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» d'Inspruck, devant le duc Maurice. Ah! ce fut » bien malgré moi : il me furprit ; & je n'avois que ma » maison. Et moi, je n'aurois

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fui. pas

Mais il » falloit bien fuir; j'étois hors d'état de résister. » Pour moi, je n'aurois pas fui. --- Il auroit donc fallu » me laiffer prendre? imprudence dont j'aurois été » encore plus blâmé. --- Pour moi, je n'aurois pas fui. Dites-moi donc ce que vous auriez fait, en » une femblable occafion? &, pour vous aider à me » répondre, que feriez-vous actuellement, fi je mettois » une trentaine de pages à vos trouffes? Ce que je » ferois? pouvez-vous me le demander? Seigneur, je » ne me fauverois point. » L'Empereur, enchanté d'une fermeté fi décidée, embrassa tendrement fon petit-fils. Depuis, il ne pouvoit témoigner fa fatisfaction, toutes les fois qu'on lui parloit de don Carlos.

7. Le célèbre Alcibiade, étant encore enfant, jouoit, dans une rue, avec d'autres compagnons de fon âge, lorfqu'un charretier vint à paffer avec fa voiture. Il le pria d'attendre un peu que fon jeu fût fini; mais, le voyant près de déranger fa partie, il fe jette à terre au-devant des chevaux, & dit au charretier de paffer. Etonné de cette hardieffe, le charretier s'arrête, & voit finir le jeu.

8. La divifion s'étant mise dans la flotte des Grecs, qui mouilloit à Salamine, les Alliés, dans un conseil de guerre qui se tint, fe trouverent fort partagés pour déterminer l'endroit où se devoit donner le combat. Les uns, & c'étoit le plus grand nombre, qui avoient pour eux Eurybiade, généraliffime de la flotte, vouÎoient qu'on s'approchat de l'ifthme de Corinthe, pour être plus près de l'armée de terre, qui gardoit cette entrée, fous la conduite de Cléombrote, frere de Léo. nide, roi de Lacédémone, & plus à portée de défendre le Péloponnèfe. D'autres, & ils avoient Thémiftocle à leur tête, prétendoient que c'étoit trahir la patrie, que d'abandonner un pofte auffi avantageux que celui de Salamine. Comme Thémiftocle foutenoit fon fentiment avec beaucoup de chaleur, Eurybiade, ne pouvant lui faire goûter les raifons, eut recours à

une

une autre efpece d'argumens, & leva la canne fur lui. L'Athénien, fans s'émouvoir : « Frappes, dit-il, mais » écoutes; » &, continuant de parler, il raconta de quelle importance il étoit pour la flotte des Grecs, dont les vaiffeaux étoient plus légers & moins nom→ breux que ceux des Perfes, de donner la bataille dans un détroit comme celui de Salamine, qui mettroit l'ennemi hors d'état de faire usage de toutes les forces. Eurybiade, qui n'avoit pu voir fans furprise la modération & l'intrépidité de Thémistocle, fe rendit à fes raifons, &, fans doute, encore plus à la crainte qu'il eut que les Athéniens, dont les vaiffeaux faifoient plus de la moitié de la flotte, ne fe féparaffent des Alliés, comme leur Général l'avoit laiffé entrevoir.

9. Durant le fiége de Charbonnieres, ville frontiere de la Savoye, Crillon, meftre-de-camp du régiment des Gardes, vint fe loger à Aiguebelle, petite ville voifine de Charbonnieres. Il commandoit l'infanterie du fiége, pendant que Rofny, grand-maître de l'artillerie, foudroyoit la place. Crillon, que l'habitude des périls avoit mis à l'épreuve de la crainte, appercevant le Grand-Maître qui tâchoit de reconnoître un ravelin, s'avança vers lui; &, voyant qu'importuné des canonnades des ennemis, il se préparoit à attendre le déclin du jour pour achever de faire ses observations, il l'arrêta, & lui dit d'un air intrépidé : « Quoi! cor» bieu ! mon Grand-Maître, craignez-vous les arque» bufades en la compagnie de Crillon? Arnibieu ! puis » que je fuis ici, elles n'oferoient approcher. Allons, » allons jufqu'à ces arbres que je vois à deux cens pas » d'ici; car de-là vous reconnoîtrez plus aïfément. » Allons, répondit Rolny en fouriant, allons, puifque » vous voulez que nous faffions à qui fera le plus fou.» Le Grand-Maître, tenant Crillon par la main, le mena bien au-delà des arbres que cet officier lui avoit indiqués. Alors les affiégeans, les découvrant depuis les pieds jufqu'à la tête, firent un feu terrible. Crillon, entendant fifler à fes oreilles les balles de moufquets, se tourna vers Rofny: « A ce que je vois, dit-il, arni» bieu ! ces coquins-là ne refpectent ni le bâton de D. d'Educ. T. IIẹ

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» Grand-Maître, ni la croix du Saint-Esprit, & nous "pourroient bien eftropier. Partant, gagnons cette » rangée d'arbres; car, par la corbieu ! je vois que vous » êtes bon compagnon, & digne d'être Grand Maî»tre je veux être toute ma vie votre ferviteur & » votre ami. »

10. Jean Bafilowitz, grand-duc de Moscovie, étoit un prince cruel & féroce. Il fit clouer un chapeau fur la tête d'un ambaffadeur Italien qui s'étoit couvert devant lui. Cependant Jérôme Boze, ambassadeur de la reine d'Angleterre, ofa encore mettre fon chapeau en fa préfence. Bafilowitz lui demanda s'il ignoroit le traitement qui avoit été fait à un autre ambaffadeur, pour une semblable hardieffe? « Non, répondit cet homme » intrépide, mais je fuis l'envoyé de la reine Elizabeth; » &, fi l'on fait un affront à fon ministre, elle fçaura bien en tirer une vengeance O le brave éclatante. » homme! s'écria le Czar. Qui de vous, dit-il à fes » courtisans, eût agi & parlé de la forte, pour foutenir » mon honneur & mes intérêts? »

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11. Après la prife de Thèbes en Béotie, par Alexandre le Grand, des Thraces abbatirent la maifon d'une dame de qualité & de vertu, nommée Timocléa, pillerent tous les meubles & tous fes thréfors; & leur capitaine, l'ayant prife elle-même, lui demanda, après avoir affouvi sa brutale paffion, fi elle n'avoit point de l'or & de l'argent caché? Timocléa, animée d'un violent defir de fe venger, lui ayant répondu qu'elle en avoit, le mena feul dans fon jardin, lui montra un puits, & lui dit que, dès qu'elle avoit vu la ville forcée, elle avoit jetté là elle-même tout ce qu'elle avoit de plus précieux. L'officier ravi s'approcha du puits; fe baiffa pour regarder dedans, & en examiner la profondeur. Timocléa, qui étoit derriere, le pouffa de toute fa force; le précipita dans le puits, & jetta deffus quantité de pierres, dont elle l'affomma. En même tems, elle fut prife par les Thraces, & conduite au Roi, les fers aux mains. A fa contenance & à fa démarche, Alexandre connut d'abord que c'étoit une femme de qualité, & d'un grand courage; car elle

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fuivoit fièrement ces Barbares, fans faire paroître le moindre étonnement fans témoigner la moindre crainte. Le Monarque lui ayant demandé qui elle étoit, elle lui répondit qu'elle étoit fœur de Théagène, qui avoit combattu contre Philippe, pour la liberté de la Grèce, & qui avoit été tué à la bataille de Chéronée, où il commandoit. Alexandre admira la réponse intrépide de cette dame, & encore plus l'action qu'elle avoit faite, & commanda qu'on la laissât aller où elle voudroit avec ses enfans.

12. M. le Prince, étant devant une place où il y avoit une paliffade à brûler, promit cinquante louis à celui qui feroit affez brave pour entreprendre une fi belle action. Le péril étoit fi évident, que la récompenfe ne tentoit perfonne. Il n'y eut qu'un foldat qui, plus courageux que les autres, dit au Prince, qu'il le quittoit des cinquante louis, s'il vouloit le faire fergent de fa compagnie. Le Prince lui ayant promis l'un & l'autre, il defcendit dans le foflé avec des flambeaux, & brûla la paliffade, malgré une grêle de moufqueterie, dont il ne fut que légèrement bleffé. Toute l'armée témoin de cette action intrépide, & le voyant revenir, le combloit de louanges; mais, s'appercevant qu'il lui manquoit un de fes piftolets : « Il ne me sera » pas reproché, dit-il, que ces marauts en aient pro» fité; » &, quoiqu'on promît de lui en donner d'autres, il retourna fur fes pas, effuya encore cent coups de moufquets, & rapporta fon piftolet.

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13. Après la mort d'lfdegerdes, roi de Perfe, les Perfans, qui avoient beaucoup fouffert de ses violences, jugerent que Baharam-Gur, fon fils, feroit auffi cruel que lui ainfi, loin d'appeller ce Prince à la fucceffion, ils jetterent les yeux fur un feigneur nommé Kefra, & le placerent fur le thrône. Baharam, qui étoit alors à Hirah, en Arabie, ayant appris ces nouvelles, assembla une groffe armée d'Arabes, & vint attaquer l'ufurpateur. Il avoit encore dans la Perfe plufieurs amis qui s'efforcerent de ménager un accommodement entre les deux Princes; mais la chose étoit affez difficile. Il falloit que l'un des deux cédât fa place

» couronne.

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à l'autre. Baharam propofa un expédient qui fut ap prouvé des deux partis; à fçavoir, que l'on mettroit la couronne royale entre deux lions affamés, & enfermés dans un lieu choifi exprès, & que celui des deux Princes, qui la pourroit enlever de ce lieu-là, feroit jugé le plus digne de la porter, & reconnu pour en être le légitime poffeffeur. Le jour destiné pour ce fameux combat étant arrivé, les deux Princes concurrens se présenterent fur le champ. Alors Baharam dit à Kefra: «Avancez courageufement, & enlevez la Je fuis en poffeffion du thrône, dit » Kefra; c'est à vous, qui en êtes le prétendant, de » retirer la couronne du lieu où elle eft. » Baharam fans répliquer ni héfiter, fe jetta auffi-tôt fur les lions, avec la furie & l'impétuofité d'un tigre; &, ne fe fervant d'autres armes que de fes propres bras, il les tua tous deux, & arracha de leurs griffes la couronne qu'il mit fur fa tête. Il comparut, en cet état, devant les feigneurs Perfans, accourus de toutes parts à un fpectacle fi extraordinaire; & Kefra fut le premier qui l'embraffa, & le jugea digne de la couronne qu'il venoit d'acquérir par fon intrépide valeur.

14. Alexandre le Grand avoit fait bâtir une ville fur les bords de l'Iaxarte. Le roi des Scythes, qui habitoient au-delà de ce fleuve, voyant que c'étoit un joug qu'on lui impofoit, envoya de nombreuses troupes pour la démolir, & pour en chaffer les Macédoniens. En même tems, il députa vers Alexandre des ambasfadeurs, au nombre de vingt, felon la coutume du pays, qui traverferent le camp à cheval, demandant à parler au Roi. Alexandre, les ayant fait entrer dans fa tente, les pria de s'affeoir. Ils furent long-tems à le regarder fixement, dans un profond filence, furpris apparemment de ne pas trouver que fa taille répondît à la grandeur de fa renommée. Enfin le plus ancien de la troupe, prenant la parole, adreffa ce difcours au conquérant de l'Afie: « Si les Dieux t'avoient donné » un corps proportionné à ton ambition, tout l'univers » feroit trop petit pour toi. D'une main tu toucherois l'Orient, & de l'autre l'Occident: que dis-je? tu vou

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