duc de Lorraine, n'ait occasion de s'en plaindre, car c'est sur cela qu'il a fondé ce qu'il a attenté sur icelles; ayant commencé à battre celle de Jametz, sous prétexte qu'il dit être un fief qui relève de lui, dont il n'avait été auparavant jamais parlé. Je renvoie devers lui pour cet effet le sieur de Rieux, ne voulant souffrir que lesdites places, étant en ma protection, soient assaillies et prises à mes yeux. Les assiégeaus y ont été si maltraités jusques à présent qu'ils n'y ont pas acquis grand avantage et crois que leurs affaires n'y avanceront pas à l'avenir.

Le Roi de Navarre a envoyé un gentilhomme devers moi pour me supplier de faire arrêter quelques serviteurs de la princesse de Condé, et, entre autres, un certain page qui s'en est fui, qui est chargé d'avoir em

poisonné son mari, afin d'en découvrir la vérité; et comme tels actes pleins d'énormité sont prohibés de Dien, et en horreur à tous bons chrétiens, et aussi que je dois et veux rendre justice d'iceux à tous mes sujets, tant pour la qualité que pour la conséquence; j'ai ordonné ledit page d'être arrêté où il sera trouvé, afin d'en faire faire la punition, de quoi vous informerez Sa Sainteté si vous en oyez parler, ou jugez qu'il soit nécessaire. Vous avez très bien fait de n'avoir bâillé à Sadite Sainteté le mémoire qu'elle vous a demandé sur l'ouverture que vous lui aviez faite de me faire comprendre en cette paix qui se traite entre le roi d'Espagne et la reine d'Angleterre; car il me suffit que vous en ayez fait instance à Sadite Sainteté, et d'autant plus qu'il semble que ce traité ne s'avance guère, comme l'on nous écrit d'Espagne que fait leur armée de mer, laquelle fera à mon jugement plus de bruit que de progrès du côté d'Angleterre, dont le temps nous éclaircira. Si le prince de Suède envoie à Rome pour y prêter l'obédience, vous vous y conduirez tout ainsi que fit le sieur d'Abin, en celle du Battory, dont vous pourrez vous faire instruire par-delà. Je vous manderai aussi mon intention par mes premières sur la dépêche dernière que nous avons reçue du sicur Oratio Rucelay; partant, je ne vous en ferai autre mention par la présente.

Priant Dieu, Monsieur le Marquis, qu'il vous ait en sa sainte garde.

Ecrit le vingt-septième jour d'avril 1588.

HENRY.

DE NEUFVILLE.

DE BALANCES

POUR PESER LES PERSONNES (1).

[Nous avons vu tout dernièrement une polémique s'en. gager dans nos feuilles quotidiennes, entre un industriel prétendant qu'il avait obtenu le privilége exclusif de reproduire par la gravure les objets d'art composant un musée français, et des concurrens qui objectaient que, dans l'etat de notre législation, un semblable privilége ne trouverait pas de juges qui le sanctionnassent. On va voir par les pièces suivantes, au commencement du règne de Louis XV, le Parlement se refuser, contre la volonté du souverain, à enregistrer un des plus grotesques exemples de ce que l'historien de la Régence, Lémontey, appelle le trafic avilissant de la puissance royale.]

ARRÊT DU CONSEIL.

Sur la requête présentée au Roi en son Conseil par Hugues Blaisot, sieur Desbordes, tendante à ce qu'il plût à Sa Majesté lui accorder le privilege exclusif pour lui, ses héritiers et ayans-cause, d'établir des balances hors les portes et sur les boulevarts de la ville

(1) Archives générales du Royaume.

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