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nouvelle exhumation m'a mis à portée de rectifier des erreurs qui sont dans le détail que je vous ai adressé le 8 de ce mois. Regardez-le comme non-avenu, et n'ajoutez foi qu'à celui que je vous fais passer aujourd'hui. Il est fondé sur la vérification des objets et sur une ancienne note que je viens de retrouver dans mes papiers.

Le mausolée de la belle Agnès était placé dans le chœur de la Collégiale de Loches, département d'Indreet-Loire. Le chapitre sollicitait depuis long-temps la translation de ce monument: il l'obtint enfin le 22 février 1777, et, en vertu d'un ordre de Louis XVI, on procéda à l'exhumation le 5 mars de la même année.

D'abord on enleva les marbres qui formaient un sarcophage de huit pieds de longueur environ sur trois de largeur et deux et demi de hauteur : le tout était en marbre noir. Sur le marbre de dessus était la représentation de la belle Agnès, couchée, les mains jointes, la tête appuyée sur un oreiller. Cette statue pouvait avoir cinq pieds de long. De chaque côté de la têté était un ange de douze à quinze pouces de haut. Deux petits agneaux étaient aux pieds. Toutes les figures étaient en stuc blanc.

On lisait sur le marbre qui formait la tête du mausolée l'inscription en vingt vers qui commence par celui-ci :

Fulgor apollineus rutilantis luxque Dianæ.

Sur une plaque de marbre de la largeur du tombeau sur dix-huit pouces de hauteur, placée derrière la tête d'Agnès, était gravée l'inscription suivante dont voici le premier des vingt vers qui la composent :

Hác jacet in tumbá simplex mitisque columba.

Cette même inscription était en outre gravée sur une plaque de cuivre dont il sera fait mention. On avait gravé sur le côté gauche les vingt-deux vers brisés qui commencent ainsi :

Astra petit mollis Agnes redimitaque flore.
Grato cœlicolis hanc credo vigere deco-

Autour de la grande tablette de marbre sur laquelle reposait la statue on lisait l'épitaphe en prose française: Ci-gist noble damoyselle Agnès Seurelle, en son vivant << dame de Beaulté, de Roqueferriere (1), d'Issoudun << et de Vernon-sur-Seine, piteuse envers toutes gens <«<et qui largement donnoyt de ses biens aux églises et << aux povres : laquelle trespassa le neufviesme jour de <«< febvrier, l'an de grâce MCCCCXLIX. Priez Dieu << pour le repos de l'ame d'elle. Amen. »

Toutes ces inscriptions étaient gravées en lettres gothiques dorées.

Les marbres, la masse de maçonnerie qu'ils recouvraient, ayant été enlevés, laissèrent à découvert une pierre dure de la longueur et de la largeur du sarcophage, sous laquelle s'ouvrait un caveau voûté, en pierre tendre de sept pieds de long sur deux pieds quatre pouces de large, et de trois pieds de profondeur. On y trouva un cercueil de bois de chêne de cinq pieds et demi de longueur environ sur quinze pouces en carré, ferré sur tous les angles avec des bandes de fer longues de huit à dix pouces sur un pouce de large.

(1) Ce mot a été fort altéré, ainsi que plusieurs autres des inscriptions précédentes, dans l'ouvrage, d'ailleurs très estimable, de M. Delort. (L. D. B.)

Ce cercueil servait d'enveloppe à un autre qui était de plomb, fort endommagé, lequel recouvrait un troisième cercueil de bois de cèdre, qui contenait le corps de la belle Agnès. Ces trois objets étaient très altérés.

Chargé de constater (je parle toujours de 1777) les parties du corps qui pouvaient encore subsister, j'examinai avec attention ce qui restait dans le cercueil. J'y trouvai une terre ou cendre légère, un peu grasse, dans laquelle on reconnaissait les débris de quelques plantes aromatiques. La tête, au premier coup d'œil, parut être dans son entier, mais conservée sans apparence d'aucune partie charnue. Au moment où je voulus l'enlever, la chevelure me resta dans la main; l'occipital, les deux pariétaux tombèrent en morceaux; les autres os de la tête restèrent unis, de manière à laisser voir en entier le coroual, les temporaux, le sphénoïde, partie de l'etinoïde, le vomer, les os maxillaires supérieurs garnis de toutes leurs dents. La mâchoire inférieure était entière et avait aussi toutes ses dents. La clavicule gauche était également bien conservée.

L'exhumation nouvelle qui vient d'avoir lieu m'a mis à même de constater aujourd'hui, 29 fructidor an ix (16 septembre 1801), l'exactitude des détails que j'avais recueillis en 1777. J'ai retrouvé les parties ci-dessus énoncées dans le même état, à l'exception des dents qui ont été arrachées, lors d'une exhumation ordonnée par un représentant du peuple en mission, lequel permit cette distraction, ainsi que celle des cheveux, dont nous venons de retrouver à peine quelques faibles restes.

La manière dont la chevelure était arrangée lors de la translation du mausolée en 1777, me permit de juger comment Agnès Sorel était coiffée au moment de sa mort. Sa coiffure était à peu près dans le genre de celle que

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les dames portaient il y a environ vingt ans (en 1780): un crêpé de quatre à cinq pouces de devant en arrière, sur neuf à dix pouces d'une oreille à l'autre; à chaque côté pendaient deux boucles assez grosses, les cheveux du derrière de la tête formaient une tresse nattée en trois, de dix-huit à vingt pouces de long. Cette tresse était relevée et attachée par le bout sous le crêpé,

Les cheveux étaient d'un brun clair; les boucles en partie rousses et cassantes, effet, selon toute apparence, de la forte chaleur que ces parties avaient éprouvée lors de la soudure du cercueil de plomb.

Tous ces restes (en 1777) furent mis dans une urne et placés dans le mausolée reconstrait dans la nef de l'église, quelques jours après l'exhumation. Ils en furent retirés en 1794 pour être déposés dans le cimetière voisin.

La recherche faite par le représentant du peuple m'était inconnue, et je ne l'ai apprise qu'au moment où l'urne a été retrouvée (le 16 septembre 1801) et transportée provisoirement chez le sous-préfet, où j'ai fait la vérification de ce qu'elle contenait (1).

Sur un des piliers du chœur de la Collégiale était une plaque en cuivre jaune de deux pieds de long sur quinze à dix-huit pouces de haut, avec un relief représentant sainte Agnès à genoux devant la Vierge Marie qu'elle priait pour Agnès Sorel dont elle était patrone. A la partie gauche de cette plaque on lisait une des inseriptions du sarcophage :

(1) Le lieutenant-général Pommereul, préfet d'Indre-et-Loire, fit en 1806 restaurer et placer convenablement les débris du mausolée et ce qui restait de la dépouille mortelle d'Agnès Sorel. I plaça, par arrêté du 10 nivose an XIV (31 décembre 1805), le nouveau monument sous la sauve« garde et protection du sous-préfet de Loches qu'il chargea de veiller à sa « conservation et à son entrétien, » (L. D. B.)

Hác jacet in tumbâ, etc.,

et à la droite, cette autre inscription du même monu

ment:

Astra petit mollis, etc.,

que j'ai citées plus haut. Derrière la plaque on découvrit une petite niche pratiquée dans le pilier. On assure qu'on y avait déposé le cœur d'Agnès; mais j'y trouvai seulement une petite clé, et un morceau de papier si altéré qu'il me fut impossible d'y lire aucun mot. Je suis avec le plus parfait dévouement, etc.

HENRY, docteur médecin de la Faculté de Montpellier.

II.

FORME DE PAIN SANS GRAIN FAIT EN LA CITÉ DE CARCASSONE (1).

Le 1er décembre 1608.

Pour faire du pain sans aucune espèce de grain, duquel un homme seul, par la grâce de Dieu, peut nourrir par jour quarante hommes et dix chevaux, en cas de nécessité d'un siége devant une ville, ou de famine: faut prendre de la paille et la découper fort délicatement environ un setier qu'il faudra faire moudre à un bon moulin, duquel les meules seront ravalées un peu plus basses qu'à moudre du grain, et ce qu'en

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(1) Archives générales du royaume. Communiqué par M. Thomassy.

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