صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

que l'on a su, et cela a ramené une histoire de l'oncle, qui, ayant voulu se battre, contre M. de Chamarante, ne s'y trouva pas à point; il envoya un autre homme à sa place que Chamarante tua. Après tout, cette affaire pas non plus fait de l'honneur à Goyon, qui a montré la lettre. Un des premiers officiers des gardes-du-corps m'a dit à l'oreille : Ce sont combats d'écuyers cavalcadours.

n'a

2 Juillet.-M. Le Blanc, ministre de la guerre, a été exilé, et l'on a mis à sa place M. de Breteuil, intendant de Limoges. Tous les officiers sont affligés; mais il y a long-temps que l'on songe à ce déplacement, et que le successeur était désigné, pour les services secrets qu'il a rendus au premier ministre. On ne doute point que l'affaire de La Jonchère n'ait grande part à cette disgrâce; il a parlé et bien découvert des mystères. M. de La Vrillière a porté la lettre de cachet à M. Le Blanc, chez l'abbé d'Auvergne ou l'archevêque de Vienne, chez qui il dînait. Son exil est dans la terre du Doux, proche Coulomniers, qui est une terre du marquis de Tresnel, son gendre; il a trouvé proche Meaux, à six heures du matin, le 3, le comte d'Évreux, qui venait de Mousseaux à Paris, et qui ne savait point la nouvelle. Le comte d'Évreux, qui n'était pas son ami, n'a pas laissé de lui faire bien des honnêtetés et de lui offrir bonne compagnie, qui était restée à Mousseaux. L'ex-ministre a cru qu'on se moquait de lui; mais cela était tout naturel, et voilà un des premiers motifs de son exil.

Tout le monde est surpris du successeur, qui ne sait rien de la guerre; mais il a de l'esprit et de la politesse, et on croit qu'il réussira. Sa femme est Charpentier, fille du boucher des Invalides, que sa mère lui a fait

épouser malgré lui; et on a déjà dit en riant que sous son ministère les Invalides auraient de bonne viande. Les railleurs ne devaient pas manquer ce mot.

-Le fameux M. de Belle-Isle, qui gouvernait tout, tombe aussi dans la disgrâce. Il était de part avec M. Le Blanc et La Jonchère. On dit qu'il y avait un écrit entre eux, portant indemnité des fonds que La Jonchère leur donnait et des évènemens qui lui en pouvaient arriver. Adieu la belle maison qu'il élevait comme rivale du Louvre sur le quai des Théatins et qui lui avait coûté tant d'argent. Adieu tous les échanges et ces domaines et apanages de prince qu'on lui a donnés pour Belle-Isle et qui lui ont attiré tant de contradictions. On dit que le Roi a dit qu'il fallait le loger à la Bastille en attendant que sa maison fût achevée; et on a déjà fait son décompte sur Belle-Isle. Il a ici de grands revenus, des domaines; il a tiré plus de deux millions de la caisse de l'extraordinaire des guerres. Le voilà payé et il faut qu'il rende tous les domaines qui lui ont été aliénés, et Belle-Isle restera au Roi. Il y a soixante et dix ans que son grand-père pensa périr (1) pour ce même Belle-Isle. Le bruit se répand qu'il est décrété et assigné pour être ouï par la commission de La Jonchère. Cela n'honore pas le mestre-de-camp-général des dragons. Personne ne le plaint, et tout le monde plaint M. Le Blanc, qui a rendu service à tous les officiers. Ce dernier sort fort peu riche en apparence. Il n'a qu'une fille, mariée au marquis de Tresnel, homme de condition et très riche. Cette fille était arrogante, et les femmes ne sont pas fâchées de la voir déchue.

- On a ôté l'intendance de Bordeaux au président

(1) Le surintendant Fouquet.

Boucher, de la Cour des Aides, beau-frère de M. Le Blanc, qui l'avait eue contre les règles de n'en donner qu'aux maîtres des requêtes. On parle de je ne sais quel abus sur la monnaie, qui est matière bien délicate. Les deux autres frères de M. Le Blanc sont évêques, l'un d'Avranches, l'autre de Sarlat, mais on n'ôte point des évêchés et ils restent évêques.

Madame du Deffant, qui a de l'esprit et du badinage, s'est avisée de mettre la tragédie d'Inès en mirliton. L'idée est plaisante et tourne tout doucement en ridicule cette pièce tant vantée, qui est plutôt un roman qu'une tragédie. La Motte se console et dit qu'on a bien mis l'Énéide en vers burlesques, et il ressemble du moins à Virgile par cet endroit-là. On continue toujours à pleurer à cette pièce sans s'apercevoir du faux qui y règne partout, et que c'est Baron qui fait pleurer et non les vers, qui ne sont point des vers, mais une prose cadencée de roman où on a mis des rimes que Baron fait sonner comme les meilleurs vers du monde. Les commissaires de M. de Talhouet sc 7. sont assemblés. Talhouet a été décrété de prise de corps; et en même temps on a aussi décrété l'abbé Clément, conseiller honoraire du Grand Conseil, qui travailla aussi au visa; il a été arrêté, et, sur-le-champ, mené à la Bastille. Cet abbé est fils de Clément, fameux accoucheur, qui ne le délivrera pas de cette prison, elle n'est pas facilipara. On a découvert qu'il était marié et avait quatre enfans. Il a donné démission de ses bénéfices, dont l'un a été conservé à l'abbé Venier, bénédictin défroqué et créature du Cardinal. L'abbé avait l'esprit si libre quand on l'arrêta, qu'il amusa M. d'Argenson, pour lui montrer un poulet qu'il faisait éclore. Il aime la physique, la chimie, et a peut-être

quelque part un fourneau de pierre philosophale où il a mis les actions en charbon.

---

[ocr errors]

8. Les maîtres des requêtes se sont assemblés le 8, pour demander que leur confrère soit jugé au Parlement, avec qui ils font corps. Le Grand-Conseil en a fait autant pour juger l'abbé, qui est de leur compagnie, suivant le privilége; mais ils n'obtiendront rien, et le Roi évoquera tout et renverra aux commissaires qu'il a nommés. Il y a un beau prétexte sur ce qu'on ne jugerait pas ces deux criminels en deux juridictions différentes et que le Parlement n'a pas voulu connaître les actions.

-M. de Talhouet n'a pas voulu répondre aux commissaires et a décliné leur juridiction, et a demandé d'être renvoyé au Parlement; cette procédure lui donnera quelque temps pour méditer sa défense.

L'abbé Clément a répondu, mais il a dit que c'était sans préjudicier à son privilége. Il est convenu du fait des actions qu'il a prises et des billets de liquidation qu'il s'est appliqués. J'ai vu dans les Opuscules de Loysel (page 710) les conclusions de M. Dumesnil, avocat-général, contre un président allemand, de la chambre des comptes, qui était accusé d'un crime à peu près semblable, concussion, péculât, etc.; elles sont très singulièrement travaillées; il conclut à la mort; mais l'arrêt n'ordonna que l'incapacité de posséder des charges avec une amende de soixante mille livres et une réparation publique à M. Dumesnil, en l'audience de la Grand'Chambre, en 1564.

-On dit que M. de Belle-Isle a donné à La Jonchère un billet en ces termes, qui a été trouvé sous les scellés. « J'ai reçu de M. de La Jonchère un million << huit cent mille livres en espèces, pour laquelle somme je lui ai fourni des billets de banque dont je lui ferai

«

<«<< tenir compte par ses supérieurs. Ce..... » Voilà un mauvais billet pour le trésorier et pour la partie prenante. On conte de la fameuse Ninon, qu'elle avait donné un billet au marquis de La Châtre, où elle lui promettait de n'avoir jamais d'amant. Elle lui manqua bientôt de parole, et s'écriait au milieu de ses plaisirs: Ah! le bon billet qu'a La Chátre! On en pouvait dire autant du billet de Belle-Isie. Il ne se montre plus à la cour, et le duc d'Orléans a dit qu'il ne lui voulait point parler, parce qu'il n'avait rien de bon à lui dire.

La nouvelle maîtresse du duc d'Orléans est si neuve, qu'en se promenant avec lui et ayant rencontré Mitton, intendant de Toulon, qu'elle salua, elle dit au prince : « Saluez-le donc, c'est notre intendant. »

Il y a plusieurs malades de la petite vérole et beaucoup en meurent. L'abbé de Saint-Géran, le comte de Bissy en sont morts, et madarne de Lunati. Mais on dit qu'elle périt dans les combats des deux sœurs qui l'ont emportée en même temps: la grande et la petite.

-Le duc de Chartres a dit qu'il ne voulait point travailler avec le nouveau ministre de la guerre parce qu'il faudrait un tiers entre eux deux pour les instruire. Il s'est fait tenir à quatre, mais à la fin il a cédé.

-Toutes les femmes ayant recommencé à porter aux Tuileries et aux spectacles des robes indiennes, quoique cent fois défendues, il a fallu renouveler la défense par un arrêt du 5 juillet dont on se moquera dans trois jours.

[ocr errors]

Il y a un désordre extraordinaire sur les espèces, ne voit que de l'or et point d'argent blanc, et sur les ports et sur les marchés on ne veut point d'or. C'est que les billonneurs ont remarqué les anciens louis, les étrangers les ont altérés et pour cinq sols

« السابقةمتابعة »