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trop grande union auroit pu donner de l'ombrage Les affaires fe propofoient & s'examinoient dans le Sénat, & c'étoit-là que fe formoient les réfolutions. Mais les décrets du Sénat n'avoient point de force, s'ils n'étoient ratifiés par le peuple.

: 4° Par des fervices affectés, par un foin ardent en apparence à rétablir l'ordre parmi les Mèdes, Dejoce s'en étoit fait aimer. Devenu néceffaire, on lui conféra le titre & la puiffance de Roi. C'étoit ce que sa fombre politique avoit cherché jufqu'à ce jour; & peutêtre eût-il été digne du choix de les compatriotes, fi lui-même, par la conduite, n'eût, pour ainfi dire, néceffité leurs fuffrages. Lorfqu'il fut monté fur le thrône, il voulut joindre à la qualité fuprême, dont il étoit décoré, toutes les marques qui ont coutume d'en relever l'éclat, & qui pouvoient infpirer pour fa perfonne de la crainte & du refpect. Il obligea les Mèdes à lui bâtir un palais magnifique: il le fit très-bien fortifier, & choifit ceux d'entre fes fujets qu'il jugea les plus propres pour être fes gardes. Perfuadé que la majesté des Rois fe fait plus refpecter de loin, il mit d'abord un grand intervalle entre le peuple & lui. Il fe rendit prefqu'inacceffible, & comme invisible on ne pouvoit lui parler ni lui communiquer les affaires que par des placets & des perfonnes interpofées. Ceux même qui avoient le privilége de l'approcher, ne pouvoient ni rire ni cracher en fa préfence. Il ne fe faifoit connoître que par les fages loix qu'il établiffoit, & par l'exacte juftice qu'il fe piquoit de rendre à chacun. On dit que, du fond de fon palais, il voyoit tout ce qui fe paffoit dans fes Etats par le moyen de fes émisfaires, qui lui rendoient compte & l'informojent de tout, Ainfi nul crime n'échappoit ni à la connoissance du Prince, ni à l'animadverfion des loix: la peine, fuivant de près la faute, conte noit les méchans, & arrêtoit les violences. Mais cette politique ne pouvoit être bonne que pour Déjoce; car, combien de Princes, après lui, ont été trompés par leurs officiers toujours intéreffés à déguiser la vérité?

5. Charles XI, roi de Suède, forma une milice, qui fubfifte encore aujourd'hui, laquelle n'est ni à charge

au thréfor public, ni trop onéreufe aux particuliers, & qui fournit toujours des foldats à l'Etat, fans ôter des Jaboureurs aux campagnes. Les plus riches villages, ou feigneuries, qui étoient, ou qui font encore du domaine du Roi, entretiennent à leurs frais un cavalier. Les payfans de chaque village fourniffent un fantaffin, à proportion de leurs revenus, c'eft à-dire qu'il faut avoir un certain bien, comme dix ou douze mille francs, pour être obligé d'équiper un foldat d'infanterie. Le payfan, qui n'a que cinq ou fix mille livres, fe joint à un autre qui en a autant: s'il n'en a que trois mille, il contribue pour fa part avec plufieurs autres; & tous enfemble fourniffent un homme à l'Etat. Si le revenu de tout le village ne produit que dix mille livres, le vil lage ne donne qu'un homme. A la mort du foldat, ceux qui l'avoient donné le remplacent, Ainfi le nombre des milices est toujours le même qu'il a été une fois réglé par les Etats-généraux. Les payfans font bâtir au foldat, qu'ils entretiennent, une maison ou une cabane, & lui affignent, pour lui & pour fa famille, une portion de terre qu'il eft obligé de cultiver. Ces foldats, diftribués par villages, fe raffemblent, à jour marqué, dans le principal bourg du canton, fous la conduite de leurs officiers, qui font payés par le thréfor public.

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PRECISION.

Hocion, l'un des plus grands capitaines qui ayent illuftré Athènes, fe diftinguoit fur-tout par une éloquence ferrée & concife. Etant, un jour, dans l'afsemblée du peuple, & paroiffant méditer profondément, quelqu'un s'approcha de lui, & lui demanda à. quoi il fongeoit? « Je fonge, répondit-il, fi je ne pour rois pas retrancher quelque chofe de ce que j'ai à » dire aux Athéniens. »

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2. Les Lacédémoniens étoient finguliérement avares de paroles, & le laconifme a pris fon nom de la briéveté de leurs difcours. Un député d'Abdère, ayant parlé très-long-tems, en présence du roi Agis II, lui deS

manda ce qu'il diroit de fa part à fes concitoyens ? » Dis-leur, répondit le Monarque, que, pendant ton » difcours, j'ai gardé le filence. » Pouvoit-il mieux faire fentir à ce ridicule orateur, que fa vaine prolixité ne méritoit aucune réponse?

Un autre ambaffadeur, non moins infupportable, après une harangue qui paroiffoit devoir être éternelle, fit à ce Prince une queftion femblablę : « Dis à tes ci"toyens, répondit-il, que nous avons eu beaucoup de » peine, toi à finir, moi à t'entendre.

3. Archidame, IIIe du nom, roi de Sparte, ayant fait une irruption dans l'Arcadie, apprit que les Eléens venoient au fecours des villes attaquées: pour les détourner de cette entreprise téméraire, il leur envoya cette exhortation vraiment laconique: « Archi» dame aux Eléens, bon repos & prudence.»>

Après la bataille de Chéronée, Philippe, roi de Macédoine, écrivit à ce Prince, d'un ton fier & infolent. « Mefurez votre ombre, lui répondit Archidame; » & vous verrez que, depuis votre victoire, elle n'eft » pas devenue plus grande. »

4. Un officier, qui avoit été chargé de défendre contre l'ennemi un pofte important, l'ayant rendu avec trop de facilité, à la premiere attaque qu'on en fit, lorfqu'il auroit pu réfifter plus long-tems, voulut s'excufer des reproches que lui en porta fon Général : « Le » pofte, lui dit-il, étoit indéfendable, » Le Général, le regardant d'un air de mépris, fe contenta de lui répondre: « Cela n'eft point françois. »

5. Un officier Gafcon demandoit avec beaucoup d'inftance une audience au Roi; on la lui ménagea, à condition qu'il ne diroit que deux mots. Il fe préfenta donc au Monarque; &, lui tendant un placet dans lequel il demandoit une penfion : « Sire, lui dit-il, »fignez, "

6. Un Religieux de bon appétit, & qui n'aimoit pas à être interrompu dans l'exercice de la table, ne répondoit, qu'avec une précision véritablement digne de Sparte, aux questions réitérées qu'on lui faifoit. Un jour, un de fes convives, qui vouloit le forcer de parler, lui

fit ces interrogations; « Quel vin buvez-vous dans vo-Rouge, repliqua-t-il. --- Quel pain

» tre couvent?

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Bœuf.

» mangez-vous? --- Bis. --- Mangez-vous beaucoup
» Tout.
Quelle viande vous fert-on?
Combien êtes-vous? --- Trop. Prenez-vous fou-
» vent la difcipline? - Point.»

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7. M. d'Argouges, intendant de Bourgogne, paffant par Mâcon, les Elus le vinrent faluer. Il dit à celui qui devoit porter la parole: « Soyez court, Monfieur, je vous fupplie. » L'orateur, pour toute harangue, prononça ce mot : Dixį; « J'ai dit. »

8. M. de Novion, premier préfident du parlement, haranguant M. le duc de Bourgogne, encore au berçeau, fe contenta de lui dire : « Monfeigneur, nous ve» nons vous offrir nos respects; nos enfans vous offriront » leurs fervices. »

9. Dans un combat fanglant entre l'armée de l'empereur Héraclius & celle des Sarafins, il fe répand un bruit que le Général infidèle, nommé Dérar, est tué les Sarafins en font épouvantés. Rafi, un de leurs capitaines, les voyant fuir, s'écria; « Où courez» vous? Ce n'eft pas-là que font les ennemis : on vous

a dit que le Général eft tué. Eh! qu'importe qu'il foit » au nombre des vivans ou des morts? Dieu eft vivant, » il vous regarde : Marchez. » Dans une autre circonftance, un général Musulman dit à fes troupes : « Dif»ciples du grand prophète, voilà le ciel; combattez » pour Dieu: il vous donnera la terre. »

10. Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, appellé à la couronne d'Angleterre par le teftament d'Edouard III, étant entré dans le royaume avec de bonnes troupes, brûla fes vaiffeaux, & dit à fon armée : » Enfans, voilà votre patrie."

11. Xerxès, roi de Perfe, écrivit à Léonidas, roi de Lacédémone : « Rends les armes. Viens 1.s » recevoir, si tu l'ofes, répondit le Monarque Spar

» tiate. »

» Les ennemis font près de nous, disoit à ce même Prince un foldat effrayé, » --- Et nous près d'eux, » répondit-il.

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12. Bias, général Lacédémonien, s'étant laiffé furprendre & inveftir, dans un paffage difficile, par Iphicrate, capitaine Athénien, fes foldats lui demandoient ce qu'il falloit faire dans cette circonftance désespérante? » Fuyez, leur dit-il ; je vais mourir. »

13. Après une bataille perdue contre les Athéniens, & la mort de leur Général, les Spartiates écrivirent aux Ephores, pour leur donner avis du grand échec qu'ils venoient de recevoir. Leur Lettre étoit conçue en ce peu de mots : « La fleur de votre armée a péri; » notre commandant a été tué; le reste des troupes » meurt de faim; nous ne fçavons que faire, ni que » devenir. "

14. Les Anglois faifoient le fiége de Cadix, en 1702. Comme la vigueur étoit néceffaire pour forcer un poste fi avantageux, le général des affaillans crut devoir les encourager par une harangue : « Anglois, leur dit-il, » qui mangez tous les jours du bon boeuf & de la bonne "foupe, fouvenez-vous bien que ce feroit le comble » de l'infamie de vous laisser battre par cette canaille » d'Espagnols, qui ne vivent que d'oranges & de ci

>>trons. »

15. En 1683, le duc de Lorraine étoit à la tête d'un corps d'armée en Hongrie, pour empêcher les horribles dévastations des Turcs & des Tartares. Dans une attaque très-vive, quelques efcadrons Allemands, qui avoient beaucoup fouffert, commençoient à fe retirer en bon ordre. Le duc de Lorraine court à eux : « Quoi! » Meffieurs, leur dit-il, vous abandonnez l'honneur » des arines de l'Empereur? Vous avez peur de ces ca» nailles? Retournez; je veux les battre avec vous, » & les chaffer.» Ils font auffi-tôt volte-face, marchent aux Infidèles & les battent.

16. Sur le point de livrer la fameufe bataille d'Yvri, Henri IV parcourt tous les rangs de fon armée; &, montrant aux foldats fon cafque furmonté d'un panache blanc, il leur dit, avec cette ardeur qui fe communique: « Enfans! fi les cornettes vous manquent, » voici le figne du ralliment; vous le trouverez tou »jours au chemin de la victoire & de l'honneur. »

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