صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

mais, au moment qu'il eft prêt à le frapper, il jette tout à-coup son épée, en disant : « Il vaut mieux te » pardonner, que d'écouter mon reffentiment & le plai» fir de la vengeance. »

4. Un homme, qui étoit au bain, frappa Caton le Jeune au vifage, fans fçavoir que c'étoit lui; car perfonne, le connoiffant, n'auroit ofé l'infulter. Comme il lui en faifoit fes excuses: « Je ne me fouviens pas, » répondit Caton, que vous m'ayez touché. »

5. Cafimir II, roi de Pologne, jouant, un jour, avec un de fes gentilshommes, qui perdoit tout fon argent, en reçut un foufflet dans la chaleur de la difpute. Ce téméraire fut condamné à perdre la tête. Mais Cafimir révoqua la fentence, & dit : « Je ne fuis point étonné » de la conduite de ce gentilhomme. Ne pouvant fe » venger de la fortune, il n'eft pas furprenant qu'il ait » maltraité fon favori. Je me déclare d'ailleurs le feul » coupable dans cette affaire; car je ne dois point en» courager, par mon exemple, une pratique perni» cieufe, qui peut caufer la ruine de la nobleffe. »

6. A la fin d'une audience que Philippe, pere d'Alexandre le Grand, donnoit à des ambassadeurs d'Athènes, venus pour se plaindre de quelqu'acte d'hoftillité, il leur demanda s'il pouvoit leur rendre quelque fervice? » Le plus grand fervice que tu nous puisses rendre, dit » Démocharès, c'eft de t'aller pendre. » A ces mots, le Monarque, fans s'émouvoir, quoiqu'il vît tout le monde juftement indigné: « Dites à vos maîtres, re»pliqua-t-il, que ceux qui ofent dire de pareilles in» folences font plus hautains & moins pacifiques, que » ceux qui fçavent les pardonner. »

7. Unofficier Espagnol, nommé le capitaine Michau, vint offrir ses services à Henri IV, fous prétexte des mécontentemens qu'il avoit reçus de la cour d'Espagne, mais, en effet, à deffein de prendre fon tems pour arracher la vie au Roi, & facrifier cette grande victime à l'ambition de Philippe II. Henri en fut averti, & fe tint fur fes gardes. Il chaffoit, un jour, dans les forêts d Aillas: il s'apperçut que le traître le fuivoit, bien

monté, avec deux piftolets aux arçons de fa felle, ban dés & amorcés. Le Monarque étoit mal accompagné; il fe tourna du côté du perfide capitaine, & lui dit, avec une voix affurée, & de ce ton d'autorité, fi naturel aux grands Rois: « Capitaine Michau, mets pied » à terre; je veux effayer fi ton cheval eft auffi bon » que tu le dis. » Le capitaine étonné obéit, & defcend du cheval. Le Roi faute en felle; &, prenant les deux pistolets: « Veux-tu, lui dit-il, tuer quelqu'un? On m'a » dit que tu en voulois à ma vie; mais je fuis maître de » la tienne, & puis te l'ôter. » En difant ces mots, il lâche les deux piftolets en l'air, & lui commande de le fuivre. Le capitaine, s'étant excufé, prit congé, deux jours après, & ne parut plus.

8. Mégabyfe, feigneur Perfan, étant allé voir Zeuxis, fameux peintre de l'antiquité, commença à dire fon fentiment fur la peinture & fur les tableaux, selon la coutume des Grands qui jugent de tout, fans rien fçavoir. Les écoliers de Zeuxis fe mirent à rire de fes jugemens hazardés. « Seigneur, lui dit Zeuxis, je vous » confeille de laiffer cette matiere. Avant que Vous euf» fiez commencé à parler, ces enfans, éblouis par la magnificence de vos habits, avoient du refpect » pour vous; mais, depuis que vous parlez, ils ne peu» vent retenir le mépris qu'ils conçoivent de vos paro¬ » les. Voyez CIRCONSPECTION. MODÉRATION.

[ocr errors]

RETRAITE.

"L E philofophe Cléanthe, voyant un homme folitaire, qui conversoit avec lui-même : « Prenez » garde, lui dit-il, que vous ne vous entreteniez avec » un méchant. »

2. Théodofe le Grand cherchoit un Chrétien fage & éclairé pour former le cœur d'Arcadius, fon fils, & pour y jetter les pures femences de la véritable vertu. Il le trouva dans Arsène, diftingué par fa nobleffe, plus encore par l'intégrité de fes moeurs, & par une

parfaitę

parfaite connoiffance des lettres & de routes les fciences humaines. Lorfqu'Honorius, qui naquit, l'année fuivante 385, fut en âge de recevoir des leçons, il le joignit à fon frere, fous la direction d'Arsène. Cet habile inftituteur ne manquoit d'aucun des talens propres à former de grands Princes, fi, dans fes éleves, la nature ne fe fût pas refufée à fes foins. Théodofe lui donna fur eux l'autorité qu'il avoit lui-même. Mais Arsène, après onze ans de travaux continuels, fe dégoûta de la cour. Il vivoit dans la pompe & la délicatesse, fuperbement vêtu & meublé, fervi par un grand nombre de domestiques; l'Empereur lui entretenoit une table fomptueuse. A l'âge de quarante ans, il fit réflexion que, tandis qu'il fe livroit tout entier à l'éducation des deux Princes, il ne travailloit pas à fe réformer lui-même. Frappé de cette pensée, il se retira fecrettement du palais; &, s'étant dérobé à toutes les recherches de Théodose, il s'alla cacher dans le défert de Scéthé, où il vécut, jufqu'à l'âge de quatre-vingt-quinze ans, dans la plus auftere pénitence, plus content dans fa chere folitude, qu'au milieu des grandeurs dont il étoit environné.

3. S. Jerôme difoit que les villes lui paroiffoient être d'affreuses prisons, & que la folitude, au contraire, lui fembloit un lieu de délices, un paradis. Ce grand docteur pensoit, fans doute, comme il parloit, puifqu'il préféra au voluptueux féjour de Rome, les affreux déferts de la Syrie, où, vêtu d'une cafaque, couché sur la terre, vivant d'herbes, il habitoit avec les ferpens & les bêtes fauvages.

1.

RIS..

U demeuroit auprès de chez lui, toutes les fois qu'il
N bourgeois de Paris voyoit rire un favetier qui

paffoit. Un jour que cela l'impatienta plus qu'à l'ordinaire : « D'où vient, lui dit-il, que tu ris, toutes les fois que je paffe?--- Et d'où vient, lui répondit brusD. d'Educ. T. II.

1

[ocr errors]

"quement le favetier, passez-vous, toutes les fois que » je ris ? »

2. Un homme étoit extrêmement malade: un affoupiffement mélancolique & prefque continuel étoit fon mal. Son finge, qui étoit dans fa chambre, cherchoit à fe confoler de la maladie de fon maître, par quelques friandifes: il fureta fi bien, qu'il vint à un gobelet d'une médecine préparée, qu'il avala. Mais, la potion faifant enfuite fon effet, il fe mit à courir par toute la chambre, faifant fauts & gambades, & criant avec des grimaces effroyables. Son maître, fçachant la caufe de fon agitation, fe mit pour lors fi fort à rire, qu'il fe trouva beaucoup foulagé, & recouvra la fanté.

3. Un Cardinal étoit réduit à l'extrémité, par un abcès qui ne pouvoit crever. Chacun, comptant qu'il n'en reviendroit pas, faifoit fon inventaire, & s'accommodoit de tout ce qui pouvoit lui convenir. Un finge, voulant auffi avoir part au butin, se faifit de la calotte rouge, qu'il mit fur fa tête, & fe préfenta, ainfi coëffé, devant le Cardinal qui fit un fi grand éclat de rire, que l'abcès creva; & il recouvra fa fanté.

4. Philémon, poëte comique, qui floriffoit du tems d'Antigonus-Gonatas, roi de Macédoine, avoit fait apporter des figues pour fon repas. Comme il fe préparoit à les manger, un âne entre, & les dévore. Philémon trouve la chofe fi plaifante qu'il fe prend à rire de toute fa force. Son efclave, qui étoit allé chercher du vin, rentre dans ce moment. « L'âne a affez mangé, » lui dit Philémon; donnes-lui maintenant à boire.» En difant ces paroles, il redoubla fes ris, avec tant de violence, qu'il en mourut. Voyez GAIETÉ. HUMEUR. (bonne) JOIE.

I.

ROUGEUR.

"D'home' qui rougilloit au moindre mot équivo Togène, appercevant, un jour un jeune que: « Courage! mon ami, lui dit-il, je vois fur votre vifage le coloris de la vertu, »

2. Le philofophe Hippocratide rencontra un jeune homme accompagné d'un de fes amis, connu par fes débauches. Le jeune homme eut honte d'être vu en fi mauvaise compagnie: « Courage! mon enfant, lui » dit le fage; j'aime à voir en vous cette marque de » pudeur. Mais qu'il vaudroit bien mieux aller avec "} des gens dont la fociété ne pût vous faire rougir ! » Voyez HONTE. PUDEUR. RESPECT-HUMAIN.

[ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small]
« السابقةمتابعة »