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qu'elle étoit venue pour la voir: «Me connois-tu bien, lui dit-elle. » Oh! fraiment oui, mon dame, ré"pondit-il; Fous l'y avoir achety la charche de mon» dame la Falliere.»

20. Un valet fort fimple fut chargé par fon maître de porter à fon ami deux belles figues avec une lettre il mangea une des figues en chemin; enforte que l'ami, inftruit par la lettre qu'il y en avoit deux lui demanda l'autre. Le valet lui dit qu'il l'avoit mangée. « Comment donc as-tu fait, » lui demanda cet ami? Le valet prit la figue qui reftoit, & l'avalant: "J'ai fait comme cela,» répondit-il.

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21. Un Suiffe menoit un fort beau chien de chaffe, Un Gafcon s'écria : « Ah! quel beau chien ! Ce n'eft pas u un chien, dit le Suiffe. donc une chienne ?

» chienne. >> donc ?

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Cadédis, c'est

Non, ce n'eft pas une

Eh! palfambleu, quel animal eft-ce Pauvre homme, ne voyez-vous pas que

c'eft un braque?» (efpece de chien.)

22. Un Galcon, qui n'étoit jamais venu à Paris, & qui venoit de quitter l'habit de payfan pour porter celui de livrée, fe trouva avec fon maître dans une occafion, où ce monfieur, accompagné de plufieurs gentilshommes, après plufieurs civilités, avoit été obligé de paffer le premier dans une maifon. Le nouveau débarqué, croyant qu'il étoit de son devoir de fuivre fon maître, penfa culbuter toute la compagnie pour aller à fa fuite. Etant de retour au logis, le maître lui fit une féveré réprimande, & lui dit, que dans une pareille circonftance, il ne s'avisât pas de paffer, que tous les honnêtes gens ne fuflent entrés. Quelque tems après, fon maître allant à la rue S. Jacques, par le Pont-Notre-Dame, & fe trouvant devant l'églife de S. Yves, regarda par hazard derriere lui pour voir fi fon laquais le fuivoit; &, ne l'appercevant pas, il crut qu'il s'étoit égaré, ce qui le fit retourner fur fes pas, pour fçavoir ce qu'il étoit devenu. Surpris de le trouver au coin du Petit-Châtelet, fon chapeau fous fon bras, il lui dit en colere: « Maraut! à quoi t'an mufes-tu? & pourquoi ne me fuis-tu pas ? » Lui qui

avoit pris le Petit-Châtelet, pour une porte de maifon ordinaire, repliqua à fon maître: «Je n'ai eu garde, »monfieur, de vous fuivre, comme vous me l'avez » ordonné, que tous ces honnêtes gens ne fuffent » entrés. »

23. Un célèbre menteur, qui prenoit plaifir à débiter des aventures extraordinaires & romanefques, avoit fait préfent d'une culotte à fon valet Jean, afin qu'il confirmât dans le befoin toutes les merveilles qu'il raconteroit. Etant un jour dans une compagnie nombreufe, il dit que, dans un de fes voyages, un vent qui s'éleva tout-à-coup, enleva le carroffe où il étoit, & les fix chevaux qui le traînoient, & les porta deux cents pas de-là, Comme on ne pouvoit point croire cette aventure; pour lui donner le fceau de la vérité, il dit: « Demandez à Jean, mon valet; il y étoit,» Ce domeftique, qui fut épouvanté de ce récit, commença à défaire fa culotte, en difant à fon maître « Monfieur, j'aime mieux vous la rendre; je n'ai pas la force de foutenir un pareil men» fonge."

24. Un pauvre paveur Ecoffois, établi à Londres, écrivit à fa mere, & data fa lettre de Silver-Street, (rue d'Argent,) près de Gorden-Square, (Place-d'Or,) où il demeuroit. Sa foeur, jeune fille très-fimple, en lifant cette lettre, ne fit attention qu'à l'adreffe: elle ne douta point que fon frere ne fût très-riche, puifqu'il logeoit dans un fi beau quartier. Preffée de faire forrune elle-même, elle réfolut d'aller dans une ville, dont les rues étoient d'argent, & les places d'or. Son impatience ne lui permit pas de différer. La crainte de partager les richeffes, qu'elle trouveroit, avec quelques-unes de fes compatriotes, l'empêcha de faire part de fon deffein à perfonne. Elle arriva à Londres, & fut bien furprise de trouver fon frere auffi miférable qu'il l'étoit dans la maison paternelle: elle examina cette rue d'argent & cette place d'or, qui ne répondirent point à l'idée qu'elle s'en étoit formée; elle retourna auprès de fa mere, qui avoit befoin de fes fecours, bien convaincue que l'or & l'argent ne fe trou

vent pas plus aisément dans les rues de Londres, qua dans celles de fon village.

25. Un feigneur, qui aimoit beaucoup la falade, dit un jour à les métayers: «Ecoutez bien ce que j'ai » à vous dire; je veux que dans tous mes champs on » plante des noyers, pour faire de l'huile d'olive. »

26. Un particulier, qui fe piquoit d'efprit, voyant un tableau, dans lequel étoit peint Moyfe avec une grande barbe blanche, comme on a coutume de le repréfenter, tenant en fes mains le Décalogue, avec ces mots: Exode 20, s'imagina qu'Exode étoit le nom de cet homme, & que 20 étoit la marque de fon âge. Oh! oh! dit-il, voilà un beau vieillard pour vingt

>> ans ! >>

27. Un homme, qui faifoit l'intelligent, étoit à la Melle avec une dame. On commençoit l'Evangile. » Que veut donc dire In diebus illis, demanda la » dame? J'entens toujours ce mot, je voudrois bien

le comprendre. » Le docteur fut embarraffé; mais fon trouble fut pris pour réflexion, & quand il fe fut un peu remis: «Madame, dit-il, In die veut dire les In diens; & Bufillis, c'eft apparemment quelque nom

» d'homme. »

Ceci rappelle la réponse d'un autre homme, qui, étant à Matines, fut prié de dire la fignification de ces mots: Et reliqua, qui font après le verfet de l'Evangile, dont on va lire l'Homélie. Après y avoir bien penfé, voyant qu'après ces mots tout le monde s'affeyoit: « Cela fignifie, répondoit-il, affeyez

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28. Harcane voulut effayer lui-même fi une planche, qu'il avoit fait mettre à fa fenêtre en dehors pourroit foutenir un pot de fleurs. Il s'affit deffus l'ais qui fe rompit. Il tomba de la hauteur d'un premier étage, & fe caffa le bras. « Je fuis ravi, dit-il, de » cette expérience; mon pot de fleurs l'a échappé » belle je l'aurois hazardé, & il fe feroit fracaflé en» tièrement. »

29. Quand on ne fçait pas le triatrac, rien n'eft plus ennuyeux que d'y voir jouer, Un homme, qui en

ignoroit jufqu'aux termes, paffa toute une nuit à côté de deux autres qui jouoient avec attention. Vers le matin, il furvint un coup fingulier. D'un commun accord, ils s'en rapportent au tiers qui les regardoit jouer ; mais ils furent bien furpris quand il leur dit qu'il ne fçavoit pas le jeu. «Hé! pourquoi donc êtes-vous refté » là fi conftamment, lui dirent-ils ? – C'est que je vous » ai entendu dire à tout moment, je m'en vais; » (terme de trictrac,) je vous attendois pour m'en » aller avec vous. »

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30. Un paysan alla trouver un avocat, pour confúlter une affaire. L'avocat, après l'avoir examinée, lui dit qu'elle étoit bonne. Le ruftique paya la confultation, & lui dit enfuite: « A préfent que vous êtes » payé, M. l'avocat, dites-moi franchement, trouvez» vous encore mon affaire bonne ?»

31. Deux payfannes, se trouvant fur le Quai de la Mégifferie, fe demanderent l'une à l'autre ce qu'elles y venoient faire l'une dit qu'elle venoit acheter une linotte, & l'autre un corbeau. « Un corbeau! Hé fi! » ma commere, vous cherchez-là un bien vilain oi"feau. Il eft vrai, répondit l'autre, qu'il n'eft pas » beau; mais on dit qu'il vit fept ou huit cens ans; » & je voulons, mon mari & moi, le voir par nous>> mêmes. »

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32. Un homme, se trouvant dans une compagnie, où une dame, qui parloit bien, contoit une hiftoire très-divertiffante, vit tranquillement que fa robe brûloit, fans l'en avertir, qu'après qu'elle eut fini son agréable narration. « Je voyois bien que votre robe brûloit, dit-il pour lors naïvement; » mais j'ai remarqué que » l'on prenoit tant de plaifir à vous entendre, que j'ai » appréhendé de vous interrompre en vous avertis

>> fant. >>

33. Deux payfans furent députés par leur village, pour aller, dans une grande ville, choifir un habile peintre qui entreprît le tableau du maître autel de leur églife: le fujet devoit être le martyre de S. Sébaftien. Le peintre, à qui ils s'adreffoient, leur demanda l'intention des habitans étoit qu'on représentât le

faint vivant ou mort. Cette queftion imprévue les jetta dans un grand embarras. Ils délibérerent long-tems, Enfin l'un d'eux dit au peintre : « Le plus fûr eft de le » représenter en vie; fi on le veut mort

» toujours bien le tuer. »

on pourra

34. Deux religieux de l'ordre de S. Augustin, dont l'un étoit d'une communauté où l'on revêtoit un furplis fur la tunique, & l'autre d'une communauté où le furplis n'étoit pas en ufage, fe difputoient entr'eux l'hon neur de porter le véritable habit de S. Auguftin. Ils citerent plufieurs paffages, & firent un vain étalage d'érudition pour fe convaincre l'un l'autre. Ils s'aviferent, dans un efprit de plaifanterie, de prendre pour juge un paysan qui tomba fous leurs mains. Le villageois leur demanda fi S. Augustin avoit de l'efprit? » Belle demande!» répondirent-ils tous deux enfemDle. «Hé bien ! reprit le ruftique, en s'adreffant au >> religieux qui portoit le furplis, vous avez donc tort » car je ne puis croire que S. Auguftin, qui n'étoit pas » bête, à ce que vous dites, eût voulu mettre fa che, » mife fur fon habit. »

35. Un payfan, étonné de voir le foleil fe coucher, tous les jours, à une extrémité du ciel, & de le voir le lendemain fe lever à l'autre, en demanda la raifon à fon compere, qui paffoit pour le plus bel efprit du village. « C'eft, lui répondit celui-ci, qu'il s'en re» tourne pendant la nuit, pour fe trouver le lende» main à l'endroit où tu le vois. Bon! repartit le » payfan, fi cela étoit, on le verroit s'en retourner, Eh! groffe bête! repliqua le compere, comment pourrois-tu le voir? C'est la nuit, ».

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36. Un grand pénitencier, ayant confeffé un payfan, lui donna pour pénitence, de jeûner pendant un mois. «C'est trop, monfieur, lui répondit le villageois; " je ne puis vous promettre de jeûner plus de huit »jours. Il fe leva du confeffional, & s'en alla. Ayant fait quelques pas, il revint lui dire: «Monfieur, » voulez-vous encore huit jours ? Mon enfant, reprit le pénitencier, on ne marchande pas ici comme au marché, & il lui fit des remontrances. « Oh

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