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habitans de Chio feroient dispensés déformais d'observer la décence & l'honnêteté.

23. Darius Ochus, en mourant, n'avoit point défigné fon fucceffeur; & deux de fes fils, Artabazane & Xerxès, fe difputerent la couronne. A peine le Monarque eut-il rendu l'efprit, que Xerxès, profitant de T'abfence de fon frere, prit toutes les marques de la royauté, & en exerça les fonctions. Mais auffi-tôt que fon frere fut arrivé, il quitta le diadême & la tiare qu'il portoit d'une maniere qui ne convenoit qu'au Souverain, alla au-devant de lui, & le combla d'honnêtetés. Jamais on ne vit deux rivaux fi unis, ni de dispute`, sur une matiere auffi intéressante, terminée d'une maniere plus douce & plus paifible.

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Darius avoit trois fils de fa premiere femme, tous trois nés avant qu'il fût parvenu au thrône ; & quatre autres d'Atoffe, fille de Cyrus, fa feconde femme, qui étoient nés depuis qu'on l'avoit choisi pour Roi. Artabazane étoit l'aîné des premiers, & Xerxès des feconds. Artabazane alléguoit en fa faveur, qu'étant l'aîné de tous fes freres, la coutume & l'ufage de toutes les nations lui adjugeoient la fucceffion préférablement à tout autre. Xerxès répliquoit qu'il étoit fils de Darits par Atoffe, fille de Cyrus, qui avoit fondé l'empire des Perfes, & qu'il étoit plus jufte que la couronne de Cyrus tombât à un de ses descendans, qu'à un autre qui ne l'étoit pas. Démarate, roi de Lacédémone qui, après avoir été dépofé injustement par fes fujets, vivoit alors en exil à la cour de Perfe, lui fuggéra secrettement une autre raison: c'eft qu'Artabazane étoit, à la vérité, le fils aîné de Darius, mais que lui Xerxès étoit le fils aîné du Roi; qu'ainfi, Artabazane, étant né, lorfque fon pere n'étoit encore qu'homme privé, il ne pouvoit prétendre, par fon droit d'aîneffe, qu'à fes biens propres; mais que pour lui, étant le fils aîné du Roi, le droit de fuccéder à la couronne lui appartenoit. Il appuya cette raifon de l'exemple des Lacédémoniens, qui n'appelloient à la fucceffion du royaume, que les enfans qui étoient nés depuis que leur pere étoit Roi. Enfin, les deux Princes convinrent de prendre

pour arbitre de leur différend Artabane, leur oncle, & de s'en rapporter fans appel à fon jugement. Pendant tout le tems que dura cette conteftation, les deux freres fe donnerent réciproquement toutes les marques d'une amitié véritablement fraternelle, fe faifant des préfens, & fe donnant même des repas, d'où l'eftime & la confiance mutuelle écartoient, de part & d'autre, toute crainte & tout foupçon, & y faifoient régner une joie pure, & une pleine fécurité : fpectacle bien digne d'admiration, s'écrie Juftin, de voir que, pendant que la plupart des freres fe difputent, prefqu'à main armée, un médiocre patrimoine, ceux-ci attendoient avec une modération fi tranquille un jugement qui devoit décider du plus grand Empire qui fût dans l'Univers? Quand Artabane eut prononcé en faveur de Xerxès, dans le moment même son frere se profterna devant kui, le reconnoiffant pour fon maître, & le plaça de propre main fur le thrône, montrant par cette conduite une grandeur d'ame véritablement royale, & infiniment fupérieure à toutes les grandeurs humaines. Ce prompt acquiefcement à une fentence fi préjudiciable à fes intérêts n'étoit point l'effet d'une adroite politique qui fçait diffimuler dans l'occafion, & fe faire honneur de ce qu'elle ne peut empêcher. C'étoit refpect pour les loix, vraie affection pour un frere, & indifférence pour ce qui pique fi vivement l'ambition des hommes, & arme souvent les plus proches les uns contre les autres. Artabazane demeura toujours attaché contamment aux intérêts de Xerxès: il fervit toujours ce Monarque avec tant d'ardeur, qu'il perdit la vie dans la bataille de Salamine, en combattant pour sa gloire.

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24. T. Quintius Crifpinus, l'un des foldats Romains qui affiégeoient Capouë, étoit lié avec un Campanien nommé Badius, & par les droits de l'hofpitalité, & par une amitié étroite, qui en étoit la fuite. Ce qui avoit encore contribué à en refferrer les nœuds, c'eft que Badius étant tombé malade à Rome chez Quintius, avant la révolte de Capouë, il avoit reçu de lui tous les fecours qu'on peut attendre d'un bon & généreux

ami. Ce Badius, voyant les troupes Romaines cam→ pées devant les murailles de Capouë, s'avança jusqu'aux premiers corps-de-garde, & demanda, à haute voix, qu'on lui fit venir Crifpinus. Celui-ci, ayant été averti, crut que Badius vouloit lui parler comme à un ancien ami, & s'avança avec des dispositions pacifiques, confervant, malgré la rupture entre les deux nations, le fouvenir d'une liaison perfonnelle & particuliere. Quand Badius vit qu'il étoit à portée de l'entendre : « Je vous » défie au combat, dit-il à Crispinus; montons à che» val, & voyons qui de vous ou de moi fera paroître "plus de courage." Crifpinus, qui ne s'attendoit à rien moins, lui répondit que, l'un & l'autre, ils avoient affez d'ennemis contre qui ils pouvoient éprouver leur valeur & leurs forces. « Pour moi, ajoûta-t-il, quand je vous » rencontrerois par hazard dans la mêlée, je me dé» tournerois, pour ne point fouiller mes mains du fang » de mon ami & de mon hôte. » Il fe mettoit en de voir de retourner dans le camp. Alors Badius, plus fier qu'auparavant, commença à traiter de crainte & de lâcheté cette modération & cette honnêteté de fon ami, en l'accablant de reproches que lui feul méritoit. »Tu feins, difoit-il, de vouloir épargner ma vie, parce » que tu fçais bien que tu n'es pas en état de défendre » la tienne contre moi. Mais, fi tu crois que la guerre, » qui a rompu l'alliance des deux peuples, n'a pas fuf» fisamment aboli toutes nos liaisons particulieres, ap

prends que Badius de Capouë renonce folemnelle»ment à l'amitié de Titus Crifpinus, Romain. Je prends » à témoins de ma déclaration les foldats des deux ar» mées, qui m'entendent. Je ne veux plus avoir rien de » communi avec un homme qui eft venu attaquer ma

patrie & mes Dieux, tant publics que particuliers. "Si tu as du cœur, viens combattre. » Crifpinus, per fenfible à toutes ces vaines & frivoles incartades, fue long-tems fans vouloir accepter le défi; & ce ne fut que fur les inftances vives & réitérées de fes camarades qui lui remontroient combien il étoit honteux de fouffrir qu'un Campanien l'infultât impunément, qu'enfin it l'accepta. Mais, avant toutes chofes, fachant que

tout

tout combat particulier lui étoit interdit par les loix de la guerre, il alla demander aux Confuls la liberté de combattre, hors de rang, un ennemi qui le défioit; ce qui lui fut accordé fans peine. Alors, muni d'un pouvoir légitime, il prend fes armes, monte à cheval; &, ayant appellé Badius par fon nom, il lui déçlare qu'il eft prêt à fe battre contre lui. Badius fe présente fur le champ. Ils n'eurent pas plutôt pouffé leurs chevaux l'un contre l'autre, que Crifpinus perça l'épaule de fon ennemi, d'un coup de lance. Cette bleffure ayant fait tomber le Campanien, le vainqueur met pied à terre, & vole vers Badius pour achever fon triomphé. Mais le lâche lui abandonne fon bouclier & fon cheval, prend Ja fuite, & s'enfonce dans fon armée. Crifpinus retourna vers les Romains, avec les dépouilles du vaincu, & fut conduit, avec des cris de joie & d'applaudiffemens, à la tente des Généraux, qui donnèrent à sa modération & à sa valeur les récompenfes qui lui étoient dûes.

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25. Agéfilas, roi de Lacédémone, députa vers ceux de Lariffe, ville de Theffalie, Xénoclès & Scythès, pour faire avec eux un traité d'alliance. Les Larifféens, fans aucun fujet, & par un de ces caprices ordinaires à la populace, lorfqu'elle commande, firent mettre en prifon les deux ambaffadeurs Spartiates. Aufh-tôt les Lacédémoniens crierent à l'attentat; &, pour venger le droit des gens indignement violé, ils voulurent affiéger la ville coupable. « Arrêtez, leur dit Agéfilas; je

ne voudrois pas faire la conquête de toute la Thef» falie, aux dépens de la vie de l'un des deux députés; » & je les perdrois certainement tous deux, fije me

rendois à vos defirs. » Il aima donc mieux les racheter, aux conditions qui lui furent imposées. On a trouvé cette action plus digne d'un honnête homme que d'un Général; & l'on s'eft trompé. N'étoit-ce pas confulter les véritables intérêts de la patrie, que de commander à fa colere, pour fauver deux citoyens utiles? Plût à Dieu que tous ceux qui commandent, dignes imitateurs de la modération du roi de Lacédémone, facrifiaffent D. d'Educ. T. II. I

leurs reffentimens, leurs intérêts même, à la confer vation d'un feul homme néceffaire au bien pubic! Voyez RETENUE.

1.

MODESTIE.

Près la bataille de Chéronée, Philippe, roi de A Macédoine, fe laiffa quelque tems enyvrer par fa profpérité; mais bientôt il fit réflexion fur l'état de fon ame; &, pour arrêter les progrès de l'orgueil, il chargea lui-même un de fes efclaves de venir, tous les matins, lui répéter ces paroles, en l'éveillant: « Roi, » leves-toi, & fonges que tu es homme.»

2. Quand le prêtre du temple de Jupiter-Ammon déclara le grand Alexandre fils de ce Dieu : « Cela » n'eft pas étonnant, dit-il; tous les hommes font par » nature fils de Jupiter, & les bons le font d'une ma »niere plus particuliere par adoption.» Comme depuis l'adulation publioit par-tout qu'il étoit Dieu: « Le fom» meil, dit-il, m'apprend bien que je fuis homme. » Au fortir d'une grande maladie, il dit à ceux qui lui prodiguoient ce titre : « Ceffez, mes amis, ceffez de vous » moquer; la foibleffe de ma fanté m'avertit que je fuis » mortel, & que je ne dois pas porter mes penfées » trop haut.» Un jour, ayant reçu une grande blef fure à la cuiffe, il dit à ces mêmes courtifans qui l'environnoient : « Eh bien ! le fang que vous voyez vous » paroît-il la liqueur qui coule des bleffures des Dieux » immortels? Il faifoit allufion à ce qu'Homère dit dans l'Iliade, au fujet du fang qui couloit de la bleffure Vénus que de Diomède.

n

recut

3. Après une maladie qui l'avoit conduit aux bords du tombeau, Antigone, roi d'une partie de l'Afie, dit à fes courtifans, comme Alexandre : « Cet accident » n'eft point un malheur pour moi, je viens d'appren » dre à ne point m'enorgueillir, puifque je fuis more » tel.» Le poëte Hermodon l'ayant appellé, dans quel ques vers, Dieu, fils du Soleil: « C'eft, dit-il, ce que

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