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» les fois que vous ferez en colere, répétez en vous» même les vingt-quatre lettres de l'alphabet grec, » avant de rien faire ni de rien dire. »

4. Caton l'Ancien recommandoit fans ceffe aux magistrats d'employer toute la févérité poffible, pour réprimer les défordres qui fe commettent dans une Ré publique. Son fentiment étoit que rien n'eft plus dangereux pour un Etat que la licence des mœurs. « Un » magiftrat, difoit-il, qui pourroit réprimer cette pefte » de tout bon gouvernement, & ne le feroit pas, fe» roit, à mon avis, digne d'être lapidé. » Tant l'ame auftere de ce grand homme fupportoit avec peine ce qui s'écartoit de la régle!

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5. Une femme vaine & ambitieuse demandoit à Théano, époufe de Pythagore, par quel moyen elle pourroit fe rendre illuftre? «En filant votre quénouille, lui répondit-elle, & en prenant foin de votre ménage.»

6. Les grands befoins, difoit le philofophe Favorin, naiffent des grands biens ; & fouvent le meilleur moyen de fe donner les choses dont on manque, eft de s'oter celles qu'on poffede. C'est à force de nous travailler, , pour augmenter notre bonheur, que nous le changeons en mifere : tout homme, qui ne voudroit que vivre, vivroit heureux.

7. Lorsque le philofophe Platon voyoit quelqu'un commettre une mauvaise action, il ne s'arrêtoit point à le blâmer; il rentroit en lui-même, & se disoit inté rieurement: « N'ai-je jamais rien fait de semblable?

8. Un homme, chargé d'un emploi important, demandoit au philofophe Démonax, comment il devoit fe conduire : « Parlez peu, lui répondit-il, & écoutez » beaucoup. » Voyez MAXIMES. MaURS. PHILO

SOPHIE.

MORTIFICATION.

Ainte Paule, dit S. Jerôme, étendoit des cilices

S fur la terre la plus dure, & dormoit dellus, fi toutes fois on peut dire qu'elle dormoit, puifqu'elle paffoit

prefque toutes les nuits entieres à prier Dieu, accom pliffant à la lettre cette parole du Prophète-Roi : « Je "laverai mon lit de mes pleurs ; toutes les nuits, je l'ar» roserai de mes larmes. » Il fembloit qu'il y en eût une fource dans fes yeux. Elle pleuroit, pour de légeres fautes, avec tant d'abondance, qu'on eût cru qu'elle avoit commis les plus grands crimes; &, lorfque nous l'engagions, avec inftance, à ménager un peu fa vue, & à la conferver pour lire l'Ecriture fainte, elle nous répondoit : « Il faut que je défigure ce vifage que j'ai co»loré autrefois avec du fard, contre le commandement » de Dieu. Il faut que j'afflige ce corps qui a joui de » tant de délices. Il faut que je répare, par des pleurs » continuelles, la longueur des ris & des divertiffe» mens. Il faut que la rudeffe & la dureté du cilice fuc» cede à la molleffe des toiles fines, & à la magnifi»cence des belles foies. Autrefois, je voulois plaire » à mon mari & au monde; maintenant, je veux plaire » à Jefus-Chrift.» Voyez AUSTÉRITÉ.

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1.

NAIVET É,

A RISTAGORAS de Milet, ayant engagé les Io

niens dans une révolte contre le roi des Perses, parcourut toutes les principales villes de la Grèce, pour engager les peuples à fecourir fes compatriotes. Il vint à Lacédémone, & pria Cléomène, qui étoit pour lors fur le thrône, de lui donner audience. D'abord le monarque Spartiate refufa d'entrer dans la confédération, & commanda au plénipotentiaire d'Ionie de fortir de Sparte avant le coucher du foleil. Ariftagoras ne fe rebuta point. Il fuivit Cléomène jufques dans fa maison, & employa une autre voie pour se le rendre favorable; ce fut celle des préfens. Il commença par lui offrir dix talens, c'est-à-dire, près de dix mille écus; &, allant toujours en augmentant, il pouffa fes offres jufqu'à cinquante talens. Gorgo, fille du Roi, âgée pour lors de huit ou neuf ans, & que fon pere n'avoit pas voulu faire fortir de la chambre, ne craignant rien d'un enfant fi jeune, s'écria, lorfqu'elle entendit toutes ces propofitions: « Fuyez, mon » pere, fuyez ce petit étranger vous corrompra. » Cléomène fe mit à rire de la naïveté de fa fille, & fe retira en effet.

Un jour cette même Princeffe, voyant un étranger qui se faifoit chauffer par un domeftique, dit à Cléomène : « Comment? mon pere, cet étranger n'a donc » point des mains ! »

Une autre fois, fon pere lui ayant recommandé de bien recevoir un étranger de fes amis, & de lui donner une certaine quantité de bled, parce que cet homme lui avoit appris un fecret pour rendre le vin plus doux: « Le beau fecret! mon pere, répondit-elle, » qui nous fera boire plus de vin, & nous rendra plus v délicats, & moins fobres !"

2. Le duc de Rifpernon étoit fujet à beaucoup de distractions fes naïvetés paffoient en proverbe. A

.

l'âge de dix-huit ans, il écrivit à fon pere une lettre fur laquelle il mit cette adreffe: « A monfieur mon pere, » mari de madame ma mere, demeurant chez nous. » Il fortoit du collége des Jéfuites; il demanda à fes parens où il avoit fait fes études? Une fois il pria un aftronome de lui dire ce que devenoient les vieilles lunes, quand il y en avoit de nouvelles. Se trouvant un jour dans une compagnie de chaffeurs, où l'on parloit avec éloge de la meute du Roi, il demanda fi les chiens du Monarque alloient à pied à la chaffe? Un homme lui racontoit la mort de Jules-Céfar affaffiné dans le Sénat. « Mais pourquoi, dit-il, cet Empereur » est-il mort fans facremens? Il y a tant de prêtres à » Rome. Affurément, quoi qu'on en dife, il n'étoit » Chrétien que de nom. » On vantoit en fa présence l'admirable éloquence de Cicéron: «Oh! cela n'est » pas furprenant, dit-il; il a fans doute étudié chez » les Jéfuites. » Une dame lui difoit qu'elle n'avoit ja mais eu d'enfans. « Votre mere en a-t-elle eu, lui » demanda-t-il? Ne feriez-vous point stérile de race?» Il alla de Toulon à Tours, où il devoit époufer une très-riche héritiere; il avoit mis fur fes tablettes en

gros caractères : : «Mémoires pour me faire fouvenir » que je dois me marier à Tours. » En parlant d'une tempête fur mer, il dit que le vaiffeau qu'il montoit prit le mords aux dents. Il racontoit un combat naval: il dit qu'il refta plus de trente galères fur le carreau.

Un écolier, voulant voir s'il avoit bonne grace à dormir, fe regardoit dans fon miroir les yeux fermés.

Un homme, ayant une cruche d'excellent vin, la cacheta. Son valet fit un trou par-deffous, & buvoit le vin. Le maître, ayant décacheté la cruche, fut fort furpris de voir fon vin diminué, fans en pouvoir deviner la caufe. Quelqu'un lui dit qu'on devoit l'avoir tiré par-deffous. «Eh! gros fot, reprit le maître, ce n'eft "pas par-deffous qu'il manque, c'eft par-deffus. »

Une autre perfonne étant allée voir un de fes amis malade, celui-ci ne lui répondit rien. « J'efpere, dit l'autre, que je ferai auffi malade quelque jour, & je » ne vous répondrai pas non plus,»

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Il y avoit deux freres jumeaux, dont l'un vint à mourir : un écolier, rencontrant celui qui avoit furvécu à fon frere, lui demanda lequel de lui ou de fon frere étoit mort?

Une dame de qualité, voyant la pompe funèbre de fon mari, s'écria: «Ah! que le pauvre défunt feroit » aise de voir cela, lui qui aimoit tant les cérémonies!» Un concert de mufique ne s'exécutoit pas bien. Le muficien dit que c'étoit parce que le clavecin étoit trop bas. «Eh bien! dit un homme de confeil, il n'y a » qu'à le mettre fur cette table qui eft plus haute. » Un homme, faisant un inventaire, décrivit ainsi une tapifferie de Flandres : « Item, une tapifferie à perfon»nages de bêtes. »

loit

Un bon moine, chargé de faire le catalogue d'une bibliotheque, & rencontrant un livre hébreu, écrivit : » Plus, un livre dont le commencement est à la fin. » Le gouverneur d'une certaine ville répondit à fon cuifinier, qui lui demandoit comment il vouloit qu'il accommodat un canard: « Faites-m'en du bœuf à la » mode. » Il acheta un tombeau, & dit qu'il ne voupas qu'on y mît ames vivantes que celles de fa famille. Il étoit d'une cotterie où l'on donna un repas fans l'inviter; piqué de ce mépris: «Oh! je m'en »vengerai, dit-il; je vais donner un grand repas où » je ferai tout feul.» Voyant un jour dans fa baffecour un amas d'ordures, il fe fâcha qu'on ne les fît pas ôter. Un domestique s'excufant fur la difficulté de trouver des charretiers: «Que ne faites-vous, dit-il, une » foffe à côté où l'on enterreroit les ordures? Mais, » Monfieur, où mettroit-on la terre qu'on tireroit de » la foffe? --- Eh! grand fot, faites la foffe fi grande » que tout y puiffe entrer. »

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Dans un fouper, qui fut pouffé bien avant dans la nuit, on demanda à un Suiffe quelle heure il étoit ? Il tire fa montre, & voit qu'il eft plus de minuit. "Oh! oh! meffieurs, dit-il, il est déja demain.»

Cléon dit à fon valet un matin: « Regardes par la » fenêtre s'il eft jour. » Le valet lui vint dire: « Monfieur, je ne vois point de jour. Animal, reprit

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