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drois fuivre le foleil dans fa course rapide; tu vou» drois fçavoir où cet aftre radieux va cacher fa lu» miere. Homme petit & foible! tu afpires où tu ne » fçaurois atteindre. De l'Europe, tu paffes dans l'A» fie; &, quand tu auras fubjugué tout le genre hu» main, tu feras la guerre aux rivieres, aux forêts, aux bêtes fauvages. Ne fçais-tu pas que les grands arbres » font long-tems à croître, & qu'il ne faut qu'une » heure pour les arracher? que le lion fert quelque» fois de pâture aux petits oifeaux? que le fer, mal

gré fa dureté, eft confumé par la rouille? qu'enfin » il n'eft rien de fi fort que les chofes les plus foibles ne » puiffent détruire? Qu'avons-nous à démêler avec » toi? Jamais nous n'avons mis le pied dans ton pays. » N'est-il pas permis à ceux qui vivent dans les bois » d'ignorer qui tu es, & d'où tu viens ? Nous ne vou»lons ni commander ni obéir à perfonne; &, afin » que tu fçaches quels hommes font les Scythes, nous » avons reçu du Ciel, comme un riche préfent, un » joug de bœufs, un foc de charrue, une flèche, un » javelot, & une coupe : c'eft de quoi nous nous fer»vons & avec nos amis, & contre nos ennemis. A » nos amis, nous leur donnons du bled provenu du » travail de nos bœufs: avec eux, nous offrons du vin » aux Dieux dans la coupe; &, pour nos ennemis » nous les combattons de loin à coups de flèches, & » de près avec le javelot: c'eft avec quoi nous avons » dompté autrefois les peuples les plus belliqueux, » vaincu les rois les plus puiffans, ravagé toute l'Afie, » & pénétré jusques dans l'Egypte. Mais toi, qui te » vantes de venir pour exterminer les voleurs, tu es

toi-même le plus grand voleur de la terre. Tu as pillé » & faccagé toutes les nations que tu as vaincues; tu >> as pris la Lydie, envahi la Syrie, la Perfe, la Bac>>triane: tu fonges à pénétrer jusqu'aux Indes; & tu » viens ici pour nous enlever nos troupeaux. Tout ce » que tu as ne fert qu'à te faire defirer plus ardemment » ce que tu n'as pas. Ne vois-tu pas combien il y a » de tems que les Bactriens t'arrêtent ? Pendant que tu » domptes ceux-ci, les Sogdiens fe révoltent; & la

» victoire n'est pour toi qu'une femence de guerre. » Paffes feulement l'Iaxarte, & tu verras l'étendue de » nos plaines. Tu as beau fuivre les Scythes; je te dé. » fie de les atteindre. Notre pauvreté fera toujours plus » agile que ton armée chargée des dépouilles de tant » de nations ; &, quand tu nous croiras bien loin, tu » nous verras tout d'un coup tomber fur ton camp; » car c'est avec la même vîteffe que nous poursuivons » & que nous fuyons nos ennemis. J'apprends que les » Grecs font paffer en proverbe & en raillerie, les fo»litudes des Scythes. Qui, nous aimons mieux nos dé»ferts, que vos grandes villes & vos fertiles campa

gnes. Crois-moi, la fortune eft gliffante; tiens-la » bien, de peur qu'elle ne t'échappe. Mets un frein à » ton bonheur, fi tu veux en demeurer maître. Si tu » es un Dieu, tu dois faire du bien aux mortels, & » non pas leur ravir ce qu'ils ont fi tu n'es qu'un » homme, fonges toujours à ce que tu es. Ceux que »tu laifferas en paix, feront véritablement tes amis » parce que les plus fermes amitiés font entre les per"fonnes égales; & ceux-là font eftimés égaux, qui » n'ont point éprouvé leurs forces l'un contre l'autre. » Mais ne t'imagines pas que ceux que tu auras vaincus » puiffent t'aimer il n'y a jamais d'amitié entre le

maître & l'esclave; & une paix forcée est bientôt » fuivie de la guerre. Au refte, ne penfes pas que les » Scythes, pour contracter une alliance, faffent aucun » ferment: ils n'ont point d'autre ferment que de gar

der la foi fans la jurer. De telles précautions con→ » viennent aux Grecs, qui fignent les traités, & ap»pellent les Dieux à témoins. Pour nous, nous ne » nous croyons religieux, qu'autant que nous avons » de bonne-foi. Qui n'a pas honte de manquer de pa» role aux hommes, ne craint point de tromper les » Dieux. Et de quoi te ferviroient des amis à qui tu ne »te fierois pas ? Confideres que nous veillerons pour toi à la garde de l'Europe & de l'Afie. Nous nous étendons jufqu'à la Thrace; & la Thrace, à ce que » l'on dit, confine à la Macédoine. Il ne s'en faut que » la largeur de l'laxarte, que nous ne touchions à la

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» Bactriane: ainfi nous fommes tes voifins des deux » côtés. Vois lequel tu aimes le mieux, de nous avoir » pour amis ou pour ennemis. »

15. Durant la guerre du Péloponnèfe, Philoclès, l'un des généraux Athéniens, avoit fait porter un décret qui ordonnoit qu'on couperoit le pouce de la main droite à tous les prifonniers de guerre, afin qu'ils fuffent hors d'état de manier la pique, & qu'ils ne puffent fervir qu'à la rame. Ayant été fait prifonnier lui-même par Lyfandre, général de Lacedémone, il fut condamné à mort avec tous les compagnons de fa difgrace. Le vainqueur, avant de le faire conduire au fupplice, le fit venir, & lui demanda comment il vouloit qu'on punît la barbarie dont il avoit ufé jufqu'à ce jour envers les Spartiates? Philoclès, fans rien rabbatre de fa fierté, incapable de trembler à la vue de la mort qui le menaçoit, lui répondit : « N'accuses point des gens » dont tu n'es pas le juge; &, puifque tu es vainqueur, » ufes de tes droits, & fais contre nous ce que nous » euffions fait contre toi, fi nous t'avions vaincu. » En même tems, il alla se mettre au bain, prit ensuite un manteau, & marcha le premier à la mort.

16. Le fameux Pélopidas, ayant été fait prifonnier par Alexandre, tyran de Phères, fut jetté dans une prifon que l'on s'efforça de rendre plus horrible, par les maux qu'on fit souffrir à l'illuftre captif. Mais ce grand homme, fupérieur à ces foibles difgraces, bravoit la tyrannie fur fon thrône, & fe rioit de fes vaines menaces, de fes inutiles tentatives. Un jour qu'Alexandre l'étoit venu voir, il ofa lui parler en ces termes hardis: «Tyran, fais-moi mourir, car, si tu m'é» pargnes, fois sûr que je t'en ferai repentir. Pour » quelle raifon, dit Alexandre, defires-tu la mort? --» Monftre, je te répondrai, quand tu m'auras dit qui » peut te faire aimer la vie, à toi que la terre porte » avec regret, & que les Dieux & les hommes ne » voient qu'avec horreur, »

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17. Le conful Fulvius Flaccus, pour châtier les habitans de Capouë, qui avoient embraffé le parti d'Annibal, condamna à mort les principaux citoyens de

te

cette ville perfide. Pendant cette fanglante exécution; il vint des lettres du Sénat, qui ordonnoient au Conful de ne faire mourir aucun fénateur. Alors Jubellius Tauréa, l'un des plus grands perfonnages de Capouë, s'avançant fièrement devant le Conful, lui dit : « Si tu » as tant d'envie de répandre notre fang, je viens t'of» frir le mien; ordonnes mon fupplice: tu pourras » vanter d'avoir fait périr un homme qui valoit mieux » que toi. --- Je l'aurois déja fait, répondit le Conful, » fi l'ordre que je viens de recevoir du Sénat ne s'op» posoit pas à ma juste sévérité. --- Eh bien ! je vais te » faire voir, reprit Jubellius, que ma vie ne dépend "point des caprices de ton Sénat. » Il dit; &, par acte de cette intrépidité payenne, que l'antiquité profane combloit d'éloges, il tue fa femme & fes enfans; &, fe perçant enfuite lui-même, il tombe fur leurs corps fanglans.

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18. Le philofophe Anaxarque étant à la table d'Alexandre le Grand, ce Monarque lui demanda ce qu'il penfoit du repas? « Il est très-bien ordonné, seigneur,

répondit-il; il n'y manque que la tête d'un de vos » officiers. » En prononçant ces mots, il regarda Nicocréon, fon ennemi mortel, & qui, bientôt après, s'en vengea cruellement. Quand la mort eut enlevé le conquérant de l'Afie, Anaxarque fit un voyage par mer; & fon vaiffeau alla, malgré lui, prendre terre en Chypre, où Nicocréon s'étoit établi depuis quelques années. Il fit arrêter le philofophe; &, par fon ordre, on le mit dans une pierre creufe, pour y être broyé avec des pilons de fer. Mais Anaxarque, bravant cet horrible fupplice, crioit au tyran: « Piles, piles l'étui » d'Anaxarque; tu ne pileras pas Anaxarque lui-même. » Nicocréon, que l'intrépidité de fon ennemi rendoit furieux, commanda qu'on lui coupât la langue. Le généreux philofophe prévint l'exécution de cet ordre; se coupa lui-même la langue avec les dents, & la cracha au vifage du tyran. Če fut avec la même conftance qu'il vit achever les tourmens.

19. Pompée, dans fa premiere jeuneffe, pendant qu'il fuivoit fon pere qui faifoit la guerre à Cinna,

Evoit un ami & un compagnon d'armes, appellé Laeius Térentius, avec lequel il partageoit fa tente. Ce Térentius, corrompu par l'argent de Cinna, s'étoit chargé d'affaffiner, la nuit, Pompée, tandis que les autres conjurés mettroient le feu à la tente du Général. Pompée, étant à fouper, eut avis de cette conjuration. Il n'en témoigna aucun étonnement. Il fut aussi gai qu'à l'ordinaire pendant le repas ; & il fit beaucoup de careffes à Térentius. Le fouper fini, chacun se retira pour fe coucher; mais Pompée fe déroba fecrettement de fa tente, alla mettre une bonne garde autour du quartier de fon pere, & demeura enfuite en repos. Térentius, lorsqu'il crut que l'heure étoit venue d'exécuter fon deffein, fe leva, l'épée à la main ; &, s'approchant du lit où il croyoit que Pompée étoit couché, il donna plufieurs coups dans les couvertures. Le pere de Pompée étoit fort haï des foldats. L'action de Térentius excita une grande rumeur dans tout le camp. Tous les foldats courent pour aller fe rendre à l'ennemi: ils plient leurs tentes, & prennent leurs armes. Le Général, n'ofant s'expofer à ce tumulte, ne fortit point de fa tente; mais Pompée, fe jettant au milieu de ces troupes mutinées, les conjure, en pleude ne pas faire cet outrage à leur capitaine; &, ne pouvant rien gagner, il fe jefte enfin, le vifage contre terre, au travers de la porte du camp, & leur commande de paffer fur fon corps, s'ils ont tant d'envie de fe retirer. A ces mots, faifis de honte, ils s'en retournent tous, & fe réconcilient avec leur Général, à l'exception de huit cens qui perfifterent dans leur révolte, & allerent joindre Cinna.

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20. Pifistrate s'étant rendu maître d'Athènes, tous ses ennemis prirent la fuite. Chacun trembloit dans la ville: Solon feul étoit tranquille; &, fupérieur à la crainte, ce fage législateur reprochoit hautement aux Athéniens leur lâcheté, & au tyran fa perfidie. Comme on lui demandoit ce qui pouvoit lui donner une telle affurance, une telle hardieffe: « Ma vieilleffe," répondit-il. Voyez Assurance. BravoURE. CONSTANCE. COURAGE. ÉGALITÉ. Fermeté. Grandeur d'Ame. HÉROÏSME, MAGnanimité, Résolution. Valeur.

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