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Diod. lib.17.

Arrian. lib.

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leur mécontentement dans la Cour du Prince. Alexandre commanda qu'on le fît venir; &, après l'avoir lontems confidéré, il lui dit: a Ton air ne » dément point ce qu'on dit de ton origine. Mais je voudrois bien fa» voir avec quelle patience tu as por» té ta mifére. Plaife aux dieux ré pondit-il, que je puiffe porter cette Couronne avec autant de force. » Ces bras ont fourni à tous mes de

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firs, & tandis que je n'ai rien eu, » rien ne m'a manqué. « Cette réponse fit concevoir au Roi une grande opinion de fa vertu, de forte qu'il lui fit donner, non-feulement les précieux meubles de Straton, mais plufieurs autres chofes du butin fait fur les Perfes; & de plus, il ajouta à fon Etat une des contrées voifines.

LA SYRIE & la Phénicie étoient P. 518-525. déja au pouvoir des Macédoniens, 2. p. 87-100. excepté la feule ville de Tyr. Ce n'éPlut. in A toit point fans raifon que cette ville

lex. pag. 678.

&667.

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s'appelloit la Reine de la mer, qui lui apportoit en effet le tribut de tous les peuples de la terre. Elle fe vantoit d'avoir la premiére inventé la navigation, & enfeigné aux hommes l'art d'affronter les vagues & les tempêtes par le fecours d'un frêle vaiffeau. L'heureuse fituation de Tyr, la commodité & l'étendue de fes ports, le caractére de fes habitans, induftrieux, laborieux, patiens, & pleins d'honnêteté pour les étrangers, y attiroient les Marchands de toutes les parties du monde; de forte qu'on pouvoit la regarder, non pas tant comme une ville qui appartînt à un peuple particulier, que comme la ville commune de tous les peuples, & le centre de leur com

merce.

Quand Alexandre en approcha, les Tyriens lui envoiérent une ambaffade avec des préfens pour lui, & des rafraîchiffemens pour fon armée. Ils vouloient bien l'avoir pour ami, mais non pour maître: de forte que quand il témoigna vouloir entrer dans leur ville pour y offrir un facrifice à Hercule qui en étoit le dieu tutélaire, on lui en refufa l'entrée. Ce Conquérant, après tant de victoires, avoit le cœur trop

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haut, pour fouffrir un pareil affront. Il réfolut de les forcer par un fiége & eux de leur côté fe difpoférent à fe bien défendre. Le printems approchoit. Tyr étoit alors dans une île de Quatreftades. la mer, à un quart de lieue à peu près du continent. Elle avoit une forte muraille de cent cinquante piés de haut, que les flots de la mer baignoient : & les Carthaginois, colonie de Tyr, fort puiffans, & maîtres de la mer, dont les Ambaffadeurs fe trouvérent alors dans cette ville pour y offrir à Hercule, felon la coutume ancienne, un facrifice annuel, s'étoient engagés de leur envoier du fecours. C'eft ce qui les rendoit fi fiers. Déterminés à ne fe point rendre, ils rangent les machines fur les rempars & fur les tours, arment la Jeuneffe, dreffent des atteliers pour emploier des ouvriers qui étoient en grand nombre dans la ville, de forte que tout retentiffoit du bruit & des préparatifs de la guerre. Ils faifoient auffi forger des mains de fer pour jetter fur les ouvrages des ennemis & les arracher, des crampons, & autres femblables inftrumens inventés pour la défense des villes.

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Alexandre croioit avoir des raifons effentielles de fe rendre maître de Tyr. Il fentoit bien qu'il ne pourroit ni attaquer aifément l'Egypte, tandis que les Perfes feroient maîtres de la mer; ni poursuivre en fûreté Darius s'il laiffoit derrière lui tant de pays fufpect ou ennemi. Il craignoit auffi qu'il ne s'élevât quelque mouvement dans la Gréce, & que fes ennemis, après avoir repris en fon abfence les villes maritimes de l'Afie Mineure, & groffi leur armée navale, ne portaffent la guerre dans fon pays, tandis qu'il feroit occupé à pourfuivre Darius dans les plaines de Babylone. Ces craintes étoient d'autant mieux fondées , que les Lacédémoniens étoient ouvertement déclarés contre lui, & que les Athéniens demeuroient dans fon parti plutôt par crainte que par affection. Mais, s'il venoit à bout de foumettre Tyr, toute la Phénicie étant fous fon pouvoir, il ôteroit aux Perfes la moitié de leur armée navale, qui étoit compofée de la flote de cette province; & réduiroit bientôt l'île de Cypre & l'Egypte, qui ne pourroient lui réfifter, dès qu'il feroit devenu maître de la mer.

D'un autre côté, il femble que, felon toutes les régles de la guerre, Alexandre, après la bataille d'Iffus, devoit poursuivre vivement Darius, fans lui donner lieu de revenir de la fraieur où fa défaite l'avoit jetté, & fans lui laiffer le tems de mettre fur pié une nouvelle armée; le fuccès de cette entreprise, qui paroiffoit immanquable, devant feul le rendre formidable & fupérieur à tous fes ennemis. Ajoutez que, s'il venoit à manquer cette place, comme cela paroiffoit affez vraisemblable, il décrioit lui-même fes armes, perdoit le fruit de fes victoires, & apprenoit à fes ennemis qu'on pouvoit le vaincre. Mais Dieu, qui vouloit par fon miniftére punir l'orgueil de Tyr, comme la fuite le fera connoître, lui ôta toutes ces penfées, & le détermina au fiége de cette place, malgré toutes les difficultés qui s'oppofoient à un def fein fi hazardeux, & malgré toutes les raifons qui devoient le porter à fuivre un parti contraire.

Il étoit impoffible d'approcher de la ville pour y donner affaut, à moins de faire une chauffée qui allât du continent à l'île: & cette entreprise

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