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Un jour ils l'entourèrent dans l'anti-chambre du Roi si bien qu'il se crut arrêté et en eut toute la peur; puis, s'étant séparés, il leur promet de les faire payer incessamment, et dit qu'il fallait respecter leur corps.

—26.—L'affaire des princes légitimés a étéréglée. Le duc du Maine et le comte de Toulouse auront au Parlement les droits de leurs lettres du 5 mai 1694, c'est-àdire la séance après les princes du sang et au-dessus des ducs et pairs, et ne traverseront point le parquet : cette séance est en vertu de leurs pairies. Les princes de Dombes et comte d'Eu, après la mort du duc du Maine, leur père, auront le même rang, ou après la démission de ses pairies, après le serment accoutumé, et garderont entre eux l'ordre de réception; le tout, quoique leurs pairies fussent moins anciennes; on prendra leur voix en les nommant du nom de leurs pairies et on leur ôtera le bonnet. Et à l'égard des enfans des enfans, ils ne seront traités que comme ducs et pairs, et au rang de leurs pairies en cas qu'ils en aient, sinon ce seront gentilshommes de la noblesse ordinaire. Cette décision a beaucoup affligé les princes légitimés. La duchesse d'Orléans, leur sœur, en a bien pleuré. Le comte de Toulouse, qui avait été rétabli dans tous les honneurs de prince du sang au Parlement, au lit de justice du 26 août 1718, qui avaient été conservés par l'édit de 1717 à son frère et à lui, et qui en a toujours joui depuis, est bien surpris de s'en voir dépouillé. Il avait donné un court Mémoire où il remontrait qu'en 1718 il y avait été maintenu, pour ses grandes qualités, vertus et mérites, et que n'ayant point démérité depuis, on ne pouvait les lui ôter sans déshonneur; mais on n'a point eu d'égard à sa représentation, non plus qu'à sa possession du détail de

la marine, qu'on lui a ôté depuis peu. Les enfans du duc du Maine, qui sont réduits à l'état de M. de Vendôme, se plaignent de leur côté, et ils ont tort, car cet état est celui que Henri IV a donné et que le Roi avait suivi pour exemple en 1694; et leur père ayant été dégradé, par l'édit de juillet 1717, de l'état de prince du sang, que Louis XIV leur avait injustement donné, ils ne peuvent en demander les honneurs pour leurs enfans, trop heureux de les avoir pour eux à la cour pendant leur vie. Enfin, ils se plaignent tous de la réduction des enfans des enfans à l'état de ducs et pairs s'ils ont des pairies, ou de simples gentilshommes s'ils n'en ont pas, ce qu'il paraît que l'on a voulu accorder aux princes de la maison de Lorraine et aux ducs; et en cela les enfans des enfans ne sont pas si bien traités que MM. de Vendôme, qui, quoique petitsfils de César de Vendôme, jouissent de la préséance sur les princes étrangers et ducs et pairs. Ce réglement interrompt l'ordre des princes légitimes et de leurs descendans qui paraissaient être intermédiairement établis; mais le Roi étant le maître des honneurs en France, il est le maître de les changer: et peut-être s'est-on tenu à la lettre des déclarations de 1610 et de 1694 qui ne donnent le rang qu'aux princes légitimés et à leurs enfans en légitime mariage, sans parler des petits-enfans, qui n'ont point été censés compris dans cette disposition, parce que c'est un privilége qui est de droit écrit et ne s'étend point. Après tout c'est une mauvaise condition en France d'être bâtard. Gabrielle d'Estrées, d'où viennent MM. de Vendôme demanda un jour à M. de Sancy si, le Roi l'épousant, ses enfans deviendraient légitimes. « Non, Madame, dit-il, car en France les bâtards des Rois sont toujours

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« fils de putains. » Il en coûta à M. de Sancy pour ce bon mot, car on lui ôta sa charge de colonel des Suisses ; mais aussi la belle dame ne vécut pas long-temps depuis. Toute la famille du duc du Maine est allée à Sceaux se consoler, ils espéraient une exception à cause des alliances redoublées avec la maison royale, l'une ayant épousé le dục d'Orléans, l'autre feu M. le Duc, et le duc du Maine ayant épousé une Bourbon; mais tout cela n'a rien fait. M. le Duc s'est bien souvenu de toutes les railleries amères qu'on a faites contre lui pendant le procès des princes, et M. le duc d'Orléans, quoique mari d'une légitimée, n'a pas oublié la conjuration de la duchesse du Maine et tous les manifestes satiriques, que l'on faisait venir d'Espagne contre lui.

-La princesse d'Auvergne (mademoiselle de Trente) a eu une querelle avec le Cardinal, ils se sont dit leurs vérités et leurs vies l'un à l'autre. A la fin le Cardinal l'a envoyée faire......; elle est allée se plaindre au duc d'Orléans, qui lui a dit: Il est vrai qu'il est un peu vif, mais il est quelquefois de bon conseil. Voilà tout ce qu'elle a pu tirer du prince et du ministre, et elle ne le méritait pas mal, car c'est une aventurière anglaise que le chevalier de Bouillon a épousée pour son papier qui a disparu à l'épreuve du visa.

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- Mai.-M. de Beringhem, premier écuyer, est mort à huit heures du soir; il se portait beaucoup mieux; il avait vu ce même jour trois plans de maisons de campagne où il voulait aller prendre l'air et en acheter une. Helvétius le médecin, causant avec lui, lui avait promis d'y aller passer le mois de mai. Dans ce moment, il lui prend envie d'aller à la garde-robe, il y va; il lui prend une seconde envie et il meurt sur la chaise.

Le valet de chambre, meurtrier de Jorry, procureur, a été arrêté près Baugé en Anjou. Il a écrit une lettre à un ami à Paris. La lettre s'est trouvée à la poste marquée du nom de Baugé, parce que c'est l'usage, bon ou mauvais, de marquer sur les lettres le lieu d'où elles partent. On a suivi la piste, il a été trouvé dans une forge où il a été pris très facilement et amené à Paris, où il a avoué son crime et qu'il l'a fait tout seul. Sur le chemin il ne voulait pas manger; mais on l'a fait manger de force, et il passera bientôt par les mains de maître Jean Roseau (1).

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Il a été pris un soldat aux Gardes, dans Paris, nommé Belle-Humeur qui avait sept chambres meublées en quartiers différens et qui était de la compagnie de Cartouche.

A la Compagnie des Indes il a été découvert une friponnerie qui s'est faite sur les actions pendant le visa. Les gens qui se plaignaient d'être retranchés donnaient des Mémoires pour obtenir des supplémens; ils les obtenaient, mais les commis disaient qu'on avait été refusé, et ils s'appliquaient à eux-mêmes ces actions suppléées, qu'ils vendaient sur la place. Ils faisaient aussi de fausses feuilles pour gens qui n'avaient jamais demandé. Cela a été découvert sur ce qu'un officier se plaignant au duc d'Orléans qu'on ne lui faisait point justice, le prince trouva dans un rôle le nom de cet officier comme augmenté et lui fit reproche de ce qu' se plaignait encore. L'officier ayant protesté qu'il n'avait jamais rien eu, l'affaire a été approfondie, les commis arrêtés, qui sont Gally, Fourier et Samson, et eux se défendent en disant que ce sont les maîtres des requêtes (1) Il a été roué vif le 7 mai 1723, par sentence du Châtelet. (Note postérieure de Marais.)

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qui leur ont donné des ordres. On nomme entre les maîtres des requêtes soupçonnés M. de Talhouet, Fontanieu, Pinon d'Avaur et Regnault. Le premier est un Breton, fort riche, et marié depuis peu avec mademoiselle Bosc, fille du procureur-général de la Cour des Aides (il n'est pas des bons Talhouet); le second, Fontanieu, est nevcu du contrôleur-général; le troisième, fils du premier médecin du Roi; et s'ils sont coupables, c'est une grande prévarication; et quand il n'y aurait de peine que le déshonneur d'être nommé dans Paris dans cette friponnerie, c'est une punition bien forte , pour un magistrat et pour sa famille..

9.

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par ce

M. de Talhouet, maître des requêtes, a été arrêté, mené à la Bastille et scellés apposés chez lui, par M. d'Argenson, pour l'affaire du visa et pour les actions qu'il est accusé d'avoir prises sur le public. Cet homme faisait une dépense prodigieuse et grande chère, était beau joueur, beau parleur, et imposait à tout le monde. Il s'appelle La Pierre et est fils du sénéchal de Pontivy en Bretagne. Talhouet est un nom de terre. M. Bosc a inal placé là sa fille et a été ébloui Breton qui ne devait pas prétendre à une telle alliance. Une dame de la maison de Talhouet a dit au duc d'Orléans : « Si vous le faites pendre, que ce soit sous le nom « de La Pierre. » On ne parle plus des autres maîtres des requêtes qui ont été soupçonnés. Le secrétaire de M. Dodart s'en est enfui. Cette affaire aura de grandes suites. Tous les commis principaux de la Banque y ont part; on en arrête tous les jours. Il y a une commission particulière pour juger en dernier ressort toutes ces prévarications: M. de Châteauneuf, président; MM. de Harlay, de Fortia et d'Herbigny, conseillers d'État, et douze maîtres des requêtes; M. de Vattan,

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