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gneur de Fontaines était pourvu de grandes qualités. tant du côté de l'esprit que du corps et de la fortune. Il avait été en particulier favori du roi Charles IX. Il eût pu survivre à la perte d'une si bonne place que celle-ci en laquelle il s'était retiré pour se mettre à couvert des tempêtes de la dernière guerre civile; mais il fut malheureux de ce que, au lieu de se contenter de sa fortune, il avait entrepris de perdre cette ville s'enrichir de notre ruine car nous fûmes avertis que, pour cet effet, il avait appelé le prince de Dombes qui était déjà venu jusqu'à Bécherel avec 5,000 hommes pour d'en un jour ou deux venir fondre sur nous : ce qui fut la dernière cause de son infortune; car on voit clairement qu'il ne nous octroyait bien des choses qui choquaient même manifestement son autorité, que dans l'espérance qu'il avait de s'en récompenser par notre perte.

pour

Le sieur de La Péraudière nous ayant annoncé cette mort, il nous dit que le capitaine La Brière était dans le grand donjon avec trente bons soldats, résolu de se bien défendre, dans l'espérance d'être bientôt secouru par le prince de Dombes. Ce qui nous fit promptement courir à la porte par où on montait audit donjon, que nous trouvâmes encore ouverte; mais la montée était si remplie de lits, de coffres et d'escabeaux qu'il nous fut impossible d'y passer. Les ayant sommés de se rendre, ils nous répondirent, en tirant sur nous plusieurs coups de mousquet, qu'ils protestaient de se défendre; qu'ils en enverraient plusieurs de nous en l'autre monde; et nous dirent des injures. Nous rompîmes la porte du magasin du château qui est au bas du donjon; nous n'y laissâmes que quatre barils de

poudre..... Nous allions les faire sauter en l'air. Alors ils se rendirent.....

Pendant que ce que je viens de dire se passait au château, plusieurs de nos concitoyens, accourus dans la place de Saint-Thomas, y trouvèrent les échelles par le moyen desquelles ils montèrent sur la tour de Quiquengrogne à dessein de nous secourir. Mais nous ayant trouvés en possession de la place et ne voulant peutêtre pas qu'on leur reprochât d'être entrés là pour rien, ils se jetèrent sur les meubles des soldats, auxquels personne de nous autres n'avait encore touché. Bardelière ayant appris la mort du gouverneur et la reddition du donjon auquel il faisait sa résidence, il laissa la plupart de sa brigade sur la muraille et s'en fut avec le reste audit donjon. Il y entra un des premiers par la porte de la chapelle, où la dame de Bouillé, veuve du cadet du seigneur de Fontaines, l'ayant aperçu, s'alla jeter entre ses bras, le priant de lui sauver la vie et l'honneur, et pour mieux lui faire cette grâce, lui fit présent d'un sac de sept ou huit mille écus... On en distribua cinquante-six écus à chacun des nôtres qui avaient monté avec nous par l'échelle de corde. Les deux capitaines n'en voulurent point, mais ils partagèrent seulement avec notre syndic quelques joyaux appartenant à madame de Fontaines qui pour lors était en son pays de Touraine. Nous trouvâmes aussi dans ledit château vingt chevaux dont l'un fut retenu par notre syndic, un autre par Bardelière, un autre par moi, etc.

Nous y pillâmes aussi beaucoup d'argent, belle pièce de tapisserie et quelques joyaux; mais nous ne nous étions pas saisis de toutes les richesses du seigneur de Fontaines car son valet de chambre, le voyant mort,

s'empara de ce qu'il trouva dans son cabinet et le cacha sur soi. Nous ne le fouillâmes point non plus qu'aucun de ses autres domestiques. Ce pauvre garçon, passant par Rennes, ainsi que nous l'apprîmes depuis, environ huit jours après la mort de son maître, il y fut arrêté avec tous ses joyaux qui étaient de grand prix, de la part de l'abbé de Saint-Melaine, oncle dudit seigneur de Fontaines. Enfin, l'ayant trouvé saisi de ce butin, il fut pendu peu de temps après, quoiqu'il alléguât qu'il ne les avait pris que pour les conserver à madame de Fontaines, à laquelle il disait les aller porter. Le parlement de Rennes, irrité contre nous, et tenant le parti du roi de Navarre, donna précipitamment cet arrêt et un autre très rigoureux, non-seulement contre plusieurs des principaux de cette ville, mais aussi contre trois de leurs femmes.

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Le lundi, 11 mars 1590, un matin, ceux qui venaient de prendre le château le laissèrent en la garde de Bardelière accompagné d'environ soixante hommes. Le même matin notre conseil confirma ledit Bardelière en cette charge.

Le 12 mars 1590, les portes de cette ville ne furent point ouvertes, et le sieur de Lagarde Pont-Briand nous envoya dire qu'il était venu de Dol à Paramé, pour notre secours, avec sa compagnie de chevau-légers qu'il y tenait en garnison sous le duc de MerLe capitaine Jan nous fit aussi savoir presque au même instant, qu'il était aussi à Paramé pour ce même sujet, avec quelques chevaux, arquebusiers et gens de pied, de la part du marquis de Chaussin, gouverneur de Dinan.

cœur.

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1

Le 13, notre conseil arrêta tous les biens que les Anglais avaient en cette ville, mais le lendemain leur

en donna main-levée, et leur permit de trafiquer librement ici.

Le 15, il y fut fait défense à tous les habitans d'être armés en aucune manière, tant dans cette ville que des lieux voisins, sans ordre exprès dudit conseil, à peine de punition corporelle et de mille écus d'amende, et cela pour éviter les désordres qui se pourraient commettre, attendu la diversité des partis.

Le 12, par ledit conseil, a été conclu que nombre des habitans serait mis hors et chassé de cette ville, fius et limites d'icelle, comme perfides pour avoir enfreint l'édit, tenu le parti des hérétiques et politiques, s'étant séquestrés et séparés de l'union des catholiques de cette ville, faisant des assemblées, des conventicules et pratiques à part dans leurs maisons et jardins, pour soutenir le parti du roi de Navarre, ses fauteurs et adhérens, menaçant journellement de faire prendre cette ville par le roi de Navarre. Les douze premiers exilés avaient été arrêtés en l'évêché où on leur donna des gardes pour empêcher leur évasion, et le lendemain, au même conseil, ils furent taxés à six mille cent écus pour être employés au service de la ville.

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Le lendemain, 13 dudit mois, autres exilés.

« Le 27, notre conseil exila pareillement, comme suspects, vingt-un habitans.

« Le lendemain 28, furent pareillement exilés comme suspects, et taxés, plusieurs hommes et femmes

et enfans.

<< Enfin, le 25 avril suivant, notre conseil exila encore divers particuliers pour avoir tenu le parti huguenot. >>

[On ne se borna pas à ces mesures, on exila encore, on

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