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son vœu de chasteté à la vue d'une jolie servante qu'il a voulu violer: grands cris, l'auberge est accourue, la fille a expliqué la violence, le chartreux s'est allé coucher avec sa courte honte; le lendemain le bruit a été grand de cette affaire. Le cardinal de Noailles en a averti les chartreux, qui ont dit que c'était une calomnie des jansénistes, contre lesquels ce bon Père avait une commission. L'official a informé, et le fait s'est trouvé bien vrai. On a couru au garde des sceaux, ami des jésuites il a fait informer par le bailli de Versailles pour la décharge du chartreux; mais les témoins ont encore parlé contre lui. Cette batterie ayant manqué, il y a eu lettre de cachet pour ordonner à l'official d'envoyer les informations à la cour. L'official a dit qu'il les ferait copier et les enverrait. Cependant il a averti le cardinal qui s'est saisi de la minute.

Autre lettre de cachet pour le cardinal qui a dit qu'il ne s'en désaisirait pas, et qu'il les porterait au Roi s'il les voulait voir. Les chartreux ont pris un autre parti, qui a été d'appeler comme d'abus de la procédure de l'official. On a consulté M. Capon, avocat dévoué au clergé moliniste, qui a donné sa consultation, et l'a fait signer à M. Duperrey sans la voir; le relief d'appel a été signifié; puis on a vu qu'on ne tirerait pas meilleur marché du Parlement et on s'est voulu désister de cet appel; mais les gens du Roi ont dit que l'abus était une matière publique dont on ne se désistait pas; on croyait par un appel simple porter l'affaire à Lyon, et là, voir à son aise les informations et faire juger comme on voudrait; mais on s'est fermé toutes les portes: l'appel n'étant que dévolutif, l'officialité à continué ses procédures, converti le décret d'ajournement personnel en décret de prise de corps, et le chartreux

est caché. Le cardinal de Noailles que l'on a voulu apaiser a dit : « Que l'on me rende sept chartreux de Paris que l'on a exilés, et je verrai ce que je ferai de celui-là.» Les Molinistes sont bien fâchés d'avoir choisi un commissaire si égrillard, et ce ne sera plus qu'aux vieux que les commissions seront données. Cette scène manquait à l'histoire de la constitution.

-Autre histoire de l'année. Le prince Frédéric, frère de l'abbé d'Auvergue, demande à M. de Saint-Albin, archevêque de Cambrai, fils naturel du duc d'Orléans, le prieuré de Saint-Martin-des-Champs. Le duc d'Orléans, voulant bien pourvoir son fils, engagea l'abbé de Lyonne, qui avait ce prieuré, à se donner un coadjuteur; il proposa son fils; cela passa bientôt à Rome, et l'abbé d'Auvergne, comme abbé de Cluny, collateur de ce beau bénéfice qui est de cinquante mille livres de rente à Paris, y donna son consentement bien malgré lui après que le bref fut venu. Cette coadjutorerie ne valait pas grand'chose car il ne faut pas de coadjuteur à un bénéfice simple. L'abbé de Lyonne, étant mort quelque temps après, l'abbé d'Auvergne pourvut en secret son frère, du prieuré per obitum. M. de Saint-Albin prit possession comme coadjuteur. On avait promis de donner au prince Frédéric une grosse abbaye dans la nomination dernière. Le duc d'Orléans, qui ne tenait pas toutes les paroles qu'il donnait, l'oublia; il est venu à mourir avant la possession triennale de son fils; sur cela, vient le prince Frédéric, qui rapporte ses provisions et qui prétend la coadjutorerie abusive. Procès au grand conseil; et c'est encore une scène bénéficiale qui mérite son attention. Il fera beau voir plaider cette cause où on déclinera le nom de M. de Saint-Albin, sa naissance de

la Florence, comédienne, et le soin du duc d'Orléans de pourvoir ses bâtards des meilleurs bénéfices, et d'incela toute sorte de tours.

venter ponr

-4.- La chambre des comptes s'est assemblée; on a examiné l'échange de Belle-Isle. La lésion pour le Roi s'est trouvée énorme. Le bail de Belle-Isle, quoique excessif, est de trente-quatre mille livres, et celui des domaines échangés, de plus de soixante-quinze mille. Il a été arrêté qu'il serait fait des remontrances au Roi pour cesser cet échange, et ordonner la restitution des fruits excédans et faire l'évaluation dans les formes. M. de Belle-Isle sent bien que tout cela vient d'en haut. et que la chambre n'a point agi sans ordre. On a écrit partout dans la belle maison qu'il fait bâtir de l'autre côté du Louvre : Ce qui vient de la flûte s'en retourne au tambour.

-10.-Les remontrances de la chambre des comptes examinées, il a été ordonné dans le Conseil, que le sieur ́ de Belle-Isle jouirait par provision du quart des domaines; qu'évaluation sera faite des échanges; qu'il restituerait l'excédant des revenus, que toutes les dégradations qu'il a faites dans les bois des domaines, dont il a vendu une partiǝ pour bâtir sa maison, seraient estimées, et qu'à la fin il aurait le choix de reprendre Belle-Isle ou des domaines. Mais on croit que Belle-Isle pourra à peine remplir la restitution et les dégradations. Voilà un homme perdu; il tient pourtant bonne contenance, et a encore des amis secrets qui le servent bien, et qui espèrent que le Roi lui fera remise.

-La Compagnie des Indes a arrêté qu'il serait payé cent cinquante livres de dividendes par action, pour l'année 1723 qui se paie en cette année 1724, et a fait afficher ce paiement avec division de numéros par mois, B. IX.

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et que s'il survenait des diminutions d'espèces, elles seraient supportées par ceux qui ne se seraient pas présentés à temps.

Voilà une petite lueur pour les actionnaires, qui peut-être ne durera pas toute l'année.

-Le nouveau premier président, qui n'a jamais aimé le monde, est très embarrassé de sa place: il ne sait que répondre à tous les complimens qu'on lui fait, et à tous les placets qu'on lui présente : il sait bien le Palais, mais il ne sait pas la Cour, et c'est bien différent du défunt. Il en arriva autant à M. Le Pelletier qui était bon en second, et en premier ne valait rien, et qui quitta. On reparle de lui comme d'un exemple. Celuici voudrait vivre en particulier et faire donner les audiences par son suisse, ne manger que son poulet, et être dès le matin au Palais pour bien juger; mais cela né suffit pas pour les premières places, où il faut de la dignité et de la représentation. Il s'est chagriné, il lui à pris des vapeurs et des hémorroïdes, et l'on croit qu'il ne tiendra pas long-temps. L'homme est bien malbeureux, il a de l'ambition, elle est remplie, et c'est luimême qui manque.

18.-Ce jour, a été jugée à la Tournelle cette femme qui avait été condamnée à la question, et pour qui j'ai fait un mémoire: elle a été tout d'une voix mise hors de prison, et dit qu'il serait plus amplement informé pendant six mois. Les autres accusés aussi mis en liberté. Un petit garçon de huit à neuf ans qui était arrêté, ayant été interrogé, a très bien répondu. II s'agissait d'un mari tué dans sa chambre pendant que sa femme était dans la cour. L'enfant a dit : « Monseigneur, « j'étais dans la cour avec ma bonne maman, et je la « voyais comme je vous vois, quand le coup a tiré : »

Mon mémoire a été lu à la chambre sur les indices, et fort approuvé. C'est un des plus forts ouvrages que

j'aie faits en ce genre.

-Ce jour, au Palais, l'affaire de M. de Saint-Albin, pour le prieuré de Saint-Martin, était toute publique, et l'assignation donnée sous le nom de Charles de SaintAlbin.

-23.-M. d'Argenson, lieutenant de police, a reçu ordre de donner démission de sa charge. M. de Maurepas lui a écrit une lettre très polie (1). Cette charge ne convenait pas à un homme qui est dans le parti ouvert du duc d'Orléans, présomptif héritier de la couronne, et qui est son chancelier. M. le Duc ne l'a pu souffrir dans cette place de la police, où les affaires extraordinaires sont comme attachées : on dit aussi qu'il ne la faisait pas bien, et était encore trop jeune.Il a donné sa démission à M. le duc d'Orléans, qui l'a gardée un jour et l'a portée à M. le Duc. Sa place est donnée à M. d'Ombreval, qui a été avocat-général de la cour des aides, ce qui fait plus de finance que de police : il est neveu du premier président, et cousin de madame de Prye, parce que sa mère était Bertelot, sœur de Bertelot de Pleneuf et de la défunte fenime du premier président. Madame de Prye va élever sa famille, qui le mérite bien, car tous les Bertelot sont d'honnêtes gens, et ont beaucoup d'esprit et de goût. Le premier président avait logé M. d'Ombreval avec lui au Palais; mais il faut qu'il le quitte, et ce n'est pas le logement de la police. Dans les provisions de chancelier du duc d'Orléans, pour M. d'Argenson, il y a eu quelques difficultés pour le titre. Il a dit : « Qu'on ine fasse fouillepot de

(1) Voyez ci-après le 27 janvier.

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