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du dernier mort à son jeune frère, appelé le comte d'Auvergne, mais il a refusé la survivance de la charge de grand Chambellan qui pourrait bien passer à quelque prince du sang. M. de Charolais la ferait bien valoir. Coustelier imprime les anciens poètes français, il a déjà donné La Farce de Patelin et le Villon, ce qui est dit dans l'Avis au Lecteur de Patelin, n'est point de M. de La Monnoye, quoiqu'on le nomme, il

me l'a dit lui-même. Ce Patelin est une excellente comédie très ancienne; mais le Villon (qui est né en 1431) est bien meilleur. Le tour de la langue et le génie poétique y sont admirables. M. Patru l'a dit avant moi. On est en peine de savoir si Villon s'appelait Villon ou Corbeuil. Un inconnu a fait une longue dissertation, pour prouver qu'il s'appelait Villon en effet, et que le Corbeuil, natif d'Anvers auprès de Pontoise, désigné par le Père Fauchet, n'est point Villon, qui était Parisien, poète parisien, ainsi qualifié par Marot, et qui donne dans son Testament son droit d'échevin comme natif de Paris. M. de La Monnoye est pour le Père Fauchet.

Il y a dans Rabelais, dans les chapitres XIII et LXVII du iv livre, deux bons tours de Villon qu'on aurait pu joindre au volume sans scandaliser personne, puisqu'on y a bien mis trois ballades anciennes dont l'une contient cette strophe gaillarde où un amant dit de sa maîtresse qui faisait la difficile :

Alors lui donnai, sur les lieux
Où elle faisait l'endormie,
Quatre venues de corps joyeux :
Lui fis en moins d'heure et demie.
Lors me dit à voix expamie :
Encore un coup; le cœur me deult.

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M. le duc d'Orléans, qui protége Coustélier, lui laisse imprimer tout ce qui lui plaît. On n'a pas même pris garde à ces vers de Villon qui font Hugues Capet fils d'un boucher:

Se fasse des hoirs Hue Cappel

Qui fut extrait de boucherie,

imposture tirée du Dante, poète florentin, chant xx de son second poëme, qui a été plaisamment rapportée dans la harangue du cardinal de Pellevé de la Satire Ménippée, et sur laquelle il y a de bonnes Remarques, tom. II, page 161 de cette Satire.— J'ai remarqué que Villon dit dans son Testament (page 49).

Item à maître Ythier Marchand

Donne, mais qu'il le mette en chant,

Ce lay contenant des vers dix.

Et nous avons vu mourir à quatre-vingt-douze ans, en 1722, un autre Ythier, aussi musicien, qui avait été de la musique des rois Louis XIII et Louis XIV, et qui a un gendre nommé Laneau, le meilleur maître à chanter à Paris, dont la femme joue très bien du dessus de viole, en sorte que ces Ythier datent de trois cents ans de famille musicienne de Paris. Nous attendons Jean Marot, Crétin et Coquillard, du même Coustelier, qui donnera aussi un Glossaire des vieux mots français, pour les entendre, ouvrage fort nécessaire pour notre langue, et désiré il y a long-temps par Bayle. Il en parle dans une lettre qu'il m'a écrite et dans la préface du Furetière.

-La tragédie d'Inès a attiré plusieurs critiques, et, entre autres, les Paradoxes littéraires et les Anti

Paradoxes, où La Motte est traité comme il le mérite. On lui prouve seulement qu'il ne sait ni faire des vers ni écrire bien en prose, et que sa poésie est louche et pleine de fautes. Le critique est l'abbé Desfontaines, qui a travaillé contre l'abbé Houteville, sur son livre de La vérité de la Religion, et qui donne le prix de notre poésie française à Rousseau, même au-dessus de Malherbe, et il pourrait bien avoir raison, si ce Rousseau, par sa mauvaise conduite, n'avait pas quitté le royaume et mérité une condamnation très honteuse par contumace; ce qui n'empêche pas qu'il ne soit bon poète, non plus que Villon, qui fut condamné d'être pendu: mais c'est une vilaine tache pour le métier.

Nous venons de voir une édition de Rousseau, en Angleterre, en deux volumes de grand in-4°, d'un très gros caractère. Il y a mis plusieurs pièces nouvelles d'un goût sublime, adressées à l'Empereur, au prince Eugène, à l'Impératrice, à M. de Bonneval, et jamais on n'a vu de si beaux vers et des rimes si riches. Les contempteurs de l'antiquité n'y sont pas bien traités. Il jouit en Allemagne, sous la domination de l'Empereur et sous la protection du prince Eugène, de la colère de la France; et il a fait entrer dans cette édition nouvelle une satire contre le duc de Noailles, qu'il ne nomme pas, et une autre contre l'abbé Bignon qu'il nomme l'ainé des abbés noyés, c'est-à-dire de ceux qui n'ont pu parvenir à la prélature, Mais il a beau faire, toute cette magnifiqne poésie ne rétracte point l'arrêt donné contre lui et ne couvre point sa honte.

(La suite à un prochain numéro.)

MÉLANGES.

I.

LETTRES DE L'ABBÉ SICARD.

AM. Barbier, bibliothécaire de l'Empereur et de son Conseil d'État.

Paris, le 9 septembre 1808.

Vous n'avez pas ignoré, Monsieur, que j'ai obtenu de Sa Majesté l'insigne faveur de lui dédier un de mes derniers ouvrages: La Théorie des Signes, pour l'instruction des sourds-muets de naissance. J'en ai parlé à Sa Majesté le jour où elle voulut bien m'accorder la grâce d'un entretien particulier. L'ouvrage n'était pas encore relié. Depuis qu'il l'est, j'ai voulu le lui offrir moi-même, et l'on m'a dit qu'il fallait en obtenir la per-. mission, en la faisant demander par un chambellan de service. J'ai demandé cette permission, une première fois, sans recevoir de réponse. Je l'ai demandée une seconde; je n'ai pas été plus heureux.

Comme je suis jaloux que Sa Majesté reçoive et con

naisse mon travail, et que son amour pour les lettres vous procure souvent sans doute le bonheur de la voir dans sa bibliothèque, permettez que je vous prie de lui présenter, en mon nom, l'ouvrage qui lui est particulièrement dédié. Sa Majesté ne sera pas fâchée de connaître la langue fixée de ce nouveau peuple dont j'ai augmenté ses vastes domaines, et à qui j'apprends tous les jours à le louer, comme tout le monde, et à le bénir comme tous les autres enfans de son immense famille. J'ai parlé aussi à Sa Majesté de la nouvelle édition de ma Grammaire générale aussi en 2 vol. in-8° et je lui ai dit que j'y ai fait de nombreux changemens, profitant pour l'améliorer et la rendre encore plus digne de la confiance du public dont l'empressement honorable a épuisé, en très peu de temps, deux éditions tirées chacune à 2,500 exemplaires, des découvertes journalières que me donne l'occasion de faire l'instruction des sourds-muets.

J'ai encore parlé à Sa Majesté de ce qu'a fait pour l'instruction de cette classe infortunée mon illustre prédécesseur et je lui ai dit que j'ai réduit en système la savante théorie dont mon maître n'a inventé que quelques procédés épars. En conséquence, pour que Sa Majesté fût à même de pouvoir juger et le maître et le disciple, je lui ai demandé la permission de lui offrir et l'ouvrage du célèbre abbé de l'Épée et le mien. Il est juste que le souverain qui protége une institution qui fait un des plus touchans ornemens de sou empire et qui a témoigné une bienveillance vraiment paternelle à celui à qui la direction en est confiée, connaisse le point de départ de cette intéressante découverte, le point où l'inventeur s'est arrêté, les pas qu'a faits le successeur et le point d'arrivée de la méthode.

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