صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

foupçonnérent de vouloir tirer la guerre en longueur, & fe rendre par là néceffaire.

Alexandre cependant marchoit avec fon infanterie pefamment armée rangée fur deux lignes, & la cavalerie fur les aîles: le bagage venoit à la queue des troupes. Quand il fut arri vé au bord du Granique, Parménion lui confeilloit de camper dans cet endroit en ordre de bataille, pour laiffer aux troupes le tems de fe repofer; & d'attendre au lendemain à paffer la riviére, de grand matin & même avant

Te

jour, parce qu'alors les ennemis feroient moins en état de l'en empécher. Il ajoutoit qu'il étoit dangereux de hazarder le paffage d'une riviére à la vûe de l'ennemi, d'autant plus que celle-ci étoit profonde, & les bords efcarpés, de forte qu'il feroit aisé à la cavalerie Perfane, qui les attendoit de l'autre côté en bataille, de les défaire avant qu'ils fuffent formés. Qu'outre la perte qu'on y feroit, cette entreprise, fi elle réuffiffoit mal, feroit d'une dangereufe conféquence pour l'avenir, parce que la réputation des armes dépend des commen

cemens.

Ces raifons ne firent point d'im preffion fur l'efprit d'Alexandre. 11 répondit qu'il rougiroit de honte, fi, après avoir paffé l'Hellefpont, il s'ar

rétoit devant un ruiffeau: car c'eft ainsi que par mépris il appelloit le Granique. Qu'il faloit profiter de la terreur qu'avoit répandu parmi les Perfes la promtitude de fon arrivée, & la hardieffe de fon deffein, & répondre dignement à l'idée qu'on avoit conçue de fon courage, & de la valeur des Macédoniens. La cavalerie ennemie, qui étoit fort nombreuse, bordoit tout le rivage, & faifoit un grand front pour occuper le paffage dans toute la longueur. L'infanterie, compofée principalement des Grecs qui étoient à la folde de Darius, étoit derriére, placée dans un lieu qui alloit

en montant.

Les deux armées demeurérent lontems en préfence chacune fur le bord de la riviére, comme fi elles euffent redouté l'événement. Les Perfes attendoient que les Macédoniens entraffent dans l'eau pour les charger à leur avantage, lorfqu'ils voudroient prendre terre; & ceux-ci fembloient choifir de l'œil l'endroit le plus propre

pour pafler, & épier la contenance des ennemis. Alors Alexandre s'étant fait amener fon cheval, ordonna aux Seigneurs de fa Cour de le fuivre, & de fe comporter en gens de cœur. Il commandoit la droite, & Parménion la gauche. Il fit d'abord entrer dans la riviére un gros détachement, & le fuivit de près avec le refte des troupes au fon des trompettes & des cris de joie de toute l'armée. Il fit enfuite avancer l'aile gauche que commandoit Parménion. Pour lui, menant l'aile droite, il entra dans le fleuve, fuivi du refte des troupes, au fon des trompettes & des cris de joie de

toute l'armée.

Les Perfes voiant approcher ce détachement, commencérent à tirer deffus, & defcendirent en bas où la pente étoit plus facile, pour en défendre l'abord. Les chevaux s'entrechoquérent rudement, les uns tâchant de prendre terre, les autres de l'empécher. Les Macédoniens, beaucoup inférieurs en nombre pour la ca valerie, outre le defavantage du lieu, étoient encore percés des traits qu'on leur tiroit d'enhaut. D'ailleurs la fleur de la cavalerie Perfane s'étoit ramaf

fée en cet endroit, & Memnon y combattoit avec fes fils. Les Macédoniens donc pliérent d'abord, après avoir perdu les premiers rangs qui avoient fait une vigoureufe défense. Alexandre, qui les avoit fuivis de près, & les foutenoit avec ses meil leures troupes, fe met à leur tête, les ranime par fa préfence, renverse les Perfes, & les met en déroute, Toutes les troupes le fuivent, paffent la riviére, & attaquent les ennemis de tous côtés.

Alexandre donna le premier dans le plus épais de la cavalerie ennemie, où combattoient les Généraux. Il étoit remarquable à fon bouclier, & au pannache qui ombrageoit fon cafque, aux deux côtés duquel s'élevoient comme deux ailes d'une grandeur merveilleufe, & d'une blancheur qui éblouiffoit. Le choc fut des plus rudes autour de fa perfonne ; & quoiqu'on fe battît à cheval, le combat étoit de pié ferme, & d'homme à homme comme dans l'infanterie, chacun tâ chant de repouffer fon adverfaire, & .de gagner du terrain fur lui. Spithro bate, Satrape de l'Ionie, & gendre de Darius, fe diftinguoit par diftinguoit par fa valeur

fes

[ocr errors]

entre tous les Généraux. Environné 'de quarante Seigneurs Perfans, tous parens, & tous d'une bravoure connue, qui ne le quittoient point il portoit par tout la terreur. Alexandre pique contre lui. Les voila tous deux aux mains. Aiant lancé chacun un javelot, ils se bleffent l'un l'autre, mais légèrement. Le Satrape en fureur fe jette l'épée à la main contre Alexandre. Mais celui-ci le prévient, & d'un coup de lance dans le vifage le porte mort par terre. Dans l'inftant même Rofacès frere du Satrape l'attaquant de côté, lui décharge fur la tête un grand coup de hache, qui lui abbat le pannache, & pénétre jufqu'aux cheveux feulement. Comme il alloit fraper un fecond coup fur fa tête que l'armet brifé faifoit voir à nud, Clitus, d'un coup de fabre lui coupe la main, & fauve la vie à fon/ Maître. Le danger où avoit été Alexandre, redoubla le courage des fiens: ils firent des efforts extraordinaires de bravoure. Les Perfes qui étoient au centre de la cavalerie, accablés d'une grêle de traits par les foldats armés à la légére qu'on avoit entremêlés parmi les cavaliers, & ne pouvant fou

« السابقةمتابعة »