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civisme. Cependant, à la séance du 23 août suivant, lorsqu'on agita les droits politiques des princes de ma famille, le duc d'Orléans, sensible à ce que la constitution l'éloignait de tous les emplois et bornait ses droits à l'expectative éventuelle de la succession au trône, réclama fortement contre cette disposition, et dit : « Je donne, dès ce moment, acte de ma a renonciation au droit éventuel de la succession au trône, que je déposerai sur le bureau de l'Assemblée, « pour obtenir le droit de citoyen français. » On peut juger de la valeur de cet acte de civisme dans un moment où, dans l'ordre de la nature, il ne pouvait fonder aucun espoir sur le trône; et cette renonciation était un charlatanisme d'autant plus grossier, qu'il n'avait le droit de renoncer pour lui, ni moins encore pour les siens, à cette succession éventuelle.

Bientôt un nouvel évènement vint encore répandre l'alarme dans Paris; l'assemblée Constituante avait, le 15 juillet, arrêté une loi pour fixer les cas où les rois seraient à l'avenir censés avoir abdiqué le trône. Les prétendus amis de la constitution, conspirant aux Jacobins, qui, dès ce temps, maîtrisaient l'assemblée Nationale, qui opposaient le poids de la faction à l'autorité de la loi, et qui voulaient alors me réduire à la situation où je suis, et détruire à la fois la monarchie et le monarque, se permirent de rédiger une pétition à l'Assemblée, capable de répandre le trouble dans la France entière, l'allumer le flambeau de la guerre civile, et conséquemment d'empêcher l'achèvement de la constitution; pétition par laquelle ils demandaient acte de l'abdication du trône par moi, soi-disant faite le 21 juin précédent, avec protestation de ne me recon

naître pour roi que lorsque la majorité de la nation aurait émis un vou contraire au leur (1).

Je dois observer que les auteurs, provocateurs et adhérens de ce projet, font aujourd'hui partie des membres de la Convention et de mes juges.

On avait ameuté le public ordinaire pour faire un rassemblement le 17 juillet au champ de la Fédération, et pour signer cette pétition, qu'ensuite on aurait été présenter en force, à l'Assemblée. Le maire de Paris et le commandant-général de la garde nationale, instruits du projet de cette insurrection civique, prirent les mesures nécessaires pour en prévenir les effets, en conformité du décret rendu la veille à ce sujet ; mais ces mesures, loin d'arrêter l'essor des factieux, ne firent que les enhardir au point qu'ils opposèrent la force des armes à l'autorité de la loi. Cette circonstance ayant nécessité la rigueur de la loi martiale, le drapeau rouge fut déployé, des désastres inséparables du trouble en furent la suite, et la faction fut déjouée.

Enfin, après vingt-huit mois de séances, l'assemblée Nationale mit fin à la constitution, qui fut présentée à mon acceptation. On sentit que, pour cet acte important, il fallait il fallait que je fusse libre, ou qu'au moins je parusse l'être; en conséquence, je fus rendu par un décret du 3 septembre, à la plénitude de mon autorité constitutionnelle, et l'on me laissa le choix du lieu pour examiner et accepter la constitution. Je crus qu'il était de ma prudence de ne pas m'absenter de la capitale, pour ne pas donner aux factieux quelque nouveau motif de soulèvement ou de trouble; je déclarai donc que je resterais à Paris; je crus aursi que mon acceptation

(1) Voyez cette pétition anx Pièces justificatives, no 2.

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devait être faite dans le lieu même où la constitution avait été décrétée; je me tins en conséquence à ce parti.

Je n'employai que dix jours à l'examen de l'acte constitutionnel, qui eût exigé trois mois de réflexions; je le trouvai incohérent dans son ensemble, disparate dans ses détails, et ne présentant qu'une bigarrure de principes et d'idées accumulés et rassemblés sans liaison et sans ordre; ce qu'alors je jugeai de ce travail, la France entière, je veux dire la portion instruite et de bonne foi, l'a jugé de même; mais je concevais en même temps qu'un travail de cette nature, fait sans plan général préalable, sans suite dans la rédaction, interrompu dans la discussion, conçu, exécuté, débattu, dans lẹ choc des passions et des intérêts divisés, ne pouvait pas présenter cet ensemble de perfection si désirable dans un acte de cette importance; mais aussi, d'un autre côté, je concevais que le temps, l'expérience et l'opinion publique mûriraient à la suite ce canevas constitutionnel qui pourrait, par cette raison, être plus perfectionné dans la suite. Il fallait mettre fin aux troubles, ramener la paix, anéantir les factions, c'est ce que j'attendais de la législature suivante; en conséquence, j'acceptai la constitution le 13 septembre; et je prêtai mon serment le lendemain.

En envoyant mon acceptation, je crus cependant devoir y joindre quelques observations; j'écrivis en conséquence à l'Assemblée, et je lui dis entre autres choses : « Dès le commencement de mon règne, j'ai désiré la réforme des abus, et dans tous les actes du gouvernement j'ai aimé à prendre pour règle l'opinion publique.... Dans le cours des évènemens de la révolution, mes intentions n'ont jamais varié. Lorsqu'après

avoir réformé les anciennes institutions, vous avez commencé à mettre à leur place les premiers essais de votre ouvrage, je n'ai point attendu, pour y donner mon assentiment, que la constitution entière me fût connue; j'ai favorisé l'établissement de ses parties, avant même d'en avoir pu juger l'ensemble; et si les désordres qui ont accompagné presque toutes les époques de la révolution venaient trop souvent affliger mon cœur, j'espérais que la loi reprendrait de la force entre les mains des nouvelles autorités, et qu'en approchant du terme de vos travaux, chaque jour lui rendrait ce respect sans lequel le peuple ne peut avoir ni liberté ni bonheur. J'ai persisté long-temps dans cette espérance.... Que chacun se rappelle le moment où je me suis éloigné de Paris: la constitution était près de s'achever, et cependant l'autorité des lois semblait s'affaiblir chaque jour; l'opinion, loin de se fixer, se subdivisait en une multitude de partis; les avis les plus exagérés semblaient seuls obtenir la faveur; la licence des écrits était au comble, aucun pouvoir n'était respecté.... Les motifs qui me dirigeaient ne subsistent plus aujourd'hui..... J'accepte donc la constitution..... Je déclare qu'instruit de l'adhésion que la grande majorité du peuple donne à la constitution, je renonce au concours que j'avais réclamé dans ce travail, et que n'étant responsable qu'à la nation, nul autre, lorsque j'y renonce, n'aurait le droit de s'en plaindre.

« Je manquerais cependant à la vérité, si je disais que j'ai aperçu dans les moyens d'exécution et d'administration toute l'énergie qui serait nécessaire pour imprimer les mouvemens et conserver l'unité dans toutes les parties d'un si vaste empire; mais puisque les opinions sont aujourd'hui divisées sur ces objets,

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je consens que l'expérience seule en demeure juge;
lorsque j'aurai fait agir avec loyauté tous les moyens
qui m'ont été remis, aucun reproche ne pourra m'être
adressé, et la nation, dont l'intérêt seul doit servir de
règle, s'expliquera par les moyens que la constitution
lui a réservés.... Consentons à l'oubli du passé; que les
accusations et les poursuites qui n'ont pour principe
que
les évènemens de la révolution, soient éteintes dans
une réconciliation générale..... Quant à ceux qui,
par des excès où je pourrais apercevoir des injures
personnelles, ont attiré sur eux la poursuite des lois,
j'éprouve à leur égard que je suis le Roi de tous les
Français.»

Après mon acceptation, fut prononcée l'amnistie générale, sans laquelle plusieurs ne siégeraient point aujourd'hui dans la Convention; je fus comblé des témoignages apparens du plus tendre attachement, et, pour la première fois de ma vie, je me crus heureux, puisque toute la France me parut heureuse!

Telle fut la loyauté de ma conduite, et qu'elle est différente de celle que depuis on a tenue à mon égard!

Je ne dois point omettre, en terminant cette époque, de rappeler l'un des actes qui a distingué le dernier jour de l'assemblée Constituante. Instruite depuis longtemps du danger des sociétés populaires, sociétés qui ont fini par élever autel contre autel, autorité contre autorité, par opposer l'arbitraire à la loi, par s'ériger en souverain au milieu même de la nation, et porter partout le désordre de la désorganition, et le flambeau de la destruction, l'assemblée Constituante se fit faire par son Comité de constitution un rapport duquel il résulta:

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