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tombattant contre des gens qui n'avoient plus rien à perdre. Voyez PRÉVOYANCE. Sagesse.

PUDEUR.

N demandoit à Pythias, fille d'Ariftote, quelle étoit la couleur qui lui plaifoit davantage? « C'eft » répondit-elle, celle dont la pudeur orne le vifage » d'une fille vertueuse. »

2. Cyane, fille de Syracuse, vengea d'une maniere terrible l'outrage que fon pere, aveuglé par l'yvreffe, avoit fait à fa pudeur. Après cet attentat, une affreufe pefte ravagea Syracufe. L'oracle confulté répondit qu'il falloit facrifier le coupable; mais perfonne ne le connoiffoit. Alors Cyane, prenant fon pere par les cheveux, le traîne à l'autel; l'égorge comme une victime, &, fur fon corps fanglant, s'égorge elle-même.

3. Chez les Romains, un fils en âge de puberté ne fe trouvoit jamais aux bains avec fon pere, ni un gendre avec fon beau-pere. On regardoit cette loi de modeftie & de retenue, comme inspirée par la nature : la violer étoit un crime. « Il est étonnant que parmi nous, » dit M. Rollin, la police n'empêche point ce défor» dre, qui règne impunément au milieu de Paris, dans » le tems des bains; défordre fi visiblement contraire » aux régles de l'honnêteté publique & de la pudeur, »fi dangereux pour les jeunes personnes de l'un & de » l'autre fexe, & fi fortement condamné par le paga»nisme même ! » Voyez CHASTETÉ. HONTE. RESPECTHumain, RouGEUR.

1.

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1.

RAILLERIE.

RISTOPHANE, l'un des plus célèbres poëtes comiques de l'antiquité, pour fatisfaire la haine qu'il portoit à Socrate, compofa contre ce grand homme une piéce qu'il intitula Les Nuées. Il introduit fur la scène le philofophe perché dans un panier, & guindé au milieu des airs & des nuées, d'où il débite les maximes, ou plutôt les fubtilités les plus ridicules. Un débiteur fort âgé, qui defiroit fe dérober aux vives pourfuites de fes créanciers, vient le trouver pour apprendre de lui l'art de tromper en justice fes parties, de leur prouver par des raifons fans réplique, qu'il ne leur doit rien; en un mot, d'une mauvaise affaire en faire une très-bonne. Mais, fe fentant incapable de profiter des fublimes leçons de fon nouveau maître, il lui amene fon fils à fa place. Ce jeune homme, fort peu de tems après, fort de cette fçavante école, fi bien inftruit, qu'à la premiere rencontre il bat fon pere, & lui prouve, par des argumens fubtils, mais invincibles, qu'il a eu raifon d'en ufer de la forte. Dans toutes les fcènes où paroît Socrate, le poëte lui fait dire mille impertinences, mille impiétés contre les dieux, & fur-tout contre Jupiter. Il le fait parler comme un homme plein de vanité, d'eftime pour foi-même, de mépris pour les autres, qui veut, par une curiofité criminelle, pénétrer ce qui fe paffe dans les cieux & fonder ce qui eft dans les abymes de la terre; qui fe vante d'avoir des moyens de faire toujours triompher l'injuftice, & qui ne fe contente pas de garder pour lui ces fecrets dangereux, mais qui les enfeigne aux autres, & par-là corrompt la jeuneffe. Tous ces traits fatyriques font accompagnés d'une finesse de raillerie, & d'un fel qui ne pouvoient manquer de plaire infiniment à un peuple d'un goût auffi délicat qu'étoit celui d'Athènes, & naturellement ennemi de tout mé

rite qui excelloit au-deffus des autres. Auffi les Athéniens en furent fi charmés, que, fans attendre que la représentation fût finie, ils ordonnerent que le nom d'Aristophane feroit écrit au-dessus des noms de tous fes rivaux.

Socrate, qui avoit fçu qu'on devoit le jouer fur le théatre, fe trouva ce jour-là à la comédie, contre fon ordinaire; car il n'aimoit pas cette forte de fpectacle où l'on déchiroit impitoyablement la réputation de fes concitoyens. Il affifta à celui-ci, fans s'émouvoir, & fans marquer le moindre mécontentement; &,quelques étrangers étant en peine de fçavoir qui étoit ce Socrate dont on parloit dans toute la piéce, il fe leva de fa place, & fe laiffa voir tant que l'action dura. Quelques-uns de fes voifins lui dirent: » O Socrate! n'êtes"vous pas indigné des brocards fanglans qu'on vous »lance Nullement, répondit-il; le théatre me pa» roît être un grand feftin, où je fuis raillé par les con"vives, & j'entends raillerie.» La feule vengeance qu'il tira des froides plaifanteries d'Aristophane fut de les méprifer fans colere.

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2. Un orateur égayoit toujours fes difcours de plaifanteries & de bons mots : il paroiffoit n'avoir d'autre but que de réjouir les juges. «Ne craignez-vous point, » lui dit Pliftarque, roi de Lacédémone, qu'après avoir » bien ri de vos bons mots, ou ne rie enfin de vous ? » Celui qui cherche tant à faire rire les autres devient tôt ou tard ridicule lui-même. »

3. La mere d'Alexandre le Grand railla finement fon fils, lorfqu'ayant appris qu'il fe faifoit adorer comme dieu, & qu'il fe difoit fils de Jupiter: « Je, » vous conjure, lui dit-elle, de ne me point brouiller » avec Junon. »

4. On nous pardonnera de rapporter fous ce titre le fameux Mémoire fatyrique du philofophe Cratès; fiction ingénieufe qui fait voir la folie des hommes, qui font volontiers de grandes dépenfes pour des chofes nuifibles & honteufes, & croient toujours payer trop cher les chofes nécessaires & utiles.

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.....8...........

3000 .......

..24000..

» Pour le cuifinier, dix mines,·· ··· ···· 400 .......... ..... »Pour le médecin, une dragme »Pour le flatteur, dix talens,..... » Pour l'ami fidèle, de la fumée..... » Pour la courtisane, un talent,... » Pour le philosophe, trois oboles,... z... .......

2400

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5. Hérode le Sophiste étoit fi affligé de la mort de Régille, fon époufe, qu'il avoit fait tendre en noir toute fa maison. Lucius, fon ami, avoit en vain effayé de mo→ dérer fa douleur. Voyant, un jour, des enfans qui lavoient des raves à une fontaine, il leur demanda pour qui ces racines étoient deftinées? «C'eft pour Hérode,» lui répondirent-ils. « Je n'en crois rien, reprit Lucius. » Comment Hérode peut-il fe réfoudre à manger des

raves qui font blanches, lui qui ne veut chez lui que » du noir?» Hérode apprit cette raillerie; & elle fit plus d'effet fur lui, que les plus fages remontrances. Il éloigna tout cet appareil lugubre, craignant de devenir bientôt la fable de toute la ville.

6. Un homme de lettres fe vantoit, en présence d'une dame qui vouloit paffer pour femme d'efprit, de dire fur le champ de quel poëte, & dans quel ouvrage feroit tel ou tel vers qu'il plairoit à chaque perfonne de la compagnie de citer. La dame, voulant l'embarraffer, imagina d'en faire un, & de lui demander s'il en connoiffoit l'auteur? « Affurément, répondit-il; il » eft de la Chercheufe d'Esprit. »

7. Le prince de Condé, voulant fe railler d'une perfonne qui, pour se donner des airs de qualité, difoit: Monfieur mon pere, madame ma mere, dit en fa préfence: « Monfieur mon écuyer, allez dire à monfieur » mon cocher, qu'il mette meffieurs mes chevaux à » monfieur mon carroffe. »'

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8. Le prince Henri-Jules de Condé, rongé de vapeurs, fe faifoit lire les Vies de Plutarque, par un de fes valets-de-chambre, & n'en étoit pas plus tran quille. « Pourquoi auffi, Monfeigneur, lui dit le lecteur,

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vous occupez-vous d'hiftoires qui ne parlent que de » maffacres, de batailles, de deftructions de peuples? » Tout cela vous noircit l'imagination... Lis-moi donc, » reprit le Prince, la Vie du Maréchal de *. » Il venoit d'être décoré de cette dignité par faveur.

***

9. Jeanne de Bourbon, abbesse de Fontevrault, fille naturelle de Henri IV, venoit de perdre un procès à la Grand-Chambre. Elle alla trouver le premier préfi dent Melé, pour fe plaindre à ce magiftrat, qui lui répondit en riant. «Ignorez-vous, lui dit la Princeffe » irritée, que je fuis du fang de France ». Eh! oui » Madame, répondit Molé, je fçais que vous en êtes, » & du plus chaud. »

10. Un de ces courtisans ambitieux, qui veulent faire les perfonnages d'importance, dit un jour, en présence d'un grand feigneur : « J'étois hier au coucher du Roi,

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qui me raconta une nouvelle bien surprenante. »Moi, dir le feigneur, j'étois hier au fermon du 'pere » Bourdaloue, qui me dit de fort belles chofes

11. Galba, jurifconfulte célèbre, étoit boffu; & l'on difoit de ce Romain, que fon efprit étoit fort mal logé. Un jour qu'il plaidoit devant Céfar, il répétoit fouvent: » Redreffez-moi, Céfar; fi je me trompe en quelque » chose. Je puis vous avertir & vous réprendre, » lui dit Céfar, mais non pas vous redreffer.

Orbilius de Bénevent, fameux grammairien, parut un jour en uftice pour rendre témoignage contre un coupable. Quoiqu'il fût très-connu de Galba, cependant cerjurifconfulte lui demanda, pour fe moquer de lui, quelle étoit fa profeffion? « Ma profeffion, répondit » Orbilius, eft de frotter les boffus au foleito

12. Le duc de Ventadour paffoit un acte avec un gentilhomme fort mince, qui prit la qualité de très-haut & très-puiflant Seigneur : le Duc n'en prit aucune; le notaire en étant furpris: « Quels titres voulez-vous donc » que je me donne, dit-il, Monfieur ne les a-t-il pas tous » pris ?

13. Après l'affaire de Leuze, où les Gardes du Roi fe fignalerent par des exploits inouïs, quelques-uns d'entr'eux,la plupart Gafcons,détailloient avec complaifance D. d'Educ. T. II.

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