صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

ronne, et c'est une belle espérance. Le marquis d'Etampes, premier écuyer du duc d'Orléans, avait obtenu de lui le gouvernement de Marseille, mais le Roi n'avait point parlé, et on le lui a r'óté, disent les bounes gens; il perd cinquante mille livres de rente à la mort de son maître. M. d'Argenson, qu'il avait fait son chancelier. depuis peu, y perd quarante mille livres de rente, et ainsi des autres, MM. de La Fare, de Biron, etc.

Le petit abbé de La Fare, bossu et de mauvaises mœurs, a été plus heureux, car il avait été fait depuis quelques jours évêque de Laon, et par conséquent second duc et pair ecclésiastique, à la place de l'évêque de Marseille, qui a redemandé Marseille, qu'on lui a rendu, et l'abbé de Villeneuve, à qui on avait donné Marseille, a été fait évêque de Viviers. Voilà les jeux de la fortune.

-Nointel, garde du Trésor-Royal, appelé Courcollet parmi les princes, qu'il ne voit que trop, s'était brouillé avec M. le Duc, pour un garde du TrésorRoyal triennal, qui est un des Pâris que M. le Duc ou sa maîtresse avaient fait il y a un an, et avait tenu mille manvais discours. Il s'est présenté devant le Prince, premier ministre, et lui a dit qu'il était prêt de se démettre de sa charge s'il lui déplaisait, ou au contraire de redoubler son zèle et son exactitude s'il ne lui déplaisait pas. M. le Duc lui a dit de rester sous sa charge et de se faire couper la langue. Cela s'est tourné en plaisanterie; le prince Charles a dit à M. le Duc « Monseigneur, je vous fais compliment de ce << que Nointel veut bien vous rendre ses bontés. »

:

-Le maréchal d'Huxelles sollicite pour la place de premier écuyer en faveur du chevalier de Berighen, frère du défunt. Madame de Berighen crie et dit qu'on

l'assassine si on ôte cette charge de sa famille; elle l'a dit tout haut au Duc d'Elbœuf. M. le Duc a dit au prince Charles que la charge ne serait point donnée, que les différends ne fussent réglés entre les deux charges. Il lui a envoyé Millam, son secrétaire, homme sage et de beaucoup d'esprit, pour avoir le Mémoire de ses prétentions, et on lui a donné le Mémoire que j'ai fait sur cette charge. Voyons la fin.

[ocr errors]

Le prince de Conti paraît très mécontent. Il n'entre point dans le conseil d'État. Il veut que l'on lui rende sa femme qui reste dans Port-Royal, malgré la sentence, dont il n'y a point d'appel, qui ordonne qu'elle reviendra avec son mari. Il l'a voulu enlever il y a quinze jours, comme elle allait voir madame la duchesse, mais il la manqua. Il est enragé et fera quelque coup de tête.

[ocr errors]

On négocie toujours avec M. de Novion pour sa charge, et il commence à entendre raison.

-7.-M. de Novion est enfin premier président. Il donne sa charge de président à mortier à M. de Lamoignon de Blancmesnil, avocat-général, qui la garde pour le fils de M. de Novion, qui n'a que treize ou quatorze ans, et il est accordé que ce fils épousera la fille de M. de Blancmesnil. Tout le monde est content. M. de Blancmesnil, pendant son dépôt qui durera dix ans, peut devenir premier président, M. de Novion ayant à présent soixante-trois ans. Nous revoyons donc un Novion à la tête du Parlement, mais il n'y est point du tout aimé il est dur, aime peu la dépense, et ne s'est point fait d'amis dans la Grand' Chambre. Toutes les bonnes têtes le haïssent à merveille.

Dans le conseil d'Etat qui a été tenu ce jour, il a été rendu deux arrêts qui vont faire donner des béné

B.-IX.

29

dictions au ministre nouveau. L'un qui diminue les droits d'entrée sur les foins, avoines, grains et grenailles, beurre salé et fondu et fromage, savoir des trois quarts pendant le mois de décembre, de moitié en janvier et du quart en février. Le motif est la disette des la difficulté des voitures et la cherté des denrées. Cela a peu d'exemples et marque une attention pour le peuple. L'autre qui ordonne que le droit du joyeux avénement scra sursis jusqu'à ce que autrement en ait été ordonné. L'arrêt dit que les revenus du Roi sont suffisans pour acquitter les charges de l'État, que l'excédant peut même suffire à payer ce qui est arriéré, et que le nouveau droit ayant été affecté à payer le passé, le Roi a cru devoir en différer le recouvrement, « qui sera << une ressource sûre et très considérable, s'il survenait <«< dans la suite des besoins pressans et imprévus aux« quels il ne serait pas possible de pourvoir sans des « fonds extraordinaires. » Les fermiers et les régisseurs de ce nouveau droit sont très penauts, et sont obligés de se retrancher sur les besoins pressans et imprévus. La honte leur reste sans profit.

- 8.- On a crié tout haut dans Paris les deux arrêts et les colporteurs disaient : Voila deux bons ar réts! deux bons arrêts! Le peuple les a lus avec plaisir, a maudit le défunt et béni le premier ministre vivant, comme il fait toujours. Væ victis!

En visitant les papiers du duc d'Orléans on a trouvé son chiffre pour les affaires étrangères qui est composé de tous les mots les plus infames et les plus débauchés qui soient dans la langue. Cette invention est toute nouvelle et digne de lui qui aimait toutes les ordures et toutes les saletés; mais comment les étran

gers s'en accommodaient-ils? C'est qu'il était leur maître à tous. Ils le craignaient plus que Louis XIV avec une armée de quatre cent mille hommes. C'est bien étonnant que tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde, qui est le gouvernement des États, se soit ainsi traité. C'est un sardanapalisme d'un genre tout particulier. Quelques jours avant sa mort, M. de Morville reçut une lettre pleine de ces infamies; il en fut surpris, il la porta au prince qui ne fit qu'en rire et lui dicta la réponse en même temps que le ministre rougissait d'écrire à peine la postérité croira-t-elle ce fait qui n'a point d'exemple depuis le commencement du monde. Il est cependant très vrai et j'en suis certainement informé.

-Le duc de Chartres montre ce qu'il est, il n'a point d'esprit et est opiniâtre. Il a demandé à travailler avec le Roi pour l'infanterie, dont il est colonel-général. Le Roi l'a refusé, ce qui a fait qu'il a remis le détail de l'infanterie qui passe à M. de Breteuil, ministre de la guerre. Il a demandé la nomination aux bénéfices de son apanage, on la lui a aussi refusée. Il ne veut point de maison, parce que si la couronne lui venait il serait obligé de donner aussi une maison à M. le Duc, qu'il n'aime point, et il aime mieux s'en passer. Les officiers d'infanterie sont très mécontens, il ne fait rien pour eux et dit qu'il ne s'en mêle plus. Ils vont du côté de M. le Duc et disent que l'autre est une planche pourrie.

Il a été question de donner la charge d'avocatgénéral. M. Le Nain, avocat du Roi, a été mis sur les rangs, comme fils du célèbre M. Le Nain avocat-général et petit-fils du grand-chambrier. Le nom et le mérite l'emportaient; mais M. de Fréjus a dit qu'il

était janséniste par lui et par toute sa famille: par sa femme, niece de l'abbé d'Asfeld, qui est en exil; par son grand oncle, l'abbé Le Nain de Tillemont; par sa grand'-mère, qui était le rendez-vous de tous ces messieurs. Il lui a parlé lui-même de sa grand-mère et a demandé qui la confessait: « Hélas! monseigneur, a-t-il dit, il y a díx ans qu'elle est morte, mais qui est-ce qui << vous confesse?»> A cela il n'a rien répondu, et la charge a été donnée à M. Talon, petit-fils du fameux M. Denis Talon, avocat-général, qui n'y pensait pas et qui s'en tirera comme il pourra. Le crédit des jésuites est plus fort que jamais.

[ocr errors]

On cherche à perdre le chancelier, on dit qu'il est hérétique, et il m'est arrivé dans mon cabinet qu'un particulier est venu me consulter sur un écrit qu'on voulait faire signer à son père, prisonnier, en vertu de lettres de cachet, depuis cinq mois, accusé de concussion sur les voituriers de la rivière de la Somme. On lui promet de le mettre dehors, même de supprimer un arrêt qui renvoie l'affaire au lieutenant criminel de Melan, pourvu qu'il signe cet écrit par lequel il reconnaît qu'il faisait cette concussion par l'ordre d'un M. d'Aguesseau, directeur-général des fermes à SaintQuentin, qui en profitait. Ce sont proches parens du chancelier dont on veut diffamer la famille, et c'est M. Fagon qui faisait cette proposition, par la médiation d'un tiers qui s'est trouvé par hasard dans mon cabinet en même temps, homme qui a été officier aux gardes et qui se mêle d'intrigue. Il a été fort surpris que j'aie fait cette découverte, il s'est décélé en querellant cet homme devant moi, et elle vaut bien la peined'en charger ce Journal pour montrer un dessous de carte que personne ne sait.

« السابقةمتابعة »