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qui chercheront à altaquer cette donation sont dévoués à la colère du Tout-Puissant; on appelle sur eux l'inimitié de la Sainte Vierge et de tous les saints, ils iront rejoindre aux enfers et Dathan et Abiron : d'où vient ce changement? c'est que les moines s'en sont mêlés. Emma avait concédé au couvent de Bourgueil toutes les terres que son mari lui donne : les moines trouvèrent plus prudent de demander à Guillaume la ratification d'un acte auquel il n'avait pas participé le duc s'y prêta. L'acte est nécessairement écrit ou au moins dicté par les moines; tout y est soigneusement détaillé; un domaine est omis, on répare cette erreur à la fin de la charte. Le duc accorde à sa femme la permission de donner tous ses biens à qui elle voudra; ils sont déjà donnés. Le comble de l'adresse monacale est d'avoir mis dans la bouche de Guillaume les imprécations qui doivent atteindre ceux qui oseront attaquer cette donation : l'odieux n'en retombe pas sur les bons pères de Bourgueil, qui ne se font aucun scrupule d'en profiter.

L'exemple de la duchesse Emma ne pouvait manquer d'être suivi, et l'abbaye de Bourgueil vit ses richesses s'accroître rapidement.

La septième année du règne de Hugues, Gerla, abbesse de Sainte-Croix, fait une donation à SaintPierre de Bourgueil: il est bien entendu que la donatrice ira tout droit en paradis jouir du bonheur des cieux et que ceux qui voudront s'opposer à ses intentions, iront tout droit en enfer, et en attendant seront excommuniés dans celui-ci. La mention d'excommunication, qui n'est ici que comminatoire, est aseez curieuse en ce qu'elle fait connaître la position de l'excommunié; il est repoussé du seuil de toutes les églises.

Cette charte est terminée par un grand nombre de signatures, ce sont celles des dignitaires du cou. vent de Bourgueil. L'un d'eux, nommé Durant, s'intitule subdecanus sive succantor, ce qui indique que la dignité de sous-chantre était réunie à celle de sous-doyen.

Enfin pour écrire cette donation on a pris un morceau de parchemin déjà couvert d'écriture: il a été lavé; cependant l'on distingue encore quelques débris de lettres.

Au surplus voici cette charte.

Intellectus sensusque generi humano potest mente sagaci ponsare actque solerter indagatione perpen dere nihil amplius valere unicuique quam quod de amatissimis suis rebus in locis venerabilibus in stipendia monachorum curetur impendere ut in huranicâ beacione inveniet æternam renumeracionem opitulante atque protegente in perpetuo Domino Iesu Christo, hoc redemptore nostro, ego Gerla abbatissa Almæ (1) Crucis monachorum seu aigæ (2) Radigundis canonicorum (4), cunctaque congregatio mihi commissa. Cupimus etiam per amorem Domini nostri Iesu Christi largire de nostris rebus propriis et pro remissione facinorum nostrorum sicut consuetudo futuro tempore proclamata Kosmy (4), et præteriti auctoritas que christianorum decrevit ad circo hanc scripcionem de

(1) Alma Crucis: ce couvent de la Sainte-Croix était situé à Poitiers. (2) Aiga pour agiæ, de ayos, saint. Sainte Radegonde est vénérée en Touraine; elle a une chapelle à Chinon.

(3) Canonicorum: on remarquera que ce mot est au masculin; cette congrégation de chanoines avait donc une femme pour chef. L'abbesse Gerla a bien soin de le faire remarquer.

(4) Kosmy: ce mot vient probablement de noros, le monde.

nacionis donamus donatum que in perpetuum volumus ut Superni gaudia adquiramus, transfundimus atque concedimus in cenobio Burgeolo monasterium consservetum in honore beati Petri apostoli, apostolorum principis, villam Triolo terris domibus vineis pratis et omnia quæ ad eamdem villam pertinent: arbitrium voluntatem hanc scripcionem firmavimus ad eodem monasterii in alimoniis (1) vel substancia monachorum ididem habitancium ut mereamur adsisci participare bonorum eorum in regno apostolorum absque ulla contradictione abas seu monachi teneant singulisque annis at solemnitatem Sca Radegundis quæ evenit idus agusti solidos X per solvant.

Denique et si per aliquain necessitatem tardi aut negligentes ad illam festivitatem censum non retdant res non perdant set in duplicem componant.

Precamur itaque omnes successores nostros qui post nos futuri erunt ut auctoritatem istam a nobis inviolabiliter factam conservent similiter adsequentibus eorum optaverint conservari et ujusce modi firma stabilis ipsi scripcio et inconvulsa cum stipulatione omni tempore permaneat tam cum sororibus et fratribus pariter firmamus et roborari decrevimus et si aliquis inviolare istam edicionem presumpserit iram Domini adquirat omnipotentis et ad liminibus omnibus sanctæ Domini ecclesiæ se cognoscat excommunicatus et cum Dathan et Abyron quos terra vivos absorbuit, et cum Juda proditore qui Dominum Iesum magistrum suum tradidit... etc.

Data (2) mensi maii, annos VII regnante Ugonii rege.

(1) Alimoniis pour alimentis.

(2) Cette charte est revêtue d'uu très grand nombre de signatures auto graphes; elle est écrite par un prêtre nommé Ranulfe. A côté de la date se

Feulque Nerra, duc d'Anjon, avait donné le gouvernement de Montbazon à Guillaume de Mirebeau, son vassal. Celui-ci et ses gens administraient le pays qui lui était confié à la manière du temps, c'est-à-dire en pillant tous les environs de sa résidence, en inventant chaque jour de nouvelles vexations : le monastère de Bourgueil n'était pas plus épargné que les terres laïques; de là des contestations qui nécessitèrent le

traité suivant :

Notum sit omnibus sacræ fidei cultoribus presentibus scilicet et futuris, quod Willmus (1) quidam castri Mirebelli princeps requirebat in vosaliâ villâ pravas consuedines et homines quos commendatas vocant pro quibus sepissime lites commovebantur inter præfatum principem et monachos Burguliensus (2) qui in prœnominatâ villa morabantur unde placitum construxerunt abbas Baudricus et monachi Burgulienses contra prædictum militem et ministros ejus; perpendens igitur in animo suo ipse miles injustum esse hæc quod querebat sponte deseruit et cum Baudrico abbate qui tunc ecclesiam Burguliensem regebat placitum fecit et a prædicto abbate monachisque Buguliensibus accepit octo libras denerarorium ut omnes viri ac mulieres in terrâ Sancti Petri commanentes absque ullâ inquietudine securi manerent et viverent ipsi scilicet qui antiquam pagamus honorem Mirebelli accipiat in prædictâ possessione hospicium acceperunt.

trouve cette mention: Ranulfus sacerdos scripsit. Les lettres qui composent ces trois mots sont écrites les unes au-dessus des autres sur deux lignes parallèles perpendiculaires à la date.

(1) Willmus pour Wilelmus, Guillaume.

(2) Burgulienses: moines de Saint-Pierre-de-Bourgueuil.

On remarquera d'abord les mots pravas consuetudines; ils sont importans, car ceci se passe à l'époque où se formaient toutes les coutumes; la pièce ne dit pas quelles sont celles que voulait introduïre le châtelain de Mirebeau: mais voici comment les choses se passaient en pareil cas, on arrachait un tribut par la violence, l'année d'après on le demandait comme redevance, et si on payait, la troisième année, les officiers du châtelain levaient l'impôt au nom de la coutume. Cette pièce est assez curieuse comme négociation diplomatique : les moines qui l'ont écrite font dire à Guillaume qu'il avoue ses torts, puis cependant, malgré leur bon droit que tout le monde reconnaît, ils lui paient une somme assez considérable pour le temps; ils achètent le repos de leurs vassaux; mais ils connaissent la violence de Guillaume, ils savent que tous les ans ses vexations peuvent recommencer, il faut donc avec lui traiter aussi de l'avenir.

Guillaume a un fils païen (1), qui fut depuis la tige des premiers seigneurs de Montbazon; il est convenu que tous ceux qui s'établiront sur le domaine de SaintPierre, avant que ce jeune homme ait reçu l'hommage de Mirabeau, seront compris dans le traité de paix.

Dans cette charte, les moines jouent le rôle qui leur convient; ils s'interposent entre le fort et le faible, ils arrachent le cultivateur à la tyrannie du châtelain : ils font mieux, car ils se conduisent en gens habiles, ils obtiennent un traité de sauve-garde pour leurs domaines c'est un moyen de les peupler. Chacun doit chercher un asile sur une terre où l'on est sûr de trouver un peu de repos et de sécurité, choses rares dans un temps de trouble et d'anarchie.

(1) Païen: Paganus.

IX. - B.

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