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on dégarnit annuellement les chemins d'environ deux mille charretées de ce mortier. Cette invention, à cause de sa commodité évidente, s'est étendue; et je puis assurer qu'on en profite, tout au moins à vingt lieues de cette ville. J'ai pensé, Monsieur, qu'un tel usage était nuisible, et qu'il importait et convenait de vous en donner directement connaissance. Comme je n'ai aucun intérêt physiquement personnel à la suppression de cette coutume, il y a tout plein de gens autour de moi qui me prendraient peut-être pour un fou si j'allais leur dire: «T'elle chose se passe.» Je ne crains pas cette épithète auprès de vous, Monsieur; si j'ai fait un bien, c'est tout ce que je désire; ce qu'il y a de très sûr, c'est que je n'ai pas voulu faire un mal.

J'ai l'honneur d'être avec un très profond respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

FABRE D'ÉGLANTINE.

IV.

INDICATION DES NOMS DES ACTEURS SUR LES AFFICHES DE SPECTACLE.

Registres de la Comédie Française.

Du mercredi, 9 décembre 1789.

La Comédie Française assemblée, ayant entendu la lecture de la lettre a elle adressée par M. le maire, portant que son intention et celle de M. le lieutenant

de maire au département de la police, est que le vœu du public soit rempli, et qu'à compter d'aujourd'hui ses affiches indiquent les noms de tous les acteurs qui doivent paraître dans chacune des pièces qu'elle représentera, après avoir mûrement délibéré sur cette innovation, dont les conséquences seraient funestes pour elle, a arrêté :

Que la société se rendra chez M. le maire pour le supplier d'entendre ses très humbles représentations sur cet objet important.

Fait à l'assemblée, ce 9 décembre 1789.

SAINT-PRIX, Second semainier.

Nota que madame Vestris, M. Dorival et M. SaintPrix, n'ayant pu se rendre chez M. le maire, aujourd'hui 9 décembre 1789, ont signé la copie de la présente délibération, pour attester qu'ils y adhèrent.

[Les Comédiens attachaient beaucoup d'importance, dans l'intérêt de leurs recettes, à ne pas mettre leurs noms sur l'affiche. Le public entrait au théâtre sans savoir quels ac teurs on lui donnerait, mais toujours dans l'espérance de voir et d'applaudir ceux que la faveur publique avait mis au premier rang. Mais trop souvent trompé dans son espoir il se vengeait cruellement sur la doublure de l'absence du chef d'emploi. En voici un exemple : Après les premières représentations du Mariage de Figaro, Préville abandonna le rôle du juge Brid'Oison à Dugazon, son double et son élève. En entrant en scène, Dugazon, grâce au costume, au ventre postiche et à la grande perruque de Brid'Oison, fut chaudement applaudi: on le prenait pour Préville; mais arrivé sur l'avant-scène, son identité bien établie, une vigoureuse

bordée de sifflets vint saluer l'acteur, qui, sans se déconcerter, commença son rôle; on sait que ce personnage est bègue : au lieu de regarder Marceline, il se tourna un peu du côté des siffleurs en disant la première phrase de son rôle : Jen« en-entends bien! » - Nouveaux sifflets : « Je vous dis « que j'en-en-entends bien!» Sifflets plus opiniâtres et plus vigoureux. « Eh bien! E-est-ce que vous-ous croyez « que je n'en-en-entends pas ? » Il fut impossible dès-lors de résister à une saillie si bien soutenue; les siffleurs se turent, applaudirent, et Dugazon put tranquillement continuer un rôle sur lequel il a jeté au reste un grand éclat. ]

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DE

MARIE STUART.

[La Revue rétrospective a déjà été assez heureuse pour pouvoir donner à ses lecteurs un petit nombre de lettres de Marie Stuart (t. iv, 2a série, 116 et suiv.). Aujourd'hui une importante et précieuse communication, que nous devons à l'obligeance de M. Rouard, conservateur de la Bibliothèque de la ville d'Aix, nous met à même de les faire jouir d'une assez longue suite de lettres de la malheureuse Reine. En France comme en Angleterre cette publication sera regardée comme une bonne fortune par tous les amis de la science historique de qui elle excitera vivement la curiosité et l'intérêt. ]

A M. DE GLASCOW,

Mon ambassadeur en France. (1)

De Lislebourg, ce 11 octobre 1564.

Monsieur de Glascow, quand j'ai dépêché ce por

(1) Jacques Beathon ou Bethun, dernier archevêque catholique de

B. IX.

II

teur, je pensais envoyer bientôt après Clanrenault, amplement instruit de tout; mais m'ayant fait une harangue par laquelle je connus sa suffisance n'être telle que je l'estimais, je me veux aviser avant que de résoudre si j'enverrai par lui ou autre ma dépêche : n'en parlez pas à personne. Je vous manderai toutes nouvelles bien au long; faites-en de même; car vous ne sauriez me faire plus grand plaisir. Je ne vous dirai autre chose sinon que Randolph est venu, qui m'a apporté des lettres de la reine d'Angleterre, les plus honnêtes du monde. Je vous avertirai de tout bien amplement. Cependant c'est assez dit. Je prie Dieu de vous donner en santé longue et heureuse vie.

Votre bien bonne amie et maîtresse,

MARIE, R (2).

AU MÊME.

De Lislebourg, ce 2 novembre 1564.

Monsieur de Glascow, ce porteur m'a tant priée de l'employer en mon service sans respecter (3) sa jeunesse, selon que par ci-devant jà avais fait, que je ne l'ai voulu laisser partir sans l'accompagner de ce petit mot par leque! je ne vous ferai pas grand discours des nouvelles d'ici, me remettant à ce que je lui ai commandé vous

Glascow, fuyant la persécution, se retira en France où il fut pendant quarante ans ambassadeur soit de Marie Stuart, soit de Jacques VI, son fils. Il mourut à Paris en 1603, âgé de quatre-vingt-six ans. (Note de l'Edit.) (2) Reine.

(3) Respecter, considérer.

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